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00:00Et on retrouve David Rigolero, spécialiste du Moyen-Orient et chercheur associé à l'IRIS, l'Institut de relations internationales et stratégiques.
00:07Bonjour, merci d'être avec nous.
00:09On vient d'apprendre que le guide suprême iranien Ali Ramenei a été transféré dans un lieu sécurisé avec des mesures de sécurité renforcées.
00:18Après l'annonce de l'élimination du chef du Hezbollah, y a-t-il un risque d'embrasement régional cette fois ?
00:24C'est clair qu'il y a un risque escalatoire.
00:27La vraie question est quelle sera la réponse de l'Iran par-delà l'élimination d'Assad Nasrallah.
00:35Assad Nasrallah était étroitement lié à Téhéran.
00:38Il était le chef du mouvement, mais c'était plus que ça.
00:41C'était un chef doté, comme vous l'avez rappelé, d'une aura religieuse.
00:45Il était saïd, descendant de la famille du prophète.
00:48Il se référait au principe du velayat iranien, c'est-à-dire l'autorité du guide suprême.
00:54Et il se trouve que le Hezbollah était une création de l'Iran.
00:58C'était un peu le joyau de la couronne de tous ses mandataires.
01:02Donc l'Iran pourra difficilement faire l'économie d'une réponse.
01:06La vraie question est laquelle ?
01:08On voit l'inquiétude des Iraniens avec l'annonce que la formation selon laquelle le guide suprême prend des mesures extrêmes,
01:15en sachant qu'il est susceptible d'être visé lui-même,
01:18puisque les règles semblent avoir changé après le 7 octobre.
01:21Et c'est d'une certaine manière l'application de la doctrine Octopus de Naftali Bennett
01:26qui consistait à dire que désormais,
01:28ce n'étaient plus seulement les tentacules de la pieuvre qui étaient visées, les mandataires,
01:34mais éventuellement aussi la tête de cette pieuvre.
01:37Et là, c'est manifestement un peu ce qui est en train de se passer.
01:42Et donc avec toutes les interrogations sur le risque escalatoire au niveau d'une déflagration régionale potentielle.
01:49Est-ce que cette élimination d'Assad Nasrallah n'est pas une provocation délibérée
01:53pour embraser la région et étendre le conflit à l'Iran ?
01:59Il y a de toute façon des incertitudes sur les calculs sous-jacents.
02:04C'est très difficile aujourd'hui de se prononcer par l'affirmative.
02:07Mais il est clair que depuis le 7 octobre,
02:11Israël a considéré que le paradigme avait changé
02:15et que toutes les règles qui pouvaient prévaloir avant le 7 octobre ne sont plus opératoires.
02:19On le voit depuis ces derniers mois et surtout ces dernières semaines.
02:23Au fil des mois et des semaines, les seuils sautent, ce qu'on appelle les lignes rouges,
02:27sautent les unes après les autres.
02:29D'ailleurs la première, ça a été l'intervention directe contrainte,
02:32plus ou moins contrainte de l'Iran en avril,
02:35après l'élimination de manques très importantes de la force Al-Qods,
02:39des gardiens dans l'ambassade iranienne à Damas.
02:43Pour la première fois, l'Iran avait été contrainte d'intervenir directement
02:48et de sortir de sa posture de plausible deniability,
02:51c'est-à-dire dernier plausible.
02:53C'était déjà un changement, un game changer.
02:56Et là, effectivement, avec l'élimination de Nasrallah,
02:59c'est potentiellement un deuxième game changer.
03:02L'expression est souvent un peu galvaudée,
03:04mais manifestement, dans le cas de figure, elle ne l'est pas.
03:07Vous parlez de lignes qui sautent, de lignes rouges qui sont défaites,
03:11mais Israël est né quand même d'un consensus international
03:14après la seconde guerre mondiale.
03:15Est-ce que la politique de Netanyahou,
03:17actuellement qu'on fait son discours hier à l'ONU,
03:19n'est pas en train de défaire ce consensus ?
03:22Oui, c'est possible pour l'extérieur,
03:24mais pas vu des Israéliens.
03:26Ils considèrent qu'ils sont à tort ou à raison,
03:29mais qu'ils sont désormais engagés dans une guerre multifronts.
03:32Cette front, d'ailleurs, ça revient régulièrement
03:34dans la rhétorique israélienne,
03:36et pas seulement de la part du Premier ministre Ben Ami Netanyahou.
03:40Parce que concernant l'opération au Liban,
03:43on peut noter que quelqu'un qui n'est pas un bout de feu,
03:45comme Benny Gantz, qui est un détracteur déclaré de Netanyahou,
03:49poussait à résoudre le problème de la frontière
03:53et la question du Hezbollah.
03:55Donc on voit bien qu'il y a un consensus là-dessus,
03:57et d'ailleurs c'est beaucoup moins clivant que sur l'opération à Gaza,
04:02parce qu'il n'y a pas la problématique des otages.
