Lutter contre l’errance médicale des patientes femmes en améliorant leurs parcours de soins : c’est ce que propose Clémence Lejeune, cofondatrice de Sorella Care. Elle explique à quelle problématique répondent ses centres pluridisciplinaires dédiés à la santé des femmes.
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00:00Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux startups éco et socialement responsable avec Clémence Lejeune. Bonjour.
00:13Bonjour Thomas.
00:14Bienvenue, vous êtes cofondatrice de Sorella Care créée en 2022 avec Jeanne Theret et Youssef Benadou. Présentez-nous l'entreprise, c'est quoi Sorella Care ?
00:22Alors Sorella, nous sommes des espaces de santé pluridisciplinaires experts de la santé de la femme, donc dédiés aux femmes.
00:29Pluridisciplinaire, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est une équipe d'une trentaine de professionnels de santé rassemblés dans un même lieu et donc qui sont vraiment experts du corps de la femme.
00:38Donc des gynécologues, des médecins généralistes, des sages-femmes, des kinésithérapeutes, ostéopathes, psychologues, diététiciens, tous rassemblés et qui travaillent main dans la main,
00:47donc de façon coordonnée en pluridisciplinaire grâce à une infirmière de coordination qui est le pivot de cette équipe.
00:54Je vais poser volontairement une question machiste, mais pourquoi il y a besoin de centres dédiés aux femmes ?
00:58Parce que le corps de la femme fonctionne de façon spécifique, il y a beaucoup beaucoup de chiffres qui nous le montrent et l'accompagnement des femmes en ville comme à l'hôpital,
01:06dans leur santé en général, est très fragmenté. On a 60% des femmes qui abandonnent un parcours de soins.
01:12On a 50% des femmes, selon une étude d'OpinionWay, qui ne savent pas vers quel professionnel se tourner lorsqu'elles ressentent un symptôme.
01:19C'est ce qu'on appelle l'errance médicale notamment ?
01:21L'errance médicale, des diagnostics qui peuvent prendre beaucoup de temps, des symptômes qui pour elles semblent normaux puisque ça fait des années qu'elles les ressentent, qui ne sont en fait pas normaux.
01:30Mais ça c'est spécifique aux femmes, elles souffrent plus de cette errance médicale que les hommes ?
01:35Prenons par exemple une phase de vie spécifique à la femme qui est la ménopause. La ménopause c'est un temps de vie que toutes les femmes vont traverser, ce n'est pas une option.
01:43Pendant cette période de vie, les hormones sont modifiées, l'équilibre hormonal est modifié. L'équilibre hormonal, ça touche à plein d'organes, plein de parties du corps.
01:52Le cœur, les os, évidemment la fertilité, le métabolisme, la santé émotionnelle, la santé mentale.
01:58Donc typiquement, un moment de vie comme ça que les femmes traversent, on a besoin d'avoir une approche 360 de la santé avec tous ces professionnels en pluridiscipline.
02:07Et donc vous proposez un parcours de soins spécifique sur cette question de la ménopause, c'est ça ?
02:11Exactement. Maintenant qu'on a cette structure de Sorella, la ménopause était un moment de vie qui nous semblait vraiment clé à aborder.
02:18Et donc c'est par cela que nous avons commencé, premier parcours que nous lançons, nous avons lancé cet été.
02:22Et donc le parcours de soins pluridisciplinaire pour la ménopause, c'est une femme qui va chez le gynécologue, peut-être une cinquantaine d'années, qui vient faire un frottis pour un dépissage classique.
02:32Et puis chez Sorella, la gynécologue va lui poser des questions, va prendre le temps par exemple de la question de la sécheresse vaginale.
02:38Et puis cette femme va effectivement dire oui, j'ai une sécheresse vaginale.
02:42Et c'est ce moment-là qu'elle va être fléchée par la gynécologue mais aussi par l'infirmière de coordination vers d'autres professionnels qui sont chez Sorella.
02:50La kinésithérapeute, la psychologue, la diététicienne.
02:54Donc là, il y a une concentration des praticiens, on l'a bien compris, dans un lieu. Il y en a plusieurs en France. Vous en êtes où de votre développement ?
03:02Alors c'est le premier Sorella qui a ouvert l'année dernière à ici les Moulinots. On ouvre un deuxième dans un mois à Angers, sur Seine.
03:08Donc on est vraiment en Ile-de-France. On est en train de quadriller l'Ile-de-France. On a une forte ambition, une douzaine d'espaces d'ici 2026.
03:14Et puis on continue à développer d'autres parcours de soins, donc sur la fertilité, la puberté, le post-cancer et d'autres moments de vie ou d'autres pathologies.
03:24Je voudrais quand même revenir sur l'errance médicale et la spécificité féminine parce que je lisais qu'il y a quand même pas mal de médicaments qui sont testés d'abord.
03:34Alors c'était très vrai il y a une dizaine d'années, ça l'est peut-être un peu moins aujourd'hui, mais d'abord pour les hommes, sur les hommes et qu'il y a quand même une sorte de décalage ou d'inégalité en la matière.
03:44C'est moins vrai ? C'est toujours vrai ?
03:46C'est toujours très vrai. Le mot inégalité est le bon mot. On a vraiment une différence dans la recherche, vous l'avez cité.
03:54Les femmes ont été exclues de nombreuses recherches, de nombreux tests de médicaments, mais aussi de plein d'autres traitements.
04:01C'était trop compliqué. Une femme, chaque jour du mois, elle est différente, son corps change, donc c'est vrai que ça rajoute de la complexité dans des analyses, dans des recherches.
04:09Donc la femme a été vite exclue. Les effets secondaires souvent testés chez les hommes, les quantités de médicaments qui sont prescrits souvent testés chez les hommes.
04:18Est-ce qu'on a tous besoin de la même quantité de médicaments alors que notre métabolisme est très différent ?
04:24La réponse est dans la question.
04:27Et l'accompagnement, les moments de vie, la puberté très différente chez l'homme et la femme par exemple.
04:32Ça veut dire que ce sont des enjeux de santé publique qui ne sont pas suffisamment pris en compte par l'État et auxquels vous répondez finalement ?
04:37C'est un enjeu de santé publique, ça c'est sûr. Un enjeu qu'il faut vraiment prendre à bras-le-corps.
04:41Aujourd'hui, toute la communauté médicale, la communauté scientifique et même la communauté de santé publique s'accordent à dire qu'il faut faire quelque chose.
04:49Des actions sont prises et avec Sorella, on s'inscrit vraiment en complémentarité de ce qui est fait aujourd'hui pour travailler main dans la main avec l'écosystème local.
04:57Donc toutes les institutions de santé, les hôpitaux et tous les médecins qui travaillent aujourd'hui sur ce sujet.
05:04Merci beaucoup Clémence Lejeune et bon vent à Sorella.
05:07Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact. Je voudrais remercier Cyriel Chazal et Alexis Mathieu qui sont en charge de la programmation et de la production.
05:15J'avais deux réalisateurs aujourd'hui, Romain Luc pour le début et Angèle Georges Girard pour la suite.
05:22Et puis au son, c'était Thibault Goury-Lafond. Salut !