Thierry Cabannes - Meurtre de Philippine par un OQTF : « C'est un sentiment d'échec » déplore le ministre de la Justice, Didier Migaud

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Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent des propos du ministre de la Justice, Didier Migaud après le meurtre de Philippine, 19 ans, par un individu sous OQTF.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline2

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Transcription
00:00Punchline, 18h-19h, Thierry Cabane sur CNews et Europe 1.
00:08Vous êtes bien sur Europe 1, vous êtes bien sur CNews, il est 18h17, c'est la dernière ligne
00:15droite pour votre Punchline Week-end. Toujours autour de cette table Naïma Mfadel, Louis de
00:19Regnel, Vincent Roy, Nathan Devers, Magali Vicente et Anan Bakuy, secrétaire national du syndicat des
00:26commissaires de la police nationale. Nous poursuivons nos débats sur cette cérémonie où
00:32l'émotion était vive à Versailles, les obsèques et le dernier adieu à Philippines. Vous souhaitiez
00:38réagir sur les échanges que nous ont pu avoir Nathan Devers et cette émotion importante et
00:45ces messages qui sont délivrés à nos politiques où on le voit, les sondages nous le rappellent
00:51très régulièrement, les français veulent davantage de sécurité et cette foule qu'on a pu
00:58voir et observer à Versailles aujourd'hui, ça veut dire quelque chose ? Oui bien sûr, ce qui s'est
01:05passé, on l'a dit tout à l'heure et je l'ai dit tout à l'heure, est absolument horrible, impossible
01:10à décrire, une souffrance vraiment qui touche à l'ineffable et une indignation qui est absolue,
01:18qui est absolument légitime, d'autant que des informations qui commencent à remonter,
01:23on sait qu'il y a eu des dysfonctionnements, si l'on entend par là, un monsieur qui a récidivé,
01:27qui a été libéré d'un centre de rétention par une juge, même si ce n'est pas de sa faute parce
01:33qu'elle respectait le droit, mais en tout cas qui savait qu'il avait des risques de récidive,
01:36etc. Mais je voulais revenir sur la question de l'émotion, sur pourquoi à mon avis l'émotion
01:41peut aveugler, l'émotion peut mal orienter, l'émotion est mauvaise conseillère en politique,
01:45tout à l'heure j'ai écouté votre débat et c'est le risque quand on commente à mon avis un
01:51événement à chaud, c'est qu'on a uniquement certains éléments d'informations qui nous
01:58empêchent d'avoir une vision d'ensemble. Tout à l'heure dans le débat vous avez parlé des OQTF,
02:02de notre relation avec le Maroc, de notre relation avec l'Algérie, vous êtes allé tout de suite sur
02:08la dimension migratoire de la chose, parce que là l'individu était originaire du Maroc et avait
02:13une OQTF. Moi j'aimerais rappeler quelque chose qui est une évidence, mais que quand on parle des
02:18féminicides, féminicides il n'y en a pas un tous les dix ans, il y en a énormément en France,
02:21il y en a énormément en France chaque année. Quand on parle des viols, pareil, il y en a
02:25énormément en France chaque année, c'est pas si vous voulez quelque chose qui survient rarement,
02:27et que dans la très très large majorité des cas de viols et de féminicides, ce sont des gens qui
02:33sont dans l'entourage proche immédiat de la victime et qui n'ont, si vous voulez, aucun lien avec la
02:38question migratoire ni de près ni de loin. Ce que je veux dire par là, c'est que je pense qu'il
02:42faut analyser les faits tragiques ou les faits divers, comme la presse les appelle, sans ornières
02:46idéologiques, sans œillères, et si vous voulez, voir les choses dans leur complexité. Moi je ne
02:52me ferme pas les yeux face au fait que cet individu venait, avait une OQTF, qu'il avait
02:59récidivé, qu'il aurait dû être expulsé, je ne ferme pas les yeux là-dessus, mais je pense qu'il
03:02faut pas non plus zoomer là-dessus parce que c'est pas un élément d'explication de causalité sur les
03:06violences sexuelles en général. Je suis complètement d'accord avec ce que vous dites et
03:12on sait très bien que pour ce qui est des viols, c'est souvent dans la famille, on connaît tout ça,
03:18mais là on parle de ce cas-là, de celui-ci dont je parle, c'est pas des viols et des atteintes
03:25sexuelles de manière générale. L'émotion, là, elle est pour Philippines, elle est ce qui est
03:30arrivé à Philippines, elle n'est pas sur les viols de manière générale ou les agressions sexuelles
03:36de manière générale, donc là on est sur ce cas-là et je dis que ce cas-là, comme bien d'autres cas,
03:42et je ne zoom pas, il n'est pas question de zoomer, il est question de rappeler la réalité. On est là,
03:46il y a un rapport direct entre des gens qu'on laisse rentrer sur notre territoire, qui commettent
03:52des infractions et là, si cet individu avait été expulsé, ce qui était la voie normale puisqu'il
03:59avait rien à faire ici, sauf a priori, hélas, des horreurs, si cet individu avait été expulsé,
