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Aujourd'hui dans "On marche sur la tête", Cyril Hanouna et ses invités débattent de la montée de la violence en France.
Retrouvez "On marche sur la tête" sur : http://www.europe1.fr/emissions/on-marche-sur-la-tete

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00:00Europe 1, 16h-18h. On marche sur la tête. Cyril Hanouna.
00:05On est très très très heureux d'être avec vous entre 16h et 18h sur Europe 1 et on est surtout très
00:09heureux d'accueillir Béatrice Brugère, magistrate, présidente du syndicat Unité Magistrat SNMFO,
00:15qui a écrit un livre exceptionnel. Vous nous en parliez hier, Monsieur Dartigolle.
00:18C'est un livre essentiel pour comprendre à la fois les difficultés, mais aussi des préconisations,
00:23des solutions. Donc c'est un livre important. Exactement, parce qu'on parle tellement de
00:28justice. Depuis le début de la saison sur Europe 1 et puis depuis des années dans mes émissions à la
00:33télévision, tout le monde dit qu'il y a un problème de justice. Alors on vous a demandé de nous
00:37appeler au 01 80 20 39 21. Vous pouvez continuer à le faire. Vous nous appelez bien entendu. Vous
00:41posez toutes vos questions à Béatrice Brugère. Merci Béatrice d'être avec nous sur Europe 1.
00:45C'est un bonheur. Merci de votre invitation. Merci. Alors Fabien Lequeur va bien vous placer
00:48le micro. Il est là pour ça. Merci. C'est pour ça qu'on a engagé les psychologues. Merci.
00:53Les spécialistes Elton John et son. Merci d'être avec nous Béatrice. Alors Béatrice, il y a plein
00:58de gens qui ont des questions à vous poser. Et c'est vrai qu'on se pose plein de questions sur
01:01la justice. On a vu plein d'affaires qui sont arrivées dernièrement. On a Serge par exemple
01:06en ligne qui est avec nous. Bonjour Serge. Merci d'être avec nous. Merci d'être là Serge. Vous
01:11avez 63 ans, c'est ça ? Oui, j'ai 63 ans. Je suis retraité de la fonction publique et c'est vrai
01:17qu'avec le recul de mes jeunes années, j'ai l'impression qu'il n'y a plus de justice en
01:22France, que ça va à bolo. Moi j'entends des trucs, je me dis mais attends, je suis sur une autre
01:28planète. Même un scénariste, il ne pourrait pas faire ça. Ça ne serait pas crédible. Même dans
01:33un film, ça ne serait pas crédible d'entendre tout ce qu'on entend. Et puis je me dis bon,
01:37est-ce qu'un homme politique ou un parti ou je ne sais pas quoi va inverser la tendance et revenir
01:44à des logiques ? Sans se faire traiter de fasciste ou de droitier, merde, la justice. Tu fais une
01:51connerie. Moi j'ai fait des conneries quand j'étais ado, j'assumais. Quand je tournais dans
01:56le bus, le contrôleur me disait voilà, ça fait tant l'amende, je payais l'amende. Je n'ai jamais
02:01contesté une amende ou des conneries d'ado. Vous savez les conneries quand on est ados. Voilà,
02:07je ne suis pas un bonbon. Ça fait des cat-conneries. C'était genre je ne suis pas un bonbon dans une
02:11épicerie, ne pas payer le bus. Par contre, je ne contestais pas l'autorité. Quand j'avais une
02:18amende, ça me faisait un peu hum. Mais vous la payez. Serge, par exemple, on va prendre un
02:24exemple. Merci Béatrice Brugère. On va prendre un exemple dans l'affaire Camilia. Comment est-ce
02:29possible que le responsable de ce drame ait été remis en liberté ? C'est un peu, Serge parlait
02:33de plein d'exemples. Là, c'est cet exemple qui me vient en premier en tête. On l'a entendu la
02:37semaine dernière, c'était l'affaire à Valoris avec cette petite fille qui s'est faite renverser.
02:41On l'a vu, le responsable du drame, pour l'instant, il est en liberté. Sur tous les sujets, Serge vous
02:46a posé une question, c'est vrai. Est-ce qu'il y a encore une justice en France ? Beaucoup d'auditeurs
02:51nous posent cette question, Béatrice. Oui, écoutez, merci. La tâche est quand même assez
02:57difficile. Moi, déjà, j'entends les critiques, ce qui est déjà très important. C'est-à-dire que je
03:03crois que c'est déjà important de reconnaître quand on n'est pas à la hauteur des attentes des citoyens.
