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00:00On poursuit cette analyse, ces derniers développements, après la mort d'Assad Nasrallah à Beyrouth, au Liban, avec Bilal Tarabey.
00:09Bilal, bonsoir. Merci de nous avoir rejoints. On le disait tout à l'heure, Michel Naoune a présenté ses condoléances.
00:17C'est l'ancien président du Liban. Le Liban a perdu un leader exceptionnel, je cite.
00:22Mais c'est vrai qu'on s'interroge quant à la capacité du Liban de rester solidaire et de répondre face à Israël.
00:31C'est vrai que pour l'instant, on voit une population qui est complètement démunie et qui ne sait pas si elle doit fuir ou rester mûrée dans ses appartements.
00:39Mais tout ça, ça se passe à énormément de niveaux. Vous avez donc dans cette population en détresse d'abord les gens qui sont directement concernés,
00:48à savoir ceux qui vivent ou qui vivaient au sud du Liban, dans la plaine de l'Abeka et dans la banlieue sud de Beyrouth,
00:55et qui sont dans l'écrasante majorité chiite. Donc eux, essayent de survivre au moment où on se parle.
01:02Ils ne sont plus dans leur maison. Ils ont déménagé. En tout cas, ils se sont déplacés dans le nord, à Beyrouth, beaucoup,
01:09car il nous l'a montré sur la place des martyrs en centre-ville de Beyrouth.
01:13Vous avez le reste des Libanais et vous avez l'Etat libanais, ou en tout cas ce qu'il en reste.
01:18Alors le reste des Libanais, et ça, il faut vraiment insister là-dessus,
01:22combien même vous aurez des gens, et ils sont nombreux, et ils sont même la majorité des Libanais,
01:27si on le prend en tant que population dans son ensemble, à ne pas soutenir le Hezbollah dans sa forme actuelle,
01:36ça ne veut pas dire pour autant qu'ils se réjouissent, qu'ils vont lancer des festivités,
01:42ou encore pire, se retourner contre les éléments miliciens du Hezbollah qui resteraient présents au Liban,
01:49parce que Hassan Nasrallah a été tué.
01:52Mais leur discours, c'est de dire que ce n'est pas notre guerre, malgré tout.
01:55C'est ce que j'allais en venir. Leur discours, ça n'est pas notre guerre,
01:58puisque que ce soit la structure étatique libanaise, ou que ce soit l'armée libanaise,
02:03ou que ce soit les Libanais, alors là, les Libanais civils dans leur ensemble,
02:08ça n'est pas eux qui sont ou qui étaient en guerre contre Israël, si vous voulez, avant la mort d'Hassan Nasrallah.
02:15La critique principale de ce front vu du Liban, de ce front de soutien,
02:19comme le Hezbollah l'avait appelé le 8 octobre à l'opération Agaza,
02:23c'était de dire, ça n'est pas notre guerre, vous nous entraînez dans une guerre,
02:27donc vous, la milice, enfin les combattants du Hezbollah,
02:30vous nous entraînez dans une guerre qui n'est pas la nôtre.
02:33Donc en réalité, si je devais résumer les choses dans une formule simple,
02:37vous avez la plupart des Libanais, la majorité des Libanais,
02:40dont la souveraineté et le libre-arbitre sont piétinés par deux acteurs,
02:46qui sont d'un côté le Hezbollah, une espèce de superstructure étatique
02:50au-dessus de l'état officiel libanais, et par évidemment Israël,
02:55qui bombarde le pays comme elle l'entend stratégiquement.
03:00C'est vrai qu'avec la disparition d'Hassan Nasrallah,
03:02avec l'effondrement du Hezbollah à sa tête indécisionnelle,
03:07c'est aussi l'effondrement que l'on peut voir à moyen terme de la société libanaise.
03:13On sait que le Hezbollah est extrêmement présent,
03:16notamment pour soutenir une partie de la société libanaise,
03:19et puis très présent aussi au niveau politique,
03:21donc ça pose des questions aussi au niveau politique, au sein des forces dans le Parlement.
03:24Mais vous avez tout à fait raison, parce qu'une fois qu'on a dit ça,
03:27une fois qu'on a dit ce que je viens de vous dire,
03:29le président libanais, de facto, était Hassan Nasrallah.
03:34Quand Hassan Nasrallah parlait, le pays s'arrêtait.
