• il y a 2 mois
Lundi 16 septembre 2024, SMART TECH reçoit Steeve Chantrel (fondateur et président, Infinéis) , Vincent Champain (membre du comité exécutif, Framatome) , Tristan Nitot (directeur associé en charge des communs et de l’anthropocène, OCTO) et Thomas Meurin (consultant blockchain & crypto, KPMG)

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00:00...
00:08Bonjour à tous.
00:09L'intelligence artificielle alliée ou ennemie du climat.
00:12On a vu passer des chiffres terrifiants
00:14sur la consommation énergétique d'un chat GPT
00:17ou des centres de données dans le monde.
00:19On a vu aussi des prévisions effarantes.
00:22Qu'en est-il exactement ?
00:23Comment les géants du numérique, qui sont lancés
00:26dans une course folle à l'intelligence artificielle,
00:29ont-ils une centralité carbone ?
00:31Quelle voie existe pour une IA frugale,
00:33une IA positive pour la planète ?
00:35Ce sera notre débat à la une dans Smartech.
00:38Et dans cette édition,
00:39nous ferons un point sur l'actualité des cryptos.
00:42Mais d'abord, je vous propose un clin d'oeil
00:44pour nos amis les animaux.
00:46L'impression 3D,
00:47nouvelle amie des bêtes.
00:49C'est tout de suite 3 questions A.
00:55Une start-up s'est spécialisée
00:57dans la conception de nouvelles solutions chirurgicales
01:00pour les animaux,
01:02ayant recours à l'impression 3D.
01:04Bonjour, Steve Chantrel.
01:05Vous êtes connecté avec nous. Merci beaucoup.
01:08Vous êtes le fondateur et président
01:10de cette jeune pousse Infineis.
01:12Votre projet a débuté en 2019.
01:14Les activités, elles, début 2022.
01:16Ma première question, à quel moment vous vous êtes dit
01:19que l'impression 3D pouvait aider
01:21à améliorer la santé des animaux ?
01:24Oui, bonjour. Merci de m'accueillir
01:27parmi vous aujourd'hui.
01:28Pour répondre à votre question,
01:30très rapidement, ce qui s'est passé,
01:32c'est que l'avantage de l'impression 3D,
01:35c'est de pouvoir faire des modèles sur mesure.
01:37Dans un domaine comme le vétérinaire,
01:40où la variabilité anatomique est très importante,
01:42on se rend compte que de pouvoir faire du sur mesure
01:45adapté à l'anatomie de chaque animal
01:47revêt un intérêt grandissant pour la pratique quotidienne.
01:51Est-ce que vous pouvez nous donner
01:53peut-être des exemples concrets, précis,
01:55qu'il est possible de faire aujourd'hui
01:57avec de l'impression 3D en matière chirurgicale vétérinaire,
02:01qui aurait été très complexe avant ?
02:03Oui, alors, par exemple,
02:05un des dispositifs qui est un peu notre dispositif
02:10fer-de-lance dans la compagnie permet d'atteindre
02:13une tumeur cérébrale avec une précision sous millimétrique
02:16en l'espace de quelques minutes.
02:19Donc, on cible très précisément une zone
02:21à l'intérieur du crâne d'un animal.
02:24Je vous laisse imaginer la différence
02:26qu'il peut y avoir, par exemple, entre un crâne de chat
02:29et le crâne d'un gros chien type Doberman.
02:32Donc, grâce à l'exploitation de l'imagerie médicale 3D
02:36et l'intelligence artificielle,
02:38on peut développer des designs sur mesure
02:40et l'impression 3D, avec ses faibles coûts de production
02:43et sa rapidité d'exécution,
02:45nous permet de proposer des solutions cliniquement viables.
02:48Là où avant, il fallait 2 ou 3 heures d'intervention,
02:51aujourd'hui, en 10-15 minutes,
02:53on est capable de réaliser ce type de chirurgie
02:55grâce à la combinaison des 3 éléments qu'on a cités.
02:57Vous dites aujourd'hui, mais comment vous voyez l'évolution
03:01de ces interventions chirurgicales
03:04dans le domaine vétérinaire, de l'imagerie aussi médicale ?
03:08Comment vous voyez les choses évoluer ?
