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Lundi 17 mars 2025, SMART TECH reçoit Marc Watin-Augouard (général & fondateur, Forum InCyber) , Domitille Champetier de Ribes (Responsable des partenariats et marketing, Bioxegy) , David Marti (Président, Communauté urbaine Creusot-Monceau) , Thomas Mélonio (chef économiste, AFD) et Guillaume Tissier (directeur général, Forum Incyber)

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00:00Bonjour à tous, la cybersécurité est au programme politique en ce moment même mais
00:13alors comment ça va se passer avec ces nouvelles obligations en matière de
00:15protection numérique jusqu'au niveau des collectivités locales ? Les défis
00:20cyber dans les territoires c'est à la une aujourd'hui de Smartech. On aura
00:24rendez-vous également avec le biomimétisme, vous savez cette façon
00:27d'observer la nature pour trouver de nouvelles sources d'innovation et
00:30d'inspiration. On regardera notamment comment ça se passe du côté de
00:33l'aérodynamisme dans le règne animal. Mais d'abord trois questions sur le
00:38développement de l'IA et son rôle, le rôle que joue l'Afrique. C'est tout de
00:42suite trois questions dans Smartech.
00:48Le rôle de l'Afrique dans le développement de l'intelligence
00:50artificielle, on en parle tout de suite avec Thomas Mélogneau. Bonjour.
00:54Bonjour. Vous êtes chef économiste, directeur exécutif de l'innovation, de
00:57la stratégie et de la recherche au sein de l'AFD, l'agence française de
01:00développement. Je voulais déjà qu'on fasse un point quand même ensemble sur
01:03cette AFD, sa mission, son mode de fonctionnement parce qu'il y a eu beaucoup
01:07de polémiques notamment sur le réseau social X avec des critiques, des infox
01:12aussi sur l'aide de l'AFD. On prendrait dans la poche des
01:17français, on donnerait de l'argent à la Chine. Expliquez-nous, faites-nous une
01:20petite mise au point rapide sur le fonctionnement, les missions.
01:23Alors l'AFD, c'est une agence et une banque publique qui agit sur trois
01:26catégories de territoires dans les outre-mer français pour soutenir par
01:29exemple les collectivités locales, ça c'est une chose.
01:31L'AFD est très présente dans les pays émergents, notamment pour réduire le
01:34changement climatique ou préserver la biodiversité. Dans les pays émergents,
01:38l'AFD intervient sous forme de prêt et donc on va facturer un taux d'intérêt
01:43qui va même dégager un excédent mais en servant des causes communes qui
01:47intéressent la France et les pays émergents. Ça c'est dans les pays
01:49émergents, c'est une action qui en fait rapporte de l'argent.
01:52Dernière chose, l'AFD dans les pays émergents est une banque donc c'est
01:57comme la BNP et la Société Générale, c'est pas une fonction caritative mais on
02:00trouve des intérêts mutuels avec des pays émergents, en particulier dans le
02:03domaine climatique ou économique. Il y a des intérêts français qui peuvent être
02:06liés. Et puis l'AFD intervient aussi dans les pays les plus pauvres,
02:09cette fois-ci sous forme de dons, quand on travaille au Sénégal, au Togo ou au
02:15Bénin, on peut faire des projets sous forme de dons, là pour des causes les
02:18plus sociales et dans ce cas là c'est une mission de solidarité qui en effet a un
02:21coût pour les contribuables, ça c'est le coût de la solidarité, c'est
02:23parfaitement assumé. Bon, je pense que c'est très clair.
02:25Maintenant je voudrais qu'on arrive au sujet qui m'a intéressée, au moment du
02:29sommet de l'intelligence artificielle qui s'est tenue à Paris, l'AFD a été
02:33présente avec un sujet autour notamment d'un projet avec le Sénégal mais ce que
02:39j'entends surtout c'est que l'Afrique joue un rôle aujourd'hui important, vous
02:43dites même crucial, dans l'IA. Pourquoi ? Alors plusieurs choses, d'abord c'est vrai
02:47que pendant le sommet IA à Paris qui je crois était un grand succès, une
02:51importante présence africaine parce que je crois qu'ils partagent avec l'Europe
02:54une ambition qui n'est de ne pas être seulement des consommateurs de produits
02:58IA produits ailleurs mais aussi de participer à la production et d'avoir
03:02des applications qui peuvent servir le continent.
03:04Donc on a eu un nombre très important de ministres du numérique africain qui
03:07sont venus à Paris avec cette volonté de développer des produits spécifiques.