03:08Parce que je reste persuadée que la justice est d'abord au service des citoyens, pour commencer.
03:13Et ce que je regrette, et c'était aussi l'objet de ce livre que vous avez eu la gentillesse de citer,
03:19ce que je regrette, c'est que finalement, aujourd'hui, alors que les magistrats travaillent
03:25beaucoup, font beaucoup de choses, en réalité, les attentes et les résultats ne sont pas du tout
03:30au rendez-vous. Et il y a une déconnexion totale entre ce que même le corps de la magistrature,
03:35les avocats, enfin, je parle au sens large, fait, qui sont souvent des gens très engagés, et puis
03:41une distorsion totale avec les attentes et même la compréhension de ce que l'on fait. Et je pense
03:47que la pédagogie et la communication, déjà, est extrêmement importante. Le ministère de la justice
03:51ne le fait pas, je le regrette, il faut le faire. Ça, c'est le premier point. Je suis complètement d'accord avec vous, excusez-moi.
03:56Oui, pardon. Le ministère de la justice ne le fait pas, je suis désolé, vous avez raison.
04:01Et donc, si eux ne le font pas, les autres le font pour eux. Et parfois, ils le font mal, d'ailleurs,
04:06puisque, et ça, ce n'est pas une critique contre les médias, parce que moi, chacun est dans ce rôle,
04:11ce qui fait que souvent, on comprend encore moins, parce que les médias font les procès sur les
04:17plateaux, sans avoir toujours, d'ailleurs, tous les éléments et tout, tout à fait normal.
04:21On le fait, nous aussi, parce qu'on réagit avec le cœur aussi, parfois, sur des affaires.
04:24Oui, mais moi, ce n'est pas une critique contre les médias, c'est une critique contre le ministère de la justice.
04:28C'est-à-dire que chacun est dans son rôle, et si la place est vide, elle se remplit par ailleurs.
04:34Donc, ce n'était pas contre vous, c'était juste dire que ce déplacement-là, c'est une co-responsabilité.
04:39Après, sur, je crois que ça s'appelle, On marche sur la tête, c'est un peu ce que j'entends,
04:46alors, d'une façon ou d'une autre, sur la justice, c'est-à-dire qu'on a l'impression d'être dans un monde
04:51kafkaïen et absurde. Sur le pénal, qui occupe beaucoup, et à tort souvent, d'ailleurs, parce que la justice civile
04:58est beaucoup plus importante que la justice pénale, en fait, c'est deux tiers des jugements, c'est la justice civile.
05:05Mais le pénal est beaucoup plus spectaculaire et touche davantage, et puis les Français se passionnent pour ça.
05:11Bien sûr, on le voit dans nos émissions.
05:13Sur la justice pénale, ce que l'on peut regretter, c'est qu'en fait, on est dans des injonctions contradictoires,
05:18on a un manque de lisibilité et de visibilité, ce qui laisse penser, d'ailleurs, que la justice est assez injuste,
05:26et c'est votre question sur la petite Camilla, pourquoi, par exemple, pour l'un, on va en détention,
05:31pourquoi pour l'autre, on ne va pas en détention ?
05:33Alors, justement, vous allez nous le dire dans un instant, vous allez nous le dire dans un instant,
05:36non, pas du tout, pas du tout, Béatrice Brugière, vous allez nous le dire dans un instant, c'était extrêmement intéressant,
05:40et je vous le dis, et je vais vous le redire dans un instant, parce qu'on va se retrouver dans quelques minutes sur Orpins,
05:44je trouve que le ministère de la justice ne rend pas service aux magistrats et aux juges, je vous le dis,
05:49je trouve qu'il leur donne une mauvaise image, je le pense vraiment, je vous jure,
05:53et je pense qu'il y a ce travail à faire, parce que les français ont une mauvaise image des magistrats, des juges,
05:59mais qui malheureusement n'ont pas tant de moyens que ça, qui essaient de faire le maximum,
06:02et malheureusement, le ministère de la justice, je le redis, après, vous connaissez ce que je pense du ministre de la justice actuel,
06:08voilà, je pense que le travail a été mal fait, on va en reparler dans un instant sur Orpins, il est 17h38, on se retrouve dans un instant.
06:13Orpins, 16h, 18h,
06:16On marchait sur la tête,
06:18serrez la nouna !
