• il y a 6 mois
En 2022, Lily, 10 ans, a dénoncé l'inceste dont elle était victime grâce à un dispositif mis en place dans son école par une association. Son grand-père sera jugé en septembre.

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Transcription
00:00 C'est compliqué.
00:01 Là, en ce moment, c'est encore un petit peu plus compliqué parce qu'en effet, depuis
00:05 cet article dans Le Parisien, je pense qu'il y a eu beaucoup de médiatisation.
00:09 Donc, c'est un petit peu compliqué pour elle.
00:13 C'est des hauts et des bas, c'est-à-dire que des fois tout va bien et d'un moment
00:16 à l'autre, elle se met à pleurer parce qu'elle repense à des choses qui la rendent
00:20 triste, qui lui font mal.
00:21 Au quotidien, ce n'est pas évident.
00:22 En plus, c'est une adolescente.
00:23 Elle a grandi, évidemment, Lili.
00:29 Et comment est-ce que ce jour-là, elle a trouvé la force de parler ? C'est cette
00:34 boîte aux lettres qui a tout changé pour elle ?
00:35 C'est vraiment cette boîte aux lettres qui a tout changé pour elle.
00:40 Ça, c'est sûr.
00:41 Après, je pense qu'heureusement qu'il y a eu quand même cette copine qui lui a dit
00:46 de le faire.
00:47 Mais elle nous dit clairement qu'elle n'en pouvait plus et qu'il fallait qu'elle
00:53 le dise.
00:54 Et elle n'arrivait pas à nous le dire à nous.
00:55 Elle n'avait pas la force pour nous le dire.
00:58 Elle n'arrivait pas à le dire.
00:59 Et Benoît le disait, c'est un peu le slogan de ces boîtes aux lettres, mais c'est
01:03 parfois plus facile à écrire qu'à dire, surtout là, dans le cadre de ce qui était
01:08 en réalité un secret familial, parce qu'elle ne pouvait pas en parler à la famille parce
01:13 que ça désignait directement le grand-père.
01:15 Ah bah oui, oui, oui.
01:18 Et d'ailleurs, au début, elle s'en voulait énormément parce qu'il ne faut pas croire,
01:24 elle a été hyper courageuse parce que tout ça, ça a quand même des répercussions
01:28 sur plein de choses.
01:29 Dans la famille de son papa, c'est très compliqué.
01:34 Après, elle a eu ce courage-là et j'espère que d'autres enfants auront le même courage
01:41 qu'elle a eu.
01:42 Quel souvenir vous gardez de ce moment-là où on vous appelle, vous, à la suite du
01:49 mot qu'elle a déposé ?
01:50 C'était un mélange de j'ai été très inquiète, je ne savais pas du tout ce qui
01:59 se passait.
02:00 Moi, au début, je ne savais rien.
02:03 On ne m'a rien dit.
02:04 On m'a juste dit que ma fille était victime d'agressions sexuelles, point barre.
02:07 Donc, c'était compliqué jusqu'à cette fin de journée où elle a été auditionnée,
02:12 où là, j'ai enfin appris qui était son agresseur.
02:15 Et là, tout s'écroule.
02:17 On se dit en tant que parent qu'on n'a pas vu, on n'a rien vu, on a laissé notre
02:22 fille dans les mains de cet homme-là.
02:25 C'est compliqué, oui.
02:29 Ça, c'est très dur à vivre ?
02:30 Ah oui, c'est le plus dur.
02:33 Je parlais de secret familial.
02:36 Quand Lily trouve le courage de parler, de mettre ce mot dans la boîte aux lettres,
02:40 elle déclenche derrière.
02:41 Et Benoît le disait, ça va très vite, une enquête.
02:44 Et on se rend compte qu'en réalité, dans la famille, visiblement, alors il y aura
02:46 le procès qui va arriver, mais dans la famille, elle n'est pas la seule à avoir été abusée
02:50 par le grand-père.