03:11Alors aujourd'hui il y a eu plusieurs choses, il y a eu des travailleurs
03:15africains qui ont participé à la constitution de gros modèles par
03:18exemple en taguant des données mais ça c'est une fonction je dirais qui est
03:21peut-être pas stratégique. En revanche ce qu'on voit émerger, c'est plutôt les
03:23ouvriers du numérique, il y a d'ailleurs beaucoup de débats éthiques sur
03:27cette utilisation. Mais précisément je pense que l'Afrique ne veut pas
03:30être cantonnée dans une sorte de prolétariat numérique, c'est une
03:34première chose. Et deux, on a vu aussi des pays qui arrivent avec des solutions
03:36innovantes qui mettent en place des politiques IA notamment pour développer
03:40améliorer la qualité des services publics.
03:43Peut-être si on peut prendre un exemple, vous avez cité le Sénégal, avec le
03:46gouvernement du Sénégal et l'ONG Bibliothèque Sans Frontières, on a mis en
03:50place des contenus qui sont en partie produits d'ailleurs à partir d'IA pour
03:53améliorer la qualité des enseignements. Et alors une problématique peut-être
03:57spécifique à l'Afrique, c'est qu'il y a beaucoup de langues nationales ou
04:00régionales qui sont maltraitées par les grands modèles IA et dans lesquels il
04:05y a peu de contenus. Donc il y a un enjeu à développer, par exemple dans
04:08l'exemple que je citais en langue peule, des contenus qui sont les contenus
04:12officiels du programme sénégalais et qui sont apportés à des enseignants qui
04:16eux peuvent être amenés à enseigner en français par exemple même si leur
04:19langue maternelle est le peule. Donc il y a vraiment tout un enjeu à développer
04:22des contenus de qualité dans des langues nationales africaines, des contenus qui
04:26sont certifiés par exemple dans le domaine de l'éducation ou de la santé et
04:30qui peuvent donc s'appuyer sur l'IA pour améliorer des services publics qui
04:33aujourd'hui sont d'une qualité qui est encore insuffisante.
04:35Mais pour tenir un rôle important dans le développement de l'IA, encore faut-il
04:39avoir les moyens parce qu'aujourd'hui les investissements ils vont où ?
04:42Ils se passent aux Etats-Unis, ils se passent en Europe aussi, en Asie, en Afrique.
04:47Alors c'est vrai que les très gros investissements qu'on a pu voir ces
04:50dernières années, les plusieurs milliards de dollars par exemple dans les grands
04:53modèles, ça c'était aujourd'hui pas accessible, en tout cas jusqu'à récemment
04:56sur le continent africain. Bon il y a eu quand même le choc dipsyche qui montre
04:59qu'aujourd'hui des modèles moins coûteux, peut-être plus spécialisés, peuvent être
05:03développés. Je crois que c'est un positionnement qui est intéressant d'ailleurs à la fois
05:05pour l'Europe où il n'y a pas non plus des investissements majeurs, en tout cas pas
05:09dans les mêmes montants qu'aux Etats-Unis, et également dans le
05:11continent africain avec plutôt des couches applicatives sur les gros modèles
05:14mais pour répondre à des besoins spécifiques. Donc ça peut être dans
05:17l'éducation, peut-être dans la santé. On a fait un hackathon aussi intéressant
05:20avec Datacraft et Instadip sur le domaine agricole par exemple pour
05:24repérer à partir d'images satellites les zones de multiplication des criquets.
05:28Donc il peut y avoir comme ça des usages spécialisés mais qui ont une forte
05:31utilité dans le contexte africain. Mais là la mission de l'AFD, c'est quoi
05:35précisément dans ce cas du développement de l'IA en Afrique ?
05:38Donc c'est travailler sur des cas d'usage, avoir de l'investissement aussi, ou faire
05:42des prêts ? Comment vous opérez ? Alors en effet il y a plusieurs
05:46catégories d'intervention. Il y aura besoin en Afrique de
05:49data center, d'infrastructure, de câbles sous-marins par exemple. Donc ça c'est un
05:53domaine dans lequel on va intervenir plutôt par des investissements, en prêts
05:56ou en capital. La deuxième chose, on a fait une étude avec des collègues
06:00notamment Peter Addo et Anastasia Tayem pour identifier les drivers de l'IA sur
06:03le continent africain. Et à vrai dire c'est un peu les mêmes que dans le monde.
06:06Il y a aussi besoin de produire plus de talents. Donc là ça peut être le soutien à des
06:09écoles d'ingénieurs, des gens qui vont travailler sur les métiers de la data
06:12science. Donc ça c'est extrêmement important. Et puis on va avoir besoin que
06:15les gouvernements développent des politiques data, de data de qualité,
06:19certifiées. Ça c'est encore un nouveau type d'intervention. Notre filet
06:23Expertise France, ça travaille avec le Sénégal par exemple, qui a mis en place
06:26une politique IA. Donc ça c'est pour savoir... Stratégie nationale.