06:19Béatrice Brugère est notre invitée magistrate, la colère qui monte aux éditions de l'Observatoire par Béatrice Brugère,
06:24elle est avec nous aujourd'hui, c'est un livre, voilà, dont on a parlé hier, alors qu'on ne savait même pas qu'elle allait venir,
06:28je vous dis, elle est venue, c'est vrai, non mais c'est vrai, je vous jure, on en a parlé hier, dans votre livre,
06:32Olivier d'Artigone en a parlé hier, il y a énormément d'auditeurs qui nous appellent 01-80-39-21 sur Orpins,
06:38sur les dysfonctionnements de la justice, et donc je voulais répondre,
06:41dans l'affaire Camilia, comment est-ce possible que le responsable de ce drame ait été remis en liberté, Béatrice Brugère ?
06:45Oui, alors en fait, je ne veux pas être technique, mais c'est intéressant de comprendre pourquoi,
06:49pour les crimes, on peut mettre en détention provisoire sur une notion qui s'appelle l'ordre public,
06:56cette possibilité a été supprimée, on se demande bien pourquoi, enfin, on sait pourquoi, pour les délits,
07:01or, sur l'affaire Camilia, on est sur un délit, et du coup, cette notion d'ordre public, qu'est-ce que ça veut dire ?
07:08Parce que ça aussi, ça ne parle pas tellement, l'ordre public, c'est la gravité des faits, leurs conséquences,
07:14et la manière dont elle fait écho, aussi, dans l'opinion.
07:17Donc, pour les crimes, on estime que c'est important, et que c'est une notion qui permet de mettre en détention provisoire,
07:24mais pour les délits, on ne peut pas l'invoquer, donc on doit chercher d'autres critères de détention.
07:29Et par exemple, les autres critères de détention qui n'ont pas été retenus,
07:32c'est souvent un casier judiciaire, ce qui n'était pas le cas, long comme le bras,
07:37c'est aucune possibilité de s'assurer que la personne va venir faire défaut pour la justice,
07:44c'est la complicité, mais là, il était tout seul, c'est en fait ce qui met en péril l'enquête,
07:50et du coup, on peut toujours, puisque le parquet l'a demandé, donc il y aura un appel, on verra ce qu'il y a,
07:55on peut toujours essayer de demander la détention, mais sur ce critère, qui était celui de la gravité,
08:01parce que c'est très grave, c'est comme une petite émerveillée, on ne peut pas l'invoquer.
08:04Moi, ce que je dis, tout simplement, c'est qu'à chaque fois, tirons les conséquences de nos failles,
08:09remettons ce critère, je pense que ce critère doit être remis,
08:13parce qu'on s'aperçoit qu'aujourd'hui, il y a des délits qui commettent des faits extrêmement graves,
08:17et qui sont des troubles à l'ordre public, sans être des crimes, voilà, je n'en dis pas plus.
08:21Mais ça, il suffit de l'expliquer, ça ne veut pas dire pour autant qu'on fait bien, il faut au moins l'expliquer.
08:27Mais il faut vous donner les moyens aussi, Béatrice Brugère, magistrate, présidente du syndicat Unité Magistrat,
08:32il faut qu'on vous donne les moyens aussi de pouvoir faire, voilà, aujourd'hui,
08:37je pense qu'il y a énormément de choses qui ont changé,
08:39aujourd'hui, les délinquants des années 2000, 90, 2000, ne sont pas les délinquants de 2024,
08:46et même au niveau de l'âge, c'est vrai que c'est fou, les mineurs d'aujourd'hui ne sont pas les mineurs d'hier,
08:51et aujourd'hui, on doit vous donner les moyens, on doit pouvoir vous donner les outils pour pouvoir...
08:56Sur les délinquants, d'ailleurs, c'est intéressant ce que vous dites, parce qu'on dit que ce ne sont pas les mêmes, d'accord.
09:01Très bien, vous avez raison.
09:03Mais je vais vous donner quelque chose de précis, par exemple, je regardais avant de venir,
09:07parce que j'ai eu le temps, j'ai été prise dans les embouteillages,
09:09non plus sérieusement,
09:11il y a eu un changement total de profil de gens qui sont en détention.
09:16Par exemple, dans les années 80, quasiment la majorité des gens qui étaient mis en détention,
09:21c'était les atteintes au bien, donc les vols, etc.,
09:23dont vous avez peut-être pu comprendre avec d'autres intervenants qui sont venus avant moi,
09:27que le taux d'hallucination est totalement effondré, puisque...