03:11Alors, de notre point de vue,
03:13du point de vue de ce qu'on essaie de développer,
03:15on imagine que la technologie va prendre de plus en plus de place
03:19dans les pratiques quotidiennes, on le voit aujourd'hui.
03:21Vous avez cité tout à l'heure en introduction
03:23les outils comme ChatGPT ou d'autres outils de ce type-là.
03:29Ce qui est important à garder à l'esprit,
03:31c'est de travailler en collaboration étroite
03:33avec les gens qui vont utiliser ces technologies.
03:36L'idée, et c'est ce qu'on essaye, nous, d'appliquer au quotidien
03:39chez Infineis, c'est bien de développer des solutions
03:43par les cliniciens et avec leur aide,
03:46et de leur donner des outils qui, finalement,
03:49vont leur faciliter l'exécution de leurs tâches quotidiennes
03:53et surtout leur permettre de se concentrer
03:55sur là où ils sont le plus forts,
03:57là où ils peuvent apporter le plus de valeur ajoutée,
03:59c'est-à-dire leur métier de praticien, de médecin, de chirurgie.
04:03Mais ça ne change pas leur métier, fondamentalement.
04:05J'imagine qu'il va falloir des nouvelles formations aussi
04:08pour utiliser ces outils.
04:10Oui, tout à fait, mais ce qu'il y a derrière,
04:14c'est les accompagner.
04:16Et je pense aussi que c'est leur permettre
04:20d'apprivoiser ce type d'outils,
04:23non pas pour que ces outils-là prennent leur place,
04:27mais vraiment pour qu'eux prennent toute la place
04:29qu'ils méritent dans leur écosystème
04:32et, encore une fois, pouvoir pratiquer
04:34avec le plus de facilité et le plus de sécurité possible.
04:39Merci beaucoup, Steve Chantrel, fondateur-président d'Infineis,
04:42d'avoir été avec nous dans Smartech
04:44pour répondre à mes trois questions.
04:46A suivre, c'est tout de suite notre débat
04:48sur l'IA allié ou ennemi du climat.
04:55L'IA allié ou ennemi du climat.
04:56Comme souvent, les questions sont simples,
04:59mais les réponses sont beaucoup plus complexes.
05:01Je vais demander à mes deux invités de jouer le jeu dans ce débat,
05:04de nourrir les deux réponses autant que possible.
05:08Dans quelle mesure est-ce une ennemi
05:10et pourquoi pourrait-on être une amie ?
05:12L'idée est de nous éclairer sur un chemin possible
05:15vers une IA frugale, durable,
05:18alors qu'on a déjà les méga-géants du numérique
05:23qui sont emballés dans une course folle.
05:26Je vous présente mes experts aujourd'hui.
05:28Vincent Champin, bonjour.
05:30Expert en technologie impliqué sur la transition climatique
05:33de l'industrie au niveau mondial,
05:34notamment à travers votre think tank,
05:37l'Observatoire du long terme.
05:39Vous avez été également directeur du cabinet du secrétaire d'Etat
05:43à la prospective à l'évaluation des politiques publiques
05:46et au développement de l'économie numérique.
05:48Aujourd'hui, vous êtes membre du comité exécutif
05:51du groupe Framatome, bien connu dans le secteur du nucléaire.
05:54Et puis avec vous pour ce débat, Tristan Nitto.
05:57Bonjour, Tristan.
05:58Figure de l'Internet libre,
06:00je rappelle qu'au fondateur de Mozilla Europe,
06:03vous êtes aujourd'hui directeur associé
06:04du cabinet de conseil Octo-Technologies,
06:07en charge des communs et de l'anthropocène,
06:09à savoir l'impact ou l'empreinte humaine sur la planète,
06:13et animateur d'un podcast sur la technologie et le climat.
06:15L'Octever, c'est ça ?
06:16Exactement.
06:17Alors, peut-être qu'on commence ensemble, Tristan,
06:21par préciser, quand on parle de l'impact de l'intelligence artificielle,
06:25de quoi est-ce qu'on parle exactement ?
06:27Qu'est-ce que ça recouvre ?
06:29Eh bien, ça recouvre tout un cycle de vie.
06:33On a tendance à penser à l'utilisation de l'IA et son impact,
06:37mais en fait, c'est beaucoup plus large.