06:30Comment est-ce qu'on produit de la donnée ? Comment est-ce qu'on la rend
06:32accessible ? Comment est-ce qu'on protège les consommateurs ? Donc ça c'est encore
06:36un troisième type d'intervention en plus de l'infra, des talents. Il y a la
06:40gouvernance et la production de data qui vont être un champ d'investissement.
06:43Merci beaucoup Thomas Mélogneau. Je rappelle que vous êtes chef
06:46économiste de l'AFD, directeur exécutif de l'Innovation, de la Stratégie et de la
06:51Recherche. Merci pour vos éclairages. Merci.
06:57Le forum Incyber va se décliner pour la première fois en version régionale
07:01destination. Première destination choisie, c'est le Creusot. C'est l'occasion
07:05surtout pour nous de faire un point sur ces nouveaux défis cyber que vont
07:08rencontrer les collectivités locales. Surtout qu'en ce moment on discute d'un
07:12projet de loi qui renforce des obligations. Alors pour en parler, David
07:16Marty est avec nous. Bonjour. Vous êtes maire du Creusot, président de la
07:19communauté urbaine Creusot-Monceau. C'est 34 communes de Saône-et-Loire en
07:24Bourgogne-Franche-Comté. Donc vous allez accueillir ce premier forum Incyber
07:29local, on va dire. Et on va discuter ensemble de pourquoi le Creusot et les
07:34problématiques que vous rencontrez. Et avec nous également le général Martin
07:38Marc, je vais l'appeler Marc Vatin-Angouar. Bonjour. Vous êtes vous le fondateur du
07:42forum Incyber, donc événement européen incontournable aujourd'hui sur la
07:46cybersécurité. Mais quand je dis européen, plus seulement, puisqu'il y a aussi une
07:49déclinaison au Canada. Nouvellement aussi, vous avez décidé de partir au
07:53Texas pour aller voir ce qui se passe du côté des Etats-Unis.
07:57Mais aujourd'hui notre sujet ça va être la déclinaison dans les territoires en
08:00France. Et vous êtes venu avec Guillaume Tissier. Bonjour. Directeur général donc
08:05du forum Incyber. Alors est-ce qu'on a déjà un sujet d'inquiétude aujourd'hui
08:10sur les défis cyber au niveau des collectivités locales ? Qui veut
08:16commencer ? Écoutez, je vais simplement vous dire une chose, c'est que pendant longtemps on a dit
08:21les collectivités territoriales, les hôpitaux ne seront jamais touchés parce
08:25que c'est les services publics, parce que ce sont des gens gentils. Et les
08:29cyberattaquants ne s'intéressent qu'aux méchants, qu'aux Etats,
08:33aux grandes entreprises. On l'a découvert, on le savait déjà, mais ça a été accentué
08:39avec le Covid, que nul n'était épargné par les prédateurs et que même l'attaque
08:47de collectivités territoriales d'hôpitaux était un
08:52moyen pour les prédateurs de faire une plus grande pression parce qu'on est
08:57encore plus tenté de secourir des hôpitaux, des collectivités territoriales
09:02compte tenu de l'ambition de services publics. Et alors est-ce que c'est un
09:05sujet d'inquiétude quand on est au sein d'une collectivité de se retrouver face
09:09à des cyberattaquants parfois liés à des états, enfin je veux dire des
09:13attaques d'une ampleur assez importante ? C'est l'actualité.
09:17Déjà depuis un certain temps, on ne se pose pas la question de savoir si on va
09:23être attaqué ou pas, nous le sommes. Nous le sommes, nous subissons plusieurs
09:26attaques. Vous les voyez ? Ah oui bien sûr et donc il faut se préparer à contrer ces
09:31attaques. Mais il y a, comme l'a dit le général, des hôpitaux, des
09:35collectivités. Sur mon territoire, la ville de Monceau a été attaquée, a été
09:39plusieurs mois sans pouvoir fonctionner. Nous sommes, nous, régulièrement
09:43attaqués à la communauté urbaine. Nous avons des services qui sont de plus en
09:47plus performants et formés pour contrer ces attaques. Mais c'est l'actualité
09:52bien entendu. Et au-delà des collectivités, c'est les entreprises sur
09:56un bassin industriel comme le nôtre, avec une technologie de pointe,
10:01Industrie 4.0, qui sont des cibles également. D'où l'intérêt de
10:05venir sur un territoire. Et alors donc on a en ce moment en discussion au niveau
10:10politique au Sénat et au printemps, ce sera au Parlement, une loi qui doit
10:14renforcer la cybersécurité, qui va aussi, à travers la déclinaison de la
10:20directive NIS 2, donner des obligations à davantage d'entités, dont des
10:25collectivités. Est-ce qu'aujourd'hui, ce texte, vous pensez, est le bon ? Et est-ce
10:30qu'on a les moyens de sa mise en application, au niveau local ?