09:30C'est ce que vous a dit Brice Hortefeux.
09:31Exactement, et qu'en réalité le vol aujourd'hui n'est quasiment plus poursuivi, on va quand même dire les choses.
09:36Non mais c'est ça qui est fou.
09:36Oui, on pourra en reparler aussi.
09:38Mais ce qui est en détention aujourd'hui, ce ne sont pas les mêmes personnes,
09:41donc ce ne sont pas les mêmes délinquants, ce sont les violences, les atteintes faites aux personnes,
09:45et donc on est monté sur une autre forme de délinquance.
09:48Voilà, excusez-moi, c'était juste pour préciser votre pensée.
09:51On comprend tout à fait, merci Béatrice Brugière de préciser.
09:54On a Valérie qui est avec nous, pas Valérie Benaym qui est avec nous, qu'on adore,
09:57et là c'est une autre Valérie qu'on va certainement adorer, qui habite Paris.
10:00Bonjour Valérie, merci d'être avec nous sur Europe 1.
10:02Bonjour Cyril, merci pour cette émission, un grand bonjour à toute l'équipe que je suis régulièrement,
10:10c'est toujours un plaisir de vous écouter.
10:12Merci d'être avec nous sur Europe 1 tous les jours, 16h, 18h, bien sûr on marche sur la tête,
10:16et Valérie, dites-nous tout, vous avez Béatrice Brugière qui est avec nous, magistrate,
10:20et c'est vrai qu'on parle beaucoup de justice dans nos émissions notamment.
10:23Alors moi je vais vous dire ce que je crois, comme beaucoup de Français,
10:28c'est que le fond de ce problème c'est évidemment les places de prison,
10:31et ce qui est le plus choquant en réalité c'est que ça fait des décennies qu'on a des dirigeants,
10:38des chefs d'État, des gens qui se présentent aux élections et qui promettent la construction de places de prison,
10:46et qui ne le font pas.
10:47Et ce qui est choquant, c'est que moi je comprends par exemple qu'on ne puisse pas forcément gérer au niveau financier un pays,
10:54vous voyez qu'il y a une dette etc, mais des places de prison,
10:57comment est-ce qu'on justifie qu'on ne puisse pas les construire ?
10:59En fait il n'y a aucune raison de ne pas construire les places de prison,
11:03c'est-à-dire que là on a fait des travaux pharaoniques pour les Jeux Olympiques,
11:07on n'a pas demandé aux Parisiens si ça les dérangeait.
11:10Je sais Valérie, en fait le problème qu'il y a, c'est qu'il y a très peu de maires et de communes qui veulent avoir des prisons.
11:15C'est la maire commune.
11:16Est-ce qu'on a demandé aux Parisiens s'ils avaient envie d'avoir des travaux pendant trois ans ?
11:20Non.
11:21Est-ce que quand il y a des urgences, il me semble que si on demandait aux Français
11:25est-ce que vous préférez qu'on ne construise pas de prison et qu'on ait des délinquants, des criminels dans les rues, des multirécidivistes ?
11:33Je pense que les Français préféraient qu'on construise des prisons, oui vous avez bien raison.
11:36Voilà, et c'est je crois ce qui est le plus choquant pour les Français,
11:40c'est de se dire qu'on a des chefs d'État qui promettent,
11:43et personne ne vient à un moment donné leur dire vous avez promis, maintenant il va falloir le faire,
11:49parce que sinon vous rendez les clés de l'idée, tout simplement.
11:52C'est un problème de sécurité, ce n'est pas anodin la construction de places de prison.
11:57Donc moi je ne comprends pas quand Macron se fait lire en disant
12:02je vais construire tant de places de prison et qu'il n'y a personne pour lui dire
12:05bon ben maintenant on les construit, on ne les construit pas, pourquoi vous ne voulez pas les construire, vous voyez.
12:09Et en fait ce que disait justement la madame Brugère,
12:16en disant que les délinquants et les criminels ont changé de profil en prison,
12:21c'est toujours le même problème, c'est-à-dire qu'effectivement on ne poursuit plus pour les vols puisqu'il n'y a pas de places de prison.
12:27Donc on poursuit les plus dangereux, et c'est comme ça qu'on va au fur et à mesure avoir des gens de plus en plus criminels dans nos rues,
12:36parce qu'il va y avoir de plus en plus d'impunité.
12:38Les voleurs savent qu'il n'y a pas de places de prison, les mineurs savent qu'il n'y a pas de places de prison,
12:45la délinquance on n'en parle pas, donc moi je pense que c'est quand même ça le fond du problème.
