DB - 06-09-2024
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00:00:30Épilogue
00:00:38Écoute-moi, Noémie, c'est très sérieux.
00:00:41Dis-moi où il est.
00:00:42Ou plutôt, non, je te demande pas son adresse.
00:00:45Préviens-le seulement qu'il faut qu'il rentre.
00:00:47Est-ce que je sais où il est, ton mari, moi ?
00:00:50Et puis, est-ce que c'est fini, tous ces racontards ?
00:00:52Jérôme vient me voir, et après ?
00:00:54On ne s'en cache pas ?
00:00:56Entre cousins, la belle affaire.
00:00:58Il sera content de savoir que tu es venue le chercher ici.
00:01:00Oh, Noémie.
00:01:02Noémie, écoute-moi.
00:01:06Ginnie n'est pas bien.
00:01:08Tu as une fille, toi aussi.
00:01:11Voilà trois semaines que Jérôme n'a pas reparu.
00:01:14Où est-il ?
00:01:18Oh, Noémie.
00:01:20C'est pas possible que tu sois devenue aussi mauvaise.
00:01:24Écoute-moi, il y a autre chose aussi.
00:01:28Mon fils Daniel a fait une fugue.
00:01:31On ne peut pas rester toutes seules.
00:01:34Préviens mon mari.
00:01:35Mais puisque je te dis que je ne sais pas où il est !
00:01:39Tu ne me crois pas, Thérèse ?
00:01:41Non.
00:01:43Non.
00:01:45Eh bien, tant pis, tu sauras tout.
00:01:48Il m'a trompée, encore une fois.
00:01:50Mais il a filé avec une autre, je ne sais où.
00:01:52Là.
00:01:54Tu me crois, maintenant ?
00:01:57Il a filé.
00:02:00Tu ne peux pas savoir comment il m'a fait souffrir.
00:02:03Je lui ai trop souvent pardonné.
00:02:05Il croit que je lui pardonnerai toujours.
00:02:07Mais non.
00:02:09Jamais plus.
00:02:12Il a séduit une petite bonne que j'avais ici.
00:02:15Une bonne niche.
00:02:16De 19 ans.
00:02:18Victorine.
00:02:20Il l'attendait en bas dans un fiacre.
00:02:23Ils ont décampé ensemble, il y a 15 jours.
00:02:25Mais c'est fini !
00:02:27Fini !
00:02:28Il peut revenir, se traîner à mes genoux, je ne le regarderai même pas.
00:02:31Je le hais, je le méprise.
00:02:34Je l'ai surpris cent fois à mentir, sans aucun motif.
00:02:36Par jeu.
00:02:38Par plaisir.
00:02:39Par instinct.
00:02:41Il ment dès qu'il parle.
00:02:43C'est un menteur.
00:02:45Tu n'es pas juste.
00:02:49C'est toi qu'il défend.
00:02:51Toi.
00:02:56Est-ce que tu as l'adresse de cette...
00:02:58Non.
00:03:00Mais la concierge des foies.
00:03:26Ah non, cette fois-ci, ça dépasse.
00:03:29Même à dimanche, et même à cette heure-ci, je veux qu'on ouvre.
00:03:41Est-ce que vous savez où est mon frère ?
00:03:43Mais...
00:03:44Allez me chercher le bébino.
00:03:46Oui, oui, M. Thibault.
00:03:50Bonsoir, M. Thibault.
00:03:51Bonsoir.
00:03:52Bonsoir, jeune docteur.
00:03:54Bonsoir.
00:03:55Qui est-il donc ?
00:03:56M. Labéau est mon frère.
00:03:58Jacques ?
00:03:59Oui, il n'est pas raté.
00:04:00Mais...
00:04:01Il était consigné.
00:04:02Jacques ?
00:04:05Quoi ?
00:04:06Mais alors, Antoine.
00:04:08Eh bien, père, si c'est une escapade préméditée,
00:04:10cela écarte l'éventualité d'un accident.
00:04:12Mais qu'est-ce que nous allons faire ?
00:04:13Ce soir, rien.
00:04:14Attendre.
00:04:15Attendre, attendre.
00:04:17Passer la nuit dans cette inquiétude.
00:04:20C'est dur pour un père, M. Labéau, c'est dur.
00:04:23Je le ferai ramener par les gendarmes.
00:04:26Les gendarmes.
00:04:28S'il y avait encore une police en France.
00:04:30Permettez, nous hésitions à vous mettre au courant, mais...
00:04:35Après tout, nous avons eu dernièrement à relever contre lui des fautes,
00:04:40disons, particulièrement graves.
00:04:43Il ne vous a rien dit ?
00:04:44Oh, l'hypocrite.
00:04:46Le cher garçon, malgré de sérieux défauts, n'est pas foncièrement mauvais.
00:04:50S'il a péché, c'est surtout par faiblesse.
00:04:53L'influence d'un camarade dangereux,
00:04:56comme il en a tant hélas dans l'Élysée de l'État.
00:04:59Au fait, au fait.
00:05:01Eh bien, voilà.
00:05:02Avant-hier, vendredi, pendant la grande étude,
00:05:04nous sommes entrés dans la classe rapidement, comme nous le faisons toujours.
00:05:09L'ami Jacot, tout de suite pincé,
00:05:11en train de lire un roman de je ne sais quel auteur italien,
00:05:14Les Vierges aux Rochers.
00:05:16Et un ignoble livre de Zola,
00:05:18La Faute de l'Abbé Mouret.
00:05:20Oh, le vaurien.
00:05:22Et c'est tout ?
00:05:23Non, monsieur.
00:05:24Un peu plus tard, en soulevant le pipitre de Jacques,
00:05:28nous avons trouvé là aussi un cahier gris,
00:05:32dont il nous a suffi de parcourir les premières pages.
00:05:40Ce cahier, la pièce à conviction.
00:05:49C'est un cahier de correspondance entre Jacques et un certain Daniel de Fontanin.
00:05:55Ton état d'âme est-il l'indifférence, la sensualité ou l'amour ?
00:06:00Je penche plutôt pour le troisième état, qui était plus naturel que les autres.
00:06:04Quant à moi, plus j'étudie mes sentiments, plus je vois que l'homme est une brute,
00:06:09et que l'amour seul peut l'élever.
00:06:11Tout dire le plaisir que m'a fait ta lettre, c'est impossible.
00:06:15N'es-tu pas mon ami, et plus encore, la vraie moitié de moi-même ?
00:06:23Et prions bon Dieu pour qu'il nous assiste.
00:06:31Je vais passer à l'hôpital pour les prévenir qu'ils ne comptent pas sur moi demain.
00:06:35Et dès la première heure, j'irai questionner ces Fontanins.
00:06:38Oui, tu sais, père, ce sont ces gens qui habitent près de chez nous, à Maison Lafitte.
00:06:42Ah, ces protestants !
00:06:45Ah, la petite gratte de merde !
00:06:49Je veux que ça ne fasse pas trop de scandales.
00:07:07Monsieur ?
00:07:08Pardonnez-moi, madame, je suis Antoine Thibault.
00:07:11Je vous en prie.
00:07:17J'aimerais beaucoup voir votre fils Daniel.
00:07:20Mais... c'est que mon fils, justement, n'est pas visible ce matin.
00:07:26Pardonnez-moi si j'insiste, madame,
00:07:29mais mon frère, grand ami de votre fils, a disparu depuis hier,
00:07:34et nous sommes affreusement inquiets.
00:07:37Disparu ?
00:07:42Daniel non plus n'est pas rentré hier soir, monsieur.
00:07:45Je suis moi-même très inquiète.
00:07:48D'autant plus que mon mari est absent de Paris en ce moment.
00:07:52À quelle heure votre fils a-t-il disparu hier ?
00:07:56Il est parti de très bonne heure,
00:07:59mais il est repassé à la maison un peu plus tard, entre dix heures et onze heures.
00:08:04Mais comme Jacques !
00:08:06Alors ils sont partis ensemble, voilà.
00:08:08Génie !
00:08:09Non, laissez, madame, laissez, je suis médecin.
00:08:11Lâchez.
00:08:20Bon, ce n'est rien. Je vais la transporter dans sa chambre.
00:08:25Venez, suivez-moi.
00:08:28Venez, suivez-moi.
