Avec Christophe Eoche-Duval, haut fonctionnaire, Auteur de “Le prix de l'insécurité : Enquête sur une défaillance d'État” (éditions Eyrolles)
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NewsTranscription
00:009h-10h, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face, il est 9h30 jusqu'à 10h sur Sud Radio.
00:09Et vous n'oubliez pas, Radio Libre, vous pouvez également vous exprimer au 0826-300-300
00:14et réagir par exemple sur ce livre et ce que va nous dire Christophe Eoche Duval.
00:21J'ai dit Eole tout à l'heure. Eoche Duval, c'est bien ça.
00:24C'est pas le lieu des vents. J'essaie de moins brasser de vent, mais bon, et plus d'être concret.
00:30Vous êtes haut fonctionnaire, vous avez écrit Le prix de l'insécurité, enquête sur une défaillance d'Etat.
00:37Alors c'est toute l'insécurité que vous mettez en évidence.
00:40C'est du petit vol à la tire des violences en fait dans la rue aux victimes des accidents de la route.
00:46Haut fonctionnaire, pour écrire ça, il faut quand même peut-être avoir un peu de courage.
00:50Vous êtes connaisseur aussi de la justice.
00:53Dites-nous déjà, parce que vous écrivez et vous commencez votre essai par une série de prénoms.
00:59Geneviève, Maëlys, Antoine, Lola, Audrey, etc.
01:02Des prénoms qui résonnent comme autant de victimes qui ne sont pas suffisamment prises en compte, dites-vous, par la justice.
01:09Pourquoi vous avez écrit ce livre ? Vous avez été touché personnellement par une affaire ?
01:13Oui, c'est vrai. C'est d'ailleurs un drame que souvent il faille être touché concrètement
01:18pour peut-être se plonger davantage dans un sujet que j'aurais pu connaître mais que je l'avais trop, de manière superficielle, abordé.
01:25Voilà, j'ai été victime, enfin victime, pas moi directement, mais ma famille a été victime
01:30parce qu'une jeune cousine qu'on aimait bien, 38 ans, elle allait chercher son fils unique de 14 ans
01:36et elle a été tuée sur la route par une chauffarde.
01:39Et ce qui m'a scandalisé, c'est de découvrir que les victimes, que les visages ayant droit de victime sont victimes trois fois.
01:47Une première fois, cette maman n'est plus là, son fils ne l'a plus à vie.
01:53Geneviève, oui.
01:54Voilà, Geneviève.
01:55Ensuite, deuxième scandale pour les victimes, c'est ce qui a été le verdict de la justice.
02:01Il n'y a pas eu de réponse pénale pour cette famille.
02:03La chauffarde a été, tenez-vous bien, condamnée à trois ans d'emprisonnement avec sursis,
02:09600 euros d'amende et deux ans de suspension de permis de conduire.
02:14On a supprimé une vie, deuxième article des droits de l'homme.
02:19Le droit à la vie est sacré.
02:20Dans les circonstances, on ne va pas s'arrêter sur ça.
02:23C'était une femme qui conduisait, bien sûr, en infraction totale,
02:28qui faisait la fête avec ses copines, un gramme cinq d'alcool dans le sang.
02:31Ah oui, un gramme cinq.
02:32Parce que normalement, ces circonstances, effectivement, sont quand même aggravantes.
02:35Voilà, mais je vous dis le verdict.
02:37Et troisième fois, la famille a été broyée, si on peut dire,
02:41par à la fois ce parcours du combattant de la justice,
02:44l'impossibilité de faire appel, l'impossibilité de faire appel du jugement.
02:49Pourquoi ? Parce qu'il y a des appels dans la justice quand même.
02:54Déjà, il faut que les auditeurs le sachent,
02:56les victimes ne sont pas sur un pied d'égalité avec les prévenus.
03:00C'est une conception franco-française que c'est le parquet qui représente la société.
03:06Seul le parquet peut faire appel, d'abord peut poursuivre d'une part,
03:09il peut faire appel de jugement de tribunaux correctionnels
03:12ou de jugement maintenant de cours d'assises,
03:14puisqu'il y a un droit d'appel sur les cours d'assises.
03:16La victime n'a pas, n'a pas de statut.