06:39C'est-à-dire qu'avant qu'on ait de l'IA,
06:42il faut déjà fabriquer des data centers,
06:45il faut fabriquer des processeurs, des serveurs, des équipements,
06:48des terminaux pour s'en servir, une infrastructure réseau.
06:52Et déjà, ça, en fait, ça veut dire creuser des mines au Congo,
06:58en Amérique du Sud, avec des énormes appareils alimentés au diesel,
07:05lever des milliers de tonnes de terre pour en extraire le minerai,
07:09et ça, c'est déjà consommateur d'eau,
07:11c'est très polluant, parce qu'on utilise de l'acide
07:15pour séparer les matériaux entre eux.
07:18Et donc, en fait, on n'a pas encore de l'IA,
07:20qu'on a déjà commencé à abîmer profondément
07:24et très durablement la planète.
07:28C'est l'histoire du numérique, ça aussi ?
07:30Oui, exactement.
07:31Et c'est partout, mais c'est loin des yeux,
07:34et donc forcément, c'est loin du cœur.
07:36On ne se rend pas compte qu'au Congo, c'est dramatique,
07:39les pollutions que ça engendre,
07:41il y a des lacs d'acide chlorhydrique qui vont rester là,
07:45et puis même s'il s'évapore, la poussière s'en va et elle est toxique.
07:49Donc déjà, ça, vous voyez, il y a un impact fort,
07:52bien avant qu'on ait la moindre trace d'IA.
07:55Puis ensuite, il faut prendre ces matériaux, ces minerais,
07:57les emmener en Chine, où ils sont encore raffinés.
08:00Ensuite, on fait du matériel, des châssis, des processeurs, etc.
08:04Énorme consommation d'eau et de ressources aussi.
08:08C'est phénoménal, ce que ça consomme de construire des processeurs à Taïwan,
08:12où ils ont déjà des problèmes d'eau et de sècheresse.
08:15Donc, ils ne sont pas super copains avec la Chine,
08:18donc ils ont des problématiques qui sont liées à leur souveraineté.
08:22Est-ce que l'eau, il faut l'utiliser pour faire des processeurs,
08:26ou bien faire des rizières qui permettent de nourrir la population,
08:29parce que de dehors, il y a un géant qui les attend ?
08:31Et après, ensuite, on fabrique tous ces matériels,
08:34on les envoie souvent par avion en Occident, où ils sont utilisés,
08:37et là, ils se mettent à consommer énormément d'énergie.
08:41Et là, il faut entraîner les IA.
08:43On n'a pas encore une IA, il faut entraîner l'IA.
08:46Ça aussi, énormément consommateur d'énergie.
08:48Et après, on s'en sert de cette IA.
08:51Et cette IA, c'est quand même de la puissance pour chaque utilisation,
08:54mais c'est multiplié par potentiellement des milliards d'internautes.
08:58Google veut déployer de l'IA sur un milliard d'internautes
09:01d'ici la fin de l'année.
09:03Chaque utilisation des services de Google consomme de l'IA,
09:06consomme de l'énergie et émet des gaz à effet de serre.
09:09Tout ça, ça pollue la planète et ça hypothèque le futur du climat.
09:13Et sur cette partie, au moins, consommation,
09:15est-ce qu'on peut se dire, Vincent, que ça dépendra,
09:19l'impact sur la planète dépendra du type d'énergie qu'on utilise ?
09:24Alors, évidemment.
09:26Evidemment, surtout...
09:28Est-ce qu'on est bien partis sur le choix ?
09:30Sur la consommation, effectivement, un prompt 4G PT,
09:33ça consomme à peu près 3 Wh.
09:35C'est l'équivalent d'un demi-expresso.
09:37Moi, je ne bois pas de café.
09:39Donc, déjà, chaque journée, j'ai deux prompts gratuits
09:43puisque, dans mon impact carbone, je n'utilise pas de café.
09:47Et derrière, ce que tu évoquais tout à l'heure,
09:49c'est la loi des grands nombres.
09:51Si on prend une appli...
09:52N'importe quel comportement humain fait par des milliards de personnes,
09:56on fait la somme,
09:57il y a un footprint carbone qui est important.
09:59Et donc, effectivement, pour l'améliorer,
10:02un, déjà, éviter les actes inutiles,
10:05donc c'est vrai que s'ILIA sert uniquement à faire des blagues
10:08ou à générer des discours de pot de départ,
10:13ça ne vaut pas le coup de brûler autant de carbone,
10:16si ça sert à faire des choses qui économisent l'énergie,
10:18ça serait très utile.
