• il y a 2 mois
Avec Christophe Eoche Duval, Haut fonctionnaire et auteur de “Le prix de l'insécurité : Enquête sur une défaillance d'État” (éditions Eyrolles)

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##LE_FACE_A_FACE-2024-10-02##

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Transcription
00:00Bours d'Empercov dans tous ses états, aujourd'hui dans le face-à-face, André Bercov reçoit Christophe Ehoch-Duval,
00:06haut fonctionnaire et auteur de Le prix de l'insécurité, enquête sur une défaillance d'état, aux éditions Erol.
00:14Christophe Ehoch-Duval, bonjour.
00:16Bonjour André Bercov.
00:17Je remarque d'ailleurs que vous ne choisissez pas vos sujets par hasard, je vous avais reçu pour l'inflation normative,
00:23c'est déjà effectivement les normes, les normes, et on sait que la France crève des normes,
00:28c'est-à-dire que tous les codes, tous les fascicules, ils étaient, allez, je schématise, j'ai une caricature,
00:34disons qu'il y a 40 ans c'était 100 ou 200 pages, maintenant c'est 3000 pages, et vous le racontiez de façon très claire.
00:4146,5 millions de mots légifrances, c'est beaucoup plus encore que ce que vous dites.
00:45Ah oui, combien ?
00:4646,5 millions de mots légifrances.
00:50Mais alors mots légifrances, expliquez.
00:51C'est 2583 heures de lecture continue si vous faisiez la lecture de tout le droit applicable.
00:56Tous les livres de droit, c'est ça.
00:58Applicable en vigueur.
01:01C'est-à-dire que si je veux connaître les lois de mon pays...
01:03Nous n'essayons pas d'ignorer la loi, je vous rassure.
01:05Ah oui, mais alors dites-moi, il me faudrait combien de temps ?
01:092583 heures.
01:11Ben c'est pas mal, c'est pas mal.
01:13Écoutez, on va demander à l'État...
01:15Vous allez prendre un congé sabbatique de Sud Rayo et vous y lancer.
01:17Voilà, un congé payé, ça va m'occuper et puis ça va être passionnant.
01:20C'est mieux que Shakespeare et Voltaire.
01:22Le prix de l'insécurité en quête sur une défaillance d'État.
01:26C'est votre nouveau livre, Christophe et H. Duval, donc chez Errol.
01:31Alors, c'est intéressant parce que vous parlez,
01:35effectivement, et on pourrait vous le dire au départ, une première chose,
01:39vous parlez de sécurité, et Dieu sait si on en parle, de sécurité.
01:43Et ce n'est pas seulement un sentiment d'insécurité, comme disait notre ministre,
01:47notre ancien ministre de la Justice.
01:49Mais il y a quand même des inquiétudes, et vous l'en parlez très bien,
01:53des insécurités très diverses.
01:55Et justement, c'est ce qui est intéressant.
01:57Par exemple, vous parlez des accidents de la route,
01:59d'ailleurs c'est un accident de la route,
02:01quelqu'un qui vous est parti, quelqu'un qui vous était cher,
02:05enfin quelqu'un que vous connaissiez bien,
02:07qui a initié un peu peut-être l'idée de faire votre livre.
02:11Donc, on sait, il y a les homicides routiers,
02:14il y a les accidents de la route, il y a les accidents du travail,
02:17il y a un certain nombre de gens qui font que, voilà,
02:19qu'on meurt alors qu'on ne devrait pas mourir à ce moment-là,
02:23et pour cette ronde, on était là au mauvais moment.
02:26Et puis, il y a effectivement les homicides, les féminicides,
02:30les meurtres, les crimes dont vous parlez,
02:34et vous citez Lola, et on pourrait citer un certain nombre d'autres gens,
02:39vous avez cité Mathias, Crépole, Philippe,
02:42enfin, beaucoup d'autres gens.
02:45Et au fond, vous parlez de ce prix de la vie,
02:49et alors, je voudrais un peu que vous définissiez ça,
02:51vous le faites dans votre livre, mais,
02:53vous dites, parce que comme ça, on pourrait vous dire,
02:56oui, mais écoutez, c'est vrai qu'il faut faire attention,
02:59mais la vie est un métier à risque,
03:01et la vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible,
03:04comme disait l'autre.
03:05Au fond, qu'est-ce qui fait que vous dites,
03:08l'État doit légiférer et doit donner une mesure quantitative
03:12à cette perte de vie ?
03:15– D'abord, il le fait, mais à bas bruit,
03:17sans que les concitoyens le savent.
03:19– C'est-à-dire ?
03:20– Alors d'abord, merci de me poser cette question qui est essentielle,
03:24et c'est la seule et unique question de toute la problématique
03:27de la sécurité ou de l'insécurité.
03:29La vie n'a pas de prix, dit-on,
03:31mais la vie n'est pas un loto, le droit de vivre n'est pas un loto,
03:35boule verte, je gagne ma chance de continuer à vivre,
03:38boule rouge, pas de chance, non.
03:40Les homicides, qu'ils soient volontaires ou involontaires,
03:42c'est pour ça que je les mets dans le même sac,
03:44ne sont pas une fatalité.
03:46– Vous le mettez dans le même sac ?
03:48– Dans le même sac.
03:49André Bercoff, la direction de la sécurité routière,
03:51depuis un grand événement que vous connaissez,
03:54l'opération Mazamé, en 1973.
03:56– Juste, excusez-moi, il faudrait que vous la racontiez,
03:59parce que je ne peux pas vous la raconter dans votre livre.
04:01– J'étais petit garçon, devant mon écran, le ORTF,
04:04il y a une opération pour sensibiliser,
04:06on était à 18 000 tués sur la route, d'accord ?
04:10Et à ce moment-là, la direction de la sécurité routière dit,
04:12on va faire prendre conscience aux Français
04:14que se faire tuer sur la route…
04:15– 18 000 morts sur la route.
04:16– 18 000 morts en 1972,
04:17Georges Pompidou applaudit cette opération
04:20qui s'est faite sur l'ORTF,
04:21il n'y avait qu'une seule chaîne à l'époque,
04:23et j'étais petit garçon, je m'en souviens,
04:25on fait jouer tous les habitants de Mazamé
04:27de se coucher en mimant les morts.
04:29Ça a été un choc psychologique.
04:31– Ah oui, on l'a vu sur l'image,
04:33donc tous les habitants…
04:34– À partir de là, la direction de la sécurité routière a pu…
04:36– C'est comme si Mazamé était rayé de la casse.
04:38– C'est exactement le même nombre de morts en 1972
04:40que le nombre d'habitants de Mazamé.
04:42– D'accord.
04:43– À partir de cet instant,
04:44cette direction a réussi à faire plier
04:46tous les autres ministères et le Parlement
04:48sur une politique zéro-tolérance.
04:50Vous êtes d'accord avec moi
04:52qu'on nous fait appliquer la politique zéro-tolérance
04:54sur la route.
04:55Il y a encore trop de tués, c'est un fait.
04:57– Combien aujourd'hui ?
