• il y a 3 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent des conséquences judiciaires après le meurtre de Philippine, 19 ans, par un individu sous OQTF.
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Transcription
00:00En ce vendredi soir, Naïm M. Fadel, bonsoir, essayiste, ravi de vous accueillir.
00:04Louis Doragnel, journaliste politique, soyez le bienvenu, bonsoir Louis.
00:09Nathan Devers, écrivain, bonsoir Nathan.
00:11Bonsoir.
00:12Magali Vicente, communicante en politique, bonsoir Magali.
00:15Vincent Roy, journaliste écrivain, bonsoir Vincent.
00:19Bonsoir.
00:20Et Anan Bakioui, secrétaire nationale du syndicat des commissaires de la police nationale,
00:25qui nous accompagne également ce soir pour cette heure de débat.
00:28On va donc débuter notre Punchline Weekend par le dernier adieu à Philippines.
00:34Cet étudiant de 19 ans tué et retrouvé mort dans le bois de Boulogne.
00:372 800 personnes ont assisté, je le disais, aux obsèques, cérémonie,
00:41que vous avez pu suivre sur nos antennes, avec nos équipes.
00:44Et on va retrouver tout de suite sur place Augustin Donadieu et Charles Baget.
00:47Vous êtes à Versailles, Augustin Donadieu, je le disais,
00:50beaucoup, beaucoup, beaucoup d'émotions aujourd'hui, dès 13h.
00:53Et ça a même commencé tôt ce matin.
00:56Bien avant 13h, même, les premières personnes sont arrivées entre 10h et 11h.
01:02Et trois quarts d'heure avant le début de cette cérémonie,
01:04la cathédrale Saint-Louis à Versailles, qui peut contenir 1 500 personnes, était déjà complète.
01:11Vous l'avez dit, le père Grosjean, qui célébrait cette messe,
01:14a indiqué que 1 800 personnes étaient à l'intérieur de l'édifice,
01:18la plupart évidemment debout, et à l'extérieur plus d'un millier de personnes
01:22qui tentaient d'écouter l'homélie du père Grosjean.
01:26C'était une émotion et un silence assourdissant, ici, sur le parvis de la cathédrale.
01:30Un recueillement très intense de la part des Versaillaises
01:34et de d'autres Badauds venus de plus loin, de d'autres régions.
01:38Tous nous ont partagé leurs émotions à notre micro. Écoutez-les.
01:43C'est vrai que cette semaine, on avait envie de hurler notre colère,
01:49mais en même temps, on est complètement impuissants.
01:51Cette jeune fille, elle ne méritait vraiment pas ça,
01:53et cette famille, c'est terrible pour cette famille.
01:56Donc, j'ai voulu venir les soutenir dans cette terrible épreuve.
02:02C'était beau de voir tout ce monde.
02:07Ça fait plaisir de voir que ça a touché beaucoup de gens.
02:10Vraiment, je lui souhaite de reposer pleinement en paix,
02:13parce que c'est tout ce qu'elle mérite, parce que c'était une fille absolument adorable,
02:16et intelligente, et belle.
02:19Et quand on sait tout ce qui lui attendait derrière, c'est dur.
02:23C'est très émouvant.
02:25On travaille dans le quartier, et on était obligés de venir,
02:29parce que ce n'est pas anodin, ça peut arriver à tout le monde.
02:34Et c'est vraiment très émouvant, le monde qu'il y a eu pour Philippines.
02:42Vous l'avez entendu, énormément de tristesse cet après-midi à Versailles,
02:47mais également de la colère parmi les personnes présentes ici,
02:50des familles, des grands-parents,
02:52qui se sont reconnus dans l'histoire de Philippines,
02:55et qui sont très inquiets, eux aussi, pour leur famille.
02:59Ils nous ont fait part de leur colère et de leur incompréhension.
03:03Comment se fait-il que cet individu, le suspect interpellé en Suisse,
03:06ait été récidiviste, ait pu retrouver la liberté ?
03:10Comment se fait-il qu'il était toujours présent sur le territoire français ?
03:14Plein de questionnements qui nourrissent un sentiment de colère ici, à Versailles.
03:18Le tout mêlé, vous l'avez compris, à énormément de tristesse.
03:21Merci beaucoup, Augustin Donatio et Charles Bagé, depuis Versailles.
03:24Justement, que faut-il faire ?
03:25Est-ce qu'il faut que la justice se remette en cause ?
03:28Je propose d'écouter Béatrice Bougère, qui est magistrate,
03:31secrétaire générale du syndicat Unité Magistrat France Ouvrière.
03:33Elle était l'invitée, ce matin, de Romain Desarmes.
03:35On en parle avec mes invités, juste après.
03:39Il est absolument nécessaire de se remettre en question
03:42et de ne pas balayer ça en disant
03:44que c'était comme ça, les choses ont été parfaites.
