Inceste: 12 ans de prison pour un grand-père identifié grâce à une boîte aux lettres "Papillons"

  • il y a 10 heures
Un grand-père jugé à Bourg-en-Bresse (Ain) pour inceste sur trois de ses petites-filles, dont une avait dénoncé les faits via une boîte aux lettres "Papillons", installée par une association, a été condamné ce lundi 24 septembre à 12 ans de réclusion criminelle.




"Elle a tenu le choc": L'interview de la mère de Lily, victime d'inceste, après la condamnation du grand-père

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Transcription
00:00Ce matin, nous voulions revenir sur l'histoire de Lili.
00:03En 2022, cette petite fille de 10 ans, à l'époque, avait osé dénoncer les viols qu'elle subissait par son grand-père
00:08grâce à une boîte aux lettres et les papillons installés dans son école.
00:12Benoît Galleret, bonjour.
00:14Merci de nous avoir rejoints deux ans après.
00:17Eh bien, le grand-père de Lili a été condamné, c'était lundi.
00:20C'est ça, on y revient parce que la justice a donc tranché.
00:23Et puis pour revenir sur ce dispositif un peu spécial grâce auquel cet homme a pu être appréhendé
00:27et condamné par la cour criminelle de Bourg-en-Bresse.
00:30Commençons par là, à 12 ans de réclusion criminelle, assortie de 5 ans de suivi socio-judiciaire
00:36pour agression sexuelle sur 3 de ses petites filles mineures
00:39et donc du viol de l'une d'entre elles, Lili, 13 ans aujourd'hui, 10 ans à l'époque.
00:43C'est elle qui a eu le courage de briser le silence.
00:45Comment ? Grâce à l'une des 350 boîtes disposées un peu partout en France
00:50par l'association, vous en parliez, Les Papillons, dans les écoles, les clubs sportifs, les bibliothèques.
00:55En gros, tous les lieux fréquentés par des enfants avec un slogan, vous allez le voir, écrit à hauteur d'enfant.
01:00Si tu ne peux pas le dire, écris-le.
01:02L'objectif, c'est de pouvoir dénoncer des mauvais traitements.
01:05Alors souvent du harcèlement scolaire, du racisme, du racket, dans la moitié des messages qu'ils reçoivent.
01:10Mais aussi des violences familiales et parfois donc des crimes plus graves encore jusqu'à l'inceste.
01:1610% des cas selon le fondateur des Papillons.
01:19Voilà en tout cas comment Lili a pu mettre des mots sur les agissements de son grand-père.
01:23A l'époque, elle est en CM2. Elle n'a pas osé en parler à sa famille.
01:26Trop douloureux. Seule une camarade de classe est alors au courant.
01:29Et c'est cette copine qui va lui dire, Lili, là, c'est pour toi.
01:32Quand un jour, la directrice de leur école primaire leur présente cette fameuse boîte à messages
01:37qui vient d'être installée pour y glisser discrètement ces petits mots.
01:41Alors ça peut être sur papier libre, ça peut être un formulaire prérempli aussi.
01:44On voit ici le tout premier message reçu par l'association, on est alors en 2020,
01:49qui dénonce un père violent et qui va donc avoir des conséquences.
01:54Chaque semaine, qu'est-ce qui se passe ?
01:55Il y a quelqu'un, une personne de confiance dans la zone géographique
01:58qui va aller relever le contenu de cette boîte, le scanner et l'envoyer au siège de l'association
02:03où des psychologues, des spécialistes vont décider entre eux des suites à donner aux messages.
02:08Alors ça peut aller du simple coup de fil à l'établissement scolaire pour avoir un peu plus de détails,
02:12de contexte sur une affaire pas forcément très grave.
02:15Et puis parfois donc ça peut aller jusqu'au lancement d'une procédure judiciaire,
02:19comme dans le cas de Lili, qui avait donc trouvé là le moyen de briser le silence,
02:23d'écrire avec ses propres mots glaçants les voici,
02:26que son papy avait mis sa partie du bas dans sa partie du bas,
02:30qu'elle a essayé de s'enlever mais qu'il ne voulait pas.
02:32Et là encore, preuve que tout peut aller très vite,
02:34elle dépose ce mot un vendredi.
02:36Le mardi matin, sa mère est contactée par les gendarmes
02:39qui veulent entendre la petite fille pour en savoir plus.
02:41Puis ses cousines, dès le lendemain, le jeudi, le grand-père est interpellé.
02:46Moins d'une semaine donc, entre le moment où elle pose le message
02:49et où le grand-père est arrêté par la police.
02:53Voilà pour la réactivité de ce dispositif,
02:55que l'association aimerait donc voir se développer dans toutes les écoles de France.
02:58Ce n'est pas encore le cas, je vous le disais,
02:59les papillons qui comptent déjà 30 000 mots déposés chaque année dans ces fameuses boîtes.
03:04Merci beaucoup Benoît.
