"ROBES NOIRES ET PETIT ECRAN" / Les ténors du barreau sont des stars des médias. Interdits de pub, les avocats ne rechignent jamais à répondre aux questions et à délivrer leurs techniques. Face aux institutions judiciaires, ils savent parfaitement jouer de cette aura impressionnante.
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00:00Quand je suis dans une voiture, je ne peux pas dire j'aime ou je n'aime pas la voiture,
00:05la voiture est nécessaire.
00:06Dans un procès, quand les médias me posent des questions, je leur réponds.
00:09Cette espèce de miroir aux alouettes que les journalistes tendent aux avocats ne m'intéresse
00:13pas du tout.
00:14Quand vous avez un peu l'habitude des médias, vous essayez de faire court, vous essayez
00:18de faire choc.
00:19Moi j'ai confiance dans votre justice.
00:21S'il parle à la télévision comme on plaide, il va être ridicule.
00:25Il y a très très bons avocats à la barre qui sont nullissimes devant la caméra et
00:29l'inverse.
00:30Ils adorent se montrer, ce sont des coqs.
00:33Ils parlent d'abord dans l'intérêt de leur client, en tout cas c'est ce qu'ils disent
00:36toujours.
00:37Mais parfois il faut bien reconnaître aussi que les avocats parlent tout simplement parce
00:41qu'ils aiment bien parler.
00:42C'est clair qu'il y a des avocats qui commencent par chercher sur les caméras avant de s'exprimer.
00:46Et dans la mesure où les avocats ont certainement un ego déjà développé, ils finissent par
00:49s'alimenter définitivement devant les médias.
00:51Une fois un avocat savait qu'il devait passer à la télévision, il a dû s'acheter une
00:54robe exprès pour ça.
00:55L'avocat ne doit pas utiliser les médias pour faire un show, pour se faire de la publicité.
01:00La médiatisation ne peut pas faire de mal à un cabinet et à son chiffre d'affaires.
01:05Ou alors ça serait désespérant, à quoi servent les médias et les journalistes dans
01:08ce cas-là ?
01:09La médiatisation a sûrement une certaine influence sur le cours du procès, mais quelle
01:14influence ?
01:15C'est l'affaire qui fait l'avocat et non pas l'avocat qui fait l'affaire.
01:24Il y a 100 ans, on condamnait un jeune officier qui avait le tort d'être juif.
01:35Aujourd'hui, on condamne un jardinier parce qu'il a le tort d'être maghrébin.
01:41Robe noire, voix de centors, regard dur, les avocats impressionnent.
01:48Citoyens à part, dernier rempart des libertés publiques, ils sont aussi de formidables machines
01:53à communiquer.
01:55Est-ce que vous-même, avocat, vous n'avez pas été un petit peu...
01:57Sur Internet, à la radio et à la télévision, ils savent occuper l'espace médiatique en
02:02magnant l'art de l'éloquence.
02:04De leur côté, les médias se délectent de ces stars faussement modestes.
02:08Alors pourquoi les journalistes sont-ils si friands de leurs bons mots ? Pourquoi les
02:15avocats se pressent-ils devant leur caméra et leur micro ? Quelles sont leurs stratégies
02:21médiatiques ? La publicité est officiellement interdite, alors défense de leurs clients
02:26ou pub déguisée.
02:2827 janvier 2010, palais de justice de Paris.
02:35Une foule de parents et d'amis se presse devant la chambre de la cour d'appel pour assister
02:39à la prestation de serment d'une cinquantaine de jeunes avocats.
02:42Ce qui est inhabituel, c'est la présence massive de micros et de caméras.
02:48La raison de cette affluence, c'est une personnalité qui va endosser la robe d'avocat aujourd'hui.
02:54La star tant espérée, c'est Rachida Dati.
03:00Pour une fois, l'ancienne ministre semble ne pas vouloir dévoiler sa dernière robe
03:04à la presse.
03:05Ce qui devait être une fête vire à la foire d'empoigne.
03:11Photographes et caméramen sont refoulés par les gendarmes.
03:19Elle est déjà partie, elle a mis sa robe, elle s'est cassée directe.
03:25Eric Hadj est photographe de presse.
03:27C'est elle, on peut dire que c'est elle.
03:29En se faufilant, il a réussi à prendre quelques clichés du serment de l'ex-ministre.
03:33Quand on a été un personnage public, on peut continuer à l'être même après,
03:37on ne se sert pas de la presse avant, enfin quand on veut.
03:40Se servir des médias, une vieille habitude qui n'appartient pas seulement à Rachida Dati.
03:48Dès l'apparition de la presse, les hommes de loi ont su se médiatiser.
03:56L'image de l'avocat apparaît véritablement au milieu du XIXe siècle avec l'essor des
04:01gazettes judiciaires.
04:03La figure de l'avocat devient très vite incontournable.
04:07Une représentation très contrastée, à charge et à décharge.
04:11Les caricaturistes de l'époque le représentent parfois comme un héros désintéressé, défenseur
04:17de la veuve et de l'orphelin, mais souvent aussi comme un homme cupide qui floue ses
04:22clients.
04:23Pire encore, il apparaît parfois comme un incompétent notoire.
04:27Jusqu'aux années 50, le public se passionne pour les grands procès et découvre les ténors
04:38du barreau, des hommes dont l'éloquence fascine les foules.
04:41À la fin des années 60, ces grands avocats prennent leur retraite.
04:53Une époque se termine.
04:56Là, on voit disparaître quasiment cette figure de l'avocat puisque la génération
05:04qui suit n'est pas encore, ne s'impose pas, ne parvient pas à s'imposer.
05:07Ils sont encore trop jeunes.
05:08Il n'y avait pas véritablement de grands procès à l'époque.
05:11À partir de 1954, après les excès du procès de Minnissi, caméras micros et appareils
05:17photos sont interdits de séjour dans les prétoires.
05:20Les avocats perdent de leur superbe.
05:22Alors, pour relater leur plaidoirie, les chroniqueurs judiciaires prennent du galon.
05:26Et parmi eux, un personnage haut en couleur, Frédéric Potchère.
05:30Le créateur du reportage judiciaire à la télévision, c'est Frédéric Potchère.
05:35Frédéric Potchère, il n'avait besoin d'aucune image.
05:38Frédéric Potchère, il se campait plein champ en face de la caméra et nous avions un numéro
05:43extraordinaire de dix minutes qui mimait l'audience, qui s'expliquait, qui vivait,
05:48qui la revivait.
05:49Et l'éger alors l'a dit, j'affirme que monsieur Taron sait tout.
05:53Maître Vidzabona, lui aussi, adjure l'éger de dire la vérité et comme l'éger se
05:58tait, alors l'audience reprend son cours normal.
06:01Merci Frédéric.
06:02Je le regardais, j'avais l'impression de voir un géant.
06:06J'étais intimidé comme un gamin devant le père Noël médiatique.
06:10J'étais fasciné.
06:11Au début des années 70, une nouvelle génération d'avocats prend le pouvoir.
06:17Arrivent sur la scène médiatique, c'est Robert Badinter, Thierry Lévy, Paul Lombard
06:22également, pour défendre des causes qu'ils estiment importantes, faire avancer, faire
06:28progresser la société.