12:51Je trouve que les français sont pris en otage par Macron, qui a refusé de construire les places de prison qu'il avait promis.
12:58Alors Bérangère Brugère.
12:59Béatrice.
13:00Béatrice, oui.
13:01D'habitude Brigitte.
13:01Brigitte non, Brigitte non.
13:03J'aime les...
13:05Merci, Béatrice.
13:06Bref, elle.
13:08Alors, j'essaie de vous dire beaucoup de choses en peu de temps sur les prisons, parce que c'est un sujet majeur que j'estime très mal traité.
13:16D'abord, je ne suis pas très fan des chiffres, mais pourtant ils ont quand même parfois un intérêt.
13:21Il faut savoir qu'en France, nous sommes sous-équipés, parce que ça c'est important de le comprendre,
13:28sur le plan carcéral, c'est-à-dire sur le plan des places de prison par rapport au niveau européen.
13:32Nous avons moins de places de prison, ce qui fait que du coup, on a un effet d'optique,
13:37qui laisse penser que comme les prisons débordent, nous sommes très répressifs et nous mettons beaucoup de gens en prison.
13:44En vrai, déjà, on va commencer par ça, il nous manque des places de prison.
13:48Et quant aux mineurs, puisque vous l'avez évoqué, j'en dirai un mot parce que là, vous allez voir, c'est assez édifiant les chiffres.
13:54Quant aux mineurs, il n'y a pas de surpopulation, on est sur une idéologie anti-prison.
13:59C'est-à-dire qu'en France, on ne met pas de mineurs en prison.
14:03Et je vais vous donner des chiffres, assez rapidement, puis je reviendrai sur les majeurs,
14:07parce qu'il y a aussi d'autres choses à dire sur la construction des places de prison.
14:11Il n'y a pas de volonté de construire des prisons, il n'y a pas de volonté d'investir, depuis des années,
14:18j'allais dire, des conditions dignes et respectables pour mettre les gens en détention et construire autrement.
14:25Pire, on ferme des établissements, qui sont des établissements assez beaux, dont on fait des musées, donc c'est bien la preuve.
14:31Alors, je sais bien qu'il y a aussi les maires qui ne veulent pas, etc.
14:35Mais ça, c'est un peu un argument facile.
14:38Sur les mineurs, pour vous démontrer qu'en vrai, c'est un sujet majeur aujourd'hui dans la délinquance,
14:44parce que je pense que la délinquance, il faut la stopper au plus vite et au plus tôt.
14:48Après, c'est trop tard et c'est trop violent.
14:51On a un système pénal qu'il faut absolument réviser, et j'assume d'être peut-être en distorsion avec la DOXA officielle.
14:59Je pense qu'aujourd'hui, on marche non seulement sur la tête, mais à l'envers,
15:04parce que l'on punit beaucoup trop tard et beaucoup trop long, du coup.
15:09Donc, en fait, les gens restent trop longtemps en détention,
15:13mais quand ils arrivent, ils ont souvent un casier judiciaire extrêmement long,
15:17et du coup, au lieu de rester sur des courtes peines qui leur font peur ou qui est un espèce de rapport,
15:23en fait, c'est trop tard, y compris sur l'ancrage dans la délinquance, notamment sur les mineurs.
15:28Et je vous le dis tout de suite, on nous a vendu l'idée qu'il fallait faire des alternatives et des aménagements de peine.
15:36Tous les pays européens, je l'ai regardé encore avant de venir, qui ont fait cette politique,
15:41non seulement n'ont pas fait baisser les gens en détention,
15:45mais tous ces pays, et c'est notre cas, ont fait augmenter la détention.
15:49Donc, en fait, c'est fromage et dessert et on a tout faux.
15:53Donc, il y a d'autres pays qui ont fait autrement, c'est-à-dire qui incarcèrent deux fois plus,
15:57très vite, très très court, et dont les prisons sont vides.
16:01Je pense aux Pays-Bas, ce qui montre bien qu'il y a différentes façons d'aborder la manière de sanctionner.
16:07Et donc, chez nous, on a, depuis les années 80, c'est Foucault, mais Badinter aussi,
16:12je sais que c'est Saint-Badinter, mais tant pis,
16:14on a pris une option pénale qui est totalement différente,
16:18sur laquelle la prison est vue comme le mal absolu.