10:19Là, ça veut dire qu'on porte la responsabilité
10:21tout de suite sur l'utilisateur.
10:23Non, oui, parce que sur le climat, la responsabilité est chez chacun.
10:27C'est ma responsabilité de prendre un avion
10:29quand c'est strictement nécessaire,
10:31de prendre le train et de consommer 100 fois moins de carbone.
10:34Mais finalement, ces choix d'usage, quand même,
10:36ils se décident aussi déjà à l'origine par l'industrie,
10:40par ceux qui fournissent les outils.
10:42Alors oui, on va sur le deuxième point.
10:44Donc que chacun utilise la technologie à bon escient,
10:47c'est un point important.
10:48Et effectivement, que la technologie utilise l'énergie la plus décarbonée.
10:52Et donc ça, dans les prévisions de l'AIEA,
10:57en 2026, on estime que l'intelligence générative,
11:01l'IAEA générative,
11:03consommera 90 TWh au niveau mondial.
11:05C'est 20 % de la production d'électricité française
11:08au niveau mondial.
11:09Ça, ça implique que chacun fera 12 prompts par jour,
11:12alors qu'aujourd'hui,
11:13on fait à peu près une recherche Google par jour.
11:16Donc ces prévisions ne sont pas sûres.
11:19Ce sont celles de l'Agence internationale de l'énergie ?
11:22Tout à fait, mais quand on regarde les prévisions,
11:24ils ont poursuivi des courbes.
11:26Ça nous amène à des niveaux qui ne sont pas forcément réalistes.
11:29Et si cette énergie est décarbonée,
11:31l'impact sera beaucoup, beaucoup plus faible.
11:34Donc il y a un enjeu d'électrification
11:37et de décarbonisation de l'énergie qui est important.
11:39Et vous regardez aujourd'hui comment fonctionnent les grands modèles,
11:43il y a des vraies différences.
11:44Par exemple, Microsoft investit dans l'énergie,
11:48y compris l'énergie nucléaire.
11:49A l'inverse, Facebook, Meta, le modèle Lama,
11:52dans ces conditions d'utilisation,
11:54ils excluent les usages nucléaires.
11:56Voilà, donc le premier impact, c'est celui-là.
11:58Ça, c'est un impact de 1 à 1 000 sur l'impact carbone.
12:02Donc le premier enjeu, c'est effectivement...
12:03C'est quoi, c'est un choix politique ?
12:06Pour moi, c'est pas compréhensible.
12:08Je leur ai posé la question, j'ai pas eu de réponse.
12:10Je me demande si c'est l'utilisation d'énergie nucléaire
12:14pour faire tourner les modèles,
12:15ou bien est-ce que c'est utiliser l'IA pour faire plus de nucléaire,
12:20pour, par exemple, faire de la recherche sur les bombes nucléaires,
12:23des choses comme ça.
12:24C'est des problématiques très, très différentes
12:26et je suis pas sûr que...
12:27Enfin, j'ai pas lu les conditions de Lama,
12:29mais peut-être que vous avez le droit de l'alimenter
12:32avec de l'énergie nucléaire, comme on le fait souvent en France,
12:35mais pas de faire de la recherche nucléaire,
12:37ce qui me paraît assez...
12:39Sain, enfin maladroit, mais bien intentionné.
12:43Alors, parmi les chiffres absolument affolants,
12:47l'entraînement de Chad Juppé Té 1,2 VW d'ici 2026,
12:52l'IA consommerait l'équivalent d'un cinquième
12:54de la production électrique française.
12:56Est-ce qu'aujourd'hui, on est vraiment dans la...
12:58L'IA, dans le monde, un cinquième de la France.
13:00C'est pas les chiffres que j'avais,
13:02mais les miens étaient plus pessimistes que ça.
13:04Encore plus.
13:06Bon. Mais voilà.
13:07Est-ce qu'on est vraiment dans une gabegie,
13:09aujourd'hui, selon vous, Tristan ?
13:11Non, on est sur le point d'entrer dans la gabegie.
13:14C'est pas pareil. Aujourd'hui,
13:16l'IA n'est pas réellement déployée massivement.