06:29L'idée de l'avocat qui fait avancer, qui a un rôle démocratique très fort, joue
06:35beaucoup dans ces années 70.
06:37Les années 70, c'est l'époque où le débat sur la peine de mort secoue la société française.
06:42Les abolitionnistes les plus en vue comprennent que la télévision peut servir leur cause.
06:47Robert Badinter, sourcil en bataille et regard ombrageux, sort de l'anonymat de son cabinet
06:53pour s'exposer devant les caméras.
06:55Il devient l'emblème de la lutte contre la guillotine.
06:58Vous avez été un avocat médiatique.
07:01Qu'est-ce qu'il fait ? Vous avez été un grand avocat.
07:05Non, je récuse tous les adjectifs.
07:06Il n'y a pas de grands avocats, il y a de grandes grosses.
07:10J'ai connu des avocats admirables.
07:13Personne ne les a connus.
07:18Ils étaient admirables, mais personne ne les connaissait.
07:21J'ai connu des avocats célèbres, ce n'est pas la taille, grand ou petit, dont la réputation
07:27était à mon sens au-delà de leurs moyens, effectifs.
07:32Entre la réputation, la notoriété et la capacité, il n'y a pas d'identité.
07:39Devenu garde des Sceaux en 1981, du haut de la tribune de l'Assemblée nationale, il
07:46prononce un discours en forme de plaidoirie.
07:48Grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue.
07:59De tout mon cœur, je vous remercie.
08:01Sous l'œil des caméras de télévision, la peine de mort est abolie.
08:05Robert Badinter vient d'entrer dans l'histoire.
08:12Aujourd'hui, le grand public est devenu familier des Dupont-Moretti, Collard ou Spiner.
08:18Une génération d'avocats qui a grandi avec la télévision et en connaît tous les ressorts.
08:28Éric Dupont-Moretti, grosse voix et carrure de rugbyman, l'avocat pénaliste surnommé
08:35Akitator, est devenu en quelques années une star des barreaux, puis des médias.
08:41Aujourd'hui, vous n'avez plus besoin des médias.
08:43Vous êtes extrêmement connu.
08:45D'ailleurs, je m'en vais.
08:49Je me casse.
08:51Vous avez raison.
08:53Mais non, mais besoin des médias, il y a aussi l'intérêt que l'on peut tirer dans une affaire de la médiatisation.
09:04Il y a l'intérêt personnel qu'on parle de la médiatisation de l'avocat, mais ce n'est pas ce qui est important.
09:10Même si pour l'avocat, ce n'est pas une contingence subalterne.
09:13Ce qui est important, c'est qu'on peut en tirer pour le client, pour celui qu'on défend.
09:18Dans un quartier populaire, l'avocat Lillois crève véritablement les écrans au moment de l'affaire Doutreau.
09:24Je vous rappelle quand même qu'il y a un homme qui s'appelle Mourmand, qui est présumé innocent non plus à vie, mais à mort.
09:30Et que cet homme s'est suicidé.
09:32Et je pense qu'il y a des gens qui doivent un peu regarder vers le ciel.
09:36Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au journal Le Monde.
09:40Elle connaît bien l'homme pour l'avoir suivi sur de nombreuses affaires.
09:44J'ai fait un portrait de lui dans lequel j'ai cru que c'était l'artiste des prêtoirs, au sens où
09:48c'est vraiment le côté musicaule.
09:50C'est ça qui m'a...
09:51Il fait des tournées du pont Marétie.
09:53Du pont Marétie, il va de palais en palais, de procès en procès pour plaider.
09:57C'est vraiment un plaideur.
09:58Et donc, il est toujours intéressant à regarder et à écouter plaider, d'ailleurs, parce qu'il y a les deux.
10:03Parce qu'il y a une espèce de présence physique qui est très, très forte.
10:06Et puis, il y a une manière de prendre le pouvoir, de prendre le pouvoir sur l'audience, de prendre le pouvoir sur les jurés,
10:14d'aller les chercher, de convaincre.
10:16Il y a une violence en lui.
10:18Oui, c'est un spectacle.
10:21C'est un vrai spectacle.
10:29Deux mots, deux mots d'abord, Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, Mesdames et Messieurs les jurés.
10:37Deux mots que jamais je n'aurais envisagé de prononcer.
10:41Si ce matin, je n'avais pas fait l'objet des attaques inadmissibles de Monsieur l'avocat général, bon, que vous n'aimiez pas les avocats médiatiques, en équipe, je ne vous aime pas non plus.
11:01Éric Dupond-Moretti aux Assises, un document exceptionnel du réalisateur Olivier Piguetti.
11:07À Montpellier, l'avocat défend Fabrice Cusin, accusé d'avoir braqué une banque avec un bulldozer.
11:13L'avocat général vient de requérir à son encontre une peine de 18 ans de réclusion criminelle.
11:19Nous avons le même âge, Cusin et moi.
11:25Moi, je pourrais le traiter avec la condescendance des bourgeois en disant mais ce type, finalement, c'est qu'un délinquant, un sale mec.
11:37Je peux aussi me dire mais, si j'avais vécu ce qu'il a vécu, qu'est-ce que je serais devenu ?
11:43Et il ne faut pas avoir fait l'École nationale de la magistrature pour comprendre ça.
11:50Est-ce que vous n'êtes pas, Mesdames et Messieurs, le fruit de votre histoire ?
11:53Pas que cela, évidemment, mais aussi ça.
11:58Il y a un des deux gendarmes qui m'a filé une photo de Cusin quand il avait 20 ans,
12:03avec des cheveux.
12:07Vous avez eu des cheveux.
12:10Et on voit, il suffit de la voir, la photo, que c'est un gamin qui est malheureux.
12:21Pour une fois, Éric Dupond-Moretti n'a pas réussi à convaincre les jurés.
12:25Fabrice Cusin écopera de 14 ans de prison.
12:32Sa naissance médiatique, Éric Dupond-Moretti la doit à cet homme, Michel Marie,
12:37journaliste depuis 32 ans à l'hebdomadaire, le nouveau détective.
12:41Leur première rencontre remonte à 1985.
12:44À l'époque, le jeune avocat cherche surtout à se faire connaître.
12:49Un matin, je reçois un coup de téléphone d'un avocat, d'un avocat lillois,
12:55qui s'appelait Éric Dupond-Moretti, qui m'a dit, voilà,
12:58j'ai un dossier qui pourrait vous intéresser.
13:02Il avait une bonne voix, et je lui ai dit, écoutez,
13:04si vous avez l'occasion de passer à Paris, venez me voir, je suis à Levallois-Péret.
13:09Et contre toute attente, le lendemain, à midi moins le calme, le téléphone sonne sur mon bureau,
13:14et il me dit, voilà, c'est maître Dupond-Moretti, je suis à Paris.
13:19En fait, j'étais venu exprès.
13:20Exactement. Et ça, on l'a su après.
13:23Et bon, il n'était pas comme aujourd'hui, il était un peu plus mince, un peu plus de cheveux.
13:30C'est la réécriture d'histoire.
13:32Et puis voilà, on est devenus très copains dans un premier temps, et puis amis ensuite, voilà.
