Arthur : "Si certaines de mes émissions étaient diffusées aujourd'hui, je serais en garde à vue"

  • il y a 20 heures
À 9h20, l'animateur et producteur Arthur est l'invité de Léa Salamé. Il célèbre les vingt-cinq ans du jeu "Qui veut gagner des millions ?", vient de créer un nouveau concept d'émission "10 sur 10, tu te mets combien" bientôt sur TF1, et il fête ses trente ans de carrière. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-18-septembre-2024-8507380

Category

🗞
News
Transcript
00:00Ce matin, vous recevez un animateur et producteur de télé.
00:03Bonjour Arthur.
00:04Bonjour.
00:05Merci d'être avec nous ce matin.
00:06Si vous étiez un peintre, une héroïne féminine dans l'Histoire, un champion olympique et
00:12un pays, vous seriez qui ? Vous seriez quoi ? C'est un peu long, hein ? Un peintre ?
00:16Oh là là, Egon Schiele.
00:19C'est mon peintre préféré.
00:20Il n'a pas beaucoup travaillé, il est mort très jeune.
00:24Et sa manière de peindre, de dessiner, me bouleverse à chaque fois.
00:31Parce que vous adorez l'art et l'art contemporain ?
00:34Entre autres, oui.
00:35Et surtout parce que je ne sais rien faire de mes mains, je suis incapable de dessiner
00:39même une maison, comme font les enfants.
00:40Donc vous êtes fasciné.
00:41Une héroïne féminine dans l'Histoire ? Simone Veil.
00:45Un champion olympique ? Allez aux marchands !
00:50Et si vous étiez un pays, vous seriez lequel ? La France.
00:54Pourquoi ? Parce que j'aime la France.
00:56Parce que la France m'a tout donné.
00:57Parce que je suis venu du Maroc à deux ans et que si je suis en face de vous aujourd'hui,
01:02c'est grâce à la France.
01:03Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi, disait Cocteau.
01:07Vous êtes d'accord ?
01:08Oui, tout à fait.
01:10Je n'ai jamais essayé de masquer mes défauts, mes exagérations, ma volonté d'aller vite,
01:17mon opportunisme.
01:18J'ai toujours aimé être, comme je disais à l'époque, l'animateur que l'on aime détester.
01:23Et vous pensez que vous l'êtes toujours ou non ?
01:25Je ne sais pas.
01:26Vous savez, moi maintenant, je fais partie des vieux.
01:29Ça fait 30 ans que je suis en prime time tous les vendredis soirs.
01:32C'est ce que j'allais vous dire.
01:33Le plus dur en télévision, ce n'est pas d'y arriver, le plus dur, c'est de durer,
01:35dit Michel Drucker.
01:36Il a raison ?
01:37Je crois, oui.
01:38Surtout en ce moment.
01:39Surtout dans notre époque.
01:40Une époque où il y a tellement d'offres un peu partout.
01:42C'est vrai que tenir sur la durée, j'aime bien l'idée de faire partie des derniers
01:47démoïcans de la télévision.
01:50Alors vous fêtez vos 30 ans de télé et vous ressuscitez pour l'occasion une émission
01:54culte de la télé.
02:01Qui veut gagner des millions ?
02:04Présenté pendant longtemps par Jean-Pierre Foucault, le jeu à 25 ans, vous allez proposer
02:08deux soirées spéciales de « Qui veut gagner des millions ? » ce vendredi et le vendredi
02:12prochain.
02:13Vous les avez tournées au Dôme de Paris devant un public de 2500 personnes avec plein de
02:17personnalités.
02:18Florence Foresti, Laurent Ruquier, Paul Mirabelle, Léa Salamé.
02:21Oui, j'ai participé avec Philippe Cavre-Iviard parce que c'est pour une association.
02:25En fait, l'argent gagné va à une association.
02:28Et vous en parlez de ce jeu iconique comme d'un format très dark, très froid.
02:34Pourquoi le ressusciter aujourd'hui ? Vous aviez envie d'être Jean-Pierre Foucault ?
02:38Non, pas du tout.