00:08:53Bon, ce ne sera rien. Enfin, il vaudrait mieux qu'elle dorme.
00:08:57Jusqu'à ce qu'elle dorme.
00:09:04Entends, ma chérie.
00:09:20Merci.
00:09:24Cette enfant est tellement nerveuse.
00:09:26Elle a dû entendre Pu s'aboyer et croire que c'était son frère qui rentrait.
00:09:32Elle n'est pas bien depuis hier matin.
00:09:43Lisez, c'est un mot de Daniel.
00:09:51Il y a certainement un lien entre leur fugue
00:09:54et une correspondance que le professeur de Jacques vient de découvrir.
00:09:57Une correspondance ?
00:09:59Oui. Il s'écrivait pendant les classes.
00:10:02Et des lettres d'un ton tout à fait particulier, paraît-il.
00:10:07Les deux coupables ont même été menacés de renvoi.
00:10:10Les deux coupables ?
00:10:13Coupables de quoi ?
00:10:16Je vous avoue que je ne vois pas bien.
00:10:18Tout ceci est hors de question, monsieur.
00:10:24Votre fille sait peut-être quelque chose.
00:10:27Non, je ne pense pas.
00:10:30Mais si... Je me souviens.
00:10:33Cette nuit, dans un cauchemar, elle a prononcé le nom de Thibault.
00:10:38Ma chérie, c'est monsieur Thibault.
00:10:41Tu sais, le frère de l'ami de Daniel.
00:10:55Oui, encore un petit peu rapide.
00:10:59Quel âge a-t-elle ?
00:11:01Presque 13 ans.
00:11:04Vous connaissez mon frère, mademoiselle ?
00:11:07Jacques Thibault.
00:11:10Bien vrai ?
00:11:12Daniel ne vous a jamais parlé de son meilleur ami ?
00:11:17Cependant, rappelle-toi, ma chérie.
00:11:19Cette nuit, tu rêvais de lui.
00:11:21Cependant, rappelle-toi, ma chérie.
00:11:24Cette nuit, tu rêvais qu'on poursuivait sur une route
00:11:26Daniel et son ami Thibault.
00:11:29Tu as dit Thibault, très distinctement.
00:11:34Je ne le connais pas.
00:11:38Bien.
00:11:40Maintenant, il faut fermer les yeux et dormir.
00:11:51Elle ne sait rien.
00:11:55Elle est l'innocence même, mais elle sait.
00:12:02Elle sait ?
00:12:05Comment ?
00:12:07J'étais à côté d'elle cette nuit.
00:12:09J'ai senti...
00:12:12Je ne sais pas comment expliquer.
00:12:16Elle sait.
00:12:18Elle sait maintenant, j'en suis sûre, elle sait.
00:12:21Des voyous comme ce Fontana, voyons.
00:12:24Est-ce que ça ne devrait pas être prison ?
00:12:27Et est-ce qu'il est admissible que nos enfants soient soumis
00:12:31à de pareilles relations ?
00:12:35On a plus de 20 ans
00:12:38que je me dévoue à ces problèmes de criminalité infantile.
00:12:42J'ai créé
00:12:44à ma colonie pénitentiaire de Crouilly
00:12:46un pavillon spécial
00:12:48où les enfants vicieux
00:12:50sont soumis à des traitements particulièrement attentifs.
00:12:55Est-ce à moi de dire aux parents qu'il faut y enfermer leur fils ?
00:12:59Rien.
00:13:02J'ai tout fait pour intéresser l'instruction publique à notre initiative.
00:13:07Mais est-ce que ces messieurs de l'école sans Dieu
00:13:10se soucient d'hygiène sociale ?
00:13:13Qu'est-ce qu'elle veut ?
00:13:16Vas-y, Antoine.
00:13:17Ah non, père, tu ne peux pas te dispenser de la recevoir.
00:13:23Madame de Fontana.
00:13:26Alors, que faire, messieurs ?
00:13:30Est-ce que nous ne sommes pas tenus tout de même
00:13:34à certains égards vis-à-vis d'une femme ?
00:13:36D'une mère, après tout.
00:13:38Quoi ?
00:13:40Une mère ?
00:13:42Allez, faites entrer cette dame.
00:13:52Madame Thibault, sans doute.
00:13:53Non, madame.
00:13:54Mademoiselle Devese,
00:13:55qui nous a élevés, mon frère et moi.
00:13:58Monsieur l'abbé,
00:13:59vous n'avez pas l'air d'être d'une femme.
00:14:01Je ne suis pas d'une femme.
00:14:03Mon frère et moi.
00:14:05Monsieur l'abbé Vécart,
00:14:06secrétaire particulier du Monseigneur à l'archevêque de Paris.
00:14:09Monsieur l'abbé Binot, directeur de l'école.
00:14:11Monsieur Chal, mon secrétaire.
00:14:14Et je crois que vous avez déjà eu l'occasion
00:14:17de rencontrer mon fils Antoine.
00:14:21Excusez-moi de vous déranger, monsieur.
00:14:24Je suis venue voir si, depuis ce matin...
00:14:27Nous sommes pareillement éprouvés, monsieur.
00:14:30Et j'ai pensé que le mieux était de réunir nos efforts.
00:14:33N'est-ce pas ?
00:14:35Inutile de vous dire, madame,
00:14:37que nul mieux que moi ne comprend votre inquiétude.
00:14:41Pourtant, je n'hésite pas à le dire.
00:14:43Est-ce qu'une action commune
00:14:45est bien souhaitable ?
00:14:50Certes, il faut qu'on sache
00:14:52qu'il n'y a pas d'action commune.
00:14:55Certes, il faut qu'on les retrouve,
00:14:57mais est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux
00:14:59que nos recherches puissent s'isoler ?
00:15:01Ne doit-on pas craindre les indiscrétions ?
00:15:04Les journalistes ?
00:15:07Et puis...
00:15:10Et puis, je pense à mon fils.
00:15:13Est-ce qu'il n'est pas de mon devoir
00:15:15de faire en sorte qu'un jour,
00:15:17on ne puisse lui jeter au visage
00:15:19des relations tout accidentelles,
00:15:21que je bien m'ai,
00:15:23mais d'un caractère
00:15:25éminemment préjudiciable ?
00:15:30N'est-ce pas votre avis, messieurs ?
00:15:34Préjudiciable ?
00:15:38Oh, je vois, monsieur.
00:15:46Tout le monde ici, madame,
00:15:48comprend à quel point
00:15:50cet entretien est douloureux pour vous.
00:15:53Mais...
00:15:55les faits, hélas.
00:15:57Car, il faut bien le dire, madame,
00:15:59les faits sont accablants.
00:16:01Je vous en prie, monsieur l'abbé.
00:16:03Tenez, voici la pièce à conviction.
00:16:05Jetez-y seulement les yeux, madame.
00:16:09Je n'en lirai pas une ligne.
00:16:13Violer les secrets de cet enfant
00:16:15sans qu'il puisse seulement s'expliquer,
00:16:17je ne l'ai pas habituée
00:16:19à être traitée ainsi.
00:16:21Nous n'insistons pas.
00:16:25Monsieur, je voulais seulement vous demander
00:16:27ce que vous avez l'intention de faire.
00:16:30Mon mari n'est pas à Paris en ce moment
00:16:32et je suis seule pour prendre des décisions.
00:16:35Je voulais surtout vous dire,
00:16:37il me semble qu'il serait regrettable
00:16:39d'avoir recours à la police.
00:16:41À la police ?
00:16:43Mais est-ce que vous supposez, madame,
00:16:45qu'à l'instant même, toute la police
00:16:47n'a pas de précaution ?
00:16:49Alors j'ai téléphoné moi-même ce matin au préfet
00:16:51pour que toutes les précautions soient prises.
00:16:53Avec la plus grande discrétion, bien entendu.
00:16:57Et puis voyons, madame,
00:16:59ne serait-ce que pour l'amendement
00:17:01ne c'est vaut rien.
00:17:03Est-ce qu'il ne serait pas bon
00:17:05qu'on nous les ramène à menottes aux poignets
00:17:07entre deux gendarmes ?
00:17:09Ne serait-ce que pour leur rappeler
00:17:11qu'il y a encore dans notre malheureux pays
00:17:13un semblant de justice
00:17:15qui est paternel ?