13:37Puis j'ai vite réalisé aussi que son journal, pour dire la vérité,
13:41était un journal très lu en prison.
13:43On lit plus détective qu'on lit le journal Le Monde en tôle.
13:46Voilà, et alors bon, Michel, évidemment, quand j'avais le contact,
13:50je l'ai appelé pour un certain nombre de dossiers que je plaidais,
13:53il est venu, et effectivement, il est l'auteur des premiers papiers me concernant.
13:59En 25 ans de barreau, l'avocat est devenu le champion incontesté du nombre d'acquittements.
14:08Il vient d'en totaliser 90.
14:12J'en suis à la fois très fier et à la fois, je m'en défie
14:15parce que je ne veux pas que les gens qui me désignent pensent que l'avocat est un magicien.
14:21J'ai mon lot d'échecs et il est extrêmement important.
14:25Bien sûr que j'ai cette comptabilité, mais on en a fait quelque chose que je ne voulais pas,
14:28mais maintenant, c'est aussi le risque de la médiatisation, on ne maîtrise évidemment pas tout.
14:37Alors, communiquer ou ne pas communiquer avec la presse ?
14:41Chaque avocat a sa propre stratégie,
14:43mais rares sont ceux qui refusent de s'exprimer sur les dossiers qu'ils ont à défendre.
14:49Jean-Marie Charon, chercheur en sociologie des médias au Canada,
14:52connaît bien les liaisons troubles qui unissent les hommes de loi et la télévision.
14:58Il faut dire qu'il y a des avocats, par exemple, qui sont très tôt dans la médiatisation.
15:05Je pense que quelqu'un comme Gilbert Collard, c'est quelqu'un qui va très vite,
15:10lorsqu'il reprend un dossier ou lorsqu'il prend un dossier, très vite va mobiliser les médias.
15:16Il le fait souvent de manière extrêmement tôt,
15:18Le canard enchaîné m'a surnommé l'avocat taudique.
15:21Alors, si l'avocat est bon, s'il a appris qu'en télé, on peut délivrer un message, pas deux,
15:28le faire dans un langage concret, si possible en utilisant des figures de style qui frappent,
15:35comme l'oxymore, l'opposition de termes contradictoires, comme le soleil noir de la mélancolie.
15:41Il peut être un avocat, mais il n'est pas un avocat.
15:44Un avocat qui ne saurait pas communiquer, il faut qu'il change de métier.
15:48Donc, s'il arrive à convaincre, son métier est de convaincre.
15:51Donc, par définition, il doit convaincre des juges, donc convaincre des journalistes, c'est encore plus simple.
15:56Donc, effectivement, la parole est facile.
15:58Et puis, en plus, comme on dit dans notre jargon, ce sont de bons clients.
16:02Parce qu'un avocat, il va avoir le sens de la formule, il va vous...
16:06En une petite phrase, il va vous rendre honnête.
16:08Les avocats ont vite compris qu'ils n'avaient que quelques secondes pour avoir une chance de passer aux 20 heures.
16:14Au journal télévisé, un procès, vous devez le résumer en une minute trente, une minute quarante, deux minutes.
16:19Donc, la phrase, c'est...
16:21La phrase, c'est...
16:23La phrase, c'est...
16:25La phrase, c'est...
16:27La phrase, c'est...
16:29La phrase, c'est...
16:31La phrase, c'est...
16:33La phrase, c'est...
16:35La phrase, c'est...
16:3642 minutes, donc la phrase que vous allez prendre de l'avocat, c'est pas seulement le bon mot.
16:41S'il y a un bon mot dedans, tant mieux.
16:44Mais avant tout, la phrase sera celle qui va le mieux expliquer les choses,
16:47le mieux faire le balancier entre la défense et l'accusation, par exemple.
16:52Et c'est ça qu'on va aller chercher en priorité.
16:54C'est un monde de fous...
16:56On est en train de se déconnecter du champ classique, de la liberté d'expression.
17:03Comment voulez-vous exprimer librement, intelligemment, une opinion en 6 secondes ?
17:10Vous le faites pourtant.
17:11Oui, je le fais parce que je ne peux pas faire autrement.
17:15Pour un jeune avocat, réagir dans l'urgence n'est pas chose facile.
17:18Thibault de Montbrial en a fait l'apprentissage en 1998 pendant le Tour de France.
17:23Cette année-là, il est plongé dans une tempête médiatique liée au scandale du dopage de l'équipe Festina.
17:30Il vient dépasser le simple cadre de l'équipe jusque-là, numéro 1.
17:34Il est alors le défenseur de Bruno Roussel, directeur sportif de l'équipe de Richard Virainc.
17:39Mis en examen, Roussel finira par passer aux aveux et reconnaître l'utilisation de produits dopants au sein de son équipe.
17:48De l'art d'être un communicant tout en maîtrisant le code pénal.
17:51Monsieur Roussel a donc avoué, donc il a changé de position.
17:55Et comme je savais que ces aveux allaient avoir des conséquences en chaînes terribles,
17:59j'ai eu l'intuition qu'il était essentiel de cadrer la com et donc de faire un communiqué avec lui.
18:05Et on a travaillé au mot près un communiqué que j'ai ensuite été lire devant la meute.
18:10Et ce communiqué a cadré les aveux de Roussel tel que je souhaitais qu'il le soit par la presse.
18:16L'objectif était d'optimiser les performances sous stricte contrôle médical.
18:23C'est absolument essentiel, dès lors qu'on fait le choix stratégique de communiquer,
18:27d'essayer d'imposer la base de la communication.
18:30Vous êtes dans l'action et pas dans la réaction.
18:38L'actualité judiciaire.
18:41Racontée comme un feuilleton, elle transforme parfois les marches du palais en plateau télé.
18:47L'interdiction des caméras dans les salles d'audience oblige les journalistes
18:51à recueillir les informations à la sortie des prétoires.
18:54Et lors de procès très médiatisés, se pose la question de la sérénité des débats.
19:00Nous avons deux procès.
19:01Le procès à l'intérieur du prétoire qui parfois semble ne plus intéresser grand monde,
19:07n'être qu'un prétexte à débat, à cet autre débat qui se passe en dehors des murs,
19:13et où se déroule une confrontation de point de vue,
19:16que j'appellerais une sorte de procès médiatique.
19:19Le procès à l'extérieur est souvent extrêmement agaçant parce que vous avez une mise en scène,
19:25notamment que ce soit dehors de l'avocat de la défense, l'avocat de la partie civile,
19:29qui est une mise en scène qui ne correspond pas à la réalité de l'audience.
19:34Ils vont expliquer qu'ils ont marqué des points, ce qui est quand même souvent
19:39pas forcément la réalité telle que vous l'avez perçue.
19:42Ils vont reconstruire le procès à l'extérieur.
19:44Et c'est vrai que je pense que ça donne une vision très fausse.
19:46C'est le résultat d'une société hyper médiatisée.
19:51C'est le résultat de cette volonté de tout savoir, de rendre tout public.
19:58L'avocat peut s'exprimer, à mon sens, s'il défend une personne qui est attaquée injustement dans les médias.
20:05C'est même à lui de le faire.