02:51 Elle-même ne le savait pas ou est-ce qu'elle le savait ?
02:55 Alors en fait, elle le savait.
02:58 C'est pour ça qu'ils ont découvert qu'il y avait des cousines.
03:01 C'est parce que Lily, dans sa déposition, elle a dit à la gendarme qu'il y a eu une
03:07 fois, ou même plusieurs fois, elle était avec sa cousine chez le grand-père.
03:11 Donc, il y a eu des choses qui se sont passées où c'était les deux filles en même temps.
03:16 Donc, quand elle a dit ça aux gendarmes, les gendarmes ont tout de suite voulu auditionner
03:21 les cousines.
03:22 Et là, les filles ont pu enfin aussi libérer leur parole à elle.
03:27 Qu'est-ce que vous dites ce matin, Émilie, à celles qui pourraient hésiter à parler ?
03:33 On sait à quel point c'est difficile, notamment dans le cadre familial.
03:36 Qu'est-ce que vous pouvez leur dire ?
03:37 Ce que je peux leur dire, c'est qu'il faut le faire parce que quand on est jeune comme
03:45 ça, même si on a des passages qui sont durs, ça fait deux ans que c'est compliqué, on
03:49 a encore le procès derrière, mais après, on aura tous, et elle aussi, la force de se
03:56 reconstruire parce qu'à 12 ans, comme Lily, on a encore le temps de se reconstruire et
04:00 j'en suis certaine.
04:01 Donc, c'est pour ça qu'il faut le faire tout de suite.
04:03 Il faut vraiment en parler à ses parents, il faut en parler à un adulte, à quelqu'un,
04:07 à qui vous voulez, mais il faut le dire.
04:10 On n'a pas le droit de subir ça, on n'a pas le droit de faire subir ça à nos enfants.
04:13 Qu'est-ce qu'elle vous dit, Lily, du procès qui arrive ?
04:15 Alors, Lily, elle est un petit peu en mode warrior.
04:20 C'est-à-dire qu'elle a très envie d'y assister, elle a envie que ça se passe et en même temps,
04:29 je pense qu'elle ne se rend pas bien compte de… Je pense que ça va être compliqué,
04:34 les quelques jours avant vont être un peu compliqués, mais elle a envie, elle a envie
04:39 qu'il reste en prison le plus longtemps possible.
04:42 Elle a envie d'assister à ce procès, elle a envie de le voir quand même.
04:46 Je pense que cette confrontation, elle l'attend, mais il n'y a pas qu'elle, ses cousines
04:49 aussi, elles sont vraiment pareilles.
04:51 Mais elles sont au total trois cousines ?
04:53 C'est ça, exactement, oui.
04:56 Trois cousines.
04:57 Une dernière question sur cette fameuse boîte aux lettres.
05:00 Vous le disiez, qui a été un élément déclencheur dans le témoignage de Lily.
05:04 Il en faut plus de ces boîtes aux lettres de l'association Papillon ?
05:07 Ce n'est pas qu'il en faut plus, c'est qu'il en faut partout.
05:11 Il en faut dans toutes les écoles, dans les clubs de sport.
05:15 Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'Education nationale est contre ce projet pour l'instant.
05:21 J'espère que ça va changer, j'espère qu'ils nous écoutent aujourd'hui et qu'ils se rendent
05:25 compte de l'impact que ça a eu et de à quoi ça a servi.
05:29 Et comme quoi ce n'est pas des bêtises, ce n'est pas juste une boîte aux lettres
05:31 qu'on pose dans une école.
05:33 Non, la preuve, ça peut servir à des enfants.
05:35 Et quand on sait qu'il y a un enfant sur cinq qui est victime d'agression sexuelle,
05:40 je suis désolée, dans une classe de 30, on se rend bien compte qu'il y en a un petit
05:44 plus que ce qu'on pense quoi. Même s'il est en faux partout.

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