03:19Si elle est partie civile, c'est un autre procès,
03:22celui de la responsabilité civile,
03:24mais en tant que partie pénale, elle n'existe pas.
03:28J'avais, à la suite de cette affaire justement,
03:31lancé une campagne pour essayer de demander le droit d'appel des victimes,
03:34des ayants droit de victime ou des victimes elles-mêmes,
03:37devant les tribunaux correctionnels ou les cours d'appel,
03:39je n'ai jamais pu être entendu jusqu'à aujourd'hui.
03:42C'est déjà une iniquité totale dans le système judiciaire français.
03:46Et pourtant aujourd'hui, on dit que les victimes ont beaucoup plus de droits qu'auparavant.
03:50Qu'elles sont reconnues, Christophe et Roche Duval ?
03:55Cher monsieur, elles sont reconnues parce qu'elles sont parties de zéro.
04:00Effectivement, c'est à peu près, on va dire, dans les années 90,
04:0480 ça commence un peu effectivement,
04:06mais 90 surtout, qui a une prise de conscience que le statut de la victime
04:10est très inférieur et infériorisé dans la justice française,
04:13parce que c'est le parquet qui les représente,
04:16qui est leur ange gardien.
04:18Ils défendent d'autres intérêts qui sont des intérêts publics,
04:20il ne faut pas les mélanger.
04:22Et petit à petit, il y avait eu sous Chirac un secrétariat d'État aux victimes
04:27qui a fait du boulot, mais c'est encore très insuffisant.
04:30Écoutez, il y a une information ce matin qui est tombée,
04:33on va apprendre que la criminelle présumée, bien sûr, de la petite Lola
04:37va être envoyée en cours d'assises.
04:39Le papa de cette petite Lola s'est suicidé !
04:43Mais quelle est la prise en charge des victimes qu'il y a ?
04:48Elle est totalement insuffisante par rapport au tsunami
04:52que ça représente pour chacune des victimes.
04:55Dans l'enquête, dans ce livre que vous avez fait,
04:57qui est assez technique, mais qui est très intéressant,
04:59enquête sur une défaillance d'État,
05:03vous dites qu'il n'y a pas de comptabilité publique de la sécurité.
05:07Autrement dit, du coup, en France, chaque année, de l'insécurité.
05:11Mais l'insécurité très vaste, ça va de ce qu'on vient d'évoquer,
05:14c'est-à-dire des accidents de la route,
05:16mais également aux violences intrafamiliales,
05:19la délinquance, toutes sortes.
05:22Alors, attendez, moi je suis surpris quand même.
05:25Je suis surpris en disant qu'il y a la justice,
05:28il y a le ministère de l'Intérieur, il y a Bercy,
05:31il y a tous ces budgets quand même.
05:33Moi-même, j'ai d'ailleurs en partie été surpris,
05:35j'ai dû me frotter plusieurs fois les yeux.
05:37J'ai fait une étude statistique de 2010 à 2020,
05:40je n'ai pas voulu remonter avant, ça ne servait plus à rien,
05:43aller plus près de l'actualité, c'est toujours un sujet un peu polémique, etc.
05:47J'ai fait plusieurs découvertes,
05:49dont celle d'être du scandale de la statistique,
05:52en France en tous les cas, de la criminalité.
05:55Elle est parfaitement indigente,
05:57c'est-à-dire que même des chercheurs de CNRS,
06:00aux travaux desquels je me suis également référé,
06:03ne peuvent pas, sauf avec la louche,
06:06évaluer exactement le nombre d'homicides volontaires et involontaires.
06:11Tous les chiffres qu'on nous donne chaque année ?
06:13Non, je peux vous dire que les chiffres auxquels je parviens
06:16sont un minimum, minimum et sont une évaluation.
06:18Par exemple, un exemple concret,
06:20le nombre d'accidents mortels du travail,
06:22c'est une donnée que les caisses primaires d'assurance m'ont dit,
06:26donne de manière très difficile et qui plus est...
06:30Peut-être, mais non, mais pourquoi ?
06:33C'est absolument normal.