20:07Mais il ne faut pas développer un procès parallèle qui doit avoir lieu dans le prétoire,
20:13qui est un des derniers lieux, le tribunal, avec une audience publique,
20:17où on peut s'expliquer contradictoirement, les deux parties étant là.
20:21Donc ce qu'on dit, c'est toujours dit sous le contrôle de l'autre qui vous accuse.
20:24Pour moi, c'est un vrai enjeu de démocratie, le procès.
20:30Il arrive pourtant que la petite phrase à la sortie du prétoire,
20:33remette en cause un verdict.
20:35Omar Raddad vient d'être condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Ghislaine Marshall.
20:41A l'issue de l'audience, son avocat, Maître Vergès, dénonce avec virulence ce jugement devant la presse.
20:48On vous lit la décision et vous dit c'est pas possible, je n'admets pas.
20:52Mais je n'admets pas, il faut alerter l'opinion.
20:56Les gens sont là avec leur micro.
20:59On se précipite.
21:00Il faut des phrases choc qui touchent l'opinion tout de suite.
21:03Et je vais dire, il y a un siècle, on a condamné un innocent à capitaine parce qu'il était juif.
21:11Aujourd'hui, on condamne un jardinier parce qu'il a le tort d'être maghrébin.
21:18Et là, le débat va partir, certains vont m'approuver, d'autres vont me désapprouver,
21:23mais le débat aura lieu, et la suite du débat, c'est une mesure de grâce.
21:28Petite phrase, grande conséquence.
21:31En 1998, une grâce partielle permet à Omar Raddad de sortir de prison après sept années de détention.
21:39D'autres avocats se démarquent nettement de ces stratégies médiatiques.
21:45Comme Henri Leclerc, 54 années de barreau au Conseil des ministres,
21:50comme Henri Leclerc, 54 années de barreau au compteur et défenseur acharné des droits de l'homme.
21:57Un avocat célèbre mais discret.
21:59Dans de grands procès importants et très médiatisés, je suis resté silencieux du début à la fin du procès.
22:06C'est aussi une façon de communiquer, mais qui ne plaît pas beaucoup aux journalistes, je dois vous le dire.
22:14Je m'interroge toujours, je me pose cette question, et je la pose d'ailleurs directement aux journalistes.
22:20Qu'est-ce que vous pouvez m'apporter ?
22:22Moi, je sais ce que vous attendez de moi, je sais quel est votre intérêt.
22:28Nous n'avons pas le même intérêt.
22:30Vous avez un intérêt, j'en ai un autre.
22:32Et je ne réponds à vos questions que dans la mesure où vous pouvez m'apporter quelque chose.
22:39L'avocat et le journaliste.
22:41Une relation souvent ambiguë, mais parfois une réelle amitié, et surtout une cause commune à défendre.
22:47Comme dans l'histoire qu'ont vécu Henri Leclerc et Lionel Duroy, unis dans la recherche de la vérité,
22:53alliés au nom de l'innocence d'un homme injustement accusé d'un crime odieux.
22:57Rappel des faits.
23:00Très vite, on arrête d'abord Didier Gentil, un marginal de 29 ans surnommé Le Tatoué,
23:06qui avoue le viol, mais affirme que c'est son complice qui a tué.
23:10Richard Romand, 33 ans, un jeune homme de 29 ans,
23:14qui a tué un jeune homme de 29 ans,
23:16qui a tué un jeune homme de 29 ans,
23:18qui a tué un jeune homme de 29 ans,
23:20qui a tué un jeune homme de 29 ans,
23:22qui a tué un jeune homme de 29 ans,
23:24qui a tué un jeune homme de 29 ans,
23:27Richard Romand, 33 ans, ingénieur agronome surnommé l'Indien,
23:31parce que lui aussi a un côté considéré comme marginal,
23:34vivant dans une ferme en ruine dans la montagne, il élève des chèvres.
23:38Romand avoue d'abord, puis se rétracte.
23:43Pour l'opinion publique, Richard Romand est un coupable idéal.
23:47Maître Henri Leclerc, son avocat, est très vite convaincu de son innocence.
23:52Lorsque je dirai en cours d'instruction, au bout d'un certain temps,
23:56dans une déclaration, que mon client est innocent,
24:00la presse même ne veut pas l'entendre.
24:03C'est extraordinaire.
24:05Quand je parle, j'ai des amis journalistes.
24:07À ce moment-là, je leur dis, écoutez,
24:09vous ne pouvez pas continuer à dire des choses comme ça.
24:11Ils ne me croient pas.
24:13C'est l'avocat qui le maratine.
24:16Celui-ci va pourtant trouver un allié en la personne de Lionel Duroy.
24:20À l'époque, il est grand reporter à l'événement du jeudi.
24:25Un accusé qui avoue et charge l'autre...
24:28Henri me dit, j'ai vraiment la conviction que Richard est innocent.
24:32On est pris dans un piège infernal.
24:35On a toute la presse contre nous.
24:37Et les gens sont aveuglés par l'horreur du crime.
24:41Et Henri pense qu'il n'arrivera pas à s'en sortir.
24:44Et en fait, ce que je comprends, ce qu'il me demande,
24:47c'est d'aller là-bas, à la moite du Caire,
24:50et d'enquêter, de refaire toute l'enquête, tout le dossier.
24:55Quelques jours avant la parution de l'article,
24:57dans un climat délétère,
24:59une reconstitution du crime est organisée au village.
25:02L'atmosphère est électrique.
25:04Les avocats de la Défense et de la partie civile arrivent au bar
25:07où doit débuter la reconstitution.
25:11Je serai servi quand même dans l'affaire Romand par les médias
25:15le jour où, dans le village,
25:18les gens du village et la famille se livreront à mon égard
25:23et à l'égard des autres avocats qui étaient là à des violences.
25:27Au cours de cette reconstitution, Henri Leclerc va bien malgré lui
25:31se retrouver à la une de tous les gîtés.
25:33Leclerc qui défend Richard Romand est blessé.
25:36Ses vêtements sont arrachés.
25:39Donc les violences dont je suis victime à ce moment-là
25:42deviennent un fait, qui devient un fait médiatique.
25:47C'est extrêmement choquant.
25:49Vous en avez les larmes aux yeux quand vous voyez ça.
25:51Parce que les gens qui sont là,
25:53qui ne sont pas des gens méchants ni malhonnêtes,
25:56ils sont persuadés qu'Henri Leclerc est complice d'un assassin
26:00et il essaie d'innocenter un assassin.
26:04La diffusion des images de l'article
26:07La diffusion des images de l'avocat agressé
26:09scandalise la presse, le monde judiciaire,
26:12mais surtout le grand public.
26:14C'est le début d'un retournement de l'opinion.
26:17L'apparution quelques jours plus tard de l'enquête de Lionel Duroy
26:20viendra mettre un doute définitif sur la culpabilité de Richard Romand.
26:25On commence à avoir des premiers papiers
26:27qui disent que tout ça n'est pas verrouillé,
26:30qu'il y a énormément de doutes dans ce dossier, etc.
26:33Donc à partir de ce moment-là,
26:35à partir du moment où on introduit le doute,
26:37je pense qu'on a commencé à gagner la partie.
26:41Après quatre longues années de détention,
26:43Richard Romand est enfin innocenté.