10:34C'est tout l'enjeu. C'est-à-dire que c'est un texte ambitieux.
10:37Donc la transposition, effectivement, est en cours de réalisation avec un texte
10:41qui devrait être adopté prochainement. Et tout le sujet, c'est d'accompagner
10:46finalement la mise en place de ces exigences. Parce que c'est des exigences
10:49de protection, d'analyse de risque, de notification en cas d'incident.
10:54Donc c'est très vertueux. C'est un levier formidable.
10:56Simplement, il faut que ce levier soit adapté. Et c'est tout l'enjeu des
11:00discussions qui ont eu lieu, notamment au Sénat, avec la commission spéciale, que
11:04d'accompagner la mise en place de ce texte, notamment auprès des
11:07entreprises et des collectivités. Puisque la mise en conformité a évidemment un
11:10coût. C'est une contrainte. Néanmoins, quand on regarde le niveau et le degré
11:14de numérisation des entreprises, et notamment des industriels aujourd'hui,
11:18on voit aussi que la cybersécurité est un levier de performance, de business.
11:22Et qu'on ne peut pas concrètement aujourd'hui mettre en place une usine
11:25réindustrialisée avec une usine numérisée, si on n'a pas cette démarche
11:29de cybersécurité. C'est intéressant. C'est-à-dire que la cybersécurité est un
11:32outil aujourd'hui, un levier pour la région, pour être plus compétitive, plus
11:36attractive ? Oui, absolument. Là aussi, c'est une réalité. Quand on veut être un
11:42territoire comme le nôtre à la communauté urbaine,
11:44creusot-monceau, d'innovation, territoire d'innovation dans tous les sens du
11:50terme, nous voulons être smart territoire, comme on dit, c'est un facteur
11:54d'attractivité, à condition de bien s'y préparer. A la fois avec les acteurs
11:58publics, que nous sommes, et puis à la fois avec les acteurs privés, que j'évoquais
12:01tout à l'heure, le monde économique et notamment l'industrie, cette industrie de
12:05pointe que nous avons chez nous, qui doit forcément, également, et bien être à la
12:11pointe de tout ce qui touche à la sécurité. Pourquoi ? Parce qu'on a aussi
12:15des industries qui sont dans des process ultraconfidentiels, qui travaillent pour
12:21la Défense Nationale, donc il y a une question de souveraineté derrière, et on ne peut
12:26pas rester sans rien faire, faute de quoi on pourrait être mis en péril dans les
12:31productions. C'est-à-dire qu'elles attendent aussi de vous, des élus locaux, des garanties de
12:37protection ? Oui, bien sûr, on accompagne, nous, le monde économique en tant que
12:41collectivité, de manière 360, comme on dit, sur tous les aspects, et ils sont
12:47dans cette attente qu'on puisse les accompagner, les conseiller, et puis
12:51mettre en place des process, à la fois qui soient sur, de la part de la
12:57collectivité, je prends l'exemple la fibre, quand nous sommes un territoire
13:01fibré, déjà depuis un certain temps, nous devons améliorer tout ce qu'est la
13:04sécurité sur la fibre, qui va jusqu'aux entreprises.
13:07Nous avons un certain nombre de bureaux d'études qui, encore une fois, travaillent
13:11sur des process ultraconfidentiels, il faut que ce soit sécurisé, donc il y a
13:15une attente de la part du monde économique, des industriels, que la
13:19collectivité vienne en soutien, soit vraiment quelqu'un qui apporte un niveau
13:24de sécurité, parce que si on n'est pas en capacité de le faire, les entreprises
13:28ne viendront pas, et les entreprises ne viendront pas s'implander sur un
13:32territoire qui n'aura pas réfléchi et qui ne se sera pas préparé à ça.
13:37Alors ça veut dire aussi qu'il faut avoir un écosystème cyber, des entreprises de
13:42la cybersécurité en région, et il en est où cet écosystème cyber en région ?
13:47En fait, si vous voulez, pour pouvoir innover, il faut avoir de la
13:50cybersécurité, on ne construit pas sur de la vase.
