Procès des viols de Mazan : effroi dans la salle d'audience
La journaliste Noémie Schulz raconte l'effroi qui a régné dans la salle d'audience d'Avignon (Vaucluse), au deuxième jour d'un procès hors normes concernant une affaire sordide de viols, dans laquelle 51 prévenus sont cités, accusés d'avoir abusée d'une femme droguée par son mari, qui filmait ces rapports sexuels non consentis : «Certains ont parlé de viol involontaire».
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00:00Hier, c'était donc le deuxième jour, une journée particulièrement difficile
00:04pour la famille de la victime, puisqu'elle a été quasiment intégralement consacrée
00:08à la lecture, au compte-rendu des faits par le président de la cour criminelle.
00:12Ça a duré plusieurs heures, des faits absolument insoutenables
00:17selon les personnes qui étaient dans la salle d'audience.
00:19D'ailleurs, les enfants de Gisèle et Dominique Pellicot ont quitté la salle.
00:24Leur fille Caroline Darrian s'est effondrée au moment où le président a évoqué ce fichier
00:29dans lequel des photos d'elle dénudées ont été retrouvées par les enquêteurs,
00:33même si son père assure n'avoir jamais abusé d'elle.
00:36Elle-même n'a pas de souvenirs et donc se demande si elle a pu être également droguée.
00:41Seule Gisèle Pellicot est restée stoïque.
00:43On le rappelle, cette femme âgée aujourd'hui de 72 ans n'a aucun souvenir de ce qui lui est arrivé.
00:48Pourquoi ? Parce qu'elle n'était pas endormie au moment des agressions dont elle a été victime.
00:53Elle était dans un état proche du coma.
00:55Elle était totalement inconsciente, lourdement droguée au Temesta par son mari
01:00qui mettait les médicaments dans son dîner,
01:03qui avait examiné le dosage qu'il fallait pour qu'elle soit très lourdement inconsciente,
01:09mais qu'elle se réveille le lendemain matin.
01:11Et donc elle a découvert, même si bien sûr avec ses avocats elle a eu accès au dossier,
01:16donc elle avait déjà connaissance des choses,
01:18mais hier il a été fait mention précisément de tout ce qu'elle a subi.
01:22Et puis ensuite le Président a interrogé un par un les 50 accusées.
01:26On rappelle qu'il y en a un qui est en fuite et un qui était absent pour raison médicale hier
01:31et il leur a demandé à chacun s'il reconnaissait les faits.
01:33Et c'est ça dont il était question dans les interviews des avocats par Régine Delfour.
01:39Ils peuvent difficilement contester les rapports sexuels puisque tout a été filmé
01:42et que c'est comme ça que ces hommes ont été identifiés,
01:44grâce aux vidéos retrouvées dans l'ordinateur de Dominique Pellicot.
01:48Mais il y a question de l'intention.
01:49Savaient-ils qu'ils abusaient d'une femme ?
01:51Seuls 14 ont reconnu les faits, 35 autres ont nié.
01:56Certains, lors de l'instruction, avaient expliqué qu'ils pensaient qu'elle était au courant,
02:01que c'était un jeu de couple, de l'échangisme.
02:04D'autres disent avoir été dupés par Dominique Pellicot, manipulés.
02:07Certains ont parlé de viol involontaire.
02:09Mais évidemment, ils vont être confrontés au cours de cette audience à des éléments très précis,
02:14et notamment les consignes qu'ils devaient respecter pour pouvoir avoir ce rapport sexuel,
02:19se déshabiller dans la cuisine, se réchauffer les mains pour ne pas risquer de réveiller Gisèle Pellicot,
02:23ne pas porter de parfum, ne pas avoir fumé de cigarette
02:26et quitter la chambre au moindre mouvement, laissant penser qu'elle pouvait se réveiller.
02:29Tous ces éléments peuvent laisser penser quand même qu'ils avaient conscience
02:32que cette femme ne consentait absolument pas à ce qu'ils lui faisaient.