Présidentielle américaine : quels sont les enjeux du débat Trump-Harris ?

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00:00Rendez-vous, je le disais, extrêmement attendu, outre-Atlantique, mais aussi dans le reste du monde.
00:05Nous, en tout cas, on vous fera vivre en direct ce débat d'ABC News sur nos antennes demain soir.
00:11On connaît évidemment l'importance de ces rendez-vous.
00:13Le dernier en date, c'était entre Joe Biden et Donald Trump.
00:16Ça avait complètement changé la donne.
00:18On va en parler avec Grégory Raiko.
00:20Bonjour, merci d'être avec nous.
00:21Vous êtes chef de la rubrique internationale à The Conversation France.
00:25On vient de voir ce sujet qui nous rappelle les deux styles diamétralement opposés des deux candidats.
00:30Qu'est-ce qu'il faut attendre de ce débat de demain soir ?
00:33Est-ce qu'on sait déjà ce que ça va donner ?
00:35Bonjour, Elisabeth.
00:36On ne sait pas encore exactement ce que ça va donner.
00:38On sait déjà que les deux candidats, depuis le début de la campagne, ont opté pour des styles radicalement différents.
00:45C'est ce qu'explique dans un article qui vient de paraître sur The Conversation France, Elisa Schell de l'Université de Nanterre.
00:51Kamala Harris a choisi très clairement de faire campagne au centre.
00:54Ce qu'elle veut faire, c'est rassurer, c'est incarner la modération, la capacité à tendre la main à l'autre camp.
01:00Elle pense, et son équipe de campagne avec elle, pense que le réservoir de votes, pour elle, se situe au centre
01:06et que c'est ces gens-là qu'il faut mobiliser au niveau national et surtout, évidemment, dans les principaux États-clés,
01:11dont la Pennsylvanie, où va se dérouler le débat.
01:14Son objectif à elle, donc, c'est d'être aussi présidentiable, aussi sérieuse, peut-être même un petit peu ennuyeuse,
01:20comme lors de son interview sur CNN, que possible, alors que Donald Trump, lui, il a opté pour une approche totalement opposée.
01:27Lui considère qu'il faut avant tout mobiliser l'électorat républicain, y compris celui qui est le plus à droite.
01:33Alors, pour cela, il utilise des méthodes qui sont parfois assez grossières, notamment dans ses paroles.
01:40Dans la façon qu'il a de qualifier Kamala Harris, il essaye de lancer une nouvelle formule, lying Kamala, Kamala la menteuse,
01:46comme il avait réussi à faire Sleepy Joe avec Joe Biden.
01:49Et surtout, il ne cesse de la présenter comme une communiste, comme une marxiste vraiment déterminée.
01:56Et il affirme déjà, d'ailleurs, que les États-Unis sont aujourd'hui déjà aux mains d'une dictature communiste
02:02et que ce sera encore pire avec Kamala, qu'il appelle Kamarade Kamala, au pouvoir.
02:07On a vu notamment des tweets qu'il a pu diffuser sur ses réseaux sociaux, qui sont des montages
02:13où on aperçoit Kamala Harris en uniforme rouge s'adressant à ce qui est supposé être la convention nationale de Chicago,
02:20sous un immense drapeau soviétique.
02:23Alors, on parle de stratégie de Donald Trump, évidemment, il y a des cerveaux en coulisses qui réfléchissent
02:30et qui pensent chaque mot, chaque stratégie, à savoir si elle va être dure ou pas.
02:35Dans le camp de Trump, on a compris, ce sera dur, quitte à voir grossier même, vous le disiez.
02:40Oui, des méthodes très grossières, en tout cas des formulations très grossières.
02:43Alors, on ignore toujours avec Trump s'il y a une part d'improvisation ou s'il applique à la lettre en script qui lui a été fournie.
02:50En tout cas, on sait qu'il y a une constante dans toutes ses interventions médiatiques, dans ses meetings, dans ses interviews, dans ses tweets.