02:40D'abord, c'est un bonheur de m'asseoir dans le fauteuil de Jean-Pierre qui est un
02:44ami.
02:45D'ailleurs, je l'ai appelé avant même de prendre cette décision.
02:47Mais en fait, quand je dis très dark, très froid, c'est que ça met les couples candidats.
02:52Vous étiez avec Philippe Cavre-Iviard, une espèce d'angoisse et de stress qui fait
02:57que même une question hyper facile devient compliquée à gérer dans le cerveau.
03:01Je l'ai vu avec vous.
03:02C'est sur les questions les plus faciles que vous étiez en panique avec Philippe Cavre-Iviard.
03:06Oui, parce qu'on a peur de ne pas savoir les questions les plus simples et de se vautrer
03:11devant des millions de gens.
03:12Ce qui est étonnant, c'est que c'est la seule émission dans un monde où la télé
03:16n'est pas assez bruyante, mais où il y a de la vie et ça bouge, où les silences
03:20comptent énormément.
03:21J'ai adoré m'arrêter de parler et vous regarder et vous vous disiez « mais qu'est-ce
03:26que je suis en train de faire ? Je me suis trompé de réponse ? » alors que je faisais
03:28juste ce que vous regardiez.
03:29Et vous nous induisez en erreur aussi.
03:31C'est-à-dire qu'avec vos… Non, non, mais c'est un jeu très pervers.
03:35C'est pour ça, je pense, qu'il marche.
03:37D'ailleurs, l'inventeur anglais avait dit à Jean-Pierre Foucault à l'époque « moins
03:40tu parleras, mieux ça marchera ».
03:42Exactement.
03:43Et puis aussi, c'est le seul jeu de la télévision française où vous avez le temps que vous
03:47désirez pour répondre.
03:48Il n'y a pas de chronomètre.
03:49Oui, c'est un jeu où ça casse les codes du jeu télé habituel où il y a un chronomètre.
03:54Alors, on l'a rendu un peu plus jovial, au Dôme de Paris, avec des effets, avec de
03:58la lumière et tout.
03:59Mais on reste dans cette mécanique…
04:01Dure.
04:02Pas dure.
04:03Mais moi, le principe aussi, et c'est jouissif, c'est de torturer… Quand je suis arrivé
04:08sur le plateau, le matin, je me suis dit « je vais torturer Léa Salamé ». Pour
04:11une fois, c'est elle qui va subir.
04:13Je vous confirme.
04:14Et je peux vous dire, rien que pour ça, chers auditeurs de France Inter, regardez Léa Salamé,
04:20Philippe Cavalière, qui n'en m'était pas large non plus !
04:22Non, on était… Tout le monde était tétanisé.
04:24Mais vous avez fait un beau parcours.
04:25On verra.
04:26Il faut dire que… Pas trop… Il faut dire que vous y avez participé comme invité,
04:32beaucoup, souvent.
04:33Celle-là, c'était avec Élie Sémoune.
04:36Question 4 à 6000 euros, Arthur.
04:39Là voici.
04:40En compétition, quels doigts ne mettons pas dans les trous de la boule de bowling ?
04:46Qu'est-ce que c'est que cette question ?
04:48Qu'est-ce que c'est que cette question ?
04:49C'est une question… Imaginez que vous avez une compétition à faire, vous n'allez
04:53pas mettre n'importe quels doigts n'importe où.
04:55C'est trois doigts.
04:56Le pouce.
04:57C'est trois trous, je veux dire.
04:58Je ne sais pas.
04:59Tu n'as jamais joué au bowling.
05:00Le majeur.
05:01L'annulaire.
05:02L'index.
05:03L'auriculaire.
05:05D'abord, c'est quoi l'annulaire, tout ça ?
05:07Il faut qu'on se remette.
05:08Le pouce, c'est ça.
05:09L'annulaire, c'est un bouquin où il y a tous les numéros.
05:14C'est aussi très drôle, il y a aussi des…
05:16Alors, on rit beaucoup.