00:17:21Si nous apprenons quoi que ce soit,
00:17:23nous vous ferons savoir immédiatement.
00:17:25Madame.
00:17:35La Huguenote.
00:17:37Quoi ?
00:17:39La Huguenote.
00:17:45La Huguenote.
00:18:03Bonjour madame.
00:18:05Ça va ?
00:18:07Des cerises.
00:18:09Des cerises.
00:18:25Faisons nos comptes.
00:18:27Tu as combien ?
00:18:39188 francs.
00:18:41Avec ça quand même.
00:18:53On est le combien aujourd'hui ?
00:18:55Je ne sais pas.
00:18:57Le 6 ou le 7 ?
00:18:59Le 7.
00:19:01C'est ton journal ?
00:19:03Oui.
00:19:05J'écris 7 mai,
00:19:07le 7 mai, deuxième jour
00:19:11de notre libération.
00:19:17Écoute, après tout,
00:19:19quand ils nous auront bien cherché pendant deux ou trois jours,
00:19:21ils seront peut-être assez punis.
00:19:23Non.
00:19:25Ils ont volé notre cahier gris.
00:19:27Ils ne comprennent pas.
00:19:29Ils ne savent pas.
00:19:31Parce que tu es protestant,
00:19:33ils te croient capable de tout.
00:19:35Mais quand nous aurons montré ce que nous sommes,
00:19:37ou bien alors je te l'ai dit,
00:19:39je me tue.
00:19:41Si jamais tu refusais de t'embarquer avec moi,
00:19:43ce ne serait pas long.
00:19:45Hop,
00:19:47et je tombe foudroyé.
00:19:49Qu'est-ce que c'est ?
00:19:51Ceinture d'iode.
00:19:53Donne-moi ça Thibault.
00:19:55Non.
00:20:01Viens, marchons.
00:20:21Bossé, vous êtes libre ?
00:20:23Eh oui, montez.
00:20:31Pardon monsieur.
00:20:33Pardon monsieur.
00:20:35Est-ce que c'est vous le capitaine ?
00:20:37Pourquoi ?
00:20:39Voilà, je viens vous demander d'embarquer avec vous.
00:20:41Pour Tunis.
00:20:43Alors comme ça, tout seul ?
00:20:47Ben,
00:20:49on venait chercher notre père qui était à Toulon.
00:20:51Mais il était à Tunis.
00:20:53On lui a offert une place dans une rizière.
00:20:55Alors il nous a écrit de le rejoindre.
00:20:57On a de quoi payer.
00:20:59Et alors, vous voulez vous embarquer ce soir ?
00:21:01Eh bien, mes pigeons, vous avez une fière chance
00:21:03de ne pas être tombé sur le vieux.
00:21:05Parce qu'il n'aime pas la rigolade, hein ?
00:21:07Hé, Charleau, attrape-le !
00:21:27On y va.
00:21:57...
00:22:17Tête d'aile !
00:22:19Tête d'aile !
00:22:21...
00:22:23Tête d'aile !
00:22:25…
00:22:35…
00:22:45…
00:22:52…
00:23:02…
00:23:14…
00:23:24…
00:23:34…
00:23:44…
00:23:54…
00:24:04…
00:24:14…
00:24:25…
00:24:35…
00:24:44Allons, phénomène, viens !
00:24:47Viens chez moi, j'ai personne.
00:24:53Entre, et ferme la porte.
00:25:13…
00:25:22Tombe de sommeil.
00:25:24Enlève ta veste.
00:25:26Et couche-toi.
00:25:31Mais, tu ne vas pas dormir avec tes chaussures ?
00:25:39Allons !
00:25:42Allons !
00:25:44Entre chez toi.
00:25:48Et tout de suite.
00:25:56Petit !
00:26:13…
00:26:23…
00:26:33…
00:26:41…
00:26:51…
00:27:01…
00:27:12…
00:27:21…
00:27:29As-tu réveillé ?
00:27:31Ah, mon dieu !
00:27:32Je voulais me lever de bonne heure.
00:27:35J'avais rendez-vous avec un ami.
00:27:38…
00:27:48…
00:28:00…
00:28:04Tiens.
00:28:06Avale ça.
00:28:07Et puis, décompte.
00:28:10Je ne tiens pas à voir des histoires avec ton père, moi.
00:28:29Quoi ?
00:28:30Tu pleures ?
00:28:36Tu as du chagrin ?
00:28:40Bête.
00:28:43Quel âge as-tu ?
00:28:4616 ans.
00:28:53Tu sais qu'il a la peau blanche comme une fille ?
00:28:57Ce môme-là.
00:28:58…
00:29:05Réchauffe-moi.
00:29:07…
00:29:14…
00:29:24…
00:29:31…
00:29:40…
00:29:50…
00:30:00Jacques !
00:30:01…
00:30:11J'ai passé la nuit sous une bâche. Et toi ?
00:30:15Moi, sur un banc, là-bas.
00:30:18Et puis, surtout, j'ai marché.
00:30:20Faut pas rester à Marseille.
00:30:22Alors ?
00:30:24À Toulon, c'est pas loin, dans Jean-Lacôte.
00:30:27Tu es sûr ?
00:30:28À Toulon, nous trouverons un moyen de nous embarquer.
00:30:31…
00:30:39…
00:30:48…
00:31:00Écoute, je pense à l'avenir.
00:31:03Sait-on jamais ?
00:31:05Nous pouvons être séparés l'un de l'autre.
00:31:08Alors, il y a quelque chose que je voulais te demander depuis longtemps.
00:31:13Promets-moi de me dédier ton premier album de verre.
00:31:16Au ou sans mettre de nom.
00:31:17Seulement, à mon amie.
00:31:20Tu veux ?
00:31:22Je te le jure.
00:31:27Daniel, regarde comme c'est beau.
00:31:31Et tu verras, en Afrique, c'est encore plus beau.
00:31:56Tu sais, ma sœur Jenny, elle sait.
00:31:59Elle sait ?
00:32:00Ben oui.
00:32:01Mais elle se laissera plutôt mourir que te dire un mot.
00:32:11Moi aussi, j'ai une petite sœur.
00:32:13Enfin, presque.
00:32:14…
00:32:22…
00:32:33Quelle identité vont-ils donner ?
00:32:35Ce que je peux vous dire, c'est qu'ils m'ont bien inspiré confiance dès que je les ai vus.
00:32:39Alors, vous devriez les questionner vous-mêmes.
00:32:40Sont-ils très jeunes ?
00:32:41Oui, ils sont très gentils.
00:32:4312 ans, 14 ans, je ne sais pas.
00:32:45Ce sont deux frères.
00:32:46Peut-être.
00:32:47Vous allez en juger vous-même.
00:32:50Ils ont débarqué hier soir couverts de poussière.
00:32:52Il n'y a qu'à voir leur bordel.
00:32:53Ils m'ont narré des histoires de loups-garous.
00:32:55Ils m'ont dit qu'ils voulaient aller jusqu'à Toulon à pied.
00:32:57Et je sais quoi d'autre encore.
00:33:00Allons, debout !
00:33:02Et donnez-moi vos noms, prénoms.
00:33:04Et tout cela, c'est quel ?
00:33:06Maurice le Grand.
00:33:08Et lui, c'est Georges, mon frère.
00:33:09Notre père est à Toulon et vous ne nous empêcherez pas d'aller le rejoindre.
00:33:13Doucement.
00:33:14Doucement.
00:33:39Doucement.
00:34:09C'est sûrement Daniel qui rentre.
00:35:10Merci.
00:35:12Venez.
00:35:40Ont-ils seulement dîné, ces pauvres enfants ?
00:35:43J'ai lu.
00:35:44Elle est dans son lit.
00:35:46Tu vas la voir, elle t'attend.
00:35:48Doucement, Daniel.
00:35:50Elle a été très malade, tu sais.
00:35:55Et vous, Jacques ?
00:35:57Voulez-vous m'embrasser ?
00:36:10Allez, mes amis.
00:36:12Votre père vous attend, lui aussi.
00:36:25Dis-moi,
00:36:26maintenant qu'on est seuls tous les deux,
00:36:29qu'est-ce qui t'a pris ?
00:36:32C'est lui qui t'a entraîné, hein ?
00:36:34Non, c'est pas moi.
00:36:36C'est lui.
00:36:37C'est lui, hein ?