26:46Didier Gentil est le seul coupable du meurtre de la petite Céline.
26:50Et cette affaire, Richard Romand continue,
26:52vingt ans plus tard, à vous rattraper régulièrement,
26:55comme si elle avait marqué,
26:57d'une manière presque indélébile, votre existence.
27:00Oui, oui. Et puis j'ai reçu, juste avant que vous veniez,
27:03c'est vraiment un hasard, j'ai reçu il y a quatre jours,
27:06une lettre de la maman de Richard.
27:14Cher Lionel Dirois, cher journaliste préféré,
27:17ce petit mot pour vous dire combien j'ai été surprise et heureuse
27:20de vous voir à la télé il y a huit jours.
27:22Grâce à vous, on a pu sortir de cette affreuse affaire
27:25où la méchanceté contre Richard nous avait embarqués.
27:28Et grâce à Henri Leclerc également, je ne l'oublie surtout pas.
27:32Richard Romand est décédé en juin 2008.
27:35Il avait 49 ans.
27:38Richard repose dans le cimetière d'origine du village de ma famille.
27:42C'est en plus un coin ravissant,
27:44et je le sens tellement mieux dans cette paix.
27:47Voilà un peu de passé qui vous fait coucou
27:50et qui vous rappelle à notre amitié et souvenir.
27:53Je vous embrasse.
27:57L'homme de loi et l'homme de presse,
27:59une collaboration exceptionnelle
28:01qui a réussi à venir à bout d'une grave erreur judiciaire.
28:10Jacques Vergès, de tous les avocats médiatiques,
28:13voici le plus grand.
28:15Ses combats politiques,
28:17son goût de la provocation et du mystère
28:19ont bâti sa réputation.
28:21Un maître intellectuel,
28:23on bâtit sa réputation.
28:25Un maître international en stratégie de communication.
28:28De la guerre d'Algérie à Klaus Barbie,
28:31en passant par Carlos ou Pol Pot,
28:33il fascine.
28:35Médiatisation absolue,
28:37en 2007, le cinéaste Barbet Schroeder
28:40braque sa caméra sur ce personnage énigmatique.
28:44Monsieur Barbet Schroeder m'a dit
28:46je voudrais faire un film sur vous,
28:48mais je voudrais être seul responsable des témoins,
28:50seul responsable du montage.
28:52Et j'ai dit oui.
28:54De toute évidence, il voulait me piéger.
28:56Et de toute évidence, j'ai pensé
28:58que c'est moi qui le piégerais.
29:00Parce que s'il fait un film sur moi,
29:02je devrais apparaître dans ce film.
29:04Et les gens verront que je n'ai pas
29:06deux petites cordes sur le front
29:08et une langue bifide.
29:10Ils me jugeront d'après mes paroles
29:12et non pas d'après les paroles qu'on me prête.
29:14Et effectivement, je conseille à tout le monde
29:16de voir le film.
29:18Tel que je suis,
29:20je crois,
29:22humain.
29:26Une carrière qui démarre ici en 1957
29:28au tribunal d'Alger
29:30est déjà un goût immodéré
29:32pour les petites phrases assassines.
29:34Quand les gens criaient le chinois,
29:36dire Monsieur le Président,
29:38devrais-je dire à ces gens
29:40que pendant que leurs ancêtres bouffaient des glands
29:42dans la forêt, les biens construisaient
29:44des palais ?
29:48L'avocat épouse la cause anticolonialiste
29:50du FLN, des combattants
29:52qui revendiquent l'indépendance de l'Algérie.
29:54C'est là que Jacques Vergès invente
29:56un système de défense qui le rendra célèbre,
29:58le procès de rupture.
30:00Quand je ferai partie du groupe
30:02des jeunes avocats désignés pour la défense
30:04des prisonniers du FLN, nous allons
30:06jouer à fond sur cette médiatisation.
30:08Dans nos plaidoiries,
30:10qui en apparence s'adressent
30:12au juge, nous nous adressons en fait à la presse.
30:14C'est ce que j'ai appelé le procès de rupture.
30:16C'est un procès où l'accusé
30:18se réclame de valeurs
30:20qui ne sont pas celles des juges.
30:22Autrement dit, l'accusé devient l'accusateur
30:24du pouvoir en place.
30:26C'est l'accusé qui dit je suis algérien
30:28et le juge qui dit vous êtes français.
30:30L'accusé qui dit le FLN est une organisation
30:32de résistance et le juge dit
30:34c'est une association de malfaiteurs.
30:36Aucun dialogue n'est possible.
30:38Défendre l'indéfendable,
30:40une ligne qu'il s'est toujours fixée
30:42en plaidant la cause de terroristes
30:44et de dictateurs à travers le monde.
30:46Son fait d'arme le plus célèbre,
30:48la défense du nazi Klaus Barbie
30:50pour un procès historique
30:52à haute tension.
30:54L'audience est ouverte.
30:56Je demande au service d'ordre
30:58d'introduire l'accusé s'il vous plaît.
31:06Un tournant dans sa carrière,
31:08Vergès devient l'avocat du diable.
31:10Je ne cherche pas l'unanimité.
31:12Je ne cherche pas le consensus.
31:14Je ne sers pas la pensée unique.
31:16Je fais ce que j'estime en tant qu'avocat
31:18devoir faire.
31:20Un homme est poursuivi
31:22pour les motifs les plus graves.
31:24Son procès va nous permettre
31:26de jeter un coup d'oeil sur une situation
31:28dans l'histoire de France extrêmement importante.
31:30Je vais accepter.
31:32Lorsqu'il a décidé de défendre Barbie,
31:34après avoir été l'avocat du FLN,
31:36il vient nous dire,
31:38il vient dire à la justice française
31:40vous êtes magistrat aujourd'hui
31:42et vous allez juger Barbie,
31:44mais vous étiez déjà magistrat sous Vichy
31:46et vous jugiez les résistants à ce moment-là.
31:48Il est en train de rappeler à la France
31:50d'où elle vient.
31:52Ils n'étaient pas tous résistants en France.
31:54Lui, il l'était pendant la guerre de 39-45.
31:56Il était un des rares.
31:58Des postures qui agacent ses adversaires.
32:00D'autant plus qu'à chaque nouveau procès,
32:02ces provocations attirent
32:04les télévisions du monde entier.
32:06Un jour, un journaliste me dit
32:08Maître, vous aimez les affaires médiatiques.
32:10Et je lui répondais,
32:12pour les meilleures raisons du monde,
32:14puisque les médias s'y intéressent.
32:16Et en effet,
32:18les affaires qui intéressent les médias
32:20et qui intéressent l'avocat,
32:22ce sont des affaires qui posent
32:24un problème de société
32:26qui intéresse tout le monde.
32:28Vous n'allez pas faire une affaire médiatique
32:30pour une querelle absolument absurde
32:32dans un village entre un épicier
32:34et un client qui n'a pas payé
32:36sa consommation de café.
32:40Il manquait à Jacques Vergès
32:42une dernière expérience
32:44pour jouer avec le public.
32:46À 85 ans, l'avocat passe
32:48du barreau aux planches.
32:50Sérielle plaideur,
32:52un texte écrit et interprété par le maître en personne.