13:22Mais si on regarde les usages,
13:24vous pointiez le fait que certains usages
13:27sont franchement très futiles et pas nécessaires.
13:30Est-ce qu'on est vraiment, aujourd'hui,
13:32en train de se dire, OK,
13:34la puissance de l'IA, on va l'utiliser
13:37pour des missions, finalement, importantes,
13:40qui comptent pour l'humanité ?
13:42Vous avez l'impression qu'on a pris ce chemin ?
13:45C'est compliqué.
13:47Alors, déjà, il y a plusieurs sortes d'IA.
13:51Au départ, l'IA, c'est de la big data,
13:54c'est la capacité à traiter des volumes de données phénoménaux.
13:58Et ça, on en fait.
13:59C'est, par exemple, ce qui a permis
14:01de faire les rapports du GIEC,
14:03donc, pour étudier le climat.
14:05Parce que c'est des données de météo,
14:07des historiques énormes, des projections.
14:09C'est d'une complexité incroyable.
14:11Et c'est cette puissance de calcul
14:12qui permet de faire de la data science
14:15et de faire ces prévisions.
14:17Et ça, il n'y a aucun doute que c'est super important
14:20de comprendre le climat si on veut éviter la catastrophe.
14:23Donc, ça, c'est bien, il ne faut pas le remettre en cause.
14:26Après, l'IA générative, c'est encore un cran plus loin,
14:30où on a fait ingérer à peu près tout ce qu'on a de numérisé,
14:34on l'a mis dans des ordinateurs pour qu'ils le traitent,
14:37pour qu'il y ait un genre de compréhension du monde,
14:40enfin, une compréhension du texte et des éléments du texte dedans,
14:43et des images.
14:45Et ça, ça consomme encore plus.
14:49Et la vraie question, comme vous le disiez,
14:51c'était à quoi ça sert ?
14:52J'ai vu récemment une BD qui m'a beaucoup amusé
14:56et catastrophé en même temps,
14:57où on voit un personnage qui dit,
14:59regarde, là, je tape juste une phrase,
15:01et grâce à l'IA, ça se transforme en un long mail
15:04que je peux prétendre avoir écrit.
15:06Et à l'inverse, celui qui reçoit fait,
15:07ce long mail que je n'ai pas le temps de lire,
15:09Dieu merci, l'IA va me le résumer en une phrase,
15:12qui va être forcément moins bonne que la phrase de départ.
15:15Donc, en fait, on a deux usages de l'IA
15:17qui sont parfaitement futiles,
15:19juste pour faire semblant de respecter des conventions sociales,
15:22de j'ai pris le temps d'écrire un long mail pour vous.
15:25C'est aussi l'arrivée de nouveaux outils numériques
15:27qui vont nous faciliter la vie,
15:29peut-être permettre plus de productivité dans les entreprises.
15:32Est-ce que tout ça doit être remis en question ?
15:33C'est la promesse.
15:34Je voulais vous faire réagir
15:36à ce qu'a dit Gilles Babinet, du Conseil national du numérique.
15:40Il demande, en fait, à ce qu'on puisse faire en sorte
15:42que les atteintes à l'environnement ne soient plus gratuites,
15:45que toute forme d'émission de gaz à effet de serre ait un prix
15:48afin que l'IA soit orientée vers un usage favorable
15:51à l'objectif climatique.
15:52Est-ce que vous pensez qu'on doit vraiment
15:54orienter le type d'usage, aujourd'hui, de l'IA ?
15:58Je pense qu'il n'y a même pas d'autre choix.
15:59C'est-à-dire que si on veut réussir le défi climatique,
16:03il faut mettre un prix au carbone
16:05et ensuite s'interdire d'aller regarder la vie des autres.
16:08En fait, si on y réfléchit, la civilisation,
16:11c'est essentiellement des choses qui dépassent le fait
16:14de se nourrir, de se protéger et de se reproduire.
16:17Donc la civilisation, c'est du gaspillage.
16:19Chacun gaspille, chacun utilise de l'énergie.
16:21Ce qui est important, c'est de le faire le moins possible,
16:23de décarboner cette énergie,
16:25mais de laisser les gens faire leur choix.
16:28Une merguez au barbecue, ça fait un kilomètre de taxi.