04:59– Là, le chiffre comme ça, c'est 2500 environ tués sur la route.
05:02– Ah oui, on peut dire, donc en 50 ans,
05:04on est passé de 18 000 à 2500.
05:06– Exactement, puisque moi j'étudie les chiffres
05:08de 2010 à 2020,
05:10ils ont baissé encore de 34%
05:12entre 2010 et 2020.
05:14Donc les efforts, quand on veut appliquer
05:16le zéro-tolérance au chauffard de la route,
05:18ça marche.
05:20À l'inverse, il n'y a pas de zéro-tolérance,
05:22il n'y a pas cette politique affichée
05:24et appliquée pour ce qui est de la violence
05:26dite de droit commun.
05:28Donc c'est cette direction qui calcule le prix de la vie.
05:30Alors je raconte l'enquête, etc.,
05:32comment il est arrivé, pourquoi elle fait ça ?
05:34Elle fait ça pour pouvoir faire prendre conscience à Bercy
05:36quand elle négocie ses budgets,
05:38qu'un mort sur la route,
05:40c'est comme si la nation se privait.
05:42Je vais vous donner un scoop,
05:44puisque dans mon livre, je ne faisais que l'estimation de 2023,
05:46je ne pouvais pas encore sortir le chiffre
05:48du prix de la vie de 2023.
05:50J'ai évalué à 6 455 000 €.
05:55Et là, le rapport de la direction insécuritaire
05:58est sorti il y a 20 ans,
06:00à chaque fois que vous m'invitez, il y a un scoop.
06:02Il est de 6 441 000 €.
06:06Quand vous dites le prix de la vie,
06:10c'est la cigarette routière.
06:12Comment on peut évaluer ?
06:14C'est évidemment très compliqué, mais les économistes
06:16savent déterminer, en quelque sorte,
06:19la sorte de valeur ajoutée
06:21de ce que représente chaque individu
06:23rapporté au PIB de son pays.
06:25D'ailleurs, le prix de la vie est différent
06:27en Allemagne, en France, aux États-Unis,
06:29au Bangladesh.
06:31On peut trouver ça choquant, d'ailleurs,
06:33parce que la vie est égale pour tout le monde,
06:35la dignité est égale pour tout le monde.
06:37Et donc, ceci me permet de chiffrer,
06:40d'utiliser ce référentiel,
06:42dont je souhaite qu'il devienne officiel,
06:44pris en main par l'INSEE,
06:46voté par le Parlement,
06:47et devenir la référence.
06:49D'ailleurs, pas seulement la référence pour l'État,
06:51mais aussi peut-être la référence pour les assureurs.
06:53Parce que, croyez-moi que
06:55les personnes victimes d'un homicide
06:57ne touchent pas 6 441 000 €.
07:00Vous le savez.
07:01La moyenne de ce que verse aujourd'hui
07:03le fonds d'anonymisation,
07:05c'est dans les 100 000 €, et soyez contents.
07:07Fonds d'anonymisation aux victimes, c'est ça ?
07:09Anonymisation aux victimes.
07:11Donc, ce prix de la vie,
07:13il ne faut pas faire preuve d'hypocrisie.
07:17Évidemment, la vie n'a pas de prix,
07:19il faut le dire et le répéter,
07:20mais quand elle survient,
07:21c'est un grand sacrifice pour la nation.
07:23Ce n'est pas la fatalité, non.
07:25La nation s'est privée,
07:27Philippine, prenons son exemple,
07:29elle s'est privée peut-être demain
07:31d'une future professeure d'économie
07:33ou cadre supérieur dans l'industrie
07:35parce qu'elle était à Dauphine.
07:37Elle s'est privée d'une contribuable,
07:39d'une cotisante, d'une maman, d'une grand-mère.
07:41C'est considérable comme perte
07:43et c'est comme ça que les économistes...
07:45Vous voulez dire, on chiffre, c'est ça,
07:47on chiffre par rapport au PIB, par rapport à tout cela.
07:49Exactement. Je renvoie à mon livre
07:51qui raconte comment, de 1990 à 2000,
07:55les économistes se sont penchés sur le sujet,
07:57pas seulement en France, mais aussi à l'étranger, bien sûr.
07:59Oui, mais juste un mot.
08:01Quand vous dites ça, par exemple,
08:03ça veut dire quoi dans les faits ?
08:07C'est-à-dire, si vous dites, par exemple,
08:09quelqu'un est mort, on va parler aussi des homicides,
08:11etc., mettons,
08:136 millions et quelques,
08:15ça veut dire que cette somme doit être
08:17remise à la famille, aux héritiers ?
08:19Ou vous voulez dire simplement
08:21c'est un manque à gagner ?
08:23Il y a deux choses.
08:25D'abord, c'est un manque à gagner,
08:27c'est pour ça que je le chiffre.
08:29Quand il y a aujourd'hui, enfin en 2020,
08:31en tout cas c'est mes derniers chiffres,
08:33j'ai comptabilisé
08:353 369 homicides,
08:37quelles que soient leurs causes,
08:39volontaires ou involontaires,
08:41et donc vous avez cité les accidents de la route
08:43qui ont un pénomen responsable,
08:45ou les accidents au travail qui ont un pénomen responsable,
08:47ou une mortalité liée, par exemple,
08:49à l'industrie agroalimentaire,
08:51avec un pénomen responsable.
08:53Je ne sais pas si j'aurai le temps de dire,
08:55mais la statistique en France est tout à fait déplorable
08:57sur le domaine de l'insécurité.
08:59Mais c'est comme si
09:01la nation avait perdu
09:0318 milliards,
09:0518 milliards d'euros
09:07de perte de vie humaine.
09:09Quand on chiffre et quand on pose le problème
09:11de cette manière, croyez-moi que
09:13les politiques publiques
09:15de sécurité intérieure, de justice pénale
09:17sont à ce moment-là
09:19à l'écoute d'un vrai drame.
09:21Mais comment une nation
09:23peut-elle consentir à une telle perte de sang,
09:25de notre sang, du sang
09:27de la dignité humaine ?
09:29Alors moi, j'en fais quoi de cette constatation ?
09:31D'abord, oublions le fait qu'effectivement
09:33les victimes et les ayants droit
09:35ne voient pas la couleur de cet argent.
09:37Mais moi, au contraire, je veux en faire
09:39une sanction pécuniaire contre l'État.
09:41Et je propose...
09:43– Sous quelle forme ?
09:45– C'est très simple.
09:47Enfin, c'est très simple et en même temps, bien sûr,
09:49je ne suis pas ignorant de savoir
09:51qu'il faut une loi pour le décider.
09:53Mais ça veut dire aussi qu'il faut des citoyens
09:55qui aiguillent leurs zones politiques.
09:57– Qu'est-ce qu'on fait ?
09:59– Eh bien, aux entreprises privées,
10:01il y a l'obligation de sécurité de résultat.
10:03Quand la SNCV vous transporte,
10:05cher monsieur,
10:07elle ne vous transporte pas en vous disant
10:09je vais essayer que vous arrivez à la destination.