04:06Philippines ne serait pas morte. Il n'y a aucun problème à regarder le réel. Là, je ne parlais
04:11que de cela. Évidemment, si l'on veut parler plus largement des agressions sexuelles, vous avez
04:15complètement raison, mais c'est un tout autre débat. Moi, je ne parlais que de l'émotion qui,
04:19aujourd'hui, nous serre le cœur et du fait que Philippines n'aurait pas dû mourir.
04:25On peut le dire en un mot, juste en une phrase. Moi, ce qui me serre le cœur, c'est que Philippines
04:29ait été violée et assassinée. Si vous voulez, ce n'est pas spécifiquement que ce soit par
04:34quelqu'un qui était sous occupé. C'est l'horreur de ce qui s'est passé.
04:36Moi, ce qui me serre le cœur, c'est qu'elle aurait pu ne pas l'être.
04:39On va écouter Didier Migaud, le ministre de la Justice, qui a été relativement silencieux
04:43depuis le début de cette histoire. Il s'est exprimé ce matin. Écoutez-le sur cette affaire.
04:49Je serai toujours le défenseur de l'état de droit, toujours le défenseur de la justice,
04:54toujours le défenseur des magistrats, sans être complaisant vis-à-vis de manquements
05:00qui peuvent effectivement intervenir. Mais je comprends que l'émotion est telle qu'elle
05:07submerge, bien évidemment, tous les discours objectifs que nous...
05:13Donc vous répusez l'idée qu'il y a eu défaillance de l'institution judiciaire
05:17dans l'affaire qui a mené au meurtre de la jeune Philippine ?
05:21C'est une décision individuelle, vous savez que je n'ai pas à la commenter. Pour moi,
05:24c'est un sentiment d'échec, bien évidemment, quand on est confronté à ce type de situation.
05:27C'est évident. Donc comment faire en sorte que ce type de situation ne puisse pas se reproduire ?
05:35C'est la vraie question, ça, Magali. Sentiment d'échec, dit Didi Migaud.
05:39Oui, je voudrais juste revenir et faire le parallèle avec l'émotion. L'émotion,
05:43c'est un indicateur. C'est un indicateur très fort et ça doit interpeller, ça doit interroger.
05:49C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les politiques doivent se demander pourquoi il y a une telle
05:55émotion et pourquoi il y a eu autant de gens aujourd'hui qui avaient envie de la partager
05:58et d'être dans cette communion. Parce que, je vais faire le lien avec le sentiment d'échec,
06:04il y a cette volonté aujourd'hui, pour l'ensemble des citoyens, de partager ces émotions parce qu'on
06:10est tous acteurs. Pourquoi on est dans ces émotions aujourd'hui et on est en colère ? Parce qu'on a
06:16cette notion d'injustice qui vient nous chercher. Mais parce qu'en fait, au quotidien, on participe
06:21à cette société et on a envie qu'elle grandisse et qu'elle soit meilleure pour nos enfants et pour
06:25tout le monde. Et aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ? C'est cette déconnexion du monde politique
06:29qui, justement, n'accueille pas cette émotion, ne l'accueille pas chez eux, mais ne l'accueille
06:33pas aussi sur celle qui est démontrée publiquement. Et du coup, dans le discours,
06:38ne sont pas en capacité de montrer qu'ils l'ont accueillie, qu'ils l'ont gérée et qu'ils sont
06:42en capacité de répondre à cette émotion. Donc là, quand Didier Migaud, en plus, la façon dont il le
06:47dit à un moment donné, on ne sait pas trop si dans son visage, il y a un espèce de sourire ou un
06:52rictus un peu bizarre, il n'incarne pas cette prise de conscience de l'émotion qui est provoquée
06:57par ce qui se passe aujourd'hui. Et on se rappelle qu'il y a eu un appel à l'ordre entre Bruno
07:01Rotaillot et lui, par Michel Barnier. C'est une structure juridique très dure. On est dans le
07:06juridique, on est dans la règle, on est dans le droit. Et bien sûr que je serai dans l'incarnation
07:11de cette rigueur. Je vous rejoins, il me manque aussi un peu la défense des victimes, parce que la
07:18justice, elle sert à défendre aussi les victimes. Sinon, il n'y aurait pas de justice. Et moi, ce qui
07:23me choque vraiment dans la première partie des propos du garde des Sceaux, c'est justement le
07:27côté. Bon, là, il y a de l'émotion. Une fois que l'émotion sera rentrée, on parlera de choses
07:34rationnelles. C'est un peu plus compliqué que ça. Je trouve ça quand même très gênant de la part
07:40d'un garde des Sceaux de dire ça. Et je ne dis pas que ça, c'est maladroit. Encore une fois, je ne
07:44pointe pas du doigt des responsabilités individuelles dans le drame qui s'est passé
07:50avec Philippine. En revanche, il faut qu'il admette que c'est le système qui a failli. Quand il dit
07:55moi, je suis le garant, je suis le défenseur de l'état de droit et de l'institution judiciaire,
07:59on a l'impression que ça veut dire on ne bougera rien. Et parce que tous ceux qui veulent que ça
08:06bouge sont des gens qui sont pris sous le coup de l'émotion, sont pleins de sanglots et de colère.
08:11Je pense que ce n'est pas tenable très longtemps comme position. Ça, c'est le moins qu'on puisse
08:16dire.

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