16:31Au nom de quoi, ceux qui utilisent des taxis
16:33et qui ne font pas de barbecue vont critiquer
16:35ceux qui font des barbecues et qui n'utilisent pas de taxi ?
16:37Ce qui est important, à la fin, c'est le nombre de tonnes de CO2.
16:40Et pour ça, il faut électrifier,
16:42décarboner la production électrique
16:44et laisser les gens leur choix,
16:46mais leur permettre d'avoir la bonne information,
16:48d'où la transparence de comment est faite l'énergie des modèles d'IA
16:52pour qu'ensuite, ils puissent faire des choix,
16:54qu'ils soient informés,
16:55et tout en continuant à pouvoir se distraire,
17:00aller voir des amis,
17:01d'une façon qui soit raisonnable en termes d'émissions carbone.
17:05Je suis d'accord avec ça.
17:07Aujourd'hui, il n'y a pas de miracle.
17:09Si on veut rester sous les 1,5 degrés de l'accord de Paris
17:14en termes de réchauffement,
17:16il faut descendre à 2 tonnes de CO2 équivalent
17:21par personne en moyenne globale.
17:23On a quand même l'impression que les géants du numérique
17:25s'éloignent de leurs engagements de neutralité carbone.
17:30Clairement.
17:31Google et Microsoft,
17:35les deux ont annoncé qu'ils voulaient aller
17:37vers du zéro carbone en 2030.
17:40En fait, ils ne sont pas du tout.
17:43Ça a commencé à baisser, pas aussi vite que ça devrait,
17:45et là, ça vient de refaire un bond énorme.
17:49À cause de l'IA, parce que ça consomme.
17:52Je ne sais pas si vous avez visité un datacenter,
17:54un datacenter où il y a des GPU qui tournent,
17:57donc ces processeurs spécifiques pour faire tourner de l'IA.
17:59En fait, on le sent physiquement et on l'entend.
18:02On a, malgré les bouchons d'oreille qu'on vous met à l'entrée
18:05parce que ça fait beaucoup de bruit,
18:06on entend ces GPU qui tournent à fond
18:09avec les ventilateurs qui aillent de l'air refroidi.
18:11La chaleur est encore plus forte à ces endroits-là
18:15et donc la consommation électrique se compte en milliers d'euros.
18:18Et par-dessus, en fait, on leur met une carapace
18:20avec de l'air conditionné pour refroidir tout ça.
18:23Donc, ils consomment encore plus d'électricité.
18:24Alors, il y a des nouveaux systèmes de refroidissement
18:27dans les datacenters qui sont plus vertueux aujourd'hui.
18:29C'est aussi l'intérêt de ces géants du numérique
18:32de faire des économies d'énergie.
18:33Donc, ça, ça peut rendre un peu plus optimiste, peut-être.
18:36Si on regarde les solutions et qu'on les prend dans l'ordre,
18:37c'est un, décarboner l'électricité.
18:39Là, on fait tomber massivement le footprint carbone.
18:42Deux, améliorer les GPU.
18:44Le passage de la nouvelle génération de Nvidia à l'ancienne,
18:48c'est multiplier par 15 fois la vitesse
18:51et on divise par deux l'impact carbone.
18:53Trois, l'efficacité des modèles.
18:55Chaque GPT 3,5, il tournait sur un serveur.
18:59Mistral, 8 milliards de paramètres qui est à peu près comparable,
19:02il tourne sur un gros PC scientifique.
19:05Et le modèle Phi 3, qui est sorti en avril 2024,
19:07il tourne sur un smartphone pour à peu près la même performance.
19:10Et puis ensuite, derrière, il y a des niveaux,
19:12mais là, ça concerne toute l'industrie technologique.
19:15C'est, en fait, que les gens se posent la question,
19:17dans leur architecture informatique et dans leur développement,
19:20de l'efficacité énergétique de ce qu'ils font.
19:23Et jusqu'à présent, l'industrie informatique,
19:25elle avait un objectif, c'était d'économiser le temps développeur.
19:28D'où des langages qui étaient peu efficaces en termes d'énergie,
19:33mais très rapides pour les développeurs, typiquement Python.
19:36D'où la réutilisation de composantes logicielles
19:38pour faire des ensembles qui ne sont pas totalement efficaces,
19:40mais qui font gagner un temps fou aux développeurs.