05:17En fait, dans la première partie de chaque duo, on rit parce que les questions sont
05:21assez faciles et prêtes à rire.
05:22Et puis après, ça devient très très sérieux.
05:24Il y a une espèce de dramatique qui monte.
05:25Et comme je le disais, par exemple, cette question, elle est toute bête.
05:28On a gambergé pendant…
05:30Trois heures.
05:31Trois heures avant de donner la réponse.
05:32Pourquoi faut-il que la télé recycle toujours les concepts d'avant au lieu d'inventer
05:38de nouveaux concepts, de nouvelles émissions ?
05:40C'est la faute des patrons de chaîne qui sont frileux ou des téléspectateurs qui
05:44n'aiment pas la nouveauté ?
05:45Alors, moi, je suis la mauvaise personne parce que je suis le producteur, pas l'animateur,
05:49mais le producteur qui propose le plus de nouveautés.
05:51Cette année, je vais lancer deux nouveaux formats sur TF1.
05:54On en lance sur toutes les chaînes.
05:55Donc, je ne crois pas qu'il y ait une frilosité des chaînes.
05:57C'est simplement qu'on ne va pas se mentir.
05:59Depuis 50 ans, ce sont les mêmes recettes qui se réactualisent et qui se remettent
06:04au goût du jour.
06:05Vous regardez The Voice, c'est la version moderne des télé-crochets d'il y a 40 ans.
06:09Donc, à part la télé-réalité qui était une vraie nouveauté qui est arrivée à la
06:14télévision, tout ce que vous voyez a déjà existé.
06:16Et le fait qu'il y ait un revival en ce moment de ces jeux cultes, c'est aussi parce
06:20qu'il y a peut-être une nostalgie.
06:23Et c'est vrai qu'aujourd'hui, quand je présente Qui veut gagner les millions ?
06:26Eh bien, il y a des mômes qui, il y a 20 ans, n'avaient jamais entendu parler de
06:30Qui veut gagner les millions.
06:31Donc, leurs parents sont contents de retrouver le programme et eux le découvrent.
06:34Donc non, je ne crois pas qu'il y ait de volonté de ne pas avoir plus de nouveautés.
06:39Le public aime la nouveauté.
06:40Par contre, c'est très difficile à imposer parce qu'il y a énormément de propositions.
06:45Entre les centaines de chaînes de télé et les plateformes, c'est compliqué de
06:49faire émerger quelque chose.
06:50Qu'est-ce qu'aurait été votre carrière sans votre rencontre, Arthur, avec Stéphane
06:54Courby, qui est aujourd'hui sans doute le premier producteur français, je crois même
06:59mondial.
07:00Je crois qu'il est numéro un dans le monde.
07:02Si vous ne l'aviez pas rencontré, quelle aurait été votre destinée sans lui ?
07:08Et s'il ne m'avait pas rencontré, quelle aurait été sa destinée sans moi ?
07:12Non mais c'est vrai, vous venez tous les deux de milieux modestes.
07:15Vous aviez tous les deux envie d'y arriver.
07:18Il y a quelque chose à raconter, vous et lui, non ?
07:21Écoutez, on s'est connus, on s'est fait virer le même jour.
07:25Et je pense que nous étions un binôme assez complémentaire.
07:28Moi, je suis très focus sur la création.
07:31On va dire qu'on était un peu comme ma flelou.
07:33Moi, je créais les collections et lui, il ouvrait les boutiques.
07:35Et ça s'est très, très bien passé.
07:37Et voilà, on a créé la première société de production française.
07:40Après, il est parti vers des horizons mondiaux et c'est un énorme succès.
07:45Moi, je reste toujours l'un des premiers producteurs de France et ça me va très bien.
07:49Vous préférez être producteur ou animateur ?
07:52Les deux.
07:53L'avantage, c'est que je suis moins à l'antenne ces dernières années.
07:56Donc, je prends beaucoup plus de plaisir qu'à l'époque où j'étais tous les vendredis soirs.
08:00Et en tant que producteur, c'est génial parce que que ce soit de fiction ou de télévision,
08:04on part d'une idée et puis quand on la voit aboutir et qu'elle se vend dans le monde entier,
08:08on se dit qu'on a fait une aventure rebelle.