10:11Non, elle a l'obligation de vous transporter
10:13sain et sauf, car elle est tenue
10:15à une obligation de sécurité de résultat.
10:17Si ça ne se passe pas, accident ferroviaire,
10:19elle a l'obligation,
10:21sans avoir, vous, à faire des procédures
10:23exagérées,
10:25de reconnaître sa faute,
10:27sa responsabilité, car son engagement
10:29contractuel était de vous assurer
10:31d'être transporté sain et sauf.
10:33Je demande la même chose à l'État.
10:35Il a vis-à-vis de nous une obligation de sécurité
10:37de résultat et que nous payons déjà très cher.
10:39Nous la payons très cher parce que par nos impôts,
10:41nous finançons 670 000 agents des forces de l'ordre,
10:45nous avons laissé les mains libres
10:47à l'État de faire jusqu'à
10:4916 000 incriminations pénales
10:51pour que tout le monde applique
10:53la loi et soit parfaitement honnête
10:55citoyen.
10:57J'ai aussi calculé dans ce livre qu'il y a une enquête
10:59combien coûte au budget de l'État,
11:01combien coûte au budget des entreprises
11:03et combien coûte aussi au budget des ménages
11:05le coût de l'insécurité.
11:07J'arrive à 7 points de PIB.
11:09Le coût de l'insécurité.
11:117 points PIB, les auditeurs ne vont peut-être pas comprendre
11:13mais l'éducation,
11:15l'éducation au sens large, c'est 10 points de PIB
11:17qu'on investit.
11:19Donc 7 sont au contraire...
11:21Produits intérieurs bruts, le PIB.
11:23Mais justement, on va en parler
11:25Christophe et Eugene Duval, parce que vous posez
11:27une question et c'est vraiment,
11:29elle est centrale cette question de l'insécurité.
11:31On va en parler tout de suite après
11:33cette petite pause, on se retrouve
11:35dans 2 ou 3 minutes.
11:37A tout de suite.
11:39Comme toujours, vous pouvez réagir sur notre antenne
11:41en appelant au 0826 300 300.
11:43On se retrouve tout de suite.
11:47Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
11:51Écoutez-moi bien.
11:538 faits sur 10,
11:558 délits sur 10,
11:578 crimes sur 10, 8 attentats sur 10
11:59ne seront ni
12:01poursuivis, poursuivables,
12:03ni poursuivis, ni poursuivables,
12:05ni poursuivis. C'est ce que
12:07écrit Christophe et Eugene Duval dans
12:09l'article d'insécurité qui vient de paraitre
12:11aux éditions Erroll.
12:138 affaires sur 10.
12:158 affaires, pardon, pas crimes.
12:17Il peut y avoir du contraventionnel,
12:19du délictuel et du criminel.
12:21Le criminel est assez rare quand même qu'il ne soit pas poursuivi.
12:23Mais dans les 7 affaires sur 10,
12:25il y a énormément de contraventionnel grave
12:27qui peut être de la cinquième classe,
12:29qui ne sont pas suivis.
12:31Mais c'est assez grave aussi. Et du délictuel.
12:33Le problème, si vous voulez,
12:35vous parlez de ça, vous avez parlé
12:37du prix du PIB, etc.
12:39Mais moi, justement,
12:41je voulais quand même préciser,
12:43quand vous dites, il y a les accidents de la route,
12:45sans faire... Bon, et il y a effectivement
12:47des criminels de la route.
12:49Et on le sait, il y a eu...
12:51C'est pour ça que la loi sur l'homicide routier
12:53que veut passer ce chef
12:55ce chef
12:57cuisinier.
12:59Yannick Allénaud.
13:01Enfant de son fils, Antoine.
13:03Voilà, exactement. Et vous parlez,
13:05d'un autre côté, il y a les Lola,
13:07les Maïlis, les Philippines,
13:09toutes ces gens,
13:11je dirais,
13:13assassinés, ou tabassés,
13:15ou violés, ou agressés.
13:17Et ça devient, soyons clairs,
13:19ce n'est plus du fait de l'IA, c'est du fait de société.
13:21Ça devient quotidien.
13:23On a presque honte de dire ça.
13:25Mais c'est pratiquement, voilà,
13:27je ne sais pas si on s'accoutume ou pas,
13:29en tout cas, le fait est là.
13:31Et le problème, c'est que d'un côté,
13:33vous dites, voilà ce que ça coûte,
13:35voilà ce que ça fait au PIB, voilà ce qu'on perd, etc.
13:37Et c'est très bien de le dire.
13:39Mais d'un autre côté,
13:41on vous répondra, oui, mais que voulez-vous faire ?
13:43La justice étant ce qu'elle est,
13:45les récidivistes étant
13:47traités comme ils sont,
13:49on ne peut pas mettre un policier,
13:51vous dites, voilà, on paye les policiers,
13:53etc. On ne peut pas mettre un policier
13:55derrière chaque citoyen.
13:57Le fait,
13:59on n'a pas de...
14:01Je fais l'inventaire,
14:03on n'a pas de maison d'étention, je ne parle même pas
14:05des obligations de quitter le territoire français.
14:07On en a déjà suffisamment parlé.
14:09Mais si vous voulez,
14:11pour résumer quand même,
14:13Christophe H. Duval, on a l'impression,
14:15je me rappelle, de ce très
14:17grand humoriste français,
14:19qui disait, je suis
14:21toute la peine de mort, mais que
14:23messieurs les assassins commencent.
14:25Sauf que la peine de mort,
14:27elle est appliquée tous les jours en France.
14:29C'est une autre peine de mort, mais c'est une peine de mort.
14:31Et là, il n'y a pas de problème.
14:33En effet,
14:35bien sûr, la peine de mort, et c'est heureux,
14:37a été abolie en 81, mais
14:39elle n'a pas été abolie par les criminels.
14:41Elle n'a pas été abolie par les criminels
14:43entre eux. Au passage, on l'oublie souvent.
14:45Ils font beaucoup plus de meurtres
14:47entre eux que ceux qu'on accuse
14:49de la police de bavure, etc.
14:51Je n'interviens pas dans cette polémique.
14:53Et puis enfin, il y a aussi ceux qui
14:55sont des presque morts
14:57pour la vie.
14:59Vous savez qu'il y a
15:01un fait qui passe complètement
15:03sous les radars et qui a une très mauvaise réponse
15:05pénale, ce sont les tentatives
15:07d'homicide.
15:09Qu'est-ce que c'est qu'une tentative d'homicide ?
15:11Cette
15:13médecin anesthésiste qui est
15:15ce gars, au parking de Vagra,
15:17c'est pas très loin de nous,
15:19pour ceux qui habitent Paris.
15:21Les tentatives d'homicide, c'est jamais
15:23les autres. Ça peut être chacun d'entre
15:25nous. Ça peut être tout près de nous.
15:27Cette dame se garde au parking
15:29de Vagra pour aller faire, je ne sais pas,
15:31aller voir un patient ou des courses, je n'en sais rien.