19:42Et donc, si on commence à dire à cette industrie,
19:44attention, l'heure du développeur a un prix,
19:47mais le coût de la tonne de CO2 en a un aussi,
19:50ils feront les choses très, très différemment.
19:51Donc, c'est très important aussi que cette mutation se fasse,
19:54mais elle n'est pas propre à lire.
19:55Elle concerne l'ensemble de l'industrie technologique
19:57et l'ensemble de l'industrie, d'ailleurs, au sens large.
20:00Avec une part de responsabilité du côté du régulateur,
20:04si je vous entends bien.
20:06Moi, ma question, c'est, OK, aujourd'hui, on s'est optimisé,
20:10on s'est consommé moins d'énergie,
20:13mais quand on voit la promesse, en fait,
20:16de la montée, de la mise à l'échelle de l'IA en termes d'usage,
20:21en termes de puissance recherchée aujourd'hui par les OpenAI,
20:25par Google, par tous ceux qui veulent s'emparer de ce marché,
20:30on nous dit qu'ils vont avoir besoin
20:32de centaines de milliards de dollars d'investissement.
20:35Mais alors, en termes d'énergie, ça va être également phénoménal.
20:38Où est-ce qu'on va la trouver, cette énergie ?
20:40Est-ce qu'on est capables de la trouver ?
20:41Sam Altman, il est déjà en train de nous dire
20:44qu'il faut inventer la fusion nucléaire,
20:47que ça va bientôt arriver, en fait.
20:49C'est au moins 60 ans d'attente.
20:50Mais il dit qu'il faut que ça se passe
20:52parce qu'on aura une énergie gratuite
20:56qui nous permettra de faire tout ce qu'on veut
20:58et de faire tourner de l'IA.
21:00Alors déjà, je pense qu'il faut qu'il arrête la drogue
21:01parce que ce n'est pas tout de suite que ça va arriver.
21:04Et ensuite, mon inquiétude franche,
21:06c'est que le jour où on a une énergie illimitée,
21:09on va accélérer la destruction de la planète
21:11en consommant encore plus.
21:13Et on n'a pas résolu...
21:15Ce n'est pas juste un problème d'énergie,
21:16c'est aussi un problème de limites planétaires.
21:20Consommer plus de minerais, retourner plus de terre,
21:22détruire plus de vies et de vivants et de la biodiversité,
21:26ça va ne faire qu'accélérer nos problèmes plutôt que les résoudre.
21:29Ce n'est pas un problème d'énergie, c'est un problème de carbone.
21:32Merci beaucoup, Vincent Champin,
21:33membre du comité exécutif du groupe Framatome.
21:36Tristan Nitto, directeur associé d'Octotechnology
21:39en charge des communs et de l'anthropocène,
21:40d'avoir permis de nous éclairer sur ce sujet.
21:43Allez, à suivre, on a rendez-vous avec les cryptos.
21:50On termine cette édition avec Thomas Meurin,
21:52qui m'a rejoint en plateau pour le rendez-vous des cryptos.
21:54Bonjour, Thomas, bienvenue.
21:55Vous êtes consultant blockchain et crypto chez KPMG.
21:59Et aujourd'hui, vous allez nous parler
22:00de la tokenisation des actifs financiers,
22:02parce que c'est la tendance.
22:04Exactement. Déjà, merci de me recevoir.
22:07La tokenisation, effectivement, c'est la tendance actuelle
22:09dans le monde des cryptos actifs,
22:11avec de nombreux acteurs type BlackRock,
22:16qui s'y sont mis,
22:18qui s'y intéressent et qui s'y mettent.
22:20La tokenisation, pour rappel,
22:22c'est le fait de porter sur blockchain
22:24des actifs financiers, par exemple, actions, obligations,
22:28de la monnaie, des fonds monétaires, etc.
22:30Ça permet de leur apporter
22:34un ajout de liquidité.
22:37Ça permet une transférabilité plus simple
22:40et des frais de transaction moins élevés.
22:45Pourquoi on parle de tokenisation ?
22:46Parce qu'en fait, on a un cas de tokenisation
22:48qui fonctionne à l'heure actuelle,
22:49ce sont les Stablecoins.
22:51D'accord, Stablecoins.
22:52Alors, justement, depuis le 1er juillet,
22:54on a un cadre réglementaire
22:56qui est désormais très clair pour les Stablecoins.
