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00:00On retrouve Asni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen.
00:05Bonjour, merci d'être avec nous.
00:07Si la mort officielle du chef du leader, du chef du Hezbollah est confirmée,
00:13avec les déclarations hier de Netanyahou qui visait précisément le chef du Hezbollah,
00:18est-ce que le Premier ministre israélien a franchi un pas dans l'escalade vers une extension du conflit ?
00:25Oui, il a franchi un pas, mais c'était prévisible dans la mesure où Netanyahou voulait absolument
00:30non seulement séparer ce qu'on appelle les unités différents, c'est-à-dire la relation entre le Hezbollah
00:36et ce qui se passe à Gaza, mais c'est plus important encore et plus grave, à mon sens,
00:41c'est séparer aussi le Hezbollah de l'Iran.
00:44C'est pourquoi on a parlé de messages envoyés à l'étranger.
00:48Évidemment, le destinataire, c'est les Iraniens.
00:50On peut parler vraiment d'un événement exceptionnel qui touche la région du Moyen-Orient.
00:55C'est un tournant à la fois dans la vie, dans la relation entre Hezbollah et Israël,
01:00mais aussi même dans le Moyen-Orient, et c'est pour ça que cette opération
01:03aura des conséquences politiques et militaires très importantes dans la région.
01:07Et tout se passe comme si le gouvernement israélien souhaite l'extension du conflit
01:11pour justement pouvoir en découdre avec le régime iranien.
01:15Parce qu'il est dans une conjecture qui est très favorable à la fois à l'intérieur.
01:19On a bien vu qu'il y a finalement un grand soutien à l'opération,
01:23beaucoup plus que celui manifesté contre le Hamas à Gaza,
01:28parce qu'il y a la question des otages.
01:30Pour le Liban, finalement, il y a un soutien massif même de l'opposition la plus varouche
01:35contre Netanyahou.
01:37Elle est pour justement l'extension ou l'élargissement,
01:40ou je dirais même la sécurisation du nord d'Israël.
01:44Mais Netanyahou ne va pas s'arrêter sur le nord d'Israël,
01:47il a encore d'autres objectifs, et ça aussi c'est un élément important.
01:52Les heures qui viennent ou les jours qui viennent vont nous dire
01:55si Netanyahou d'abord va se contenter de cette opération importante,
01:59ou bien sûr il va aussi investir, ce qui est attendu,
02:03donc faire un investissement militaire sur l'attaque du quartier général de Hezbollah,
02:09et bien sûr donner l'ordre à son armée de faire cette intrusion ou cette aversion terrestre.
02:16Donc l'objectif affiché c'est le retour des Israéliens dans leur maison dans le nord,
02:20mais l'objectif réel c'est la destruction de l'armée du Hezbollah ?
02:26Vous savez, l'opération d'hier ce n'est pas une opération de nature
02:30finalement à sécuriser les Israéliens pour retourner dans le nord,
02:34parce qu'on sait très bien avec ou en l'absence de Nasrallah,
02:37on attendra le communiqué pour nous dire davantage sur Nasrallah,
02:42il y a certainement un leader qui se prépare,
02:45d'autant plus que le numéro 2, le chef de ce qu'on appelle l'exécutif,
02:49en quelque sorte, Cheikh Safieddine, qui est le numéro 2,
02:51c'est lui qui est présenté pour prendre la place.
02:53Donc il y aura certainement une volonté de vengeance encore plus importante de Hezbollah
02:58après avoir réorganisé ses rangs,
03:01et donc ça ne va pas sécuriser le retour des Israéliens.
03:04L'objectif de Nathaniel aussi, au-delà du retour des Israéliens dans le nord d'Israël,
03:09c'est bien sûr pour lui, c'est ennuantir en quelque sorte la force de frappe,
03:15éliminer Nasrallah, mais aussi réduire la capacité de nuisance de Nasrallah.
03:22Mais la question qui se pose aujourd'hui,
03:25on ne peut pas procéder, réaliser cet objectif sans une intervention terrestre,
03:30et cette dernière, elle va être très coûteuse, elle porte beaucoup de risques,
03:34et autour de cette opération, il n'y a pas de consensus.
03:38Il faut rappeler encore une fois que cette opération finalement,
03:41le plan qui a été présenté, le plan commun conjoint entre Paris et Washington,
03:46est une initiative très intéressante, puisque non seulement le retour à la résolution de 1821,
03:52mais aussi demander aux partis politiques, donc à Nasrallah,
03:56de se retirer au-delà du fleuve de l'Italie.
03:58On a bien vu que cette opération a eu l'accord d'abord des Etats-Unis,
04:04malgré le démonté américain, parce qu'on ne peut pas faire une opération importante,
04:09qui est cruciale pour la région de Proche-Orient,
04:11sans d'abord le feu vert ou le soutien des Etats-Unis,
04:15et sans informer les grandes capitales occidentales.
04:17Mais est-ce qu'il n'y a pas un double discours de la part des Américains,
04:19qui en même temps négocient avec Netanyahou, qui visiblement une fois de plus s'est retourné,
04:23et de l'autre ont accordé une nouvelle aide militaire de près de 9 milliards de dollars ?
04:29Pour nous c'est une dualité, c'est un double discours,
04:32mais pour les Américains c'est du réel politique.
04:34C'est vrai, je suis d'accord avec vous, que les Etats-Unis n'ont jamais été sincères,
04:38et la sincérité ne fait pas partie de leur vocabulaire en matière de relations internationales.
04:42Oui, les Américains savaient très bien que Netanyahou n'allait pas accepter cette initiative.
04:47A mon sens, à mon analyse, et la preuve c'est que le lendemain,
04:51Washington bien sûr libère un soutien important financier,
04:55et n'a jamais utilisé ces leviers qui sont très importants pour contraindre Netanyahou
05:01à accepter le plan franco-américain, ou bien sûr de négocier.
05:07Un discours finalement démenti par les actes.
05:10Merci beaucoup Asni Abidi d'avoir été avec nous, merci pour votre analyse.