00:36:39Non, c'est pas lui.
00:36:41Tu sais, les amitiés de collège, je connais ça.
00:36:45Et tu peux tout me dire, moi.
00:36:49C'est un ami, voilà tout.
00:36:53Qu'est-ce que tu veux dire ?
00:36:57Nous causons.
00:36:58Il me corrige mes vers.
00:37:01Ça me fait très plaisir que tu sois poète.
00:37:03Je m'en doutais un peu, remarque, mais...
00:37:05On a tellement peu l'occasion de causer tous les deux.
00:37:09C'est parce que tu n'es pas souvent là.
00:37:15Et le cahier ?
00:37:17Le cahier gris ?
00:37:19Qu'est-ce qu'ils ont fait du cahier ?
00:37:21Tu l'as lu ?
00:37:22Écoute, Jacques...
00:37:23Et papa ?
00:37:24Mais je ne sais pas, peut-être...
00:37:27Cet ignoble, la bête, un mouchard, un salaud !
00:37:32Je lui cracherai la figure,
00:37:34devant tout le monde.
00:37:35On peut me chasser de l'école, je m'en fous.
00:37:37Je me sauverai.
00:37:39Je me tuerai.
00:38:04Quelle bûche !
00:38:06Tu voulais donc nous faire mourir de chagrin ?
00:38:09Dieu bon, tu n'as donc plus de cœur !
00:38:20Bon.
00:38:22Tout s'est bien passé là-bas ?
00:38:25Oui, père.
00:38:27Je te remercie de m'avoir évité sa mort.
00:38:29Oui, père.
00:38:31Je te remercie de m'avoir évité cette démarche humiliante.
00:38:40Nous aviserons demain des dispositions à prendre.
00:38:46Mais non, mais non, laissez-le !
00:38:48Voyons, c'est un vaurien, un cœur de pierre.
00:38:51Il ne mérite pas les inquiétudes qu'il nous donne.
00:38:55Antoine, mon cher, veux-tu nous rendre le service
00:38:58de t'occuper de lui ce soir ?
00:39:01Demain, nous t'en délivrerons, je te le promets.
00:39:04Père...
00:39:05Non !
00:39:07Ramène-le dans sa chambre.
00:39:12Le scandale a assez duré.
00:39:24Le scandale a assez duré.
00:39:55Tiens.
00:39:57Non, merci.
00:39:59Oh, non ! Pourquoi ?
00:40:02Tu ne vas pas me priver de la joie
00:40:03de prendre une bonne tasse de thé avec toi ?
00:40:09Qu'est-ce qu'ils t'ont dit au lycée ?
00:40:13Je n'ai rien cru de ce qu'ils m'ont dit.
00:40:17Je ne sais pas.
00:40:19Je ne sais pas.
00:40:21Je n'ai rien cru de ce qu'ils m'ont dit.
00:40:39Thérèse, mon ange, me voilà.
00:40:42J'ai reçu votre dépêche. Je suis désolé, vraiment.
00:40:45Qu'est-il arrivé ?
00:40:47Ah ! Alors...
00:40:50Tu es ici, toi ?
00:40:52Qu'est-ce que j'apprends ?
00:40:54Le de grandir, tu sais.
00:40:57Faut-il le grandir ?
00:40:58Jenny a été souffrante.
00:41:00Elle va mieux, rassurez-vous.
00:41:02Vous pouvez aller la voir.
00:41:04Mais surtout, ne le réveillez pas.
00:41:16Je ne peux pas.
00:41:18Je ne peux pas.
00:41:20Je ne peux pas.
00:41:22Je ne peux pas.
00:41:24Je ne peux pas.
00:41:26Je ne peux pas.
00:41:28Je ne peux pas.
00:41:30Je ne peux pas.
00:41:32Je ne peux pas.
00:41:34Je ne peux pas.
00:41:36Je ne peux pas.
00:41:38Je ne peux pas.
00:41:40Je ne peux pas.
00:41:42Je ne peux pas.
00:41:44Je ne peux pas.
00:41:46Vous pouvez le revoir.
00:41:48C'est la vie qu'elle la keuve seule.
00:41:50Une grande joie vous fait souffler.
00:41:53Si vous la voyez dormir,
00:41:56elle a maigri,
00:41:58mais ce n'est pas ce que l'on pensait.
00:41:59Elle n'en est qu'un jolie.
00:42:01Vous ne trouvez pas ?
00:42:03Mais Thérèse,
00:42:04mon ange,
00:42:05vous avez blanchit ?
00:42:09Rien ne pouvait vous aller si bien.
00:42:12Rien ne pouvait accuser mieux, comment dire,
00:42:14J'étais toute seule. J'ai eu si peur.
00:42:19Pauvre ami, je suis désolé. J'aurais si facilement pu revenir.
00:42:24J'étais parti pour l'affaire que vous savez.
00:42:26Tout bonnement oublié que vous n'avez pas mon adresse.
00:42:29D'ailleurs, je ne pensais m'absenter que 24 heures.
00:42:33Daniel, laisse-nous maintenant. Va te coucher.
00:42:45Pardon.
00:42:58Vous permettez que j'allume une cigarette?
00:43:01Bien sûr.
00:43:03Merci.
00:43:09C'est pour qui toutes ces chatteries?
00:43:14Non, ne buvez pas ce thé qui est tiède. Laissez-moi faire.
00:43:19Merci.
00:43:25Je sais, vous me jugez sévèrement, Thérèse.
00:43:30S'il s'agissait d'un autre que moi, je le jugerais comme vous faites.
00:43:35Je penserais que c'est un misérable.
00:43:39Comment vous expliquez tout ça?
00:43:44À quoi bon?
00:43:46Merci.
00:43:50Rassurez-vous, je ne discuterai pas.
00:43:53Les faits sont là. Il me prend d'âne.
00:43:58Mais croyez-moi, Thérèse, vraiment, vous commettrez une injustice.
00:44:05En me jugeant sur ce que je fais.
00:44:08Vous aussi pleine d'éguité.
00:44:12Je ne suis pas exactement l'homme de mes fautes.
00:44:16Vous ne me croyez pas?
00:44:21Le mal est fait.
00:44:24Le mal se fait encore.
00:44:27Et cela ne doit pas durer. C'est pas en nous.
00:44:32C'est pas en nous.
00:44:35C'est pas en nous définitivement.
00:44:39Il y a les enfants. Ils ont grandi.
00:44:44Voyez ce qu'a fait Daniel cette semaine.
00:44:47Serait-il parti aussi facilement s'il n'avait l'habitude de vous voir disparaître sans cesse?
00:44:52Pour vos affaires.
00:44:56J'ai bien réfléchi, Jérôme.
00:45:00La vie commune...
00:45:02Enfin, ce qu'il nous reste de vie commune.
00:45:06Le peu qu'il nous reste, Jérôme, c'est encore trop.
00:45:10Je n'en peux plus.
00:45:14Comment est-ce que je pourrais me séparer de toi?
00:45:17Comment est-ce que je pourrais vivre sans mes petits?
00:45:21Il est affreusement tard.
00:45:24Je vous en prie, demain.
00:45:33Vous allez avoir de la peine à trouver une voiture.
00:45:52Je vous recevrai demain, si vous venez.
00:45:55Nous causerons.
00:46:22Qu'est-ce que tu veux?
00:46:25Mon pauvre Jaco.
00:46:28Sauve-toi, on vient.
00:46:37Qu'est-ce que tu veux?
00:46:40Mon pauvre Jaco.
00:46:43Sauve-toi, on vient.
00:46:52C'est du joli.
00:46:55As-tu au moins demandé pardon à ton père?
00:47:01Mon enfant, tout cela me fait beaucoup de peine.
00:47:04Je ne le cache pas.
00:47:07Jusqu'ici,
00:47:10je n'ai rien fait.
00:47:13Je n'ai rien fait.
00:47:16Je n'ai rien fait.
00:47:19Jusqu'ici,
00:47:22malgré ta dissipation,
00:47:25j'ai toujours pris ta défense auprès de ton père.
00:47:28Je lui disais,
00:47:31Jaco a bon cœur.
00:47:34Il y a de la ressource, patientons.
00:47:37Mais...
00:47:43Aujourd'hui, je ne sais plus que dire.
00:47:47Et ce qui est plus grave,
00:47:50je ne sais que penser.
