Nathan Devers : «Les victimes de violences sexuelles ne sont pas traitées de manière humaine par la justice»

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Ecrivain, Nathan Devers est revenu sur le ressenti des victimes de violences sexuelles : «Elles ne sont pas traitées de manière humaine par la justice».

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Transcription
00:00Oui, c'est une vraie problématique et les victimes de violences sexuelles, en général, font souvent part du sentiment qu'elles ont de ne pas être traitées de manière humaine par la justice.
00:13Notamment, on l'a vu même pendant le procès de Mazan récemment, où Gisèle Pellicot a exprimé le fait qu'il y a eu dans la défense des accusés des arguments qui étaient terribles,
00:27qui inversaient les choses, qui la faisaient passer pour la coupable. Je pense qu'il y a de ça. Je reviens à l'affaire Philippine. Deux choses.
00:33Premièrement, ce que vous avez montré tout à l'heure, arracher des affiches qui rendent hommage à une jeune fille solaire, magnifique, formidable, brillante, fiancée, qui croyait en la vie,
00:45qui a été tuée, violée, enterrée dans le bois de boulogne, dans une sorte de barbarie. Arracher ces affiches, c'est d'une laideur humaine inouïe.
00:54Interrompre un hommage, quel que soit le prétexte idéologique, c'est d'une laideur humaine absolue. Je rebondis sur ce que vous disiez, Judith D'Entrebe, tout à l'heure.
01:04S'il y a une certaine partie des féministes qui ont une difficulté à nommer le réel quand ça les dérange, ou en tout cas quand il y a certains types de coupables qui ne veulent pas voir le réel en face,
01:15c'est une erreur absolue et je pense qu'on le voit là, et ce n'est même pas une erreur, c'est une faute. Ensuite, on peut aussi remarquer qu'il y a des gens qui s'intéressent à certains types de féminicides quand ça correspond à leur idéologie.
01:30Je vous donne un exemple très concret.
01:31Celles qui applaudissent Gisèle Pellicot ignorent Claire Géronimi.
01:38S'il y a des gens qui ignorent la souffrance de Claire Géronimi, je vous le dis, je pense que c'est une faute, pas seulement une erreur, c'est une faute.
01:43Mais d'autre part, on peut voir dans l'autre sens. Regardez la classe politique. Regardez les politiques qui ont réagi, qui se sont indignés, qui ont parlé le plus fort sur l'affaire Philippine.
01:56Si vous regardez ces mêmes politiques, la plupart d'entre eux n'ont pas eu un mot sur l'affaire Mazan, par exemple, pour citer une affaire très récente.
02:02Il y a eu plus de 100 féminicides depuis 2024. La plupart des politiques, et ce que je dis est vraiment très factuel, c'est vérifiable,
02:08qui ont levé le plus la voix sur l'affaire Philippine, quelques temps sur d'autres affaires analogues, quand il y avait, c'est-à-dire des coupables qui étaient des OQTF, etc.,
02:19parlent rarement des questions de violences sexuelles, de féminicides, n'ont pas eu un mot sur l'affaire Mazan. Ce que je dis est factuel aussi.
02:24Et je pense que c'est dangereux de voir une situation où des politiques s'approprient des drames.
02:29Parce que là, il y a des drames. Ce n'est pas drôle, ce n'est pas de la communication politique.
02:33Il y a une jeune fille qui est morte, qui est morte dans les pires des conditions. Il y a une famille qui est en deuil.
02:37Il y a eu une émotion nationale, on l'a vu lors de la cérémonie magnifique, enfin magnifique, ce n'est pas le mot, mais extrêmement noble, extrêmement digne de Versailles.
02:43Et on voit des politiques qui font de la récupération, certains à la manière de l'autruche, ça veut dire en se fermant les yeux quand le réel ne leur convient pas,
02:50d'autres à la manière du vautour. Et dans les deux cas, ça me dérange.

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