02:57C'est l'agressivité vis-à-vis de Kamala Harris, quitte parfois à travestir les propos de celle-ci, voire à travestir totalement la réalité.
03:06On l'a vu notamment le 25 juillet, quand il présente la vision qu'a Kamala Harris de la question de l'avortement.
03:13Une vidéo qu'on peut par exemple regarder maintenant et qui dure une trentaine de secondes.
03:36Voilà, vous nous le disiez, cette vidéo date du 25 juillet dernier.
04:00On est quelques jours après l'annonce du remplacement de Joe Biden par Kamala Harris.
04:03Il y a un effet Kamala-mania et Trump a décidé d'aller sur cette ligne.
04:09Oui, tout à fait. La tendance avait été très favorable à Trump au préalable.
04:13Vous l'avez mentionné, il y avait ce débat catastrophique de Joe Biden le 28 juin.
04:17Le 13 juillet, il y a eu ces tentatives d'assassinat contre Donald Trump dont il a émergé renforcé avec cette image iconique
04:24où on le voit brandissant le poing, le visage ensanglanté, s'extirpant de la nuée de garde du corps qui cherchait à le protéger.
04:30Et à ce moment-là, on se dit vraiment que les Républicains ont pratiquement parti gagner.
04:34Deux jours plus tard, il sélectionne son collésier, J.D. Vance, qui est un homme jeune qui a 40 ans.
04:39Et à ce moment-là, c'est encore Joe Biden qui est le candidat du côté démocrate.
04:43Donc, on a vraiment cette force de la jeunesse, de la fougue de Vance, de la force incarnée par Trump face à un Biden très affaibli
04:51et une Kamala Harris qui est vraiment dans son ombre à ce moment-là.
04:54Et ensuite, il y a un tournant avec le remplacement de Biden par Harris.
04:58Et c'est à ce moment-là que Donald Trump a ses propos sur l'avortement
05:02où il la présente comme quelqu'un qui, on l'a entendu, souhaite tout simplement autoriser l'avortement jusqu'au huitième ou neuvième mois de la grossesse,
05:10voire après, voire exécuter des bébés.
05:12Des propos volontairement maximalistes, mais c'est comme ça qu'il pense pouvoir mobiliser l'électorat de droite républicain.
05:18Vous parliez de J.D. Vance, le collésier de Donald Trump, ça c'est un choix mûrement réfléchi.
05:24C'est sans doute un choix mûrement réfléchi, mais c'est un aspect que souligne Olivier Burtin dans un article paru sur The Conversation,
05:31un chercheur de l'université de Picardie-Jules Verne, qui met en avant plusieurs faiblesses de la candidature de Donald Trump.
05:37Et peut-être que le choix de J.D. Vance, finalement, aura été en tout cas un choix prématuré.
05:42Parce que, je l'ai dit, il a été sélectionné au moment où Biden était encore en lice.
05:45Mais quelques jours après, Biden s'est retiré au bénéfice de Kamala Harris, qui a pris pour collésier Tim Walz.
05:52Et le ticket Harris-Walz est un ticket qui n'est pas plombé par la vieillesse comme l'était le ticket Biden-Harris.
06:00Par conséquent, déjà, l'avantage de la jeunesse que représentait J.D. Vance, il s'est un petit peu estompé.
06:06Ensuite, deuxième chose, le grand aspect de J.D. Vance, il était connu des Américains, comme l'auteur de Hillbilly Elegy,
06:12un livre paru quelques années avant, sur les campagnes, sur les ruraux, où il se faisait un peu le porte-parole des rednecks américains, du fin fond des campagnes.
06:20Mais Tim Walz, c'est aussi quelqu'un qui incarne complètement la ruralité. Il a grandi dans le Nebraska. Il m'attend au Minnesota. C'est un chasseur.
06:28C'est quelqu'un qui, quelque part, annihile aussi cet aspect de J.D. Vance.
06:32Et enfin, le dernier aspect qui pouvait intéresser la campagne Trump dans la personnalité de Vance, c'est sa capacité à avoir un grand attrait pour l'électorat de droite,
06:41celui pour qui les valeurs sociétales sont les plus importantes. J.D. Vance s'est converti au catholicisme en 2019.