00:47:56Ton pauvre père en est découragé.
00:47:59Il m'a fait peine.
00:48:02Il se demande jusqu'à quel degré de perversion
00:48:05tu es descendu,
00:48:08si ton cœur est totalement desséché.
00:48:11Et ma foi,
00:48:14je n'en sais plus.
00:48:24Un homme avait deux fils.
00:48:33Or, le plus jeune,
00:48:36ayant rassemblé tout ce qu'il avait,
00:48:39partit pour une région étrangère.
00:48:42Il dissipa son bien
00:48:45en vivant dans le désordre.
00:48:49Après qu'il eut tout dépensé,
00:48:52il rentra en lui-même
00:48:55et dit, je me lèverai
00:48:58et je m'en irai vers mon père.
00:49:02Il se leva donc
00:49:05et s'enfut vers son père.
00:49:08Et comme il était encore loin,
00:49:11son père l'avait reçu
00:49:14et il fut touché de compassion.
00:49:17Et courant à lui,
00:49:20il le serra dans ses bras.
00:49:23Mais le fils lui dit, mon père,
00:49:26j'ai péché contre le ciel
00:49:29et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
00:49:32Je savais bien que tu n'étais pas gâté
00:49:35jusqu'au fond du cœur, mon enfant.
00:49:39Eh bien, va,
00:49:42comme l'enfant prodigue,
00:49:45va t'en trouver ton père
00:49:48et il sera touché de compassion
00:49:51et il dira, lui aussi,
00:49:54réjouissons-nous.
00:49:57Alors, c'était pour ça, le lustre?
00:50:00Peut-être, pour une fête,
00:50:03le retour.
00:50:06Oui, mais je n'ai pas pu.
00:50:09Je veux te dire encore autre chose, mon enfant.
00:50:12Ton père a pris à ton sujet
00:50:15une grave détermination.
00:50:18Une détermination que j'approuve.
00:50:21Il veut t'envoyer quelque temps loin de nous.
00:50:24Où?
00:50:27Il te le dira, mon enfant.
00:50:30Mais quoi que tu puisses en penser d'abord,
00:50:33c'est d'envoyer le temps de nos rencontres
00:50:36comme une mesure prise pour ton bien.
00:50:39Allons.
00:50:42Embrasse-moi
00:50:45et va demander pardon à ton père.
00:51:03Sous-titrage MFP.
00:51:33Mon cher Daniel.
00:52:03Daniel, Daniel.
00:52:06Ils nous séparent.
00:52:09Ils vont me mettre en prison.
00:52:12Et pourtant, je les aimais.
00:52:15Daniel, Daniel.
00:52:18Ils nous séparent.
00:52:21Ils vont me mettre en prison.
00:52:24Et pourtant, je les aimais.
00:52:27Daniel, Daniel.
00:52:31Vous avez des nouvelles de Jacques?
00:52:34Non, aucune. Ça fait des mois.
00:52:37Merci.
00:52:42Père, est-ce que tu as des nouvelles de Jacques?
00:52:45Il y a très longtemps que tu n'as pas parlé de lui.
00:52:48Oui, j'ai parlé de lui.
00:52:51Mais il n'est pas venu.
00:52:54Il n'est pas venu.
00:52:57Père, est-ce que tu as des nouvelles de Jacques?
00:53:00Il y a très longtemps que...
00:53:03J'interdis qu'on me parle de ce garement.
00:53:27Il y a très longtemps que...
00:53:30J'interdis qu'on me parle de ce garement.
00:53:33Il y a très longtemps que...
00:53:36J'interdis qu'on me parle de ce garement.
00:53:39Il y a très longtemps que...
00:53:42J'interdis qu'on me parle de ce garement.
00:53:45Il y a très longtemps que...
00:53:48J'interdis qu'on me parle de ce garement.
00:53:51Il y a très longtemps que...
00:53:54J'interdis qu'on me parle de ce garement.
00:53:57Il y a quelqu'un ?
00:54:25Monsieur ?
00:54:27Monsieur le Directeur.
00:54:29Bien, Monsieur.
00:54:44Bonjour Docteur, à la bonne surprise.
00:54:48C'est votre frère qui va être ravi.
00:54:51Je vous connais bien.
00:54:52Monsieur le Fondateur parle souvent de son grand-fils médecin.
00:54:55D'ailleurs, il a un air de famille.
00:54:57Ah, si, si, si, je vous assure.
00:54:59Mais entrez dans mon bureau, je vous en prie.
00:55:02Excusez-moi, je suis Monsieur Femme, le Directeur.
00:55:08Monsieur le Fondateur est en bonne santé ?
00:55:11Oui.
00:55:13Il ne vieillit pas, il est extraordinaire.
00:55:16Quel dommage qu'il n'ait pas pu vous accompagner.
00:55:20Mais, sa prétention, c'est que vous arriviez juste pendant la grand-messe.
00:55:24Asseyez-vous, je vous en prie.
00:55:25Mais tous nos enfants sont à la chapelle.
00:55:27Vous savez, 20 minutes encore, une demi-heure, si les communions sont nombreuses.
00:55:32Et c'est possible, Monsieur le Fondateur a dû vous le dire.
00:55:34Nous possédons la crème des aumôniers.
00:55:36Depuis qu'il est ici, les sentiments religieux de la Fondation sont transformés.
00:55:42Dites-moi, puisque maintenant vos locaux sont inoccupés,
00:55:45est-ce qu'il serait indiscret de...
00:55:48Vous savez, la Baptiste n'a rien d'intéressant.
00:55:53Si, si, ça m'intéresse vraiment.
00:55:54Alors, ce n'est ni plus ni moins qu'une petite caserne.
00:55:59Eh bien, docteur, très volontiers.
00:56:01Le temps de passer un viston et je suis à vous.
00:56:16Si vous voulez bien me suivre, docteur.
00:56:23Nous allons commencer par les dortoirs.
00:56:26Dites-moi, il vous arrive d'un enfermé, là, dans la cage?
00:56:30Mais non, c'est là que couche le surveillant.
00:56:32Il voit tout et n'est pas au courant de tout.
00:56:35Et si vous voulez me suivre, je ne suis pas dans la cage.
00:56:37je suis dans le dortoir.
00:56:39Je suis dans la cage.
00:56:42Je suis dans la cage.
00:56:43Je suis dans la cage.
00:56:45Je suis dans la cage.
00:56:47J'ai un peu peur.
00:56:48Je suis dans la cage.
00:56:49Je suis dans la cage.
00:56:51Je suis dans la cage.
00:56:52C'est là que couche le surveillant, il voit tout et ne risque rien, d'ailleurs, il y a une sonnerie.
00:56:57Les fils passent sous le plancher.
00:57:03Tout est prévu.
00:57:09Ah docteur, ici ce sont nos terribles,
00:57:14ceux qui sont arrivés trop tard pour être sérieusement amendés.
00:57:22Ce n'est pas de la crème. On est obligé de laisser la lumière allumée toute la nuit.
00:57:28Oui monsieur, le fondateur tient essentiellement à ce que les pupilles apprennent un métier.
00:57:53Et ils travaillent volontiers ?
00:57:56C'est Sloan, atelier de menuiserie.
00:58:00Mais dites-moi, à ceux qui refusent, comment les punissez-vous ?
00:58:04Je voudrais bien voir les cachots.
00:58:07Tapesties ? Les cachots ? Mais vous vous croyez à la requête ?
00:58:12Ah non, non, non, pas de cachots ici, Dieu merci.
00:58:15D'ailleurs, notre règlement l'interdit et puis on obtient tellement davantage par la persuasion.
00:58:21Vraiment ?
00:58:23Entendons-nous. J'entends par persuasion la privation de certains aliments.
00:58:29Le pain sec, docteur, a des vertus persuasives absolument insoupçonnées.
00:58:45Tenue excellente.
00:58:52Mais où est Jacques ?
00:59:23Voilà une heureuse surprise, Jacques, n'est-ce pas ? Mais je vais vous gronder.
00:59:28Il faut mettre votre cap et la boutonner quand vous êtes à la chapelle.
00:59:32La tribune est froide, vous attraperiez du mal.
00:59:35Tu sais que tu as grandi ?
00:59:37Voulez-vous rester un peu dehors ? Il fait si doux.