13:53Il faut donc avoir déjà un socle suffisant, et sur place, il faut à la
13:57fois des entreprises qui soient capables d'offrir des solutions de sécurité, mais
14:03aussi de la formation de personnes aptes à mettre en oeuvre des solutions de
14:08cybersécurité, parce qu'aujourd'hui, c'est la vraie question, où sont les
14:12compétences ? Qui forme les compétences ? Alors quand au Creusot, vous avez des
14:15écoles sur l'intelligence artificielle, sur la cybersécurité, et ainsi de suite,
14:19vous voyez bien que c'est une offre directe aux entreprises locales de
14:25personnels formés, et donc tout ça, c'est un ensemble qui se tient.
14:29Vous voyez, pour pouvoir développer un territoire, en faire une Silicon Valley de la
14:34Bourgogne-France-Comté, mais si, c'est l'ambition, c'est l'ambition, il faut
14:38l'avoir, et il faut avoir sur place tous les éléments publics,
14:42privés, civils, éventuellement militaires, les forces de sécurité, tout doit être
14:49rassemblés, chacun dans son métier, mutualisés, plateformisés, pour pouvoir
14:54apporter un territoire, une sécurité. Et pourquoi le territoire, comme la
14:59communauté urbaine, est importante ? Parce que c'est là où les gens se
15:03connaissent. Or, pour pouvoir créer la confiance, il faut d'abord que les gens se
15:07connaissent, que les gens parlent, échangent, et c'est pour ça qu'on va faire notre forum
15:10au mois de mai. C'est pour créer cet échange, pour décloisonner, faire en
15:14sorte qu'il se crée un esprit, un état d'esprit, une ambition au sein de ce
15:19territoire de la communauté urbaine. Donc, il faut mobiliser cet écosystème
15:24cyber, il faut aussi lui apprendre à travailler avec le public, parce qu'il y a
15:27effectivement, se rencontrer, enfin, il y a des codes spécifiques pour accéder au
15:31marché public. Là, il y a aussi un travail important à faire, j'imagine.
15:36Ah oui, oui, mais il y a déjà une culture... Vous ne parlez pas forcément le même langage ?
15:40Oui, c'est vrai, mais de moins en moins. Et nous avons la culture, sur ce
15:44territoire, justement, d'un travail en proximité entre le public et le privé.
15:49Parce que depuis très longtemps, les réussites que nous avons, notamment au
15:54niveau industriel, mais pas que, ce sont des réussites qui se sont appuyées sur ce
15:59travail entre le public et le privé, sur un rapport de confiance, avec des codes
16:03différents, certes, mais avec un objectif commun, qui est de porter cette ambition,
16:08comme le disait le Général, d'une sorte de Silicon Valley, à notre niveau, en
16:15créant un écosystème, mais ça passe par le décloisonnement, et ça passe par des
16:20échanges continus. Donc les codes peuvent être différents à un moment donné, mais
16:25on se retrouve très vite vers un point de convergence, qui est cette ambition, et
16:30cette sécurité commune que nous devons créer.
16:32Quels sont les principaux risques cyber, au niveau, vraiment, des
16:37collectivités locales ? Il y a des risques, finalement, tout comme
16:42les entreprises, qui sont des risques d'une cybercriminalité assez
16:47ordinaire, qui touche finalement tout le monde, et puis un risque aussi d'une
16:53cybercriminalité, pour le coup, beaucoup plus organisée, structurée, qui fait
16:58beaucoup de dégâts, et lorsqu'on parle d'infrastructures critiques,
17:00et bien c'est notamment le cas. Une usine, aujourd'hui, à partir du moment où elle a
17:05été numérisée, à partir du moment où on a interconnecté ces systèmes industriels
17:09avec l'IT classique, et bien ça devient une cible potentielle pour des
17:13entreprises, pour des attaquants, avec toujours ces attaquants, soit
17:17très opportunistes, soit au contraire, qui font du cibler, parce qu'ils savent
17:20qu'à tel endroit, ça peut faire mal. Mais alors, si on parle d'industries
17:23critiques, même de nucléaires en région, ça, aujourd'hui, il y a l'Annecy qui pilote,
17:28qui veille, ces grands groupes, ils ont déjà les codes sur leur cyberprotection,
17:33ils ont déjà les éditeurs qui les accompagnent, les solutions technologiques.
17:36À quel niveau, vous dites, en revanche, là, il y a des failles ?