03:05Le courage de Lili, il y a seulement 10 ans, d'écrire ses mots
03:08et de faire aujourd'hui que son grand-père a été condamné.
03:12Lundi, on le disait.
03:14Émilie, bonjour.
03:15Merci beaucoup d'être avec nous.
03:16Vous êtes la maman de Lili.
03:18On avait eu le plaisir de vous accueillir ici même sur ce même plateau en mai dernier.
03:24À cette époque, vous vous prépariez avec Lili au procès.
03:28L'épreuve a donc eu lieu parce que c'était une épreuve supplémentaire,
03:31on l'imagine, pour Lili.
03:32Elle se préparait à y aller.
03:33Comment ça s'est passé ?
03:35Alors, c'était quand même une semaine d'angoisse.
03:40Le stress est monté petit à petit pour Lili en tout cas.
03:44Elle abordait quand même assez sereinement ce procès.
03:48Elle était assez sereine.
03:49Cette semaine avant, elle était assez joyeuse.
03:52Arrivé au procès, elle a tenu le choc.
03:55Elle a eu des moments de pleurs, etc.
03:58Mais elle a tenu le choc.
03:59Elle a parlé à la barre comme ses cousines.
04:02Chose pas évidente pour une petite fille de 13 ans quand même.
04:06Mais elle a assuré.
04:09Elle a tenu bon jusqu'au bout.
04:11Elle a revu son grand-père.
04:13Comment s'est passé ce regard, le revoir ?
04:17Alors, lui les a beaucoup regardés.
04:20On aurait plutôt pensé qu'il baisse la tête, mais pas du tout.
04:23Elle n'a pas voulu le regarder.
04:26Elle me dit qu'elle ne l'a pas regardé.
04:29Qu'est-ce qu'elle vous disait le soir en rentrant ?
04:32Comment elle a vécu à l'intérieur tout ça ?
04:36Alors, le vendredi soir,
04:38il faut dire qu'on est passés de 9h jusqu'à 21h au tribunal.
04:43Donc, quand on est rentrés, on était tous très fatigués et vidés.
04:48Donc, on en a parlé un tout petit peu, mais très peu.
04:52Par contre, le lundi soir, elle a assez mal vécu.
04:58Je ne sais pas, est-ce que c'est le contre-coup ?
05:00Est-ce que c'est parce que tout s'arrête ?
05:03C'était dur aussi, je pense, de rebrasser tout ça,
05:07de répéter, de s'entendre parler.
05:10Je pense qu'il y a eu un tout.
05:12Donc là, c'est vrai que ça fait quelques jours où elle n'est pas super bien.
05:16Après, elle va revoir sa psy la semaine prochaine.
05:18Je pense que ça va lui faire du bien de lâcher un petit peu.
05:21C'est plus compliqué de parler à ses parents quand même.
05:25Donc, elle est satisfaite, bien sûr,
05:27parce que ce qu'elle voulait entendre en tant que victime,
05:31c'est qu'elle avait bien été violée par son grand-père,
05:34chose qu'il a niée du début à la fin.
05:37Et pourtant, le président a bien reconnu ces faits-là.
05:41C'est un moment très fort, je crois,
05:43et racontez-nous le moment où le président va dire à Lili,
05:47« Je te crois ».
05:49Oui, oui, oui.
05:50En effet, au moment du verdict,
05:52il commence à dire à son grand-père qu'il est accusé,
05:58et il commence par le viol.
06:00Alors que jusqu'au bout,
06:02on ne sait pas si ça va être retenu contre lui ou pas.
06:05Donc, au moment où il dit ça,
06:07il dit bien qu'il avait ses petites filles à sa merci,
06:10que les paroles d'une enfant de 10 ans,
06:12au vu de ce qu'elle a écrit, avec ses mots,
06:16elle n'avait pas de connaissances en termes sexuels.
06:18Donc, on voit bien que ses mots sont très…
06:20Et voilà, elle a été carrée du début à la fin.
06:23Elle n'est jamais revenue sur sa déposition.
06:25Donc, le fait d'être crue,
06:27elle, ça a été hyper fort.
06:28C'est le moment où elle vous serre la main
06:30et qu'elle se met à pleurer.
06:32Pour elle, vous parlez d'une warrior.
06:34Ce n'est pas une victime, Lili, c'est une warrior.
06:36Exactement.
06:37Les trois filles, parce qu'il ne faut pas oublier
06:39qu'il y a aussi ses cousines.
06:41Les trois filles se considèrent comme des guerrières
06:44et non comme des victimes.
06:46C'est important pour vous aussi
06:48de les voir aussi fortes et dans le combat ?
06:53Oui, oui, c'est très important
06:55parce que pour se reconstruire par la suite,
06:57c'est vrai qu'il faut quand même être un peu
06:59dans ce mode guerrière.
07:00Parce que mine de rien, le procès s'achève.
07:03En effet, on est satisfait de la peine,
07:05il n'y a pas de problème.
07:06Mais derrière, il y a encore du travail.