06:35Ma proposition, d'ailleurs, de mon livre,
06:37c'est que demain, le pouvoir politique désigne l'INED,
06:40c'est l'Institut National d'Études Démographiques,
06:43c'est un expert de la démographie,
06:46il va collecter, si on lui donne l'ordre,
06:48il va collecter tous les chiffres,
06:50il va obliger les administrations à donner leurs chiffres
06:52et tous les ans, il devrait y avoir devant le Parlement,
06:54devant le Parlement, un débat, en tout cas une information,
06:57combien est-il eu d'homicides volontaires et involontaires
06:59pour cause d'insécurité en France ?
07:01C'est anormal.
07:02Et tout ce que cela représente en termes de coûts.
07:04Alors, il y a le coût humain, bien sûr.
07:06Ça, c'est déjà le premier point.
07:07Le deuxième point, effectivement, mon constat,
07:09c'est d'avoir cherché à chiffrer tout cela.
07:11Chiffrer le coût des politiques publiques,
07:13de sécurité intérieure,
07:15et chiffrer aussi le coût du prix de la vie.
07:17Et ma découverte, là aussi, c'est sidérant.
07:20On est infichus de pouvoir totaliser, par exemple,
07:23ce que les communes consacrent à la sécurité.
07:25Il y a 25 000 agents de police municipale,
07:28il y a de la vidéosurveillance.
07:30Les communes investissent.
07:31L'agrégation de toutes ces sommes d'argent,
07:33c'est infaisable.
07:35La Cour des comptes devrait, à mon sens,
07:37être chargée tous les ans,
07:39tous les ans, là aussi,
07:40pour en rendre compte devant le Parlement.
07:42Je ne l'ai pas vu, elle n'a pas fait d'enquête, la Cour des comptes ?
07:44Tout cela est parcellaire.
07:46Ce sont des bribes d'informations de ci, de là.
07:48Il faut les additionner, les soustraire,
07:50il faut utiliser la louche.
07:51Je parviens à des chiffres, certes.
07:53Je parviens à l'estimation que, selon moi...
07:55J'en ai vu, j'en ai vu.
07:57C'est un travail de bénédictin pour les trouver.
07:59Pour moi, 7%,
08:017% du PIB,
08:03par tous les ans,
08:05grosso modo,
08:06dans le coût de l'insécurité globale.
08:08Entre ce que ça coûte aux administrations,
08:10parce qu'il y a des juges à rémunérer,
08:13il y a des greffiers à rémunérer,
08:14il y a des policiers et des gendarmes,
08:16il y a des agents de vigie pirate
08:18pour la Défense Nationale, etc.
08:20Il y a ensuite le coût privé de la sécurité.
08:24Parce que chacun d'entre nous devrait
08:26normalement se reposer sur le fait que,
08:28dans le monde tranquille,
08:29il y a les gendarmes et les policiers dans la rue.
08:31On devrait presque ne pas avoir à faire
08:33de dépenses supplémentaires de sécurité.
08:35Vous savez bien que les entreprises,
08:36comme les particuliers,
08:37sont obligés de rajouter au pot,
08:38alors qu'ils ont déjà payé par leurs impôts.
08:40Christophe et Roche Duval,
08:42qu'est-ce que vous voulez démontrer par là ?
08:44Sur le prix de l'insécurité,
08:47enquête sur une défaillance d'État,
08:49vous voulez démontrer quoi ?
08:50Qu'on ne se regarde pas en face
08:52pour voir combien coûte
08:54notre insécurité à la société ?
08:56C'est ça ?
08:57Il y a d'abord un gros problème,
08:59d'abord démocratique.
09:01Les citoyens, les citoyennes que nous sommes,
09:04devraient...
09:05C'est l'article 15 de la Déclaration
09:07des droits de l'homme et du citoyen.
09:09Tout agent doit rendre compte
09:11de son administration,
09:12tout agent public.
09:13Et donc, déjà,
09:14est-ce que les citoyens sont au courant
09:16de ce que lui coûte,
09:17de ce que leur coûte,
09:18de ce que nous coûte,
09:19la sécurité ou l'insécurité ?
09:21Je pense que les auditeurs qui nous écoutent
09:23se disent, bien sûr...
09:24Je leur envoie mon livre.
09:26D'ailleurs, je les invite à réagir.
09:28Ils peuvent réagir.