03:47Si on arrive à une tragédie pareille, c'est que peut-être on peut améliorer le système.
03:52Sur la responsabilité qu'on va pouvoir rechercher des uns et des autres,
03:56moi, il ne m'appartient pas, évidemment, aujourd'hui,
03:59de dire s'il y a eu une faute particulière.
04:01Moi, ce qui m'intéresse, c'est de dire comment notre justice n'arrive pas
04:06ou n'arrive plus à protéger, en fait, des personnes dont on sait...
04:11Enfin, protéger des personnes, alors que l'on sait, pardon,
04:14qu'on a des personnes dangereuses entre nos mains.
04:17Oui, Ragnel, pose la bonne question, Béatrice Bougère.
04:20Ben oui, c'est la seule question qu'il faut se poser.
04:24Il n'y en a pas d'autres.
04:25Et je pense que... En plus, beaucoup de choses ont été dites
04:28sur les responsabilités éventuelles, individuelles.
04:31On voit bien que le sujet...
04:33Si on pense que c'est le délai d'un mois de délivrance
04:36de l'obligation des territoires français
04:38ou une éventuelle responsabilité du juge de liberté de la détention,
04:43on passe complètement à côté du vrai sujet.
04:45C'est une remise en question totale du système qu'il faut faire,
04:49à la fois par rapport à ce qui a failli d'un point de vue administratif,
04:53c'est-à-dire qu'on voit que cette personne aurait dû être expulsée,
04:55normalement, dès le 8 mai 2020, puisque c'était l'âge de sa majorité.
05:00Son titre de séjour était périmé dès le 27 juillet 2019.
05:05Et ensuite, comme l'État n'a pas su le gérer, n'a pas su l'expulser,
05:09cette personne, en fait, c'est un clandestin,
05:12part un peu dans les oubliettes administratives du pays,
05:15est vaguement pris par les services départementaux de l'aide sociale
05:18à l'enfance du Val-d'Oise, n'a jamais travaillé.
05:21Et ensuite, il se passe, il se passe,
05:23et avec un premier viol qui est commis à Tavernier,
05:27il est condamné...
05:29Si vous voulez, c'est la faillite du système.
05:31C'est ça qu'il faut bien comprendre.
05:33Et donc, si les solutions auxquelles on accorde du crédit
05:38consistent à dire qu'il faut changer de 4 % le braquet,
05:42ou il faut réduire les délais de deux jours,
05:45honnêtement, c'est pas ça, les solutions.
05:47Et il y aura d'autres Philippines.
05:49Si on pense que c'est simplement une question de délais de deux jours,
05:52il faut changer totalement la procédure.
05:54Il faut changer les procédures même de conditions
05:56de rétention administrative des clandestins,
05:58les conditions d'expulsion, les conditions de délivrance,
06:01les passés consulaires, les relations avec les pays
06:04qui ne veulent pas reprendre leurs clandestins.
06:06Au niveau de la justice, il y a aussi un certain nombre de choses à revoir,
06:09avec peut-être les gens qui sont condamnés
06:11pour des viols et les violences sexuelles.
06:14Le suivi judiciaire ensuite,
06:16je pense que c'est plus des réflexions de cette nature
06:18qu'il faut mettre en place.
06:20Il est urgent d'agir, Vincent Roy,
06:22et quand on voit cette foule, Augustin Donanieux nous le disait,
06:25beaucoup de monde à l'extérieur de l'église,
06:272 800 personnes,
06:29c'est un message très clair envoyé à nos politiques.
06:32Quand on voit ces images-là,
06:34ils veulent de la sécurité, ils veulent des réponses.
06:36Le message est très clair, va-t-il être entendu ?
06:39Ça c'est une autre question.
06:41Parce que nous sommes devenus, vous l'avez vu,
06:43le pays des cérémonies religieuses,
06:46le pays des marches blanches,
06:48le pays des larmes.
06:50Les Français n'en veulent plus de ça.
06:52Oui, les Français n'en veulent plus,
06:54mais pour l'instant ça ne va pas changer du jour au lendemain.
06:56Louis Dragnel en appelle à un choc,
06:58effectivement, où il faut, voilà,
07:00non pas tenter d'améliorer le système,
07:02mais changer le système.
07:04Je souscris totalement à ce qu'il a dit.
07:06Mais nous voilà repartis avec
07:08les sans-piterdelles questions,
07:10notamment celle des laissés-passer consulaires.
07:12Ça s'arrange avec le Maroc,
07:14d'autant que, de surcroît,
07:16le président de la République
07:18a dit que,
07:20pour le Sahara occidental,
07:22voilà,
07:24il pouvait le marocaniser,
07:26mais de l'autre côté,
07:28ça s'est totalement...
07:30Respecter l'intégrité du territoire marocain.