07:09Du travail pour que Lili se reconstruise.
07:11Et ça, il va falloir du temps.
07:13Mais elle est jeune, elle a beaucoup de courage.
07:17Je pense qu'elle l'a bien démontré.
07:19Donc, elle va y arriver et on sera là pour l'aider.
07:22Malgré toute la douleur, toute la difficulté,
07:25il faudra du temps pour aussi digérer ce procès,
07:27pour pouvoir refaire un peu surface.
07:29Est-ce qu'elle est un peu apaisée de la peine ?
07:33Oui, oui, elle est apaisée de la peine.
07:37Elle, ce qu'elle voulait,
07:38je pense qu'elle ne se rend peut-être pas trop compte,
07:41mais ce qu'elle voulait, c'était ne pas le revoir.
07:44Donc, quand en plus, dans la peine,
07:46ils prononcent le fait qu'il est interdit
07:48de rentrer en contact avec ces petites filles,
07:50je pense que ça aussi, c'est un soulagement.
07:53Ça veut dire qu'elle ne voulait pas le revoir
07:55parce qu'il y a une peur permanente
07:57qui puisse ressurgir dans son univers ?
08:00Oui, tout à fait.
08:02Elle, c'est vraiment une peur de le recroiser.
08:05Oui, on ne se rend pas compte,
08:07mais ça, c'est quelque chose qu'elle me demandait régulièrement.
08:10Est-ce qu'il est sorti de prison ?
08:12Non, je disais, il ne sortira pas de prison tout de suite.
08:16Donc là, en effet, c'est le soulagement
08:18du fait de ne pas le recroiser de sitôt.
08:21Comment vous, la maman, vous avez vécu tout ça ?
08:24Comment vous, vous allez ?
08:26Alors moi, j'ai trouvé vraiment ces deux jours très éprouvants.
08:30Je vous dis, une sensation vraiment de vide.
08:33On se sent...
08:34Parce que comme je dis,
08:36on avait lu ce dossier, on avait lu sur le papier,
08:39mais l'entendre de la bouche de ces trois filles,
08:42dont votre propre fille,
08:45c'est tout simplement horrible.
08:47C'est très dur à entendre.
08:50Après, j'ai eu le mardi où je n'ai pas été au travail.
08:54J'ai pris une journée au grand air un petit peu.
08:57Ça m'a quand même fait du bien.
08:59Et après, on reprend le boulot et on se remet dans...
09:02Là, en ce moment, ça va.
09:04Les deux, trois premiers jours, c'était un peu compliqué,
09:07mais on se booste et on se dit qu'il faut passer cette étape.
09:13Et elle est faite.
09:15La condamnation est là.
09:18Encore une fois de plus, ces boîtes aux lettres démontrent
09:21à quel point elles sont importantes.
09:23J'ai une question pour vous de Benoît qui est avec moi.
09:26Je racontais ces boîtes aux lettres.
09:29Il y a eu aussi un huis clos
09:31décidé par le président de cette cour à Bourg-en-Bresse.
09:34Certaines associations, c'est parce qu'elles étaient mineures.
09:37Comment vous avez vécu le huis clos ?
09:39Ça vous a rassuré ?
09:41Vous avez la force d'en parler dans les médias aujourd'hui.
09:44On vous en remercie.
09:45Comment ça s'est passé au moment du procès ?
09:47En effet, on rentre tous.
09:49On était entourés de nos amis et de nos familles.
09:52Les filles étaient aussi préparées à ce procès avec cet accompagnement-là.
09:57Quand le président annonce qu'il va mettre ce procès à huis clos,
10:02je vous avoue que c'est un peu l'effondrement pour tout le monde,
10:06parce que c'était important d'être épaulé.
10:10Après, c'est sa décision.
10:13Finalement, le vendredi soir quand on rentre,
10:16le lendemain, on refait un peu le topo de cette journée
10:19et on se dit que ce n'est pas plus mal.
10:22Parce qu'il faut dire quand même que de parler à la barre,
10:25tout ça, ce n'est pas évident.
10:27Les gens me disent que même d'entendre tout ça,
10:29rien que nous, comme ça nous a fait mal,
10:31je me dis que ce n'est pas non plus la peine que tout le monde vive ça de près.
10:36C'est quand même compliqué.
10:38Merci beaucoup.
10:40Je ne regrette pas ce huis clos.
10:44Il aurait peut-être fallu juste l'adapter un petit peu.
10:47C'est-à-dire que faire un huis clos juste au moment où les filles parlaient,
10:50voilà, c'est tout.
10:52Mais bon, après, je le vis pas mal du tout maintenant.
10:56Mais sur le coup, c'était l'effondrement, en effet.
10:58Merci beaucoup Émilie.
11:00Merci d'avoir été avec nous ce matin.
11:02Bravo pour votre courage.
11:03Saluez Lili Pournoy.
11:05On vous souhaite maintenant que tout s'écrive le mieux possible.
11:08Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin dans le live BFM.

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