15:33Et elle est quasiment
15:35égorgée par quelqu'un qui
15:37derrière lui taille à la gorge.
15:39Elle ne doit sa vie, sa survie
15:41qu'aux SAMU qui arrivent plus que prévu,
15:43aux hospitaliers, il faut leur rendre
15:45grâce et honneur, qui viennent
15:47à la sauver. Mais elle va rester
15:49avec des séquelles à vie.
15:51Et j'ai dans mes statistiques
15:53montré ce problème qui s'appelle
15:55la violence mortifère et qui s'aggrave.
15:57Il y avait
15:591,3 tentatives d'homicide
16:01en 2010.
16:03Ce chiffre est monté
16:05à 3 en 2020.
16:07En 10 ans.
16:09Et tous les vrais spécialistes de la police
16:11le savent. Ils traduisent quoi ?
16:13Les journalistes appellent ça l'ensauvagement.
16:15J'appelle pas ça l'ensauvagement.
16:17J'appelle ça le fait qu'une fraction
16:19de la délinquance aujourd'hui,
16:21la vie, n'a aucun prix.
16:23Si je cambriole
16:25et que si ça doit risquer
16:27de tuer celui que je cambriole,
16:29j'en ai rien à fiche. Pourquoi ?
16:31Parce qu'on a dégradé d'abord la valeur de la vie humaine
16:33et que peut-être
16:35ils savent ou ils ne savent pas,
16:37ou ils ont le sentiment subliminal qu'ils ne seront pas
16:39sanctionnés à la hauteur de ce
16:41prise de risque.
16:43Le sentiment d'impunité.
16:45Le sentiment d'impunité.
16:47Et donc voilà, ça c'est
16:49évidemment extrêmement grave
16:51à prendre en compte. Alors,
16:53le point commun qu'il y a entre tous, c'est que
16:55ce domicile, qu'il soit celui de Lola,
16:57que vous évoquiez, ou de Philippine,
16:59et puis aussi au fils
17:01du chef de l'électorat, Antoine,
17:03qui est une forme, entre guillemets, d'accident de la route.
17:05J'ai dit entre guillemets.
17:07Et avec le point commun aussi
17:09de l'accident du travail mortel.
17:11C'est à chaque fois une défaillance de l'État.
17:13C'est à chaque fois une défaillance
17:15des règles de sécurité
17:17routière, des règles du code pénal,
17:19des règles du code du travail,
17:21qui auraient dû faire respecter l'État,
17:23peu importe la raison pour laquelle il n'y est pas
17:25parvenu, c'est factuel.
17:27Et moi, je vous renvoie à la question
17:29est-ce que la SNCF, quand elle transporte
17:31ses voyageurs,
17:33elle dit, écoutez, moi
17:35j'ai 4 millions de kilomètres carrés
17:37de voies,
17:39c'est compliqué à entretenir,
17:41je fais partir des trains,
17:43j'ai plus les chiffres en tête, mais voilà.
17:45Et donc par conséquent, comment voulez-vous
17:47que je puisse assurer la sécurité absolue
17:49de toujours mes voyageurs ?
17:51Non. La réponse est non.
17:53Si on avait accepté l'idée de fatalité
17:55dans le domaine des risques
17:57industriels, écologiques,
17:59du travail ou de la consommation,
18:01mais où en serai-t-on aujourd'hui ?
18:03C'est la seule chose que l'État
18:05ne fait pas, il ne se responsabilise pas
18:07de la même manière qu'il responsabilise
18:09les opérateurs privés
18:11par une obligation de sécurité et de résultat.
18:13Je reviens à cette exigence citoyenne.
18:15Vous voulez dire que la fonction publique
18:17connaît plus d'impunité dans ce sens-là
18:19que le secteur privé ?
18:21En tous les cas, l'État, effectivement,
18:23c'est un fait, il s'est organisé
18:25une sorte d'irresponsabilisation,
18:27je ne dis pas qu'il n'y a pas des
18:29ressources administratives qui ne puissent pas
18:31décider de l'être mis en œuvre, mais avec
18:33quel prix de procédure, et de toute façon,
18:35pas de la même manière.
18:37Au fond, l'État n'est soumis pour la sécurité
18:39publique qu'une obligation de moyens.
18:41Je fais ce que je peux,
18:43et puis s'il y a un homicide,
18:45écoutez, j'ai fait ce que j'ai pu,
18:47c'est malheureux, c'est la fatalité.
18:49Non. Aucun homicide
18:51n'est une fatalité. Si on part de ce
18:53raisonnement, alors on revient à 18 000
18:55morts sur la route.
18:57Alors justement, est-ce qu'il n'y a pas là
18:59peut-être, à une différenciation
19:01que vous ne faites pas, mais que
19:03je vous pose la question, est-ce qu'il ne faut pas la faire ?
19:05Je m'explique.
19:07Mettons que toute mort a un prix,
19:09toute vie a un prix, pardon, et toute mort
19:11devrait avoir une sanction.
19:13C'est quand même ce que vous dites. Et vous parlez
19:15de l'État. Alors vous dites,
19:17on quête sur une défaillance de l'État.
19:19Mais est-ce que l'État, en l'occurrence, et vous le savez,
19:21ce n'est pas le cas, et on est loin de compter,
19:23et ça n'a rien à voir avec la politique, la droite,
19:25la gauche ou autre, c'est que
19:27l'État, est-ce qu'il peut tout faire ?
19:29Ou est-ce qu'il n'y a pas, à ce moment-là,
19:31et ça renvoie à quelque chose qui n'est pas
19:33chiffré, qui s'appelle tout simplement
19:35une valeur, la volonté, le courage,
19:37l'autorité. Car s'il n'y a
19:39pas de politique globale,
19:41tout ça, c'est très bien de
19:43dénoncer, et vous le faites, et c'est
19:45très utile, mais ça sert à quoi ?
19:47À partir du moment
19:49où, je donne des exemples,
19:51des gens sont sous obligation
19:53de quitter le territoire français, ils le font pas,
19:55des gens qui sont condamnés
19:57trois fois, cinq fois, dix fois, qui sortent
19:59et qui reviennent et qui tuent,
20:01alors je ne dis pas qu'il faut les enfermer
20:03pour l'éternité, je dis simplement,
20:05le problème est posé,
20:07et tous les jours, tous les jours,
20:09rappelez-vous, il y a quelqu'un qui a écrit
20:11La France orange mécanique, Laurent Auberton,
20:13il y a dix-douze ans, ça a été un best-seller,
20:15qu'est-ce qu'il a fait ? Il a recueilli
20:17sur la totalité des petits
20:19journaux régionaux français de partout
20:21les faits divers, enfin ce qu'on appelait
20:23faits divers, il y a dix ans.
20:25Et c'est exactement ce que vous dénoncez.
20:27Donc le problème, c'est que comment
20:29on peut articuler ce que vous
20:31dites ? C'est-à-dire, écoutez,
20:33l'État est responsable, d'accord,
20:35et l'État vous dit, alors je fais quoi ?