08:10Vous êtes le producteur français qui vendez le plus de concepts au monde entier,
08:14qui reprennent dans le monde arabe, en Amérique latine, les concepts que vous avez inventés.
08:18Il y a le Arthur télé, il y a le Arthur producteur.
08:21Et puis au début, il y avait le Arthur plus provocateur, plus fou, à la radio, sur Fun,
08:26autoproclamé l'animateur le plus con de la bande FM.
08:37L'idée même que ça passe sur France Inter, cet extrait, me réjouit.
08:41Je vous dis franchement, on pourrait arrêter l'émission maintenant.
08:44Je vous le dis tout de suite.
08:46Quelle époque !
08:47Il ne vous manque pas le Arthur de l'époque, transgressif, qui allait toujours plus loin ?
08:52C'était une époque. C'était une époque, c'était une époque.
08:55N'oubliez pas, il n'y avait que ça. Il n'y avait la radio et rien d'autre.
08:58Il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas Youtube, il n'y avait rien.
09:00Il y avait la télé quand même.
09:01Oui, il y avait la télé, mais la télé c'était trois chaînes.
09:03Et puis il y avait déjà la télé des gens brillants comme les nuls.
09:07Il y avait des provocateurs comme Ardisson, il y avait Dechavanne.
09:10C'est cette espèce de moment où on avait l'impression qu'il y avait un vent de fraîcheur dans la déconne.
09:17Et moi, je me suis glissé dedans par la radio.
09:20Et d'ailleurs, j'ai réécouté quelques-unes de mes émissions.
09:22Si elles étaient divisées aujourd'hui, je pense que je serais en garde à vue à la fin du programme.
09:25Mais ça, c'est certain.
09:26Mais oui, c'est une autre époque.
09:28Je ne suis pas de ceux qui disent que c'était mieux avant.
09:31C'était différent. Je m'y suis beaucoup amusé.
09:33Ça a duré 20 ans.
09:35Vous disiez que la radio est une drogue.
09:37Je suis beaucoup plus addict que la télé.
09:39Et finalement, vous en avez moins fait ces dernières années.
09:42J'ai arrêté depuis 10 ans.
09:44Vous me croirez ou pas.
09:46Si vous voyez François qui est ma collaboratrice, mon attaché de presse,
09:49quand je vais sortir, je vais dire « Ah putain, ça donne envie de refaire de la radio ».
09:51A chaque fois que je suis devant un micro,
09:53c'est comme si je peux revenir à une espèce de chute d'adrénaline,
09:56de relation avec l'auditeur.
09:59Pourquoi ? Parce qu'il y a une authenticité qui n'est pas en télé ?
10:01Parce que la radio a su se passer des images.
10:03Même si je suis très en colère que vous filmiez tout.
10:05Le principe de la radio, ce sont des voix.
10:07Mais maintenant, pour des raisons qui m'échappent, on filme tout.
10:09Mais la radio a su se passer des images et donc on fait travailler l'imaginaire.
10:13Et en plus, la radio, c'est un média égoïste.
10:15C'est-à-dire qu'on n'écoute pas à plusieurs la radio.
10:17Chacun est dans sa voiture, dans sa chambre, avec son casque.
10:20Donc il y a une relation particulière avec l'auditeur
10:22qu'on n'a pas avec le téléspectateur.
10:24Donc vous pourriez revenir un jour à la radio ?
10:26Écoutez, je lance un appel à la direction de France Inter.
10:29Voilà, c'est fait.
10:30À l'origine, le...
10:31Dites donc, encouragez-le mon appel.
10:33J'encourage.
10:34Ce serait une bonne idée. Qu'est-ce que vous en pensez ?
10:38Et je pense que j'ai ma place sur France Inter.
10:42À l'origine, le gamin né à Casablanca, d'une famille juive marocaine
10:45qui arrive en France à l'âge de 2 ans.
10:46Il rêve de quoi à 15 ans ?
10:47Être célèbre ?