03:37C'était le seul.
03:38Et ça n'est pas qu'une question, si vous voulez, de menaces militaires,
03:43de présence, etc.
03:45C'était parce que c'est celui qui avait l'influence et les leviers
03:51pour décider de la paix et de la guerre concernant le Liban et la région.
03:56Il faut savoir que Hassan Nasrallah, c'était littéralement,
03:59l'homme politique ces dernières années,
04:01le plus puissant du Proche-Orient,
04:03et il faut le dire comme ça,
04:05plus puissant que Bachar al-Assad,
04:06qui a perdu quasiment toute souveraineté réelle sur son pays, d'ailleurs.
04:10Et qu'on n'entend pas beaucoup, d'ailleurs.
04:12Et qu'on n'entend pas beaucoup.
04:13Vous savez, la Syrie est passée de parrain du Hezbollah
04:16à état client du Hezbollah.
04:18C'est quand même ça qu'il faut se dire sous Hassan Nasrallah.
04:21Hassan Nasrallah a beaucoup plus de poids que le gouvernement irakien,
04:25que les milices irakiennes, que les outils eux-mêmes,
04:28qu'énormément de gens.
04:29Donc effectivement, politiquement au Liban,
04:31la situation est extrêmement instable,
04:33parce que d'abord il y a toute une partie du pays,
04:35il faut le dire,
04:36qui a perdu plus qu'un leader, presque un guide spirituel,
04:40si vous voulez,
04:41et parce que les répercussions de sa disparition
04:46peuvent être immenses.
04:48Je vous propose d'écouter le ministre israélien de la Défense.
04:51C'est exprimé au sujet de la mort d'Hassan Nasrallah
04:54et de ce que cela représentait pour les Israéliens.
04:57L'état d'Israël a éliminé Hassan Nasrallah,
05:02le chef du Hezbollah.
05:04Il était l'assassin de milliers d'Israéliens
05:07et de citoyens étrangers.
05:09Il représentait une menace immédiate
05:11pour la vie de milliers d'Israéliens et d'autres citoyens.
05:15À nos ennemis, je dis, nous sommes forts et déterminés.
05:18À nos partenaires, je dis, notre guerre est la vôtre.
05:22Et au peuple libanais, je dis,
05:24nous ne sommes pas en guerre contre vous.
05:26L'heure du changement a sonné.
05:31On sait, la détermination d'Israël est absolument totale
05:34et c'est vrai que pour les Libanais,
05:35c'est une très grande inconnue,
05:37ils ne savent absolument pas quoi faire,
05:39où aller, où se rendre,
05:40bien qu'Israël ne cesse de répéter
05:41la guerre n'est pas contre vous Libanais,
05:43elle est contre le Hezbollah.
05:44Oui, alors ça, vu du Liban,
05:46ce sont des éléments de langage auxquels personne ne croit
05:49puisque la guerre à beau, selon la partie israélienne,
05:54ne pas être dirigée contre les Libanais,
05:56c'est les Libanais qui sont victimes
05:59des frappes israéliennes et des opérations.
06:02Si vous voulez, en tout cas,
06:03moi, les gens à qui je peux parler
06:05ou ce que nous rapporte, ne serait-ce que Karim,
06:07qui est à Beyrouth ou encore d'autres,
06:09c'est vraiment la profonde tristesse
06:12d'un côté pour les partisans du Hezbollah,
06:14mais surtout la peur qui confine
06:17à la terreur du reste du Liban.
06:21Qui pour remplacer le Hezbollah ?
06:23On peut aussi retourner la question comme ça.
06:25Admettons qu'effectivement,
06:27la disparition d'Assad Nasrallah
06:29entraîne le délitement du parti de la milice.
06:32D'abord, où vont aller les armes ?
06:33Que vont devenir les combattants ?
06:35Qui pour remplir cet espace politique ?
06:37Vous voyez ?
06:38Et ça, c'est ce qui fait peur aux Libanais.
06:40Ça, c'est pour la partie libano-libanaise.
06:42Pour la partie israélienne,
06:44est-ce qu'Israël va s'arrêter là ?
06:46Combien de temps les bombardements vont continuer ?
06:48Combien de victimes va-t-il y avoir ?
06:50Est-ce qu'il va y avoir une incursion terrestre israélienne ?