20:37Regardez mon budget, regardez
20:39les dettes, regardez-toi, je fais quoi ?
20:41Comment je réoriente ? Il est là le problème.
20:43Tout à fait. En tous les cas,
20:45il n'y a aucune
20:47espèce de politique qui ne puisse
20:49fonctionner sans qu'elle soit aiguillonnée
20:51par une sanction.
20:53C'est-à-dire que la sanction, de toute politique
20:55qu'elle soit d'ailleurs, celle d'un industriel
20:57qui a une politique de sécurité dans son usine
20:59pour qu'il n'y ait aucun, il y ait zéro,
21:01ou autant un zéro accident du travail,
21:03il a l'aiguillon de se dire
21:05que si je commets un accident du travail,
21:07si je n'ai pas pris toutes les précautions,
21:09bien sûr le risque zéro n'existe pas,
21:11mais si je n'ai pas pris toutes les précautions,
21:13je serai sanctionné.
21:15Eh bien, c'est ce que je propose de transposer à l'État.
21:17Il n'y a pas l'équivalent de cette
21:19sanction de la responsabilité
21:21d'une politique publique que nous lui avons confiée.
21:23Elle n'existe pas.
21:25Et si on mettait en place,
21:27j'allais dire l'amende, oui c'est presque une forme d'amende
21:29qui serait appliquée à l'État
21:31en cas de domicile,
21:33notamment pour criminalité,
21:35à toute victime, à tous les victimes
21:37de la victime en question,
21:39eh bien, croyez-moi que demain,
21:41Bercy demanderait des comptes
21:43à la place Beauvau et demanderait des comptes
21:45à la place Vendôme en leur disant
21:47ayez une politique efficace.
21:49Ayez une politique efficace pour faire réduire
21:51la courbe de ce que nous engageons
21:53comme dépenses pour indéniser,
21:55pour réparer, au titre de la solidarité nationale,
21:57les victimes d'homicides.
21:59Vous dites, il faut taper l'État
22:01au portefeuille.
22:03C'est un peu ça.
22:05Et l'État c'est nous.
22:07C'est moi aussi d'ailleurs.
22:09L'État c'est nous.
22:11Contribuable.
22:13Oui mais l'efficacité, toutes les politiques
22:15de finances publiques prouvent que c'est à chaque fois
22:17la performance
22:19et l'amélioration de nos bons réflexes
22:21qui même s'ils supposent
22:23un investissement, se récolteront
22:25des gains. Et les gains c'est
22:2718 milliards perdus pour la nation
22:29si on les économise.
22:31Rendez-vous compte ?
22:33Ce n'est pas rien, c'est clair.
22:35On conserve une professeure d'économie
22:37philippine, peut-être demain une brillante
22:39docteure en économie.
22:41Qui sait ?
22:43On va en parler tout de suite après cette petite pause.
22:45Christophe et Ange Duval justement, comment faire
22:47et quels sont les moyens et vous en donnez quelques-uns.
22:49Et bien entendu si vous voulez
22:51réagir ou si vous avez une question
22:53n'hésitez pas à nous appeler au 0826
22:55300 300
22:57Bercov dans tous ses états, revient tout de suite.
22:59Sud Radio
23:03Sud Radio Bercov dans tous ses états
23:05Et
23:07je ne suis pas seul, le prix de la sécurité
23:09l'enquête sur défaillance d'état
23:11de Christophe et Ange Duval
23:13paru aux éditions Erol
23:15quand même Christophe et
23:17Ange Duval,
23:19pratiquement, pratiquement
23:21Ok, vous avez chiffré
23:23et c'est très intéressant, encore une fois je recommande votre livre
23:25parce que vous donnez un certain nombre de chiffres
23:27et les chiffres, non mais c'est très important de voir
23:29qu'est-ce que ça veut dire.
23:31C'est pas un essai, c'est une enquête
23:33et surtout, alors vous parlez
23:35de la défaillance de l'état, mais parlons-en
23:37de cette défaillance de l'état.
23:39Ils vont vous répondre, je l'ai dit là juste
23:41avant qu'on
23:43rende l'antenne pendant un moment
23:45l'état aujourd'hui
23:47je vous écoute, je suis ministre de l'intérieur
23:49je suis ministre de la justice ou autre
23:51je suis Emmanuel Macron ou Michel Barnier
23:53je lis votre livre, je lui dis
23:55attendez, vous êtes très gentil, très bien
23:57tout ça part d'un bon sentiment
23:59et d'une constatation évidente
24:01simplement
24:03je fais comment, nous avons
24:053 000 milliards
24:073 300 milliards de dettes
24:09et plus de 3 trillions
24:11d'euros de dettes, je ne sais pas
24:13comment faire des économies
24:15et vous me demandez effectivement d'investir
24:17dans la protection
24:19de la vie humaine, évidemment
24:21qui va être contre-investir dans la protection
24:23de la vie humaine, le problème c'est que je ne peux pas le faire
24:25je suis obligé de me déguiser
24:27pour le faire, moi la question que je vous me pose
24:29très pratiquement, comment on peut
24:31les forcer à mettre le nez
24:33dans le guano de la réalité et de dire
24:35oui mais vous devez le faire
24:37d'abord
24:39j'observe si vous voulez que
24:41c'est ce qu'ils ont décidé de faire
24:43en matière de préjudice écologique
24:45on a fait voter une loi
24:47en 2016 qui a dit
24:49au code civil, toute personne responsable
24:51d'un préjudice écologique est tenue
24:53de le réparer, c'est ce qu'il y a dit dans la loi
24:55et je vous signale d'ailleurs que
24:57les organisations d'écologie se sont emparées
24:59de ce texte pour faire ce qu'ils appellent l'affaire du siècle
25:01et dire par conséquent, l'état
25:03tu fais partie de toute personne
25:05tu es tenue à respecter
25:07le taux de
25:09et donc
25:11ils sont devant le tribunal administratif
25:13etc
25:15et l'état a déjà été condamné
25:17pas au montant des sommes qu'on évoque pour la vie humaine
25:19mais donc
25:21ça existe
25:23pour protéger la nature et c'est très bien
25:25donc ça existe pour la sécurité écologique
25:27pourquoi ça n'existerait pas pour la sécurité humaine
25:29je trouve qu'au passage la sécurité humaine
25:31d'abord quelque part dans l'échelle des valeurs
25:33elle vient aussi
25:35je ne vais pas forcément dire avant mais en tout cas
25:37au moins
25:39donc je demande la même loi
25:41pour la protection de la vie humaine
25:43concernant
25:45l'état et toute personne concernera l'état
25:47alors
25:49l'état a des économies à faire
25:51parce qu'aujourd'hui quand on a une politique de sécurité publique
25:53dont j'ai pas fait
25:55bien sûr l'analyse complète
25:57ça demanderait plusieurs livres
25:59mais qui n'est pas piloté
26:01je veux dire par là que
26:03quand on cherche un industriel
26:05ou une entreprise privée ou la SNCF
26:07pour conduire une politique
26:09et notamment de sécurité
26:11de ses voyageurs, de ses salariés, de ses consommateurs
26:13il a des indicateurs
26:15il a une manière de piloter
26:17il a des outils pour piloter
26:19quelque part l'état a un problème
26:21d'abord aujourd'hui c'est celui qu'il a
26:23de mauvais indicateurs pour piloter
26:25sa sécurité
26:27j'ai mis en évidence dans mon enquête
26:29j'y renvoie le lecteur parce que c'est peut-être long pour les auditeurs à leur expliquer
26:31que la statistique
26:33de la sécurité est parfaitement
26:35insatisfaisante
26:37je propose deux choses très simples qui ne coûtent rien
26:39j'ai des propositions qui coûtent 0€
26:41on peut en parler au Premier ministre
26:43ou au ministre du budget
26:45la première par exemple je confie
26:47à l'INED, l'institut national des études démographiques
26:49la responsabilité devant le Parlement
26:51de nous dire combien
26:53par an il y a d'homicides volontaires
26:55et involontaires. Rendez-vous compte que ce chiffre
26:57il faut aller à la pêche et à la louche
26:59pour le trouver. Parce qu'on ne le connait pas ce chiffre
27:01absolument, on ne le connait pas
27:03on ne sait pas aujourd'hui si on ne va pas à la pêche
27:05la recollection, ce qu'on appelle la consolidation
27:07des chiffres, on ne le sait pas
27:09et en plus il y a des zones d'ombre
27:11il y a des zones d'ombre dans ce qui
27:13malheureusement existe aussi
27:15qui sont les accidents mortels du travail
27:17tiers pénalement responsable
27:19il y a tous les...