10:48Faire de l'argent ?
10:49Absolument.
10:50Exister ?
10:51Il y a un besoin de reconnaissance ?
10:52C'est quoi ?
10:53Écoutez, moi déjà, j'ai grandi en région parisienne à 15 km de Paris, à Massy.
10:58Et pour moi, l'objectif de ma vie, c'était d'aller à Paris.
11:00Vous imaginez un peu.
11:01Il y avait 45 minutes d'erreur.
11:03Mais pour moi, ma vie, c'était Paris.
11:05Et petit à petit, je me suis construit et je suis tombé dans le bain des radios libres
11:09quand Mitterrand a légalisé la bande FM.
11:12Et c'est comme ça que ma vie a démarré.
11:14Vous avez commencé à Massy Radio ?
11:16Radio Massipal.
11:17Voilà, c'est ça.
11:18Et donc pour moi, c'était cette espèce de liberté.
11:21Je ne pensais pas du tout à l'époque à l'argent.
11:24Et encore moins à la gloire.
11:26Je pensais juste à m'amuser.
11:27Et on nous avait donné un terrain de jeu extraordinaire.
11:30Il y a quand même eu chez vous un besoin de reconnaissance, non ?
11:33Presque pathologique ?
11:34Oui, oui.
11:35Il est comblé ce besoin de reconnaissance ou il est encore là ?
11:38Ce n'est plus un besoin.
11:40Je ne vous cache pas que j'étais très ému quand on m'a remis la Légion d'honneur.
11:45J'avais l'impression qu'on reconnaissait peut-être un peu le petit peu que j'avais fait.
11:50Mais non, je ne suis plus en quête de reconnaissance.
11:55J'étais très demandeur parce que comme je n'ai pas fait d'études,
11:59j'avais ce complexe-là, un complexe terrible.
12:02Quand je faisais une interview, on me parlait d'auteurs que je n'avais pas lus.
12:05Et puis j'ai comblé ça par moi-même.
12:06Et puis finalement, je me suis fait mon petit bonhomme de chemin, tranquille.
12:11Vous avez souvent dit que votre père et votre mère étaient le moteur de votre vie.
12:15Personne n'a idée de l'exigence suprême d'une mère juive, avez-vous dit.
12:18Vous disiez aussi dans un portrait libé dans ma famille, on ne parlait pas beaucoup.
12:21Il y avait une pudeur terrible.
12:23Oui, encore aujourd'hui.
12:26On parle peu.
12:29J'ai eu des parents qui ne se racontaient pas.
12:32Je n'ai pas souvenir d'avoir vu mon père donner la main à ma mère.
12:35Ça ne voulait pas dire qu'il ne s'aime pas.
12:37Mais il y avait une vraie pudeur, une vraie pudeur.
12:39Peut-être la pudeur marocaine en tout cas.
12:41Et c'est vrai que c'est difficile quand on a une mère marocaine.
12:44Il faut s'imposer.
12:47Il faut s'imposer.
12:48Mais j'ai eu la chance d'avoir une maman fantastique qui m'a poussé.
12:51Et avec vos enfants, vous parlez davantage ?
12:53Moi, s'il y a un jour, on ne s'est pas dit je t'aime,
12:55on vous fait un gros bisou, c'est que je suis en voyage.
12:58Pour durer à la télé, Arthur, est-ce qu'il faut dire ce qu'on pense vraiment ou surtout pas ?
13:03Je crois qu'il faut être soi-même.
13:05Être soi-même, ça ne veut pas dire dire ce qu'on pense, mais être soi-même.
13:07Ne pas rentrer dans la peau d'un personnage.
13:09Je vous demande ça parce que vous vous êtes exprimé depuis un an,
13:11depuis le 7 octobre, et que ça a fait énormément de bruit.
13:14D'abord chez Sonia De Villers à 7h50,
13:17quelques semaines après le 7 octobre,
13:19où vous aviez dit que les Français juifs ne se sont jamais sentis aussi seuls.