32:54Un monologue
32:56en forme de testament.
32:58Vous vous demandez peut-être
33:00si la place d'un avocat
33:02est au théâtre
33:04ou au palais de justice.
33:06Je suis encore plus à l'aise
33:08que devant un tribunal.
33:10Parce que dans un tribunal,
33:12il y a trois personnes.
33:14Elles ont lu le dossier,
33:16elles ont déjà leurs idées,
33:18toutes faites, quand vous plaidez.
33:20Et vous avez à défaire ces idées-là.
33:22Et ce soir,
33:24sur la scène du théâtre de la Madeleine,
33:26deux heures du rang,
33:28l'homme de loi est venu plaider ses causes.
33:30Mais nous, avocats, nous cannibalisons nos clients.
33:32À l'un, je prends son courage,
33:34à l'autre, sa lâcheté.
33:36À l'un, je prends sa vertu, à l'autre, son vice.
33:38Et je peux alors regarder le monde
33:40mieux qu'avec mes deux seuls pauvres yeux.
33:42Un monde
33:44de doubles, de leurres et de miroirs
33:46où ma vie se confond
33:48enfin
33:50avec celle de tous les hommes.
33:52Applaudissements
33:54Standing ovation pour un homme
33:56aujourd'hui reconnu comme un très grand avocat,
33:58mais aussi une figure médiatique
34:00d'un temps révolu
34:02qui incarne le souvenir d'une splendeur judiciaire.
34:04Applaudissements
34:06Musique
34:08Musique
34:10Avec l'avènement d'Internet,
34:12les cartes de la médiatisation
34:14sont redistribuées
34:16et c'est une nouvelle génération de défenseurs
34:18qui voit le jour.
34:20Voici Maître Eolas.
34:22Derrière ce pseudo, l'un des hommes les plus médiatiques
34:24du barreau de Paris.
34:26Médiatique et pourtant anonyme.
34:28Sur le net, plus de 15 000 aficionados
34:30visitent chaque jour son blog,
34:32le journal d'un avocat.
34:34Le net, un lieu de libre parole.
34:36J'ai le coutume de dire que je suis l'anonyme
34:38le plus connu de France.
34:40Quand j'ai ouvert ce blog au début,
34:42je pensais que je culminerais à quelques centaines
34:44de lecteurs par jour, ce qui serait déjà
34:46une forme de discussion très agréable.
34:48Je ne voulais pas que ça prenne de telles proportions.
34:50Je ne voulais pas en faire un endroit pour me faire de la pub,
34:52pour faire la promotion de mon activité professionnelle.
34:54C'était véritablement en dehors.
34:56Alors, blog ou pub ?
34:58Officiellement, la loi
35:00interdit aux avocats comme aux médecins
35:02de faire de la publicité.
35:04Avec Internet, espace difficile à contrôler,
35:06la question préoccupe de plus en plus
35:08le Conseil de l'Ordre.
35:10Sur le terrain
35:12de la publicité, nous sommes
35:14en train de créer
35:16notre doctrine.
35:18Le public, s'il tape
35:20avocat et qu'il tombe sur Maître X,
35:22Maître X, finalement, va devenir
35:24l'incarnation de l'avocat,
35:26ce qui est tout de même bien excessif,
35:28quelles que soient les qualités
35:30de ce confrère.
35:32Tapez avocat sur un moteur de recherche
35:34et vous êtes aussitôt dirigé vers
35:36des cabinets très identifiés.
35:40Aujourd'hui, l'Ordre des avocats
35:42autorise, sous son contrôle, la mise en ligne
35:44de sites.
35:46Entre information et publicité,
35:48les limites ne sont pas toujours très claires.
35:50En France, aujourd'hui,
35:52la publicité pour les avocats
35:54ressemble à ça.
35:56J'ai reçu une contravention,
35:58un flash, 132 km heure
36:00sur l'autoroute, avec cet engin-là.
36:02Et depuis, j'ai des relances toutes les semaines.
36:04Je commence à en avoir marre.
36:06Toutes les semaines, il me relance.
36:10Bien loin de ce que l'on peut voir
36:12tous les jours sur les écrans américains.
36:16Un système totalement dérégulé
36:18où les hommes de loi
36:20draguent la clientèle sans aucun état d'âme.
36:30Le fait qu'un avocat se vende
36:32comme on vend un produit commercial
36:34me choque.
36:36En France, heureusement,
36:38ce genre de spot
36:40fait encore rire.
36:44La publicité pour les avocats viendra.
36:46Les avocats se vendront comme une marque de lessive.
36:48Je pense que l'avocat
36:50qui a le plus de clients, c'est celui qui gagne le plus d'affaires.
36:54Il n'y a pas de publicité non plus dans la presse écrite.
36:56Il n'y a pas de petites annonces, etc.
36:58Il n'y a pas d'encart publicitaire.
37:00Donc, pour un avocat pénaliste
37:02qui doit trouver des clients
37:04parmi des détenus qui sont en prison
37:06ou parce que les gens ont des soucis,
37:08qu'est-ce qui existe comme moyen de se faire connaître ?
37:10Forcément, la presse.
37:12Nous sommes des agents de publicité
37:14pour les avocats.
37:16Un avocat qui fait 30 secondes à 20 heures,
37:18il a une notoriété fantastique
37:20et il a surtout une notoriété à un endroit très précis
37:22pour les avocats, qui sont les prisons.
37:24Le réservoir
37:26de clientèle des avocats,
37:28il est en prison.
37:30Donc, plus on le voit à la télé,
37:32plus sa notoriété est grande
37:34et plus, possiblement, il a de la clientèle.
37:36Moi, jamais personne ne m'a dit
37:38« Je vous ai vu dans tel journal, je vous désigne ».
37:40Mais évidemment que ça contribue, bien sûr.
37:42Ça, c'est une évidence.
37:44La carrière d'un avocat, en particulier au pénal,
37:46elle se fait aussi grâce à la médiatisation.
37:48Au-delà des JT,
37:50ce sont les plateaux télé
37:52qui offrent d'excellents moyens d'occuper le terrain
37:54aux heures de grande écoute.
37:58Gilbert Collard, l'avocat télégénique par excellence.
38:00Il s'est bien souvent fait rattraper
38:02par la loi du genre, le divertissement.
38:06Tout le monde parle de vous,
38:08mais je vous avertis, si vous parlez trop,
38:10parce que vous êtes avocat,
38:12c'est ce qui va vous arriver.
38:14Tu parles trop, j'entends du soir au matin
38:16les mêmes...
38:18Aller dans n'importe quelle émission,
38:22accepter un talk show,
38:24je ne suis pas prêt à faire ça.
38:26Je revendique
38:28le fait d'être un avocat médiatique,
38:30mais je ne veux pas être un avocat médiaphile.
38:32La médiatisation pour la médiatisation,
38:34c'est quelque chose...
38:36Je ne suis pas prêt à faire n'importe quoi.
38:40Certains revendiquent haut et fort
38:42leur présence médiatique.
38:44C'est le cas d'Eric Decommon,
38:46incontournable dès lors qu'il s'agit
38:48de défendre les automobilistes.