27:21le problème du jour est gratuit
27:23sur la criminalité, sur les viols, sur les tabassages
27:25on a les chiffres quand même
27:27ils sont absolument insatisfaisants
27:29et il y a plusieurs raisons. D'abord il y avait
27:31ce qu'on appelait l'observatoire national de la délinquance
27:33et les réponses pénales
27:35qui essayait d'avoir un pilotage et un suivi
27:37en 2020
27:39le Premier ministre décide de le supprimer
27:41donc on casse un thermomètre
27:43ou on casse une vigie
27:45on peut descendre du mal à vigie
27:47supprimer, supprimer
27:49ensuite, il y avait
27:51depuis 1972
27:53jusqu'en 2023, je vais y revenir
27:55pourquoi, il y avait un état statistique
27:57que la police et la gendarmerie connaissent bien
27:59le 4001
28:01le fameux état 4001
28:03c'est jargonesque
28:05c'est un tableur
28:07que devaient renseigner les enquêteurs
28:09selon une ventilation
28:11des genres de violences
28:13crime, délit, contravention, etc.
28:15et qui renseignait
28:17depuis 2072
28:19jusqu'en 2023 de la même manière
28:21et qui permettait de suivre, au moins de piloter
28:23bon, il y a des
28:25imperfections dans cet outil statistique
28:27celui qui m'a servi à mon enquête
28:29mais il existait
28:31et en 2023, le service de la statistique
28:33du ministère de l'intérieur a décidé
28:35au titre de mieux faire
28:37de le supprimer
28:39donc on a cassé un thermomètre qui était
28:41continu de 1972 jusqu'en 2023
28:43celui qu'on a reconstitué, excusez-moi
28:45je ne m'y retrouve pas
28:47et en tout cas, je ne fais pas le raccord entre l'ancien
28:49et le nouveau
28:51et donc, là aussi, je propose quoi ?
28:53ça coûte quasiment rien
28:55à l'état, créer une autorité
28:57publique indépendante
28:59présidée par exemple par le
29:01procurant général de la cour de cassation
29:03pour faire quelque chose de vraiment impartial
29:05et vraiment indépendant
29:07qui sera chargé
29:09de collectionner toute la statistique
29:11de criminalité et de délinquance
29:13pour pouvoir, là encore, en rendre compte au Parlement
29:15tous les ans et dire
29:17voilà le vrai chiffre
29:19sans indicateur, comment voulez-vous qu'un ministre
29:21de l'intérieur
29:23voit la courbe devant lui
29:25et décide si
29:27ce mois-ci, elle baisse, ce mois-ci, elle remonte
29:29ce mois-ci, j'ai réussi à la faire descendre
29:31Christophe, il ne la connaisse pas ?
29:33Vous voulez dire qu'aujourd'hui, le ministre de l'intérieur
29:35le ministre de la justice ne connaît pas
29:37les chiffres de la délinquance ?
29:39Ils en connaissent, ils ont celles qui éventuellement
29:41qui leur sont données par leur service ou autre
29:43je ne peux pas vous répondre à toutes ces
29:45questions, bien sûr que je ne dis pas qu'ils en connaissent
29:47mais les citoyens, eux, ne les connaissent pas
29:49et si moi, ce livre m'a demandé un an
29:51pour les chercher, ça veut dire que si moi
29:53à mon niveau, j'ai mis un an
29:55pour essayer de trouver des chiffres et dire
29:57en plus qu'ils sont minimum, minimum
29:59ça veut dire que le citoyen de la rue
30:01il est un peu en fumée
30:03ou en tout cas, il se perd dans la fumée
30:05et cette fumée, elle n'est pas bien
30:07parce que le contrôle démocratique, c'est celui qui est
30:09le plus important, notre parlement n'est pas
30:11saisi de ces chiffres
30:13Oui, c'est ça, c'est-à-dire que c'est ça
30:15je crois que la chose la plus importante
30:17c'est que eux
30:19moi je crois que les ministères savent
30:21moi même plutôt bien
30:23mais le parlement de nos représentants
30:25et nous, a fortiori
30:27nous ne les connaissons pas
30:29mais alors justement, je voudrais revenir
30:31alors au-delà des chiffres
30:33il y a quand même
30:35vous parlez vous-même, il y a l'autorité
30:37vous parlez beaucoup de tolérance zéro
30:39ce qui n'est pas d'ailleurs une mauvaise chose
30:41mais comment appliquer
30:43la tolérance zéro
30:45justement, vous savez très bien
30:47les ravages du narcotrafic
30:49vous savez très bien combien rapporte
30:51le trafic de drogue, mais il n'y a pas que ça
30:53les ravages d'un certain nombre de faits
30:55dits de société
30:57qui fait que la France
30:59l'ensauvagement
31:01beaucoup n'aiment pas cette expression mais hélas
31:03elle est
31:05vraie, elle est factuelle
31:07comment il se fait que justement
31:09on revient à ça
31:11il y a ce constat
31:13et encore on fait très mal le constat
31:15vous dites on l'enfume, on le cache
31:17et au-delà de ça
31:19à chaque fois, vous avez vu, à chaque fois qu'il y a un accident
31:21chaque fois qu'il y a une mort
31:23chaque fois qu'il y a des obsèques, on fait des marches blanches
31:25et on a les
31:27fleurs, les chansons
31:29etc
31:31les discours très dignes et tout
31:33et au-delà de ça, pourquoi
31:35la patate chaude depuis des décennies
31:37reste transmise
31:39d'irresponsabilité en irresponsabilité
31:41Christophe Hedouane
31:43il est là le problème
31:45la compassion c'est extrêmement important
31:47que ce soit les marches blanches et j'y adhère totalement
31:49et là récemment le ministre de l'Intérieur
31:51Bruno Rotailleau est allé voir la famille
31:53de la petite Philippine
31:55c'est un geste très humain et très humanitaire
31:57et c'est pas souvent
31:59que ça soit produit
32:01la politique
32:03mais au-delà de ça
32:05tolérance zéro, venons-y
32:07d'abord c'est exactement
32:09la politique
32:11que mène la direction de la sécurité routière
32:13encore une fois dont je prends modèle
32:15et je les salue, depuis 1972
32:17c'est Pompidou qui a décidé ça
32:19c'était relancé en 2002 par Jacques Chirac
32:21et c'est leur leitmotiv
32:23politique de tolérance zéro
32:25ne veut pas dire risque zéro
32:27on n'est pas d'accord
32:29on parle pas de risque zéro
32:31pour dire par là qu'on sait bien
32:33qu'il y aura toujours des tués sur la route par exemple
32:35mais on se donne des moyens
32:37qu'il y en ait le moins possible
32:39on se donne des moyens comment ?