09:29Deuxième point,
09:30est-ce que ce qu'on y consacre
09:31est efficace en résultat ?
09:34Parce qu'après tout,
09:35pourquoi pas consacrer 7 points de PIB
09:37à la sécurité,
09:38si au bout du coup,
09:39je fais un jogging à 5h du matin
09:41et je ne suis pas agressé par un violeur ?
09:43Si je me sors dans la rue,
09:45je suis un docteur,
09:47cette docteure,
09:48cette doctoresse
09:49qui était dans un parking
09:50avenue Agram,
09:52elle se dit,
09:53je suis tranquille,
09:54je ne vais pas me faire égorger.
09:55Christophe H. Duval,
09:56c'est intéressant.
09:57Par exemple,
09:58il y a eu les Jeux Olympiques cet été,
09:59à Paris.
10:00On a déployé des policiers
10:02à tous les coins de rue.
10:04Et alors,
10:06les vols ont baissé.
10:08Tout a baissé.
10:09La criminalité à Paris,
10:10il y a des statistiques quand même.
10:12Donc finalement,
10:13quand on met des moyens,
10:15alors évidemment,
10:16ça a un coût tout ça,
10:17mais ensuite,
10:18ça peut être éventuellement efficace.
10:19Comment vous avez perçu cela ?
10:21Tout simplement parce que
10:22ce que vous venez de dire,
10:24quand il y a du volontarisme politique
10:26pour rendre la vie sûre,
10:28pour respecter
10:30ce deuxième des droits de l'homme,
10:32qui est le droit à la sûreté,
10:33le droit à la sécurité,
10:34et bien ça marche.
10:35Ça marche parce qu'effectivement,
10:37on a fait monter
10:38tous les policiers,
10:39les commissariats
10:40et tous les gendarmes
10:41des brigades de gendarmerie de province,
10:43et on a saturé l'espace public
10:45de surveillance,
10:47de vidéosurveillance, etc.
10:48On va dire que c'est un État policier.
10:50Non, ce n'est pas un État policier.
10:52C'est simplement le juste retour
10:54que nous demandons chacun d'entre nous
10:56à l'État
10:58à qui on a tout confié,
11:00contrairement à certaines philosophies
11:02ailleurs dans les pays,
11:03comme par exemple les États-Unis,
11:04où effectivement,
11:05les citoyens doivent compter aussi
11:07sur eux-mêmes,
11:08puisqu'ils ont le fameux deuxième amendement
11:09qui leur permet de s'armer.
11:10Bon bref,
11:11ce n'est pas le cas français,
11:12et tant mieux.
11:13On a retiré la peine de mort,
11:15et tant mieux.
11:16Mais par conséquent,
11:17ça veut dire que l'État doit s'assurer
11:18qu'on ne puisse pas nous l'infliger
11:21à notre corps défendant.
11:23On ne demande jamais la mort.
11:24Mais en tout cas,
11:25voilà la question.
11:26C'est-à-dire que c'est un retour
11:28sur investissement de nos impôts
11:30et de ce qu'on y consacre
11:31à juste titre,
11:32mais qui aujourd'hui n'a pas de résultat
11:34tangible.
11:35Ça, c'est intéressant,
11:36puisqu'on dit, vous savez,
11:38qu'on va mettre peut-être
11:40dans une réforme,
11:42en face de ce que l'on paie,
11:44les impôts,
11:45là où vont les sommes d'argent,
11:47ou là où elles sont consacrées.
11:49C'est peut-être une piste, ça.
11:50En tout cas, nous continuons d'en parler.
11:52Oui, il y a du boulot.
11:53Christophe Ehoch du Val,
11:55qui est avec nous dans La Vérité en face
11:56sur Sud Radio.
11:57Le prix de l'insécurité,
11:58c'est aux éditions Erol.
11:59C'est passionnant.
12:00Enquête sur une défaillance d'État.
12:02Vous mettez un défi à l'État.
12:04L'obligation de résultat,
12:06de vivre en sécurité.
12:08C'est de ça, en quelque sorte.
12:09Je sais que ça vous fait réagir.
12:100826 300 300 sur Sud Radio.
12:18La Vérité en face.