17:40C'est la chaîne, en fait, derrière les grands donneurs d'ordre, et c'est tout
17:44l'objectif de Nice 2. Nice 2, l'ambition, indépendamment du renforcement des
17:48exigences, c'est de passer de 600 entreprises d'organisation couvertes,
17:53assujetties au texte, à 15 000, pour couvrir la chaîne, parce qu'on sait bien
17:58que dans une chaîne, il suffit qu'un maillon soit faible pour que, finalement, la
18:01sécurité de l'ensemble soit remise en cause, et, typiquement, ces grands donneurs
18:05d'ordre qui sont présents au Creusot, notamment, derrière, ils ont énormément
18:10de sous-traitants, des sous-traitants de sous-traitants, et c'est donc la
18:13sécurité de ces composants-là auxquels il faut, aujourd'hui, s'attaquer.
18:18Et vous vous sentez suffisamment armés, vous, au niveau local, face aux nouvelles
18:22menaces ? Quand on entend la menace russe, elle est là, en France, elle peut passer
18:26aussi, justement, par des attaques en région, par des attaques sur des
18:31hôpitaux. Est-ce que vous vous sentez suffisamment armés, aujourd'hui ?
18:34Non, on n'est pas suffisamment armés, encore, mais il faut tout faire pour
18:40l'être, et c'est ce que nous faisons, au travers de tout le travail que nous
18:45avons engagé, à la fois avec les entreprises, à la fois, nous,
18:49collectivités, puis avec des partenaires, comme peut l'être le forum.
18:53C'est pour être le mieux préparé possible, parce que je le disais tout à
18:56l'heure, des attaques, nous en avons continuellement, alors ça peut être de
18:59petites attaques, qui n'ont pas beaucoup de conséquences, mais ça peut avoir,
19:02aussi, de graves conséquences, comme nous l'avons vu, aussi. Donc, nous ne sommes
19:08pas encore suffisamment armés, mais nous faisons...
19:10Pourquoi vous avez besoin ?
19:12On a besoin d'expertise, on a besoin de ressources, de ressources humaines,
19:18il faut les trouver, à un moment donné, et puis on a besoin de certaines
19:24garanties qui peuvent être données, et de certains soutiens. Vous parliez de
19:29l'agence, notamment, lundi. Oui, pour nous, c'est important, parce qu'elle
19:33nous donne des process, elle nous conseille, et elle nous donne la
19:38possibilité de mieux nous protéger. Mais la sécurité n'est pas à 100%,
19:44on le sait très bien, et ce qu'il faut, c'est quand on est attaqué, et
19:48malheureusement, quand on a subi cette attaque qui a des conséquences, c'est
19:52comment, très vite, on peut sortir de cette attaque. Parce que là aussi, il y a
19:57une véritable difficulté. Certains se font attaquer, ne le disent pas, il y a un
20:02véritable marché de la rançon. C'est une réalité, ça.
20:07Certains en parlent, refusent de payer les rançons, d'autres les payent. Ce qui, du
20:12coup, alimente aussi les attaques.
20:15Donc là, il faut aller sensibiliser, en fait, les entreprises du territoire, pour leur dire,
20:20n'ayez pas peur, finalement, la cybersécurité, on l'a dit tout à l'heure,
20:24c'est plutôt, au contraire, quelque chose qu'on doit mettre en avant, aujourd'hui,
20:28plutôt que masquer. Et au niveau des industries, parce que je sais qu'au forum
20:32Incyber, il y a vraiment un focus qui est mis sur la sécurité industrielle.
20:37On progresse à ce sujet ?
20:38Il faut progresser. En fait, si vous voulez, la difficulté,
20:42l'industrie, c'est qu'elle repose sur ce qu'on appelle des SCADA, des systèmes
20:47de contrôle d'acquisition de données, qui sont souvent anciens et qui doivent être
20:52en permanence remis à niveau. Mais on ne peut pas le faire avec la même vitesse, la
20:59même rupture. Lorsque vous changez, par exemple, l'informatique de gestion, vous pouvez dire
21:03qu'on est vendredi, lundi, vous aurez tout un nouveau système informatique, parce que
21:08les gens ont travaillé pendant le week-end. On n'arrête pas l'eau, on n'arrête pas
21:11les aiguillages, on n'arrête pas les centrales nucléaires, on n'arrête pas...
21:13C'est pour ça que les week-ends sont très dangereux, d'ailleurs, dans le monde économique.
21:16Il y a une vraie question, et ça fait partie des sujets qui sont traités, Guillaume peut
21:20d'ailleurs le confirmer, c'est vraiment un des sujets que nous traitons à la fois au
21:26forum à Lille, mais aussi dans ce forum d'Initié Vert des Territoires au Creusot, où il y
21:32aura toute une partie dédiée, justement, à cette industrie 4.0.