00:59:41Jacques vous mènera chez lui quand vous aurez fait quelque chose.
00:59:44Peux-tu, Jacques ?
00:59:46Non ?
00:59:48Nous serions mieux dans ta chambre, c'est ça ?
00:59:52Je vous accompagne jusque chez Jacques et je vous laisse.
00:59:55Allez, Jacques. Montre-nous le chemin.
01:00:04C'est le chemin.
01:00:06C'est le chemin.
01:00:08C'est le chemin.
01:00:10C'est le chemin.
01:00:12C'est le chemin.
01:00:14Mais tu n'es pas mal installé.
01:00:18Votre frère vous dit que vous n'êtes pas mal installé.
01:00:22Oui, monsieur le directeur.
01:00:24N'exagérons pas, c'est très simple.
01:00:26Nous veillons seulement à ce que ce soit propre.
01:00:31D'ailleurs, c'est Arthur qu'il faut féliciter. Voilà un lit fait comme pour une revue.
01:00:37Ça lustre.
01:00:39Tu fais des progrès en latin ?
01:00:40Son professeur est satisfait de son application.
01:00:43Et c'est que nous travaillons nos huit heures par jour.
01:00:46Ce qui ne nous empêche pas de faire, quel que soit le temps, une grande promenade de deux heures avec Arthur.
01:00:52Je babarde, je babarde.
01:00:54Et voilà si longtemps que Jacques n'a pas vu son grand frère.
01:00:57Oui, en effet.
01:00:59Vous repartez par le train de onze heures ?
01:01:01Oui, malheureusement.
01:01:03Ne le regrettez pas.
01:01:05C'est le dernier train avant celui du soir.
01:01:08Ce n'est pas mal, ici.
01:01:23On change souvent le linge ?
01:01:25Le dimanche.
01:01:27Je craignais que tu ne sois pas bien traitée, ici.
01:01:31Tu ne veux pas que je profite de ma visite pour obtenir quelque chose du directeur ?
01:01:35Quoi donc ?
01:01:37Je ne sais pas, moi.
01:01:39Cherche.
01:01:42Je ne vois pas.
01:01:48Je ne vois pas.
01:01:51Je ne vois pas.
01:01:53Je ne vois pas.
01:01:55Je ne vois pas.
01:02:02Est-ce que tu as grandi ?
01:02:08On t'avait prévenu que je t'attendais à la sortie de la messe ?
01:02:12Non.
01:02:15Je le croyais.
01:02:18On peut fumer ?
01:02:19Pas moi.
01:02:24On n'a besoin de rien.
01:02:27Tu as tout ce qu'il te faut.
01:02:29Oui.
01:02:31Mais ça ne t'ennuie pas de travailler comme ça ?
01:02:34Tout seul ?
01:02:36Non.
01:02:39Tu ne vas jamais à l'atelier ?
01:02:42Non.
01:02:45Et tu ne rencontres jamais les autres ?
01:02:48Jamais.
01:02:55Viens.
01:02:58Eh bien, viens.
01:03:04Assieds-toi.
01:03:08Tu fais toujours des verres ?
01:03:11Non.
01:03:13Pourquoi ?
01:03:17Tu as eu des nouvelles de Daniel ?
01:03:20On ne reçoit pas de lettres, ici.
01:03:21Et toi, tu ne lui écris pas ?
01:03:25Non.
01:03:27Il y a quelqu'un dans le couloir ?
01:03:44Je peux lui faire parvenir une lettre de toi, si tu veux, à Fontanin.
01:03:47Non.
01:03:52Bien, il faut que je parte.
01:03:56Attends encore un peu.
01:04:00Tu es content que je sois venu ?
01:04:02Très content.
01:04:05Eh bien, je tâcherai de revenir.
01:04:09Au revoir.
01:04:18Je pense souvent à toi, tu sais.
01:04:20J'ai toujours l'impression que tu n'es pas heureux, ici.
01:04:23Tu me le dirais, n'est-ce pas ?
01:04:27Il faudrait donner quelque chose à Arthur, en t'en allant.
01:04:31Un petit pourboire ?
01:04:34D'accord.
01:04:47Au revoir.
01:05:18J'ai raté mon train.
01:05:21Oui, j'ai raté mon train.
01:05:23Alors, j'ai pensé que je pourrais emmener Jacques se promener cet après-midi.
01:05:29Ça vous dit ? Notre règlement ?
01:05:32Oh, allons. Monsieur le directeur.
01:05:36Eh bien, vous expliquez ça, monsieur le fondateur. Je vais vous chercher Jacques.
01:05:40Je vous accompagne.
01:05:42Je vous emmène.
01:05:44Vous êtes autorisé à sortir avec votre frère jusqu'à 6 heures.
01:05:48Là-dessus, je me sauve. Réunion de mon conseil municipal.
01:05:54Car je suis maire.
01:05:57Je suis maire.
01:05:59Je suis maire.
01:06:01Je suis maire.
01:06:03Je suis maire.
01:06:05Je suis maire.
01:06:07Je suis maire.
01:06:09Je suis maire.
01:06:11Je suis maire.
01:06:13Je suis maire.
01:06:44Tu ne connais pas la région ?
01:06:46Tu n'es jamais allé en ville ?
01:06:48Il y a un peu plus de 3 kilomètres, et on reviendra par les bords du canal. Ça te va ?
01:06:53Oui.
01:06:54Qu'est-ce que tu dis du coup des serviettes et des draps ?
01:06:56Le coup des serviettes ?
01:06:58Oui, ce matin. Pendant qu'on me promenait dans tout l'établissement,
01:07:02on a eu le temps de mettre chez toi du beau linge blanc.
01:07:07Je t'en prie, Antoine. Ne m'en parle pas, ça ferait grandir Arthur pour rien.
01:07:10Je vais te dire la vérité.
01:07:13J'ai fait semblant de manquer mon train.
01:07:15Oui.
01:07:17Je ne voulais pas partir sans avoir eu le temps de causer un peu avec toi.
01:07:20Tu comprends ?
01:07:25Tu dessines toujours ?
01:07:27Pourquoi ?
01:07:29Pour rien.
01:07:32Promis, il est l'heure du goûter. Tu as faim, non ?
01:07:35Tu as vu Fontana ?
01:07:37Oui, je l'ai rencontré au quartier latin.
01:07:41Il est maintenant externe à Louis-le-Grand.
01:07:44Tu ne lui as pas dit où j'étais ?
01:07:46Non.
01:07:48Pourquoi ? Tu ne veux pas qu'il le sache ?
01:07:51Non.
01:07:52Pourquoi ?
01:07:54Parce que…
01:07:56Et j'y suis.
01:07:58Pourquoi ?
01:08:00Parce que j'y suis.
01:08:01Parce que…
01:08:03Et Gilles, est-ce qu'elle le sait ?
01:08:06Non, je ne crois pas, non.
01:08:08Père ne dit rien.
01:08:10Ah, dis donc, tu sais que ça marche très bien, sa candidature à l'Institut.
01:08:14Hein ?
01:08:15Oui.
01:08:16L'élection a lieu dans trois semaines.
01:08:19C'est quand même quelque chose, non ? Membre de l'Institut.
01:08:23Et père l'a bien gagnée, tu ne trouves pas ?
01:08:26Papa est bon dans le fond.
01:08:27Tu sais, j'attends que père soit confortablement assis sous sa coupole pour faire un coup d'état.
01:08:33Oui, je voudrais le persuader de louer le petit logement du rez-de-chaussée pour y installer mon cabinet.
01:08:58Nous avons encore nos trois kilomètres à faire pour rentrer.
01:09:01Tu es fatigué ?
01:09:09Jacques ?
01:09:12Tu es fatigué ?
01:09:16Qu'est-ce que tu as ?
01:09:19Je ne sais pas.
01:09:21Je suis fatigué.
01:09:23Qu'est-ce que tu as ?
01:09:25Qu'est-ce que tu as ?
01:09:29Tu n'aimes pas te promener ?
01:09:33Avec toi, si.
01:09:36Arthur, il n'est pas bien ?
01:09:41Qu'est-ce que tu lui reproches ?
01:09:46Il est dur avec toi ?
01:09:47Non.
01:09:49Il ne te plaît pas ?
01:09:51Non.
01:09:56Pour quelles raisons ?