12:19Le prix de l'insécurité.
12:21Enquête sur une défaillance d'État.
12:22C'est aux éditions Erol.
12:23C'est Christophe Ehoch du Val,
12:25qui est haut fonctionnaire.
12:26Je peux le dire,
12:27vous travaillez au Conseil d'État.
12:29Oui, mais alors...
12:32C'est un titre personnel.
12:33Je suis un citoyen libre.
12:35Effectivement, je n'engage pas mon administration.
12:40En revanche, vous connaissez bien la justice.
12:42Bien sûr.
12:44Mais vous n'êtes pas anonyme.
12:46D'ailleurs, au passage,
12:47et je remarque que c'est assez technique,
12:49je le dis pour des auditeurs
12:50qui voudraient acheter votre livre,
12:52qui est très intéressant.
12:53Merci.
12:54C'est vrai qu'il y a énormément de détails.
12:56On apprend ce qu'est l'État 4001.
13:00C'est un outil statistique de grande criminalité.
13:04Dites-nous ce que c'est, quand même.
13:06On va apprendre quelque chose à travers ça.
13:08En deux mots, bien sûr.
13:09En 1912,
13:10je crois que c'est sous Alain Pierrefitte,
13:12j'ai peut-être un trou mémoire,
13:14mais peu importe,
13:15est mis en place un outil informatique
13:17que les gendarmes, les policiers
13:19et d'autres enquêteurs remplissent tous les jours
13:22qu'il y a effectivement une enquête de flagrance,
13:24une plainte ou une enquête préliminaire
13:26avec des rubriques 110.
13:28C'est un outil formidable
13:30parce qu'il existe depuis 1972
13:32jusqu'à 2023.
13:34Je ne vais pas entrer dans les détails.
13:36On a cassé le thermomètre.
13:38C'est très grave à mon avis, mais tant pis.
13:40En tout cas, il est très intéressant
13:41parce qu'il y avait 110 types d'infractions,
13:45d'incriminations.
13:46Et moi, j'ai pu suivre la courbe des homicides.
13:50Par exemple, l'indice numéro 1,
13:52c'est règlement de compte par homicide.
13:55Autrement dit, à Marseille, vous avez bien vu,
13:57il y a souvent malheureusement la peine de mort
14:00qui est infligée par contre.
14:01Eux n'ont pas aboli la peine de mort,
14:03entre les bandes rivales.
14:06Par exemple, à ce moment-là,
14:08le gendarme ou le policier remplit un homicide
14:10par règlement de compte index 1.
14:12Peu importe, c'est une statistique très importante.
14:15Il y a une centaine de... c'est ça ?
14:17Alors, c'est un yo-yo un petit peu,
14:19mais on va dire, il y a une 150 en moyenne
14:23règlement de compte par homicide par an.
14:26C'est un chiffre qui s'égrate d'ailleurs.
14:28Combien d'articles ?
14:30Pardon, il y a 110 index.
14:32110 index.
14:33C'est l'index cotation, codage, si vous voulez.
14:35Que doivent remplir les enquêteurs.
14:37Et c'est ça qui représente ensuite l'état 4001,
14:40qui est cet outil statistique.
14:42Dans le jargon, on appelle cette base statistique
14:44l'état 4001.
14:46C'est du jargonesque.
14:48Non, mais c'est à partir de ça
14:50que l'on peut avoir la réalité...
14:53Que n'importe quel chercheur...
14:55Il donne l'insécurité en France.
14:57Que ce soit sur les routes ou dans la rue,
14:59des violences intrafascistes...
15:01Malheureusement, justement, comme la France n'est pas simple,
15:03c'est ce que j'explique dans mon livre,
15:05c'est qu'il faut collationner des données
15:07qui ne sont pas globalisées.
15:09C'est pour ça que je souhaite,
15:11première de mes propositions,
15:13l'Institut National d'Études Démographiques,
15:15demain l'INED, est désigné par le gouvernement
15:17pour donner une statistique globale.
15:19Et non pas la pêche, comme j'ai dû le faire.
15:21Des informations, c'est anormal.
15:23La 4001, c'est que la criminalité.
15:25Qu'il y ait une statistique globale
15:27sur toute l'insécurité,
15:29et qu'il y ait aussi des chiffres en face...
