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00:00On va plus loin sur ce tournant majeur au Moyen-Orient avec Bachir El Khoury, chef du service Moyen-Orient à Courrier International,
00:07auteur du livre « Monde arabe, les racines du mal » aux éditions Actes Sud.
00:13Bonjour à vous. On peut le dire, on est donc le 28 septembre et c'est une gifle historique qui s'est produite au Liban.
00:21Absolument, absolument. Les Libanais, et pas que les Libanais, sont sidérés. C'est la sidération totale aujourd'hui.
00:31Personne ne s'attendait à un tel livre.
00:32Personne ne s'attendait à ça. Personne. Aucun diplomate, aucun expert. C'est un coup de massue, c'est-à-dire que c'est le coup le plus dur
00:44depuis la création du Hezbollah en 1982.
00:49Il faut imaginer qu'en moins de dix jours, Israël a réussi à décapiter tout le commandement, ou quasiment tout le commandement militaire,
01:04et a tué son chef, son chef Hassan Nasrallah, qui est considéré, qui était considéré par beaucoup comme intouchable, comme insubmersible.
01:14Donc c'est un énorme, énorme coup. Le parti est déboussolé, fragilisé, désorganisé.
01:24Quand Israël attaque les Bipeurs, elle a déjà en tête ce dénouement-là, fatal pour le chef du Hezbollah ?
01:30Je pense que ça a été préparé.
01:32C'est une stratégie millimétrée.
01:34Exactement, exactement. C'est depuis des mois qu'on prépare ce plan et ils l'ont mis à exécution.
01:42Des mois, des décennies ? Que c'est dans les papiers, dans les bluos de l'armée israélienne ?
01:47En tout cas, pour les Bipeurs, c'est sûr que ça fait des années qu'ils y travaillent.
01:55Et donc c'est un travail de renseignement, de renseignement humain, mais aussi de création de sociétés écrans,
02:02d'informations sur les moyens de télécommunication du parti.
02:09Donc c'est un énorme travail de renseignement qui a été, qui a abouti à tout ça.
02:19Mais je pense que personne ne s'y attendait, et le Hezbollah aujourd'hui n'a plus à sa tête son chef qui était là depuis 32 ans.
02:31Il faut savoir que Hassan Nasrallah, au-delà d'être le chef du Hezbollah,
02:36c'est une figure clé dans le monde arabe de l'axe, de ce qu'on appelle l'axe de la résistance,
02:47qui est composé de l'Iran et de ses alliés dans la région, donc la Russie, le Yémen, le Hezbollah...
02:55Le Yémen qui vient de lancer un tir sur le centre d'Israël ?
02:58Exactement, exactement.
02:59La réponse se prépare. Le Hezbollah peut compter justement sur ce qu'on a appelé les proxys,
03:05c'est les bras armés de l'Iran dans la région ?
03:07Alors il faut savoir que le Hezbollah, c'était le proxy le plus puissant.
03:11Et aujourd'hui, Israël a éliminé son chef.
03:15Donc si vous voulez, une riposte peut avoir lieu, mais...
03:23De la part des proxys ?
03:24De la part des proxys, mais ce ne sera pas une riposte d'envergure.
03:30L'Iran, jusqu'à hier, jusqu'à l'assassinat de Nasrallah, ne voulait pas d'extension du conflit.
03:39Le régime iranien, malgré toutes les déclarations, le régime iranien, il veut sauver sa peau.
03:46Il veut sauver sa peau et il...
03:52Mais il a une crédibilité à tenir, malgré tout.
03:54C'est le joyau de la couronne qui est attaqué.
03:56C'est vrai, c'est vrai, mais c'est-à-dire qu'aujourd'hui, si vous voulez, l'Iran est devant un choix cornélien.
04:03C'est-à-dire que soit il accepte sa défaite, soit il se lance dans une escalade de tous les périls et au risque d'un embrasement régional.
04:15Alors, dont il n'a pas totalement les moyens et qu'il ne veut pas.
04:18Parce qu'il faut savoir que l'Iran est déjà fragilisé de l'intérieur à cause du soulèvement populaire qu'il y a eu en 2022.
04:28Qu'il veut reprendre aussi les négociations.
04:32Sur le plan économique, l'Etat se resserre de plus en plus à cause des sanctions occidentales.
04:37Donc, l'objectif de l'Iran...
04:39D'ailleurs, durant les réunions à l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre des Affaires étrangères iranien a clairement dit que Téhéran était prêt à reprendre les négociations nucléaires si les autres le souhaitaient.
04:55Face à un Benyamin Netanyahou qui n'hésitait pas à brandir toutes les menaces militaires.
05:02Justement, Netanyahou profite de cette absence de soutien iranien aux Hezbollah, aux Hamas.
05:15C'est des déclarations.
05:16Alors oui, le soutien, il y a eu des armes qui ont été envoyées pendant des années, du financement.
05:22Mais je veux dire, dans cette guerre qui se joue aujourd'hui, l'Iran ne voulait pas aller en guerre.
05:29Et l'Hezbollah, d'ailleurs, on l'a vu durant la séquence qui a commencé le 17 octobre avec l'attaque au Bipeur,
05:38le 17 septembre avait l'air d'être abandonné, d'être lâché par son parrain.
05:46Donc, à mon humble avis, il n'y aura pas de riposte d'envergure de l'Iran.
05:53D'ailleurs, le leader, le guide suprême Ali Khamenei a dit aujourd'hui que le sort de la région dépendra des forces de résistance
06:08à la tête desquelles se trouve le Hezbollah.
06:11Vous ne comprenez pas de lui ?
06:13Ce qui veut dire qu'en fait, on ne va pas partir en guerre.
06:19On ne veut pas de guerre régionale.
06:21Voilà, donc, et puis il faut savoir qu'on est en face d'un gouvernement israélien le plus à droite
06:33et le plus va-t-en-guerre de l'histoire d'Israël.
06:37Donc, il faut s'attendre à tout, y compris à une incursion terrestre.
06:42Maintenant qu'ils ont éliminé tout le commandement militaire et tué le chef du Hezbollah,
06:51donc toutes les options sont sur la table.
06:55Et ce qui est sûr, c'est que le gouvernement de Netanyahou et ses alliés d'extrême droite,
07:01ils ne veulent qu'une chose, c'est affaiblir le plus possible, voire anéantir et le Hamas et le Hezbollah
07:10qui sont, si vous voulez, deux piliers de ce qu'on appelle l'axe de la résistance.