07:32J'entends bien, mais de l'autre côté,
07:34ça a totalement dégradé nos relations avec l'Algérie,
07:36qui était déjà bien dégradée
07:38avant qu'il ait fait cette déclaration, j'en conviens,
07:40et qui est en train de nous serrer la vie
07:42sur les laissés-passer consulaires,
07:44alors que nous avons beaucoup...
07:46Il y a des solutions par rapport à ça.
07:48On arrête de délivrer des visas.
07:50C'est pas absurde.
07:52Je proposerais, mon cher ami, un certain courage politique,
07:54et vous avez vu que ce n'était pas la vertu
07:56la plus partagée de nos politiques.
07:58Effectivement, on mène
08:00une sorte de bras de fer, notamment
08:02avec l'Algérie,
08:04qui s'est construit sur une haine antifrançaise
08:06qui remonte... Vous savez, on a deux placards
08:08de la société française, à la fois Vichy
08:10et la guerre d'Algérie. La droite s'excuse
08:12sempiternellement depuis Vichy,
08:14de plus être de droite, veut fricoter avec la gauche.
08:16Tout ça est très complexe. Au bout d'un moment,
08:18il va falloir mettre les pieds dans le plat
08:20et montrer les muscles.
08:22Ça veut dire avoir un peu de courage
08:24politique. Et je vous dis, c'est pas la vertu
08:26la mieux partagée. Si vous voulez renverser le système,
08:28et vous avez raison...
08:30Renverser la table ?
08:32Et renverser...
08:34Il faudra également, dernier point,
08:36il faudra se mettre, à un moment ou à un autre,
08:38à prendre le problème à bras-le-corps et à
08:40dé-po-li-ti-ser la justice.
08:42Sans quoi, on n'arrivera à rien.
08:44Et pour rejoindre ce que vous venez de dire, Vincent,
08:46il pourrait vraiment remettre
08:48les choses à place et aussi être juste
08:50dans la situation.
08:52C'est que le Maroc joue le jeu.
08:54Vous pouvez poser la question
08:56au directeur de l'Office français de l'immigration
08:58et de l'intégration. Le Maroc a toujours joué le jeu.
09:00Il donne des laissés-passer consulaires.
09:02Et le Maroc a été puni
09:04parce qu'à un moment, la France ne voulait pas
09:06donner de laissés-passer...
09:08La France. L'Algérie.
09:10Donner des laissés-passer consulaires.
09:12Et du coup, on a supprimé
09:14pour l'Algérie les visas,
09:16mais aussi pour le Maroc, pour ne pas, justement,
09:18froisser. Mais moi, je voudrais vous citer
09:20autre chose. C'est les mineurs. La question des mineurs
09:22non accompagnés. Et ça, c'est pareil.
09:24Le directeur de l'Office, le Maroc,
09:26en 2020, il signe une convention
09:28justement avec la France
09:30pour prendre ces mineurs,
09:32pour les ramener. Vous avez des magistrats,
09:34des commissaires
09:36de l'association Beyti, ma maison,
09:38qui sont venus en France pour récupérer les mineurs
09:40non accompagnés marocains.
09:42Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Les ONG
09:44ont saisi un juge et l'administration
09:46a dit non. Et vous savez pourquoi ?
09:48Sous prétexte qu'il n'y a pas
09:50les services
09:52adéquats au Maroc pour s'occuper des jeunes.
09:54Mais de quel droit ? Le Maroc
09:56n'est pas un pays souverain.
09:58Mais de quel droit on se permet de dire
10:00écoutez, vous n'allez pas pouvoir vous occuper
10:02de vos enfants. Nous, on va les garder. Ce sont des enfants.
10:04La France doit rendre au Maroc ces
10:06enfants. Eh bien, on les garde
10:08sous prétexte de cette convention des droits de l'enfant.
10:10Ça veut dire demain, Thierry, si vous avez
10:12des charters, si vous avez des bateaux
10:14qui viennent avec des mineurs,
10:16allez, on va dire 1 000, 2 000, 3 000, 4 000
10:18mineurs, eh bien, ça veut dire que la France
10:20devra les garder. Vous imaginez ?
10:22Donc, il faut remettre aussi à plat,
10:24sans cri d'orfraie,
10:26toutes ces questions-là. Allez, on poursuit
10:28nos débats et sur Europe et sur ces news.
10:30On marque une pause pub et on se retrouve dans quelques instants.
10:32Et on parlera de Didier Migaud,
10:34ministre de la Justice, qui s'est exprimé.
10:36Qui s'est exprimé.
10:38On ne l'a pas trop entendu depuis le début de
10:40cette affaire, mais il a parlé. On l'écoutera.
10:42Restez avec nous. À tout de suite.
10:4418h-19h sur CNews et Europe 1.
10:46Punchline. Thierry Cabane.

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