15:31La Cour des comptes, désignée tous les ans
15:33pour nous faire un rapport sur le coût de l'insécurité,
15:35de toutes les administrations,
15:37parce que ça concerne pas
15:39que la justice et l'intérieur,
15:41bien sûr, mais même le ministère de la Santé
15:43a des coûts liés à la sécurité.
15:45Par exemple, évidemment,
15:47la lutte contre les insécurités alimentaires.
15:49Tout ça se chiffre.
15:51Mais aujourd'hui, il n'y a pas de pilote d'un avion.
15:53L'État n'a pas de pilote d'un avion.
15:55C'est très étonnant,
15:57parce qu'il y a
15:59l'ensemble de la haute fonction publique,
16:01il y a
16:03les instituts statistiques,
16:05il y a le ministère de la Justice,
16:07donc on se dit, tout ça
16:09devrait être répertorié.
16:11C'est partiel, et c'est pas
16:13totalisé, c'est pas consolidé.
16:15En tout cas, Christophe et Hoche Duval,
16:17vous suscitez des appels
16:19au 0826-300.
16:21C'est Robert, d'abord,
16:23de Bordeaux, qui est avec nous. Bonjour, Robert.
16:25Oui, bonjour. Je vous appelle
16:27parce que je suis un ancien policier,
16:29un ancien inspecteur de police.
16:31J'ai été policier de
16:331976 à 2007.
16:35J'ai participé, notamment,
16:37j'étais en Seine-Saint-Denis pendant 12 ans,
16:39donc j'ai découvert en 1980, je suis arrivé en Seine-Saint-Denis.
16:41J'ai découvert
16:43le 4001,
16:45et je me suis rendu compte, pour compléter
16:47ce que dit votre invité,
16:49je me suis rendu compte que c'était
16:51un outil qui pouvait être très bien
16:53trafiqué, parce que
16:55c'est bien beau d'avoir la liste des crimes et des délits,
16:57mais il n'y a pas de coefficient.
16:59C'est-à-dire que, par exemple, il vaut mieux arrêter
17:01quelqu'un qui a volé un chéquier
17:03qui a fait 25 chèques, que ça fait 25
17:05faits constatés, 25 faits élucidés,
17:07et qu'un crime, c'est
17:09un fait constaté, un fait élucidé.
17:11C'est comme le bac.
17:13Si vous passez toutes les matières
17:15sans coefficient, ça ne donne pas
17:17des regards.
17:19Christophe et Auge Luval vont vous répondre
17:21à ce sujet. Dialoguez avec vous, restez en ligne.
17:23Monsieur, vous êtes un praticien,
17:25donc vous l'avez vécu. J'explique
17:27dans mon livre le caractère parfaitement
17:29insatisfaisant de la 4001.
17:31C'est la raison pour laquelle
17:33j'ai des propositions très
17:35concrètes. Il faut tout refondre,
17:37la statistique policière
17:39et de criminalité.
17:41Il faut restaurer ce
17:43que malheureusement en 2020
17:45le Premier ministre de l'époque
17:47a supprimé un organisme
17:49qui s'appelait l'Observatoire national de la délinquance
17:51et de la réponse pénale. C'est une faute
17:53politique qui a été faite à mon sens
17:55car il collectait des données et
17:57il faut confier à l'inaide, comme je le disais tout à fait,
17:59la statistique. Il faut la revoir de fond en
18:01comble. Elle n'est pas bonne.
18:03Est-ce que vous croyez, Christophe et Auge Luval,
18:05qu'on a aussi
18:07supprimé ça parce qu'on a peur
18:09d'une certaine réalité ?
18:11La bonne constatation, c'est que j'ai observé que plusieurs fois
18:13on casse les thermomètres
18:15et en cassant
18:17les thermomètres, évidemment, on fait redémarrer la température
18:19j'allais dire non pas à zéro
18:21mais en tout cas,
18:23on fait descendre la température
18:25en dessous de 37. Ça permet d'éviter
18:27de voir la fièvre. Parce que le temps
18:29que la statistique se remette en route,
18:31je l'ai expliqué dans mon livre,
18:33la 4001, monsieur qui l'a
18:35renseignée pendant des années,
18:37vient d'être dissoute,
18:39elle a disparu. Au cours de l'année
18:412023, brusquement,
18:43les services statistiques ont changé de méthode.