21:35On passe, en fait, de système industriel, si vous voulez, auquel on a apporté des rustines,
21:40parce que c'était des systèmes anciens qu'on avait simplement interconnectés, donc il
21:43a fallu mettre des rustines pour gérer la sécurité pendant cette période transitoire,
21:49avec de la segmentation, par exemple, des réseaux, de façon à ce que les attaques
21:51ne se propagent pas.
21:52Aujourd'hui, on a maintenant des nouveaux équipements qui arrivent, qui sont numériques
21:57par design, quelque part, et donc qui intègrent de la cybersécurité.
22:01On voit bien ce mouvement.
22:02Et puis il y a la 5G qui se développe aussi.
22:04Et puis il y a la 5G qui apporte énormément en termes de flexibilité, en termes de rapidité,
22:10etc., et de productivité, bien sûr.
22:13Le vrai sujet, c'est qu'en même temps, comme toujours, il y a une face plus sombre,
22:17qui est qu'à partir du moment où vous avez ces technos, ça veut dire que vous allez
22:19avoir des objets industriels connectés un peu partout, que ces objets eux-mêmes vont
22:24élargir la surface d'exposition au risque, et que donc il y a encore plus besoin de sécurité.
22:28La bonne nouvelle, c'est qu'effectivement, on arrive aujourd'hui à trouver des solutions.
22:31D'une part, parce que les industriels qui fournissent ces équipements, ces SCADA,
22:35ces ICS, ont intégré de la sécurité.
22:37Il y a des éditeurs aussi.
22:38Ils ont des nouvelles obligations aussi.
22:40Par ailleurs, il y a de l'intelligence artificielle, heureusement, c'est-à-dire qu'on arrive
22:44aujourd'hui à faire beaucoup, par exemple, pour détecter sur un réseau des anormalités.
22:48Ça apporte aussi beaucoup, à la fois pour l'IT, mais en même temps pour les technologies
22:53opérationnelles, ça apporte beaucoup en termes de sécurité.
22:55J'ai un exemple précis, si vous permettez.
22:57Juste pour terminer.
22:58Voilà.
22:59Sur la sécurité, et notamment pour les collectivités, il y a une start-up qui a mis au point notamment
23:05une plateforme collaborative qui s'appelle Interstis, une start-up du Creusot, qui,
23:12du coup, a apporté un niveau de sécurité maximal pour les collectivités, notamment,
23:19et même l'État, puisque maintenant Interstis, c'est aussi l'État.
23:23Une plateforme collaborative qui a supprimé tous les mails, qui permet de collaborer à
23:29une grande échelle, de manière très directe et interactive.
23:33Et ça, c'est un exemple pour nous de plateformes collaboratives qui nous sécurisent et qui
23:38vont aller bien plus loin.
23:39Et c'est du Creusot qu'est née cette plateforme.
23:41Et puis, on va en découvrir plein d'autres, David Marty, quand on va suivre ce forum
23:45N-Cyber chez vous, notamment Smartech Isra.
23:49Donc ça, c'est la grande nouvelle.
23:50Bonne nouvelle.
23:51Merci beaucoup, aussi, Général Vatan Angouar, de nous avoir éclairé, Guillaume Tissier,
23:55sur ces nouveaux enjeux.
23:56Et merci à vous de nous accueillir, donc très bientôt.
23:59Mais avec grand plaisir.
24:00Merci.
24:03On termine cette édition avec Domitie Champeutier-Deribes.
24:11Bonjour.
24:12Bonjour, Daphine.
24:13Vous êtes responsable des partenariats marketing chez Bioxégie.
24:15Avec vous, on s'intéresse au biomimétisme et en particulier à l'aérodynamisme.
24:19Alors, on va commencer peut-être par introduire quelle est la problématique aujourd'hui rencontrée
24:23autour de ce sujet de l'aérodynamisme.
24:25C'est ça.
24:26Alors, on va parler notamment des transports.
24:27Aujourd'hui, c'est un quart des émissions de CO2 qui sont dues au transport, particulièrement
24:32au transport routier.
24:33Plus des trois quarts.
24:34En fait, la demande en mobilité, elle explose et donc finalement, c'est plus de CO2 derrière
24:39plus de polluants atmosphériques.
24:41Et donc, d'après l'OMS, c'est plus de 7 millions de personnes qui meurent chaque année
24:45de ces polluants atmosphériques.
24:46Donc, ça ouvre la voie à des innovations dans les mobilités, notamment sur l'aérodynamisme
24:52parce qu'aujourd'hui, c'est l'une des pistes jugées les plus efficaces pour réduire et
24:57faire chuter les consommations de carburant.