38:50Sur son site,
38:52impossible d'échapper à son impressionnant
38:54curriculum télévisuel.
38:56Accro à la télévision depuis 26 ans,
38:58il en a quasiment fait
39:00un deuxième métier.
39:04Aujourd'hui, il vient rejoindre
39:06dans les studios de RTL,
39:08son vieil ami Julien Courbet,
39:10le grand défenseur des consommateurs
39:12devant l'Eternel.
39:14C'est pas moi qui ai eu la volonté de me dire
39:16il me faut absolument des avocats,
39:18j'aurais pu prendre des responsables d'associations,
39:20mais ils sont venus,
39:22ils ont su s'emparer du média,
39:24ils nageaient comme un poisson dans l'eau.
39:26Je suis intimement persuadé que nous avons
39:28rendu à la profession un service
39:30que des campagnes de publicité
39:32ou des millions d'euros à la profession
39:34ne peuvent pas réaliser
39:36de la même façon.
39:38Certains disent qu'ils se font de la pub
39:40pour leur cabinet alors qu'ils ont...
39:42Avant qu'ils vous répondent,
39:44faire de la pub, ça voudrait dire
39:46voici Maître de Comons, 24 rue
39:48Planchon à Paris,
39:50horaire d'ouverture 9h-17h,
39:52pris pour deux affaires traitées.
39:54Est-ce que vous entendez faire ça ?
39:56Je reçois un invité.
39:58C'est comme celui qui à la sortie du tribunal
40:00qui est journaliste et qui, en général,
40:02regarde bien où sont les caméras.
40:04Mon client dans cette affaire.
40:06Là, il se fait de la pub.
40:08Celui qui passe au 20h, il se fait de la pub.
40:10Celui qui passe sur France Inter...
40:12C'est parti pour deux heures de direct
40:14avec pas moins de trois avocats au micro.
40:16Chaque matin, le show radiophonique
40:18rassemble deux millions d'auditeurs
40:20et bat à plate couture tous ses concurrents.
40:22Très loin de la solennité des tribunaux,
40:24les affaires sont traitées
40:26dans la bonne humeur.
40:28C'est vraiment à Sandrine de payer, maître de commons.
40:30En aucun cas.
40:32Habituez-vous, une fois pour toutes,
40:34maître de commons, à d'abord dire bonjour
40:36et ensuite, continuez votre phrase.
40:38Premier cas, Sandrine,
40:40une auditrice se plaint
40:42d'un contrôle technique invalidé.
40:44Pot de terre contre pot de fer et grosses ficelles.
40:46Les rigidités de l'administration
40:48française sont souvent épinglées.
40:50L'Odyssée Carte Grise
40:52de la sous-confecture est ouverte
40:54du lundi au vendredi,
40:56sauf le mercredi,
40:58de 8h45 à 11h45
41:00et de 13h à
41:0215h30.
41:04Notre appel téléphonique est
41:06momentanément indisponible.
41:14L'affaire suivante est un grand classique,
41:16une histoire de pension alimentaire impayée.
41:18C'est au tour de maître
41:20Noachovitch de déployer
41:22tout son savoir-faire sur un ton péremptoire
41:24qui fait toujours un tabac.
41:26Il vous doit à ce jour
41:284400 euros qu'il refuse de payer
41:30car il dit ne plus avoir de ressources alors qu'il
41:32possède un véhicule neuf.
41:34Il vous doit combien par mois ?
41:36200 euros par mois.
41:38Ce que Madame reproche à ce monsieur
41:40c'est de lui tourner le dos.
41:42Au lieu de prendre en charge et de prendre ses responsabilités,
41:44ce monsieur se permet de ne rien régler.
41:46Il a des enfants, il doit les assumer.
41:48Valérie, nous allons donc essayer
41:50de le joindre dans quelques
41:52instants pour qu'il nous donne en tout cas
41:54sa version des faits, ce qui me semble être la moindre des choses.
41:56C'est comme dans un tribunal. Quand on plaide
41:58aux assistes, qu'est-ce qu'on fait ? On communique avec des jurés.
42:00On essaie de les convaincre.
42:06Ça marche bien ces émissions parce que
42:08d'abord ça fait pleurer dans les chômiers
42:10puis surtout on est vachement efficace
42:12parce qu'en 10 minutes c'est réglé alors que
42:14devant le tribunal d'instance il faudrait 2 ans et demi
42:16pour que ce soit réglé. Dans le meilleur des cas.
42:18Donc toutes les recettes sont là
42:20pour que ça marche. Mais c'est d'un populisme
42:22que je trouve absolument dégueulasse.
42:24Moi je trouve ça gerbé.
42:26Ils peuvent me donner 10 millions de dollars
42:28pour que j'aille...
42:30Là je refuse.
42:34Cette image vulgarisée de l'avocat
42:36continue à réunir les suffrages du grand public.
42:38Julien Courbet
42:40a voulu nous en faire la démonstration.
42:42Non, il est un peu passé.
42:44Vous tapez 2.
42:46Attention, il y a la télé. C'est parti, vous votez.
42:48Les spectateurs munis de zappettes
42:50sont appelés à juger
42:52leurs avocats fétiches.
42:54C'est un peu la star academy
42:56des avocats.
43:10Mais loin des petites affaires du quotidien,
43:12les avocats utilisent aussi
43:14les médias pour faire avancer des causes
43:16plus nobles. Par exemple,
43:18pouvoir assister son client en garde à vue
43:20dès la première heure.
43:22En cette fin d'hiver 2010,
43:24l'occasion va se présenter pour eux de porter ce combat
43:26sur la place publique.
43:28Un représentant
43:30d'un syndicat de police profère des accusations
43:32graves sur l'intégrité des avocats.
43:34L'offensive démarre avec
43:36un tract assassin, suivi d'une
43:38intervention radiophonique du numéro 2
43:40du syndicat.
43:42C'est une offensive marchande des avocats
43:44à laquelle on assiste aujourd'hui.
43:46Les avocats ne travaillent pas gratuitement.
43:48C'est pour une prestation tarifée qu'ils veulent intervenir.
43:50Vous dites que vous, c'est pour l'argent.
43:52J'étais choqué par les mots qui ont été utilisés.
43:54J'étais choqué parce que ces mots
43:56étaient des mots faits pour blesser.
43:58C'était des mots qui étaient faits pour
44:00ravaler la profession d'avocat,
44:02justement, pour dire
44:04vous n'êtes que des commerçants.
44:06Vous n'êtes que des gens qui vendez
44:08votre soupe, le reste vous en foutez.
44:10Choqués par l'attaque,
44:12les avocats portent plainte pour
44:14diffamation contre le syndicat.
44:16L'auteur des propos a réussi à trouver
44:18un défenseur. A la veille du procès,
44:20il règle sa stratégie de défense
44:22avec Thibault de Montbrial.
44:24Ils vont vouloir t'amener à la provoque.
44:26Ils vont essayer de te faire péter les plombs.
44:28Je suis sur les plateaux télé,
44:30ce n'est jamais arrivé.
44:32Vous n'êtes pas contre
44:34les avocats en garde à vue, que vous n'êtes pas...
44:36Les membres du
44:38syndicat de police que je défends
44:40dans ce dossier, étaient en campagne
44:42électorale dans le cadre des élections syndicales
44:44à la police.