13:23Et puis ensuite, sur les réseaux sociaux,
13:25on vous a vu sortir, pour la première fois sans doute,
13:28de votre neutralité d'animateur lisse, vous ne l'avez jamais été,
13:33mais enfin d'animateur qui ne dit pas trop les choses,
13:35qui n'intervient pas trop. Pourquoi ?
13:37Est-ce qu'à un moment, c'était plus fort que vous ?
13:40C'était d'abord plus fort que moi,
13:42et quand même le danger était là.
13:46J'ai senti arriver cette montée terrible de l'antisémitisme après le 7 octobre.
13:52Et les chiffres le prouvent aujourd'hui.
13:55Donc je ne sais pas, je dois vous dire que moi-même,
13:58parfois je me suis surpris à prendre des prises de position,
14:01mais c'est aussi peut-être parce que j'ai 58 ans,
14:03peut-être que parce que je n'ai plus rien à prouver dans mon métier,
14:06et que je suis arrivé à un moment de ma vie
14:11où quand je lève le matin et que je me regarde dans le miroir,
14:13je veux être la personne, la vraie bonne personne.
14:15Et moi aujourd'hui, je m'exprime, mais pas uniquement sur ce sujet-là,
14:18comme je me suis exprimé sur l'Arménie, sur l'Afghanistan, sur les femmes en Iran.
14:23Mais c'est ça, je vous vois sortir.
14:25Mais est-ce que les patrons de TF1 vous disent attention à ton public ?
14:31Parce qu'il y a toujours cette crainte des patrons de chaîne de dire attention,
14:34clivez, trop clivez le public.
14:36Je dois reconnaître qu'aucun patron de chaîne,
14:39aussi bien de TF1 ou les autres chaînes sur lesquelles je produis,
14:41ne m'a parlé de ça.
14:43Peut-être qu'ils se sont en interne posé la question, j'en sais rien.
14:46Bon, il y a eu des appels au boycott de mes programmes,
14:48j'ai fait plus de 20% cette année.
14:50Continuez à boycotter mes émissions s'il vous plaît.
14:52Michel Azanavicius a écrit dans une tribune du Monde
14:55« Pourquoi depuis quelques temps, moi qui suis juif entre autre chose,
14:59qui n'en a jamais vraiment eu rien à foutre,
15:01j'ai l'impression d'être de plus en plus obligé d'être juif,
15:03de réagir en tant que juif, de penser en tant que juif,
15:05en gros d'être juif avant tout,
15:07et pourquoi j'ai le sentiment que les juifs sont les ennemis les plus cools à détester ? »
15:11Vous en avez pensé quoi ?
15:13Moi j'ai trouvé cette tribune admirable,
15:15et j'ai hâte de voir le film d'animation qu'il a fait justement,
15:18qui est une magnifique histoire.
15:20C'est vrai qu'aujourd'hui il y a peu de personnalités de la communauté juive qui s'expriment,
15:25ce qui fait qu'on a l'impression qu'il n'y a pas de paroles
15:29et de prises de position pour défendre la communauté.
15:32Pourquoi ils ne parlent pas ?
15:33Je pense que d'abord chacun est libre de faire ce qu'il veut,
15:35mais je pense qu'il y a à la fois de la peur,
15:39de l'angoisse, du stress.
15:41J'ai beaucoup d'amis dans le cinéma français qui sont terrorisés
15:43à l'idée de prendre des positions.
15:45En ce moment ce qu'il se passe c'est terrible.
15:47C'est pas funky d'être juif dans ce pays.
15:49Mais bon je ne veux pas être...
15:51Chaque fois que je dis ça on me dit « ah mais il se victimise »
15:53mais pas du tout, c'est un fait.
15:55Il faut qu'on l'ouvre, il faut qu'on se défende,
15:57il faut qu'on réponde.
15:59Aujourd'hui vous avez des partis politiques qui ont pignon sur rue
16:01et qui déferlent leur antisémitisme au quotidien.
16:03On ne peut pas laisser faire, il faut répondre.
16:05Et ça vous répondez sur les réseaux sociaux par exemple,
16:08ça vous arrive d'interpeller la France Insoumise pour ne pas la citer.