01:10:02Ne le dis pas, Antoine.
01:10:04Ne le dis jamais à personne.
01:10:07Avant Arthur, avec le père Léon, je ne promenais pas.
01:10:11Presque pas.
01:10:12Les premiers jours, oui.
01:10:14Et c'est même en promenade qu'il a commencé à me raconter des choses.
01:10:19Il me prêtait des livres.
01:10:21Je ne croyais pas que ça existait.
01:10:24Quoi ?
01:10:26Il avait vu que je avais un peu dessiné.
01:10:30C'est lui qui me montrait comment il fallait faire.
01:10:33Mais quoi ?
01:10:35Des cochonneries.
01:10:37Des cochonneries ?
01:10:39Oui.
01:10:40Des cochonneries.
01:10:42Le soir, il montrait mes dessins en surveillant.
01:10:45Et tout s'en voulait d'autre, de plus en plus compliqué.
01:10:50Jacques.
01:10:52Raconte-moi.
01:10:54Jacques.
01:10:56Jacques, raconte-moi.
01:10:59Antoine, jure-moi que tu ne diras rien.
01:11:02Jure-le-moi.
01:11:05Si papa se doutait de quelque chose,
01:11:07papa même, au fond, il serait malheureux.
01:11:13Oui, mon petit, je te jure que je ne raconterai rien.
01:11:21Et...
01:11:23Le nouveau.
01:11:25Arthur.
01:11:27C'est pareil ?
01:11:30Dis-moi.
01:11:32Jacques, dis-moi.
01:11:33Dis-moi.
01:11:35Jacques, dis-moi.
01:11:37Je peux pas, Antoine. Je ne peux pas.
01:11:40Mais pourquoi ? Pourquoi tu ne vas pas raconter tout ça au directeur ?
01:11:43Ce serait pire.
01:11:46Il le mettra à la porte.
01:11:55Viens.
01:11:57Moi, je vais te tirer de là.
01:12:01Je veux pas retourner à Paris.
01:12:04Réponds.
01:12:06Si on se trouvait tout à coup, toi et moi, seul au monde,
01:12:09est-ce que tu ne voudrais pas venir vivre avec moi ?
01:12:12Comment veux-tu ? Il y a papa.
01:12:15Si je te donnais ma parole,
01:12:17que personne d'autre qu'au moins ne s'occupera de toi ?
01:12:20Oui.
01:12:22Avant quinze jours, tu m'entends ?
01:12:25Avant quinze jours.
01:12:27Et confiance.
01:12:29Tu vas rentrer tranquillement dans ta boîte, courageusement,
01:12:31sans avoir l'air de rien,
01:12:33et avant quinze jours.
01:12:59J'espère.
01:13:01Quelle promenade !
01:13:03Vous avez été en ville, je parie.
01:13:05Oui.
01:13:07Ce n'est pas pour vous commander, docteur,
01:13:09mais si vous ne voulez pas de nouveau manquer votre train...
01:13:13Bien, je me sauve.
01:13:17Au revoir, Jacques.
01:13:20Cascade.
01:13:32Allons, revenez.
01:13:44Allons, dépêche, petite crapule.
01:14:01Allons, dépêche.
01:14:31Archive.
01:14:33Mauvaise nouvelle pour l'élection à l'Institut.
01:14:35Le clan des émercitaires a mis en avant
01:14:37la candidature du doyen de la faculté des lettres.
01:14:39Quinze votes perdus.
01:14:41Quoi ?
01:14:43La devaine.
01:14:45Le patron vous expliquera.
01:14:47Je me sauve.
01:14:49Je me sauve.
01:14:51Je me sauve.
01:14:53Je me sauve.
01:14:55Je me sauve.
01:14:57Je me sauve.
01:14:59Je me sauve.
01:15:01Je me sauve.
01:15:03Maman doit s'inquiéter.
01:15:09Ah, te voilà !
01:15:11Mauvaise nouvelle, hein ?
01:15:13Oui, monsieur Schall m'a raconté.
01:15:15Moi aussi je t'apporte de très mauvaises nouvelles.
01:15:17Jacques ne peut pas rester à Crouilly.
01:15:19J'en arrive.
01:15:21Comment ça, en me prévenir ?
01:15:23Enfin, explique-toi.
01:15:25Tu dis que tu as été à Crouilly quand ?
01:15:27Aujourd'hui.
01:15:29Mais on t'a reçu.
01:15:31auprès de lui.
01:15:32Enfin, enfin, tu n'es plus un enfant, tu dois te rendre compte de l'inconvénence d'une
01:15:36pareille démarche à mon insu.
01:15:38Ton frère t'avait écrit ?
01:15:40Non.
01:15:41J'étais pris de doutes tout à coup.
01:15:42Mais des doutes sur quoi ?
01:15:43Mais surtout sur le régime, sur les effets du régime auquel Jacques est soumis depuis
01:15:47neuf mois.
01:15:48Ah, mon cher, tu me surprends ! Quelle méfiance vis-à-vis de ton père !
01:15:53Mais tout le monde peut se tromper, la preuve !
01:15:54Quelle preuve ?
01:15:55Écoute, père, ne nous fâchons pas.
01:16:02Écoute, je pense que nous voulons tous les deux la même chose, le bien de Jacques.
01:16:09Et quand tu sauras dans quel état de déchéance je l'ai trouvé, tu décideras tout le premier
01:16:13que Jacques doit quitter le pénitencier au plus tôt.
01:16:15Sale non !
01:16:16Mais père, mais ce que j'ai vu là-bas !
01:16:17Ah non, plus un mot là-dessus, hein ! Ton frère a pu te raconter tous les mensonges
01:16:22qu'il a voulu.
01:16:23Jacques ne s'est plaint de rien.
01:16:24Eh bien, alors ?
01:16:25Au contraire, et c'est le plus grave.
01:16:29Il dit qu'il est tranquille, heureux même.
01:16:33Eh bien, mais alors tout est parfait, hein ! Tout le monde est content ! Qu'est-ce que
01:16:38tu veux d'autre ?
01:16:39Jacques est dans un état de dépression dangereux.
01:16:41Oh, tout ce que tu me racontes là, mon cher, fait honneur à ta générosité naturelle.
01:16:45Mais permets-moi de te dire, tu connais ton frère, hein ! Crois-tu qu'on puisse vraiment
01:16:50broyer cette volonté de malfaire sans d'abord la réduire ?
01:16:53Père, ce serait un crime.
01:16:54Jacques a en lui une valeur.
01:16:56Non, laisse-moi te dire.
01:16:57Tu t'es souvent trompé sur son caractère, et tu ne vois pas ses…
01:17:01Qu'est-ce que je ne vois pas ? Oh là ! Il semble que tu oublies un peu trop que tu n'es
01:17:06pas le maître.
01:17:07Non, je ne l'oublie pas.
01:17:08Et aussi, je te demande, qu'est-ce que tu comptes faire ?
01:17:10C'est très simple.
01:17:11Ciermonner vertement M.
01:17:13Femme pour t'avoir reçu sans mon autorisation.
01:17:16Il ne t'interdira jamais l'accès de la colonie.
01:17:19Alors tes brochures, tes conférences, toutes tes belles paroles, dans les congrès, oui,
01:17:23mais devant une intelligence qui sombre, fût-ce celle d'un fils, rien ne compte.
01:17:27Pas de complications.
01:17:28Vivre tranquille et advienne que poids.
01:17:30Imposteur ! Imposteur ! Ah, ça devait t'arriver, ça ! Déjà certains mots que tu prononçais
01:17:42à table.
01:17:43Tout se tient.
01:17:44L'abandon des pratiques religieuses, l'anarchie et pour finir, la révolte.
01:17:50Il ne s'agit pas de moi.
01:17:52Il s'agit de Jacques.
01:17:53Père, promets-moi que Jacques...
01:17:54Je t'interdis de parler de lui.
01:17:55Est-ce clair ? C'est ton dernier mot ?
01:17:58Bats-en.
01:17:59Ah, père, tu ne le connais pas.
01:18:01Je te jure que Jacques sortira de ce bagne et que rien, rien ne m'arrêtera.
01:18:06Vas-t'en.
01:18:07Rien.
01:18:08Tu sais, je me l'ai moi-même une campagne dans mes journaux.
01:18:10Le sort de Jacques est désormais entre vos mains, monsieur l'abbé.