44:46Le document de campagne dont on parle,
44:48ce n'était pas un document destiné au grand public.
44:50C'était un document destiné à la population policière.
44:52Mais ça reste quand même, dans le cadre d'une polémique
44:54qui, à mon avis, aurait pu
44:56nécessiter qu'on en discute
44:58tranquillement, dans un call log,
45:00dans un débat télévisé...
45:02Il y avait des tas d'autres enceintes naturelles pour en discuter
45:04que le tribunal.
45:06Mais les avocats ne l'ont pas entendu
45:08de cette oreille. L'occasion est
45:10trop belle de faire en réalité de ce procès
45:12celui de la garde à vue.
45:14On n'attaque pas
45:16les avocats impunément.
45:18Pour une petite affaire de diffamation,
45:20toute la presse est convoquée.
45:22L'artillerie lourde est de sortie,
45:24pas moins de 6 ténors du Barreau
45:26sont dépêchés.
45:30Seuls contre tous,
45:32Thibaut de Montbrial est dans une position
45:34inconfortable.
45:36Et Corinne Dreyfus-Schmidt,
45:38présidente de l'Association des Avocats Pénalistes,
45:40met l'avocat en face
45:42de ses contradictions.
45:44Si tu es membre de l'association,
45:46voilà, c'est tout.
45:48Il y a un petit conflit
45:50que tu veuilles ou non.
45:52L'un des slogans de l'association, c'est
45:54les défendre tous.
45:56C'est plus compliqué que ça.
45:58Apparemment, c'est plus compliqué que ça.
46:00L'audience est ouverte,
46:02vous pouvez vous asseoir.
46:04Trois jours de débat plus tard,
46:06l'opération de communication est réussie.
46:08Le policier Patrice Ribeiro
46:10est condamné à 1 euro symbolique
46:12pour ses propos diffamatoires.
46:14Mais surtout les avocats auront réussi,
46:16grâce aux médias, à informer le grand public
46:18sur les conditions de la garde à vue.
46:20Mieux encore, le sujet est aujourd'hui
46:22entre les mains du Conseil constitutionnel.
46:30Longtemps, les Barreaux ont formé
46:32le vivier naturel du personnel politique.
46:38Gambetta, ou Poincaré,
46:40il y a un siècle.
46:42Plus près de nous, François Mitterrand
46:44ou encore Nicolas Sarkozy,
46:46tous furent avocats.
46:48Mais depuis quelques années,
46:50la tendance s'est curieusement inversée.
46:52Explication.
46:54On voit de plus en plus de politiques
46:56devenir avocats à leur tour.
46:58Au début, c'était un étonnement amusé
47:00parce que ça devient vraiment un effet de mode.
47:02L'un des tout premiers,
47:04ça a été Noël Mamère.
47:06Mais depuis, c'est de plus en plus d'hommes politiques,
47:08avec même parfois les cas les plus étonnants.
47:10L'ancien garde des Sceaux, Rachida Dati,
47:12qui a demandé à prêter serment avec tout ce qu'elle avait dit
47:14sur notre profession, ça nous a surpris.
47:16Et flatté, bien sûr, parce que ça voudrait dire
47:18qu'elle avait enfin réalisé ses erreurs.
47:20Rachida Dati, Noël Mamère,
47:22Dominique de Villepin, Frédéric Lefèvre,
47:24Jean-François Copé,
47:26François Baroin, pour ne citer qu'eux.
47:28Tous jeunes avocats.
47:30Les cabinets recrutent ces nouveaux maîtres
47:32au carnet d'adresses bien fourni.
47:34Ce sont des métiers qui, tous les deux,
47:36sont des métiers, encore une fois,
47:38d'exposition au public.
47:40Ce sont des métiers qui ont...
47:42qui sont des métiers de pouvoir,
47:44qui sont des métiers de parole,
47:46qui sont des métiers de communication
47:48et qui sont des métiers qui
47:50ont aussi en commun
47:52la violence des soirs de victoire
47:54et la violence des soirs de défaite.
47:56Je pense que les motivations
47:58de ces gens sont doubles.
48:00Il y a ceux qui ont besoin
48:02de trouver une activité accessible
48:04et puis il y a ceux
48:06qui cherchent à exploiter
48:08la notoriété acquise
48:10dans leur activité politique,
48:12les relations qu'ils ont pu se faire
48:14et l'entre-genre
48:16que ça leur a procuré
48:18pour gagner de l'argent.
48:20Et ça, c'est tout à fait méprisable.
48:22Si la vocature
48:24devient les invalides
48:26pour des ministres
48:28qui n'ont plus
48:30la confiance de l'opinion,
48:32pourquoi pas ?
48:34Mais alors là, je voudrais mettre en garde
48:36que cela ne soit pas
48:38une occasion de faire
48:40du trafic d'influence,
48:42de jouer d'un carnet d'adresses.
48:44Est-ce qu'il faudrait
48:46que les politiques,
48:48après avoir terminé
48:50leur mandat, leur fonction,
48:52fassent tout à coup
48:54au nom de je ne sais quelle vertu,
48:56comme s'ils ne connaissaient personne
48:58et comme s'ils devenaient
49:00inutiles à la société ?
49:02Vous savez, on a l'habitude
49:04de trouver de la suspicion partout.
49:06Je crois qu'il faut être plus simple.
49:08Noël Mamère a bien voulu
49:10répondre à nos questions.
49:12Député Vert, ancien journaliste
49:14de télévision, il est inscrit
49:16au barreau de Paris depuis 2008,
49:18mais avoue une activité judiciaire
49:20bien mince.
49:22Je n'ai procédé qu'à trois plaidoiries.
49:24Elles étaient bénévoles à la demande
49:26d'une amie de confrère avocat.
49:28Je n'ai pas monnayé
49:30mon carnet d'adresses. Je ne suis pas dans
49:32un grand cabinet d'affaires.
49:34Il y a un cabinet dans lequel, par exemple,
49:36qui a été chargé de préparer
49:38la privatisation de GDF.
49:40Parlons clairement.
49:42Vous pensez à M. Jean-François Copé.
49:44Oui, je pense à lui.
49:46Mais je ne pense pas qu'à lui. Il y en a d'autres.
49:48C'est le plus voyant, le plus obscène.
49:52Malgré nos demandes répétées,
49:54ni Jean-François Copé,
49:56ni Dominique de Villepin n'ont voulu
49:58répondre à nos questions.
50:02L'intégration au barreau
50:04de ces hommes politiques fait toujours débat
50:06car il en va de la crédibilité
50:08de la profession d'avocat.
50:12Moi, j'aimerais bien que Dominique de Villepin,
50:14Rachida Dati ou Noël Mamère
50:16puissent plaider avec moi une affaire de pédophilie.
50:20Une affaire dans laquelle
50:22tous les mots du serment de l'avocat
50:24prennent une résonance.
50:28L'humanité.
50:32La dignité.
50:34Ça reste quand même
50:36un monde de combats judiciaires.
50:38C'est ça le plus important.
50:40Pour moi, oui.
50:42Sinon, je ferais autre chose.
50:44Sinon, je ferais du lobbying.