18:45Autrement dit, on ne pourra plus suivre
18:47le fil de la courbe de 72 à...
18:49Ah oui,
18:51à 2023.
18:53On casse le thermomètre.
18:55Robert, vous avez vu. En tout cas, merci,
18:57parce que vous étiez bien au courant. C'est Philippe
18:59de Narbonne qui est avec nous
19:01également au 0826 300 300
19:03et qui veut réagir. Bonjour Philippe.
19:05Bonjour. Bonjour tout le monde.
19:07Bonjour monsieur Bourdin. Bonjour à vos invités.
19:09Non, c'est Patrick.
19:11Patrick Roger avec vous. Jean-Jacques, il était avant.
19:13Mais Jean-Jacques est là aussi, bien sûr.
19:15Il était là juste avant.
19:17Bon, allez-y.
19:19Vous voulez réagir rapidement
19:21sur la sécurité.
19:23Moi, je pense que, comment dire,
19:25de toute façon, là, je ne vais pas parler vraiment
19:27du grand banditisme où là, effectivement,
19:29il nous faut une police et une gendarmerie fortes.
19:31Ça c'est certain. Mais pour,
19:33comment dire, tout le reste,
19:35je pense que la solution n'est pas dans un État
19:37policier ou dans un État
19:39non policier, mais je pense
19:41qu'il faut qu'il y ait une prise de conscience aussi au niveau
19:43du peuple, comment dire, que chaque
19:45personne, comment dire,
19:47réagisse aussi à cette
19:49insécurité et,
19:51comment dire, protège
19:53le fonctionnaire. Une responsabilité de chacun,
19:55c'est ce que vous dites. Une responsabilité de chacun,
19:57voilà, le nombre de fois qu'on voit
19:59des gens qui portent plus de temps à
20:01filmer les agressions qu'à
20:03essayer de défendre l'agressé,
20:05voilà.
20:07En faisant comme ça,
20:09en faisant comme ça,
20:11on diminuerait,
20:13si les gens avaient cette prise de
20:15conscience, on diminuerait
20:17de facto cette insécurité
20:19et c'est cette insécurité-là qui est insupportable
20:21pour le peuple. C'est pas le
20:23grand banditisme qui est là et qui a
20:25toujours existé et qui existera
20:27malheureusement toujours.
20:29Merci, Philippe,
20:31pour conclure, Christophe.
20:33Je réagis en disant, bien sûr, que
20:35ce monsieur a raison dans un sens. D'ailleurs,
20:37j'ai fait un autre essai qui s'appelle l'inflation normative.
20:39Quand la France crève de
20:41trop de lois chez Plon. Il y a un lien
20:43entre les deux. Ce que monsieur dit, c'est vrai.
20:45Il y a une fuite en avant à augmenter le nombre
20:47de policiers et de gendarmes.
20:49Il y a presque aujourd'hui un vigile
20:51pour un gendarme-policier.
20:53Ça pose des questions du point de vue démocratique. Il a
20:55raison ce monsieur. Et l'inflation des
20:57normes pénales, je l'ai calculé,
20:5913% de l'inflation des normes pénales
21:01de 88 à 2023.
21:03Pour quels résultats ?
21:05Quelque part, ce sont, j'allais dire, les honnêtes citoyens
21:07qui sont quelque part
21:09enquiquinés, qu'on sursurveille,
21:11sur contrôle, et on laisse
21:13dans la nature 300 000,
21:15400 000 grands délinquants
21:17qui effectivement font un peu, non pas ce qu'ils
21:19veulent, mais en tout cas, non pas
21:21de véritables politiques de zéro
21:23tolérance à leur égard. Merci beaucoup
21:25Christophe. Et je lui vale le prix de la
21:27sécurité. Enquête sur une défaillance d'État aux éditions
21:29Aérol, c'est passionnant. Je vous réinviterai
21:31forcément. Dans un instant, c'est Valérie
21:33à l'expert, Gilles Gansman,
21:35avant de retrouver tout à l'heure André Bercoff. A midi.