32:41on éleve les normes de la sécurité routière
32:43on met des policiers sur la route etc
32:45on y met le paquet
32:47je vous donne un exemple concret
32:49de ce que peut être la politique de tolérance zéro
32:51les chercheurs dans quelques années
32:53vont étudier avec intérêt ce qui s'est passé
32:55pendant les JO
32:57et effectivement déjà
32:59on commence à sortir des données
33:01qui montrent que là, on a eu la volonté
33:03de politique de tolérance zéro
33:05oui parce qu'on a mis tous les policiers
33:07de France et de Navarre
33:09dans la vitrine du monde
33:11il y avait un risque très très élevé
33:13et qu'est ce qu'on a fait
33:15pour obtenir cette politique de tolérance zéro
33:17bah Gérard Bamanin il a mis le paquet
33:19il a fait monter 40 000 policiers et gendarmes
33:21il y avait 90 000 policiers
33:23et donc à ce moment là on a saturé l'espace
33:25c'est pas forcément à faire tous les jours
33:27le fait est, l'exemple concret
33:29on a appliqué la tolérance zéro
33:31la délinquance a fait
33:33profil bas
33:35et elle s'est dégagée
33:37on est moins attiré
33:39à pouvoir faire des actes graves
33:41y compris d'actes héroïques
33:43donc c'est ça la politique de tolérance zéro
33:45c'est l'Etat qui met les paquets
33:47qui s'en donne les moyens
33:49et qui aboutit à des résultats
33:51tolérance zéro
33:53on l'a saupoudré
33:55vous savez très bien que c'était une parenthèse enchantée
33:57c'est un contre exemple quand même intéressant
33:59mais pardon, moi ça m'intéresse
34:01c'est très intéressant que vous avez rappelé le code de la route
34:03et que vous avez rappelé une année 72
34:05nous sommes 52 ans plus tard
34:07comment ça se fait qu'il n'y a que
34:09dans le code de la route
34:11et dans les activités routières
34:13que cette tolérance zéro est appliquée
34:15et absolument pas ailleurs
34:17je vous pose la question
34:19d'ailleurs c'est la courbe à page 191
34:21de mon livre et c'est fulgurant
34:23cette chute
34:25allez-y lisez-la
34:27en tout cas rien que sur le segment 2010-2020
34:29moins 34% d'utilisateurs sur la route
34:31dans la même période
34:33plus 114%
34:35de violences mortifères
34:37attendez c'est intéressant
34:39je l'ai là
34:41on compare la totalité
34:43la circonstance routière entre 1952
34:45et 2021
34:47là c'est le graphique
34:49dans mon livre
34:51je n'ai pas le pourcentage mais rien que sur le segment
34:532010, moins 34% de tués sur la route
34:55et dans le même temps
34:57pardon, mais on laisse filer
34:59on ne contrôle pas de laisser filer la violence mortifère
35:01elle augmente de 114%
35:03alors
35:05il y a des éléments
35:07qui sont évidemment multiples
35:09je n'aborde pas
35:11toutes les causes et tous les effets
35:13mais nous n'avons pas
35:15un rapport à la sécurité
35:17de droit commun identique
35:19à notre rapport à la sécurité
35:21d'accident du travail
35:23d'accident de la route
35:25ou des accidents on va dire
35:27de l'industrie
35:29que ce ne sont pas les mêmes
35:31alors
35:33non pour moi évidemment au contraire
35:35ce sont les mêmes morts
35:37et la même vieillité humaine
35:39il y a sans doute
35:41une somme de questions qui est d'abord la prise de conscience
35:43c'est que nous n'avons pas
35:45la même prise de conscience
35:47nous avons dans le domaine de la violence mortifère
35:49la violence du droit commun
35:51encore la religion de la fatalité
35:53et comme nous n'avons pas
35:55la religion de la responsabilité
35:57nous ne pouvons qu'avoir
35:59de mauvais résultats
36:01dans l'autre nous n'avons pas du tout
36:03ou plus du tout
36:05il n'y a plus une seule personne industrielle
36:07qui verrait nous dire que c'est la fatalité
36:09qu'en mangeant mes produits il puisse y avoir quelqu'un qui est la salmonellose
36:11mais attendez qu'est-ce qu'on fait de cet homme là
36:13on le met avec des goudrons et des plumes
36:15et ensuite
36:17il le sait parce qu'il a des sanctions économiques
36:19l'autre versus
36:21et bien il n'y a pas
36:23il n'y a pas de sanctions
36:25oui et c'est vraiment
36:27vous posez et c'est pour ça que c'est très intéressant
36:29votre étiage
36:31de comparaison c'est que dans un seul domaine
36:33justement que ce soit dans l'entreprise
36:35dans l'industrie dans les
36:37accidents du travail dans les accidents de la route
36:39il y a en tout cas quelque chose
36:41qui est du ressort de responsabilité
36:43il y en a encore trop évidemment
36:45bien sûr mais dans l'autre
36:47on a l'impression je ne dis pas il ne faut pas généraliser
36:49etc mais on a l'impression de vivre
36:51dans une société je parle
36:53des actes de droit commun à irresponsabilité
36:55illimitée vous parlez vous même
36:57vous Adelaide Lola etc
36:59vous citez plusieurs
37:01ce sont des exemples qui montrent
37:03des chaînes de dysfonctionnement d'état
37:05des chaînes c'est même pas une seule
37:07cause une seule modalité
37:09causale qui est à l'origine de l'homicide
37:11c'est une chaîne
37:13de défaillance d'état
37:15qui a cumulé évidemment en plus ne peuvent pas
37:17j'allais dire malheureusement louper la victime
37:19mais c'est inimaginable
37:21c'est passé à philippines, l'enquête le démontrera
37:23la zone de responsabilité mais c'est une chaîne
37:25de responsabilité de défaillance
37:27mais cette chaîne de défaillance
37:29dit quoi
37:31sur la situation effectivement
37:33dans notre pays de ce point de vue là
37:35c'est une chaîne de défaillance
37:37est-ce qu'on peut dire dysfonctionnement
37:39et la question que je vais vous poser
37:41est-ce que tout ça vous avez donné des exemples
37:43d'ailleurs où ça ne coûte pas très cher
37:45vous reparlez de refaire
37:47un certain nombre d'organismes
37:49qui renseignent les représentants
37:51et le peuple, qu'est-ce qu'on peut faire