16:11Vous y allez, c'est là où je dis.
16:13Est-ce qu'ils regrettent parfois de se mettre en avant comme ça ?
16:16Ou est-ce qu'il est centré sur ses positions ?
16:20Il n'y a aucun regret parce que je pense qu'aujourd'hui
16:22nous jouons au travers de cette guerre terrible
16:25qui fait tellement de morts aussi bien en Israël
16:28que dans les territoires de Gaza.
16:30On ne peut pas se mentir, c'est un cauchemar.
16:33Il y a un moment, moi j'ai eu la chance d'avoir 7 millions de personnes
16:37qui me suivent sur les réseaux.
16:38C'est pour ça que je ne fais quasiment plus d'interviews.
16:40J'ai fait la vôtre et une hier et j'en ferai plus d'autres.
16:44Il y a un moment où il faut dire les choses.
16:46Et moi je ne supporte pas la désinformation, les fake news
16:51et j'essaie d'être le plus objectif possible.
16:53Maintenant ce n'est pas mon métier, je suis un entertainer.
16:55Mais divertir la France, ça ne veut pas dire ne pas avoir une opinion
16:58et ne pas avoir un cœur et avoir une sensibilité.
17:01Moi j'ai de l'empathie et j'ai besoin de l'exprimer en ce moment.
17:04Comme l'a fait Michel Azaménissus, comme l'a fait Yvan Attal,
17:07comme le font plein d'autres.
17:08Mais le problème de l'antisémitisme, ce n'est pas le problème des Juifs.
17:11Ce n'est pas à nous de régler ce problème.
17:13Les Impromptus, pour terminer, quelques questions courtes.
17:16Vous répondez rapidement s'il vous plaît Arthur.
17:18L'argent fait-il le bonheur ?
17:20Non, mais c'est sympa quand même.
17:23Oui, vous n'allez pas me dire le contraire.
17:25Oui, mais on vaut mieux déprimer dans une belle voiture que dans le bus.
17:29Vous êtes toujours hypochondriaque et maniaque.
17:31Oui, d'ailleurs il y a quelqu'un avec un masque là.
17:33Je suis très angoissé dans le couloir.
17:35Ah oui, elle est malade, c'est notre head chef.
17:38Vous voyez un successeur aujourd'hui ?
17:40Dans quel domaine ?
17:42À la télé.
17:43Bien sûr, il y en a plein.
17:46Cyril Féraud par exemple, c'est un type fantastique.
17:49Je suis moins trendy qu'avant.
17:52Vous ne buvez pas, vous ne fumez pas, vous avez des vices ?
17:55Oui.
17:57Le sexe ?
17:58J'aimerais bien. Vous voulez qu'on en parle après l'émission ?
18:01Non.
18:02Non, non, je n'ai pas de vices.
18:04Si, le chocolat, comme tout le monde.
18:06Instagram ou Twitter ?
18:09C'est une bonne question, Instagram.
18:11Non, X, je déteste.
18:13CNews ou BFM ?
18:15BFM.
18:16La dernière fois que vous avez pleuré ?
18:18Le week-end dernier.
18:20La psychanalyse, vous avez essayé ?
18:22Oui, toujours.
18:25Et Dieu dans tout ça ?
18:28Moi, je suis quelqu'un de croyant.
18:30J'ai hâte d'avoir un petit tête-à-tête avec lui.
18:34C'est votre dernier mot ?
18:35C'est mon dernier mot, Léa.
18:37Si vous voulez gagner des millions, c'est ce vendredi et vendredi prochain sur TF1.
18:40Ne ratez pas, Léa Salabé.
18:42Non, ne ratez pas parce que je pense que ça va être un bon moment pour votre équipe qui va enfin pouvoir vous charrier.
18:47Oui, ça c'est sûr, je suis ridicule de bout en bout.
18:49Mais non !
18:50Merci.
18:51Je note.
18:52Je vais regarder.
18:53C'est donc ce vendredi sur TF1, prime time.
18:55Merci Arthur, belle journée à vous.

Recommandée