04:04Et aujourd'hui les Israéliens considèrent
04:06qu'ils sont engagés dans une guerre existentielle.
04:08Donc c'est effectivement la difficulté de perception
04:12et de représentation pour l'extérieur
04:15par rapport aux impératifs qui sont les leurs.
04:20Mais est-ce que cette politique suivie par l'ensemble du gouvernement israélien
04:24ne menace pas à moyen terme l'existence même d'Israël ?
04:28Oui, justement c'est les débats avec l'administration américaine,
04:33notamment Joe Biden,
04:35qui avait mis en garde une réaction excessive après le 7 octobre,
04:40comme les Américains avaient eu une réaction excessive après le 11 septembre.
04:44Mais effectivement, même si la comparaison n'est pas raison,
04:47il y a des similitudes.
04:49Et puis l'idée qu'effectivement, Anthony Blinken évoquait le fait
04:53que certaines prises de décision
04:55pouvaient aussi potentiellement être un danger
04:59pour la sécurité d'Israël.
05:01Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui en Israël,
05:03il y a un consensus sur des impératifs sécuritaires.
05:07Et effectivement, ce qu'on voit se dérouler aujourd'hui,
05:09c'est la déclinaison de cette représentation
05:13des impératifs sécuritaires.
05:15Vous parliez des Américains,
05:17on voit que la proposition franco-américaine de trêve
05:19a fait pchit, en tout cas de cesser le feu.
05:21D'un côté, les Américains, justement,
05:23appellent à une trêve, à cesser le feu
05:25pendant trois semaines,
05:27après avoir négocié avec le Premier ministre israélien Netanyahou.
05:30Et dans le même temps, ils font une rallonge militaire
05:32de près de 9 milliards de dollars.
05:35Qui peut croire aujourd'hui à la volonté de paix américaine ?
05:39En réalité, les Américains sont dans un dilemme.
05:41Comme les Iraniens, même s'il n'est pas de même nature,
05:44le dilemme des Américains a fort surri
05:46avec les contraintes de calendrier.
05:49C'est-à-dire que c'est la période électorale
05:51de la présidentielle en novembre
05:53et la nouvelle administration ne sera mise en place
05:55qu'à partir de janvier.
05:57Donc il y a une fenêtre très dangereuse
05:59où les Américains sont dans une situation
06:01de tétanie institutionnelle.
06:04Ce qui fait qu'ils peuvent être en désaccord
06:08mais ils ne peuvent pas non plus ne pas soutenir Israël
06:11parce que de toute façon, il y aurait aussi des répercussions
06:13sur la campagne électorale
06:15entre Kamala Harris
06:18et son concurrent Donald Trump.
06:24Donc c'est extrêmement difficile pour les Américains
06:27ce qui explique qu'ils sont pris devant ces contradictions.
06:30On le voit, il y a un affaiblissement du leadership américain
06:35précisément parce que la période électorale conduit à…
06:38Alors on parle d'ailleurs du syndrome
06:40pour le président en fin de mandat
06:42et je n'évoque pas ses conditions physiques, Joe Biden,
06:45le syndrome du lame duck, c'est-à-dire du canard boiteux
06:48qui n'est plus en situation de décider de manière substantielle
06:52justement parce qu'il y a la période de transition
06:54avant une nouvelle administration.
06:56Dernière question, s'il y a une offensive terrestre israélienne
06:59suite à cette élimination du chef d'U.S.B.O.L.A.
07:01quels sont les moyens d'U.S.B.O.L.A. pour y résister ?
07:05Est-ce qu'ils en ont encore les moyens ?
07:07Le U.S.B.O.L.A. a des moyens.
07:09La question c'est plutôt la direction d'U.S.B.O.L.A.
07:11parce que l'organisation est très déstabilisée évidemment.
07:14Il y a une décapitation de toute sa hiérarchie militaire et civile en l'occurrence.
07:20Mais l'U.S.B.O.L.A. dispose encore d'une réserve de combattants.
07:25On parle d'un noyau dur de 50 000, de stocks d'armes conséquents
07:31parce que même s'il y a une guerre d'attrition, il reste des armes.
07:34Et puis la question effectivement d'une solidarité potentielle
07:37des autres fronts, les Houthis, les mandataires pro-iraniens en Syrie et en Irak.
07:42Donc il y a un gros point d'interrogation sur les attendus potentiels de cette élimination.
07:47Merci beaucoup David Rigolet-Ros d'avoir été avec nous.
07:49Merci pour votre analyse sur France 24.
07:51Et puis on vient de l'apprendre, l'Iran est en contact avec l'U.S.B.O.L.A.
07:54et d'autres alliés régionaux pour déterminer la prochaine étape
07:57après l'assassinat d'Assad Nasrallah.
07:58Fin de ce journal.
07:59Merci à vous tous de votre attention.