22:58On en a parlé déjà dans Smartech, c'est MICA ?
23:01Tout à fait, c'est MICA, le volet de tokenisation,
23:03enfin, le volet Stablecoin de MICA depuis le 1er juillet.
23:08Si on fait un bref rappel de ce que sont les Stablecoins,
23:11ce sont donc des jetons émis par des émetteurs
23:15majoritairement privés
23:16qui, en fait, s'adossent sur des monnaies fiduciaires,
23:20l'euro, le dollar, etc.,
23:22et qui ont valeur à être stables adossées sur ces monnaies-là,
23:27d'où leur nom, Stablecoin.
23:28Et donc, vous avez effectivement ce cas d'usage
23:32qui fonctionne à l'heure actuelle
23:33avec 170 milliards de dollars
23:36de capitalisation de marché actuellement
23:39pour les Stablecoins,
23:40et qui représente, sur les 30 derniers jours,
23:421 300 milliards de volume.
23:44On observe cependant une dollarisation, en fait,
23:47des Stablecoins sur le marché,
23:50avec une large majorité des Stablecoins
23:53actuellement en circulation adossées au dollar.
23:56On pense notamment à l'USDC de Circle
23:59et l'USDT de Tether,
24:01les deux plus gros Stablecoins actuels.
24:03Alors, justement, vous vouliez parler aussi de Circle,
24:05qui fait l'actualité,
24:06premier émetteur de Stablecoins, conforme à MICA.
24:09Exactement, conforme à MICA.
24:11Donc, que demande MICA dans ce volet Stablecoin ?
24:16Deux choses. La première chose
24:17qui était voulue par le régulateur européen,
24:21c'était la protection des investisseurs.
24:23Donc, pour les investisseurs,
24:26lorsque...
24:27Ce serait la possibilité pour ces investisseurs
24:29de pouvoir échanger facilement leurs Stablecoins euro
24:34contre des euros sonnant et trébuchant.
24:36D'un autre côté, ça impose des contraintes assez lourdes
24:41pour les émetteurs de Stablecoins,
24:44notamment le fait de devoir recevoir
24:46l'agrément d'établissement de monnaie électronique
24:49de la part de la CPR,
24:50et également d'avoir une transparence totale
24:54sur les réserves en cash ou équivalents
24:58derrière les fameux Stablecoins.
25:01OK. Alors, une petite conclusion,
25:03parce qu'on en avait parlé aussi de Société Générale Forge,
25:07qui continue avec son Stablecoin.
25:10Cette tokenisation, elle passe par la tokenisation de la monnaie,
25:15la monnaie au sens régalienne ?
25:18Tout à fait.
25:19En fait, c'est la tokenisation des actifs de règlement.
25:22Et donc, effectivement, on a des institutions financières
25:26telles que Société Générale Forge
25:28qui ont sorti ou mis à jour leurs Stablecoins.
25:31Donc là, on parle de l'Eurocoin Vertible
25:33de Société Générale Forge,
25:34qui a été mis à jour pour être conforme à MICA.
25:38Et on a vu aussi bien pour l'EURC,
25:41qui est le Stablecoin euro de Circle,
25:44donc les métaux américains,
25:46et le Coin Vertible de Société Générale Forge,
25:48on a vu un effet 1er juillet,
25:50avec, par exemple, pour le Stablecoin
25:53de Société Générale Forge,
25:56un triplement de la capitalisation depuis le 1er juillet.
26:00Et vous en tirez quelle conclusion, rapidement, très rapidement ?
26:02Très rapidement.
26:04Que certains acteurs se mettent en conformité,
26:07comme par exemple des institutions financières,
26:09et que d'autres, comme l'américain Tether,
26:13n'ont pas encore souhaité se mettre en conformité
26:15et pourraient perdre le marché européen
26:19s'ils se faisaient retirer des plateformes,
26:23comme c'est le cas pour le texte.
26:25Merci beaucoup. Merci, Thomas Meurin.
26:27Vous êtes, je le rappelle, consultant blockchain et crypto chez KPMG.
26:30Et merci à tous de nous suivre sur la chaîne Be Smart For Change.
26:34Vous nous suivez à la télé, en podcast, en replay,
26:36sur les réseaux sociaux, bien entendu.
26:38A bientôt, je vous dis à bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.

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