01:18:17Oui, vous seul pouvez faire entendre raison à mon père.
01:18:20Supposons que votre père rappelle Jacques à Paris.
01:18:24Et alors ?
01:18:25Je puis m'occuper moi-même de Jacques.
01:18:27J'ai l'intention de m'installer au rez-de-chaussée avec lui.
01:18:30Vous assumeriez là une charge bien lourde, mon ami.
01:18:34Ah oui, mais je suis si convaincu que ce petit a besoin d'une grande liberté.
01:18:40Tout cela mérite réflexion.
01:18:46Revenez me voir, mon ami, sans trop tarder.
01:19:05Ah, vous voilà.
01:19:08Ma présence vous surprend, hein ?
01:19:11Pas tant que vous le supposez. Ma police est bien faite.
01:19:15Je suis au courant de tout.
01:19:18Permettez ?
01:19:19Et au courant ? Est-ce que vous auriez déjà vu...
01:19:22J'ai su dès hier matin l'état d'Astier par la Duchesse,
01:19:26mais je n'ai appris qu'il reçoit le retrait de votre adversaire.
01:19:29Vous permettez ?
01:19:30Non, mais l'état d'Astier. Je ne comprends pas.
01:19:34Pas possible.
01:19:36C'est à moi qui ai réservé le plaisir de vous annoncer la bonne nouvelle.
01:19:40Eh bien, le vieux père Astier a eu une quatrième attaque. Le pauvre homme est perdu.
01:19:44Alors, le doyen qui n'est pas un sceau se retire
01:19:47et vous laisse seul candidat aux sciences morales.
01:19:50Non, mais vous en êtes bien sûr.
01:19:55C'est officiel.
01:19:57L'abbé, je n'oublierai jamais.
01:19:59Merci.
01:20:01Mais qu'est-ce donc qui vous amenait de si bonheur, mon cher ami ?
01:20:04J'étais venu vous demander conseil sur la conduite à tenir vis-à-vis de mon fils.
01:20:10L'aîné.
01:20:12Il a beaucoup changé, c'est ainsi.
01:20:14Il a un esprit de doute, de révolte, le travail.
01:20:18Il tient tête à son père.
01:20:21Il tient couille à mon insu.
01:20:25J'en ai suivi une scène inqualifiable.
01:20:30L'attitude d'Antoine ne me préoccupe pas autant que vous.
01:20:33Il fallait s'y attendre un peu de science.
01:20:36Éloigne de Dieu, beaucoup y ramènent.
01:20:39Tout cela n'est pas grave. Patientez, il nous reviendra.
01:20:44Ce que j'imagine de l'existence de Jacques m'inquiète bien davantage.
01:20:49C'est une vie de prisonnier qu'il mène là.
01:20:51Vous aussi ? Je croyais la tête plus solide.
01:20:55D'ailleurs, il ne s'agit pas de Jacques aujourd'hui.
01:20:57Pour moi, il ne peut s'agir de rien d'autre.
01:21:00L'état de délabrement moral où est tombé le petit.
01:21:03Il ne doit pas demeurer un jour de plus là où il est.
01:21:06Quoi ?
01:21:08Sale !
01:21:10Nous en parlerons.
01:21:12Pardon, pardon.
01:21:14Le moins qu'on puisse dire est que vous avez agi avec une certaine...
01:21:18Le moins qu'on puisse dire est que vous avez agi avec une certaine imprudence.
01:21:23Il faudrait envisager.
01:21:24Qu'est-ce que vous me racontez là ?
01:21:26Qu'est-ce que vous avez envisagé ?
01:21:28Moi, je vous vois venir.
01:21:30Je vous dis tout de suite non, non et non.
01:21:32Sale !
01:21:33Vous savez, je vois qu'on ne peut pas parler sérieusement avec vous aujourd'hui.
01:21:36J'ai la conscience tranquille, moi.
01:21:38Moi qui me les paie, j'ai la conscience aussi tranquille que moi.
01:21:40Bonsoir, mon cher.
01:21:48Deux hommes montèrent au temple pour prier.
01:21:51L'un était pharisien et l'autre publicain.
01:21:54Le pharisien, se tenant debout, faisait cette prière en lui-même.
01:21:58Mon Dieu, je vous rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes.
01:22:18Je ne reviens pas pour parler de Jacques,
01:22:35mais pour me faire pardonner ce mouvement d'humeur là.
01:22:41C'est qu'aussi pour ce pharisien, vous êtes durs.
01:22:48Voilà trente ans que je consacre aux œuvres catholiques tout mon temps,
01:22:52toutes mes forces.
01:22:54Et c'est pour m'entendre dire par un prêtre que...
01:22:57Enfin, par un ami.
01:22:59Voyons, c'est injuste.
01:23:02Ah !
01:23:04Comme le chemin du salut est difficile.
01:23:07Je sais combien il est mal aisé de la tenir courbée dans le bon sens,
01:23:11cette force d'orgueil.
01:23:12Ah ! C'est terrible.
01:23:14Je crois même être le seul à savoir combien c'est terrible.
01:23:19Mais je pense...
01:23:23Est-ce que Dieu ne me donne pas un moyen de réparer cette candidature ?
01:23:30Est-ce qu'il n'y a pas beaucoup de vanité là-dedans ?
01:23:36Eh bien l'abbé, je fais le serment de retirer demain et pour toujours ma candidature de l'Institut.
01:23:45Voilà.
01:23:49Et que Dieu ait pitié de moi.
01:23:51Je ne suis qu'un pauvre pécheur.
01:23:58Je vous ai laissé aller jusqu'au bout.
01:24:01Je vous ai laissé boire le calice.
01:24:04Mais l'intention suffit.
01:24:06En vérité, votre renoncement serait moins utile à la gloire de Dieu que ne le sera votre élection.
01:24:14C'est moi, votre confesseur, qui vous délie de votre serment.
01:24:21Dieu ne veut pas de votre sacrifice, mon cher ami.
01:24:24Si dur que cela soit, inclinez-vous.
01:24:30Ah, si vous croyez qu'il le faut.
01:24:34Tout n'est pas encore dit.
01:24:36Vous devez prendre une décision au sujet de Jacques.
01:24:40L'important est de ne pas avoir l'air de céder à Antoine.
01:24:46Oui.
01:24:47Savez-vous ce que je ferais à votre place, mon cher ami ?
01:24:51Je lui dirais, tu veux que ton frère quitte le pénitencier ?
01:24:56Bon.
01:24:57Eh bien, va le chercher, mais garde-le.
01:24:59Tu as voulu qu'il revienne ?
01:25:01Alors, occupe-toi de lui.
01:25:02Et si j'étais sûr que ce gardement, une fois relâché, ne nous occasionne pas de nouveaux scandales ?
01:25:08J'exercerai moi-même un contrôle discret sur l'existence de ces deux enfants.
01:25:13Venez déjeuner demain à la maison.
01:25:15Antoine sera là, nous reparlerons de tout ça.
01:25:18Au revoir, l'abbé.
01:25:20Et merci, l'abbé, merci.
01:25:27Viens, fille, essaye ça.
01:25:29Oui.
01:25:40Regarde, notre nouvel appartement.
01:25:45On va être bien ici, non ?
01:25:57Viens voir ta chambre.
01:26:04Tu viens ?
01:26:26Tu veux que nous montions les voir ?
01:26:29Nous ne ferons qu'entrer et sortir.
01:26:32Allez, viens.
01:26:37Oh là, que ça a grandi !
01:26:40Bonjour, mon garçon.
01:26:43Bonjour.
01:26:46Eh bien, qu'est-ce que tu as ?
01:26:48Eh bien, voyons.
01:26:52Allez, assieds-toi.
01:26:57Mais tu te rappelles nos conditions, hein ?
01:27:00Autant de déférence et de soumission à Antoine qu'à moi-même.
01:27:06Une visite inattendue, monsieur Thibault.
01:27:08Votre futur collègue à l'Institut, monsieur.
01:27:10Faites-le rentrer.
01:27:12Bon, je vous vois tout à l'heure.
01:27:14Tu sais que c'est pour cette semaine, l'élection.
01:27:17Oui, père.
01:27:21Allez, allez, allez.
01:27:24Allez, allez, allez, va.
01:27:28Alors, pas de sensibleries.