16:22On a été avec des idées toutes faites, du style, la prison c'est l'école du crime,
16:25or, aujourd'hui, ceux qui vont en détention sont déjà des multi-réitérants,
16:29donc c'est pas l'école du crime, c'est au pire l'approfondissement en secondaire,
16:35voire l'ENA, parce qu'en fait, ils sont déjà souvent délinquants.
16:40Deuxièmement, on pense que faire des alternatives comme les tiges, etc.,
16:44on a des rapports aujourd'hui qui montrent que ça ne sert à rien.
16:47Le brasserie électronique, c'est de la gestion de flux et de stock,
16:51parce qu'on n'a pas de place en prison, mais ça ne permet pas de lutter contre la récidive.
16:55Et sur les mineurs, si j'ai encore deux secondes, je vais vous donner des chiffres,
16:59parce qu'en fait, c'est le dossier brûlant que M. Attal a laissé au nouveau Premier ministre,
17:06en lui disant, je vous ai laissé des dossiers, vous savez, sur votre bureau,
17:09l'autre il dit, mais ils sont un peu vides, mais bon, bref, voilà.
17:12Donc il y en a un, en tout cas, j'en suis sûre, et Le Figaro en a fait un écho hier,
17:16qui est celui de la réforme, de l'énième réforme de la justice des mineurs,
17:20puisqu'on est à la 40e réforme de la justice des mineurs,
17:23ce qui montre qu'en France, on s'est bien réformés.
17:25Dans ce dossier, on est, et vous le savez, puisque c'est aussi votre travail dans d'autres émissions,
17:34on est stupéfait à chaque fois de découvrir des faits divers,
17:38qui sont parfois d'ailleurs des faits de société,
17:40d'une violence inouïe sur des mineurs de plus en plus jeunes.
17:43Bon, alors je vous le dis tout de suite, tous les chiffres ne sont absolument pas fiables,
17:47donc c'est très compliqué de se retrouver là-dessus.
17:51Mais il y a au moins des chiffres qui le sont,
17:53c'est le nombre de mineurs mis en cause.
17:55On est aujourd'hui sur 160 000 mineurs mis en cause.
17:59On est sur 55 000 condamnations de mineurs coupables,
18:06condamnés, à de la prise coupable, reconnu, coupable.
18:10Aujourd'hui, combien on a de mineurs qui sont en détention,
18:15en exécution de peine, en détention,
18:18on en a 240.
18:20Voilà, donc j'ai fait un petit calcul qui vaut ce qu'il vaut,
18:24avec des chiffres qui valent ce qu'ils valent,
18:26qui est aujourd'hui d'un taux d'incarcération,
18:29et je vous le donne parce que personne ne fait ce calcul,
18:31donc c'est mes chiffres, si vous voulez on en reparlera tranquillement,
18:34on est à à peu près 0,6% d'incarcération sur les mineurs.
18:39Alors moi, je veux bien que l'éducatif soit la première chose,
18:43et c'est tout à fait normal parce que si on peut d'abord essayer l'éducatif,
18:47mais manifestement l'éducatif aussi on n'y arrive pas,
18:49et d'ailleurs on voit toutes les violences qu'il y a,
18:53mais aujourd'hui on poursuit beaucoup puisque,
18:57et ça c'est un chiffre que notre ministre dit tout le temps sur vos antennes,
19:01on a un taux de réponse pénale qui est de 90%,
19:05donc on a l'impression qu'en fait on répond,
19:07mais en réalité on poursuit beaucoup,
19:09mais on sanctionne peu.
19:11Et trop tard, et trop long.
19:14Béatrice Brugère était notre invitée magistrate présidente du syndicat Unité Magistrat SNMFO,
19:19il faudra que vous reveniez parce qu'on n'a pas eu le temps,
19:21on a eu une demi-heure, c'est vrai que vous devez rester une heure,
19:23mais grâce à Anne Hidalgo vous avez mis beaucoup plus de temps à venir,
19:25la colère qui monte aux émissions de l'Observatoire,
19:29vous viendrez nous voir quand vous voulez,
19:31parce qu'il y a énormément de questions, je voudrais remercier Valérie,
19:33je voudrais remercier Valérie, Eddy, Jean-Pierre,
19:35qu'on va reprendre bien entendu sur l'antenne d'Europe 1,
19:37et Béatrice Brugère va revenir,
19:39c'est sûr elle me l'a promis,
19:41elle devait rester une heure avec nous,
19:43et elle viendra une heure en plus avec nous quand elle veut bien entendu.

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