25:00Donc, l'aérodynamisme, très rapidement, c'est quand on étudie en gros les mouvements
25:03de l'air et leur impact sur les objets.
25:06Et donc ici, l'objectif, ce serait justement d'aller réduire l'impact de l'air sur l'efficacité
25:13des véhicules.
25:14D'accord.
25:15Et alors, vous êtes allée regarder dans la nature le poisson coffre jaune.
25:19C'est ça.
25:20En fait, de manière plus large, le biomimétisme sur l'aérodynamisme, c'est ultra performant.
25:25On peut penser au Shinkansen, qui est le train le plus rapide du monde au Japon, qui est
25:29inspiré du Shinkansen, du coup, et ça, pour plein d'oiseaux et de poissons qui doivent
25:36lutter contre l'air ou contre l'eau pour économiser leur énergie.
25:39Aujourd'hui, le poisson coffre, comme vous pouvez le voir à l'écran, ce qui est assez
25:43intriguant, c'est qu'il n'a pas du tout la forme d'un Formule 1.
25:46Il est carré.
25:47Il ne semble pas très aérodynamique.
25:49Il ne semble pas très aérodynamique.
25:51Pourtant, c'est bien cette forme qui lui donne ses bonnes propriétés.
25:55Et donc, comment ?
25:56Finalement, c'est grâce à trois choses principales.
25:58La première, c'est le fait qu'il soit très large.
26:00En fait, sa forme large, ça lui permet d'être rigide dans l'eau et donc de résister mieux
26:06et d'être plus stable et donc de résister à la force qui vient vers lui.
26:09La deuxième chose, c'est sa bouche protubérante qui ressort un peu.
26:12En fait, elle va diviser l'écoulement de l'eau en deux et faire que ça passe sur
26:17les côtés et qu'il n'y a pas de stagnation au niveau du front, etc.
26:21Et la dernière chose, c'est qu'il a une conception assez légère, finalement.
26:25Donc, un bon rapport entre sa masse et sa robustesse.
26:29Et donc, pareil, ça lui offre agilité, etc.
26:31Et donc, les chercheurs, ils se sont inspirés forcément de ses capacités, en fait, pour
26:38réfléchir à comment on peut faire des voitures qui vont être plus aérodynamiques.
26:42Parce que là, ce qui est intéressant, c'est qu'il a un gros espace interne, finalement,
26:47tout en étant aérodynamique.
26:48Donc, c'est ce qu'on cherche dans les véhicules aujourd'hui.
26:50À part pour les Formule 1, bien sûr.
26:52Et donc, l'idée, c'est qu'ils sont venus scanner, du coup, ce poisson en 3D pour
26:57aller ensuite le modéliser sur ordinateur et voir là où étaient les propriétés les
27:02plus impressionnantes, entre guillemets.
27:04Donc, ils ont reproduit deux choses dont j'ai parlé.
27:06La bouche pour séparer l'écoulement et le profil du poisson pour, pareil, que l'air
27:13puisse s'écouler en suivant la forme de la voiture pour éviter qu'il y ait des angles
27:17de décrochage.
27:18Parce que quand l'air se décroche, finalement, c'est là où ça crée des turbulences et
27:22ça empêche la voiture d'avancer face à cet air un peu désordonné.
27:26On a la photo de la voiture ?
27:28Alors, la voiture, je pense que c'est...
27:30À quoi ça ressemble ?
27:31Je l'ai vue passer.
27:32C'était la photo juste avant.
27:33On a la forme, en tout cas, de la voiture qui ressemble un peu à ce poisson.
27:36Ça ressemble vraiment au poisson coffre.
27:38C'est ça.
27:39Et donc, c'est un peu ça.
27:40Et donc, Mercedes, il y a quelques années, ils s'en sont inspirés également pour faire
27:44un concept car futuriste.
27:46Et puis, Bioxégie, plus récemment, nos équipes ont utilisé ça pour un drone volant très
27:52performant avec un de nos partenaires industriels.
27:54Mais donc, ça a vraiment fait ses preuves et on a hâte que ce soit utilisé à plus
27:59large échelle dans d'autres applications.
28:01Mais en tout cas, dans les transports, c'est vraiment intéressant.
28:03Merci beaucoup, Domiti, pour cette découverte.
28:06Je rappelle que vous êtes responsable des partenariats et marketing chez Bioxégie.
28:10C'était Smartech.
28:11Merci à vous de nous suivre avec une grande fidélité sur la chaîne BeSmart4Change.
28:15On se retrouve très vite.
28:16Vous pouvez aussi nous écouter en podcast.
28:17A très bientôt.