Faut-il considérer l’inflation comme un problème du passé maintenant que la crise énergétique est derrière nous ? Une crise commencée il y a 30 mois avec l’invasion de l’Ukraine, en février 2022. Tout s’était alors emballé. En quelques mois à peine, les prix du gaz et de l'électricité avaient été multipliés par 10, entraînant une valse des étiquettes pour les particuliers comme les entreprises. Aujourd'hui, le fioul, le gazole et le sans-plomb sont moins chers qu'à l’époque, et le prix du gaz sur les marchés internationaux est deux fois moins élevé, comme celui du mégawatt. Le soufflé est retombé, les prix à la consommation de l’énergie sont rentrés dans le rang. Comme c’étaient eux qui avaient mis le feu aux poudres, l’histoire semble terminée. La preuve : que ce soit en zone euro ou en France, l’inflation des prix est désormais proche de la cible fixée par la Banque centrale, ce qui a d’ailleurs permis à l’institution de Francfort de desserrer une première fois son étreinte sur les taux en juin dernier. [...]
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00:00Faut-il considérer l'inflation comme un problème du passé, maintenant que la crise énergétique est derrière nous ?
00:15Une crise commençait il y a 30 mois avec l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
00:20Tout s'était alors emballé.
00:21En quelques mois à peine, les prix du gaz et de l'électricité avaient été multipliés par 10,
00:26entraînant une valse des étiquettes pour les particuliers comme les entreprises.
00:31Aujourd'hui, le fuel, le gazoil et le son plomb sont moins chers qu'à l'époque
00:35et le prix du gaz sur les marchés internationaux est deux fois moins élevé que celui du MW.
00:41Le soufflet est retombé, les prix à la consommation de l'énergie sont rentrés dans le rang
00:45et comme c'était eux qui avaient mis le feu aux poudres, l'histoire est terminée.
00:49La preuve, que ce soit en zone euro comme en France,
00:52l'inflation des prix est désormais proche de la cible fixée par la Banque centrale,
00:56ce qui a d'ailleurs permis à l'institution de Francfort de desserrer une première fois son étreinte sur les taux en juin dernier.
01:03Pourtant, tout n'est pas gagné.
01:05L'étude sur les 20 dernières années du cycle des prix après un choc sur les matières premières révèle une même séquence.
01:11Elle se déroule en trois actes.
01:13Le premier, l'afflamblée des cours des matières premières,
01:16plus particulièrement de l'énergie et de l'alimentaire, provoque un choc inflationniste.
01:21L'inflation générale passe alors au-dessus de l'inflation hors énergie et aliments non transformés, c'est-à-dire l'inflation sous-jacente.
01:28Ce schéma s'est répété à quatre reprises ces 20 dernières années.
01:32Chaque envolée des matières premières a ainsi tiré la hausse générale des prix au-dessus de l'inflation sous-jacente.
01:38Le deuxième acte, c'est celui du reflux des prix de l'énergie et de l'alimentation,
01:42qui pousse cette fois-ci l'inflation totale en-dessous de l'inflation sous-jacente.
01:48Cette deuxième phase s'est également reproduite quatre fois depuis le milieu des années 2000.
01:52Mais c'est un effet de base transitoire.
01:54Une fois disparue, l'inflation totale remonte au niveau de l'inflation fondamentale.
02:00Ce troisième acte se joue actuellement en zone euro et en France.
02:04L'inflation sous-jacente donne donc la bonne température de la hausse des prix
02:08et la détermination de sa trajectoire est fondamentale pour anticiper l'inflation générale.
02:14C'est la seconde étape de l'analyse.
02:16Deux vents opposent sa fronte aujourd'hui.
02:18D'un côté, il y a les forces déflationnistes qui travaillent les prix des produits manufacturés.
02:23C'est notamment la conséquence de la déflation venue des produits importés de Chine.
02:27Souffrant de surcapacités de production, particulièrement dans l'acier, l'automobile,
02:31le matériel pour la transition énergétique, cellules photovoltaïques, éoliennes, etc.,
02:37les industriels chinois cassent les prix.
02:39De l'autre, il y a la résistance des prix des services,
02:41autour de 4% en Europe comme en France, en répercussion de la hausse du coût salarial.
02:47La question clé devient alors la suivante.
02:49Est-ce le recul de l'inflation manufacturière qui va entraîner un ralentissement des salaires,
02:54des prix des services et de l'inflation sous-jacente ?
02:56Ou bien est-ce le maintien à haut niveau des hausses des prix dans les services
02:59qui va entraîner la persistance de fortes progressions salariales
03:03et dans leur signage, celle d'une inflation élevée ?
03:07L'analyse sur longue période montre que des deux branches de l'alternative,
03:11c'est la seconde qui, historiquement, se vérifie.
03:14La hausse des prix des services détermine l'inflation sous-jacente à moyen terme
03:18et elle reste nettement plus élevée que la hausse des prix des produits manufacturés.
03:22Et dans les services, ce sont les salaires qui font les prix.
03:26Il faut donc regarder du côté du marché du travail.
03:28Le taux de chômage est à un plancher, mais le taux de postes non pourvus tend à diminuer,
03:33signe que les tensions en matière de recrutement deviennent moins vives.
03:37Ces différentes informations sont résumées dans l'évolution du coût horaire du travail
03:41dont la progression ne finit pas réellement.
03:44L'inflation dans les services va rester forte à court terme.
03:47Alors non, l'inflation n'est pas définitivement vaincue.