37:53contre ces défaillances
37:55à votre avis, je ne demande pas des solutions miracles
37:57mais qu'est-ce qu'on peut faire
37:59alors moi d'abord je ne fais pas de politique
38:01comme vous le devinez, je fais partie
38:03que d'un seul parti qui est le parti
38:05PVR de l'efficacité en résultat
38:07et je dis simplement que quand on fixe
38:09l'objectif de
38:11la baisse de la courbe de la mortalité
38:13mortifère avec une sanction assortie
38:15et bien je laisse
38:17mes concitoyens en qui j'ai toute confiance
38:19se choisir des politiques
38:21sécuritaire de gauche, sécuritaire de droite
38:23sécuritaire du centre, sécuritaire de ce qu'ils ont envie
38:25peu importe, c'est pas la couleur politique
38:27qui compte, c'est le résultat
38:29est-ce qu'un chef d'entreprise
38:31il est de gauche, de droite, du centre ou d'ailleurs
38:33pour dire je fais moins l'action du travail dans mon entreprise
38:35mais vous avez la grosse grosse différence
38:37justement, je ne sais pas si nous sommes
38:39nous allons faire une petite
38:41pause et puis nous allons reprendre
38:43tout de suite après
38:45et un numéro de téléphone pour nous appeler
38:47si vous avez une question
38:49c'est le 0 826
38:51300 300, André Bercoff et son invité
38:53revient tout de suite
38:57Sud Radio Bercoff dans tous
38:59ses états
39:01Et oui, le prix de
39:03l'insécurité, Christophe Ehoch du Val
39:05justement
39:07on parlait de tout cela et vous parlez de ce qu'il faut
39:09faire et on parlait des sanctions et on parlait
39:11de tolérance zéro, mais je voudrais
39:13dire aux chiffres parce qu'encore une fois
39:15les chiffres c'est très important
39:17c'est pas, il ne faut pas se dire ah là là c'est que des chiffres
39:19au contraire, vous dites d'abord ce n'est pas
39:21que des chiffres et c'est très important
39:23de rappeler parce que les chiffres ce sont les faits
39:25c'est pas de l'idéologie
39:27l'exécution des peines
39:29en France, où on en est ?
39:31quel est le tableau ?
39:33Bien sûr
39:35je remercie d'abord aux juges
39:37et aux policiers, ils font un travail très difficile
39:39les uns les autres et avec des moyens qui ne sont pas
39:41à la hauteur de leur enjeu, ça c'est le premier point
39:43mais il y a une question
39:45d'efficacité du service public de la justice
39:47que devraient attendre
39:49nos concitoyens et qui n'est pas au rendez-vous
39:51sachez par exemple que
39:53les condamnations fermes
39:55alors quand on dit condamnations fermes
39:57il faut savoir que dans la jurisprudence pénale
39:59c'est du sérieux
40:01c'est comment ça ?
40:03c'est du sérieux sérieux
40:05Qu'est-ce que vous appelez condamnations fermes ?
40:07Pourquoi c'est du sérieux ?
40:09Sinon ce sont des peines avec sursis
40:11qui sont infligées
40:13et jusqu'à 2 ans
40:15de condamnations fermes
40:17la loi d'Atti
40:19le convertit aussitôt en mesure alternative
40:21c'est automatique
40:23c'est-à-dire pardon
40:25pour que vous puissiez bien comprendre
40:27parce que si j'écope de 2 ans
40:29de prison ferme
40:31c'est automatiquement alternatif
40:33c'est une mesure alternative
40:35il va y avoir
40:37il y a pu y avoir
40:39de la prison préventive
40:41sinon c'est automatique
40:43alors ensuite
40:45les personnes qui effectivement en France
40:47sont l'objet de condamnations fermes à plus de 3 ans
40:49si je vous dis c'est du très grave
40:51du très lourd
40:53c'est l'anniversaire statistique
40:55du ministère de la justice qui le révèle
40:57je ne peux rien inventer
40:59savez-vous qu'au bout de 2 ans
41:01il y a encore 16%
41:03des condamnations
41:05à plus de 3 ans fermes
41:07qui ne sont pas exécutées
41:0916% ne sont pas exécutées
41:11et au bout de 5 ans la statistique donne encore 8%
41:13après 5 ans on sait plus
41:15les gens ne sont pas de la nature sans doute la statistique les a complètement perdus
41:17ça veut dire qu'effectivement
41:19on a là
41:21un mauvais résultat indéniable
41:23gravissime en soi
41:25parce que d'abord la justice rendue au nom du peuple français
41:27n'est pas exécutée
41:29qu'on n'a pas les moyens
41:31ou qu'on multiplie les artifices procéduraux
41:33pour faire que la personne s'échappe
41:35elle restera dans la nature
41:37alors qu'elle est une personne potentiellement très dangereuse
41:39très dangereuse
41:41quelqu'un qu'on ait à 5 ans de prison ferme
41:43je peux vous dire que derrière il y a du viol
41:45c'est viol c'est meurtre
41:47oui c'est ça c'est viol
41:49avec peut-être quelques actes de barbarisme etc
41:515 ans fermes aujourd'hui
41:53voilà
41:55je ne serais pas démenti
41:57que c'est du très lourd
41:59non pas parce que les juges sont laxistes
42:0116% ne sont pas exécutés
42:03il n'y a que 43% des condamnations qui sont exécutées immédiatement
42:05les autres il faut attendre
42:07il faut attendre
42:09est-ce qu'il y a une entreprise en France
42:11qui pourrait se permettre d'avoir de tels résultats
42:13c'est pas mal
42:15il serait temps que l'Etat regarde l'entreprise et que nous aussi
42:17et qu'on nous traite comme des usagers de la justice
42:19à qui on doit rendre des comptes
42:21c'est l'article 15 de la déclaration des droits de l'homme
42:23nous sommes encore loin du compte
42:25je rappelle pour ceux qui sont à Paris
42:27ou qui viennent à Paris que le samedi 12 octobre
42:29au salon du livre juridique
42:31à Paris 1er de rue Montentier
42:33vous allez présenter vos livres
42:35le prix de la sécurité et l'inflation normative
42:37sur le stand de LexisNexis
42:39c'est au conseil constitutionnel
42:41qu'a lieu ce salon juridique
42:43et j'accueillerai les auditeurs de Sud Radio
42:45qui sont parisiens au passage
42:47et avec plaisir et joie
42:49et rendez-vous compte
42:51la justice est la ligne juste

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