06:54Partie pour durer peut-être des mois,
06:56peut-être des années ?
06:57On parle évidemment de cette frontière du Litani
06:59qu'on aura l'occasion de continuer à évoquer.
07:01Mais voilà, c'est du côté libanais.
07:03Si vous voulez, pour en revenir à cette déclaration israélienne,
07:06c'est vrai que le côté
07:08ça n'est pas une guerre dirigée contre les Libanais.
07:11Alors, si on prend au mot, peut-être, après tout, pourquoi pas ?
07:14En revanche, ce sont les Libanais qui en sont victimes
07:16au moment où on se parle.
07:18On en parlait avec notre correspondant à Téhéran,
07:20il y a un instant, Siavosh.
07:22C'est vrai que la réponse iranienne pour l'instant
07:24semble modérée,
07:26même dans ses mots.
07:27Souvent, les mots sont assez forts,
07:29et puis finalement, la réaction est beaucoup moins.
07:31Là, les mots aussi sont relativement modérés.
07:34Est-ce à dire qu'on laisse à Israël
07:37la toute puissance d'agir au Liban ?
07:40Alors, dit comme ça,
07:42c'est de toute façon, factuellement,
07:44ce qui est en train de se passer.
07:46C'est-à-dire que toute réponse,
07:48mais même avant la mort d'Assad Nasrallah,
07:50c'est-à-dire lorsque des hauts cadres du mouvement
07:52ont été tués ces derniers mois,
07:54quand Ismail Haniye avait été tué également à Téhéran,
07:56alors certes, il y avait eu des réponses,
07:58mais des réponses qui n'ont pas été, si vous voulez,
08:00significatives sur un plan stratégique.
08:03Je parle,
08:05et là, ça n'est pas,
08:07évidemment, un jugement de valeur
08:09ou un commentaire dans l'émotion,
08:12mais ce ne sont pas des réponses qui ont entraîné,
08:14si vous voulez, de bouleversements
08:16ou de dégâts significatifs dans la société israélienne.
08:18Maintenant, je voudrais quand même attirer votre attention
08:20sur quelque chose qui rend cette absence de réaction
08:23encore plus étonnante.
08:25C'est que Assad Nasrallah n'est pas n'importe qui
08:28du point de vue du régime iranien.
08:30C'est quelqu'un qui a étudié
08:32avec la deuxième personne
08:34qui a, si vous voulez, quasiment co-écrit
08:36avec l'imam Khomeini
08:38les bases de l'État iranien tel qu'on le connaît
08:40aujourd'hui, les bases de la République islamique d'Iran
08:43d'un point de vue religieux.
08:45Donc, quand on parle de l'Iran et du Hezbollah,
08:47il faut absolument sortir de l'idée
08:49que ça n'est qu'une alliance de circonstances
08:52peut-être même basée sur une communauté,
08:55si vous voulez, confessionnelle chiite-chiite.
08:57C'est beaucoup plus que ça.
08:59C'est-à-dire que le Hezbollah,
09:01via Assad Nasrallah et d'autres personnages
09:03que nous allons évoquer également plus tard,
09:05c'est une extension du régime
09:07de la République islamique d'Iran.
09:09Au Liban, Hassan Nasrallah avait le titre,
09:11et c'est extrêmement important,
09:13de waqil, en arabe c'est représentant
09:15du guide suprême iranien au Liban.
09:17Mais ça lui donne une autorité religieuse
09:19absolue, ça lui donne une autorité
09:21morale financière, c'est lui qui avait
09:23le droit de gérer l'argent
09:25qui devait en réalité revenir à l'Iran.
09:27Vous voyez, c'est ça qui a été atteint
09:29et c'est ça qui rend cette,
09:31a priori, absence de réponse significative
09:33iranienne d'autant plus étonnante.
09:35Je vous remercie beaucoup Bilal.
09:37On l'apprend à l'instant
09:39puisque les raids se poursuivent
09:41sur le Liban, il y en a eu dans l'Est du pays,
09:43dans le Sud du pays, mais aussi
09:45à Beyrouth, dans le Sud.
09:47L'armée israélienne annonce avoir tué
09:49un membre important
09:51du renseignement du Hezbollah.
09:53Pour l'instant, c'est l'armée israélienne
09:55qui donne cette toute dernière
09:57information.

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