06:47Après avoir été un évangélique, pour lui, ces questions-là sont vraiment centrales. C'est un adversaire acharné de l'avortement.
06:53Mais le problème, c'est qu'il va sans doute trop loin dans certaines de ses formules.
06:57On l'a vu, notamment, dans certaines interviews ou certains tweets, où il a eu des formules qu'on peut maintenant considérer comme malheureuses, pour le moins.
07:04Il s'en prend aux femmes seules, aux femmes divorcées, aux femmes sans enfants. Femmes sans enfants, c'est le cas de Kamala Harris.
07:10Il a notamment expliqué que, selon lui, les personnes qui avaient des enfants devaient peser électoralement davantage que celles qui n'en ont pas.
07:17Et il a parlé de « vieilles filles à chat » pour désigner les femmes seules et sans enfants.
07:23Tout ça, ce sont des propos qui peuvent être très très mal perçus par l'électorat féminin, aussi bien les centristes qui hésitent à aller voter ou non pour Kamala Harris,
07:31mais aussi au sein de l'électorat républicain, où il y a aussi des femmes et des femmes sans enfants.
07:35Il y a 15% d'indécis encore au moment où l'on se parle, donc les Américains vont sûrement se décider au dernier moment, dans la dernière ligne droite.
07:42Et les débats, comme celui auquel on assistera demain, sont extrêmement importants. Les Américains les regardent, évidemment, et BC News le sait.
07:49Il y a des protocoles, des règles que les deux candidats doivent accepter, et Kamala Harris a accepté la semaine dernière une règle.
07:55Elle, elle voulait autre chose, que les micros soient coupés pendant que l'adversaire parle.
08:01Ça nous dit quoi du climat qu'on pourra attendre sur ce plateau ?
08:04Oui, je pense que c'est très révélateur. Kamala Harris veut qu'il y ait des dérapages de Donald Trump.
08:09Encore une fois, elle veut incarner la responsabilité et le sérieux.
08:12Et le mieux pour représenter cela, c'est d'être face à un adversaire extrêmement agressif qui va vous couper,
08:20qui va marmonner dans sa barbe, qui aura des propos peut-être incohérents.
08:24Plus les micros de Trump seront ouverts pendant qu'Harris parle, plus il y a de chances pour Harris que cela se produise.
08:31Mais elle n'a pas eu gain de cause là-dessus, le micro de Trump sera fermé pendant qu'elle parlera.
08:35On pourrait l'entendre quand même.
08:36Mais on pourra quand même l'entendre, et de toute façon, il n'y a pas besoin d'attendre que ce soit le tour d'Harris
08:41pour dire des choses extrêmement maximalistes, et on verra le 5 novembre si c'est une stratégie qui aura payé.
08:46Un dernier mot, on ne sait pas vraiment ce qu'elle a dans le ventre.
08:48On imagine, mais on ne l'a jamais vu dans ce genre d'exercice, c'est très particulier, on l'a vu dans une interview.
08:53Vous en pensez quoi ?
08:54On l'a vu quand même, il y a 4 ans, dans le débat des vice-présidents, donc des colistiers, qu'il a opposé à Mike Pence.
09:01Le problème, c'est qu'à l'époque, Mike Pence avait opté pour une approche très différente de celle pour laquelle optera Donald Trump demain.
09:07Parce qu'il avait été très aimable, très respectueux, il avait voulu lui aussi apparaître très sérieux.
09:14Contre Trump, ce sera une autre paire de manches, et effectivement, elle n'a jamais été confrontée,
09:18même si elle est passée par les premières démocrates, à des adversaires qui vont vraiment lui rentrer dedans.
09:22Merci beaucoup Grégory, merci d'avoir été avec nous sur ce plateau.
09:25J'en profite pour vous dire qu'on lancera demain notre rendez-vous américain.
09:28Chaque semaine, on décryptera l'actualité évidemment de cette campagne qui s'annonce palpitante.

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