• il y a 4 mois
Montage "hommage à Guy BROUSSEAU" lors du 50e colloque de la COPIRELEM
Transcription
00:00J'ai été nommé à l'école normale de Bordeaux, je me suis rapproché de l'IREM puisqu'on
00:28m'avait dit que des gens se réunissaient pour réfléchir sur l'enseignement des mathématiques
00:34à l'école primaire. Et là j'ai fait connaissance de Guy. Il y avait des réunions hebdomadaires,
00:41on appelait le groupe des 16, en fait c'était les 16 professeurs d'école normale de l'académie
00:47et on se réunissait donc chaque semaine. Parallèlement à ça, avant que j'arrive
00:52à Bordeaux, Guy avait mis en place avec une école le centre pour l'observation, le COREM,
01:00centre d'observation pour la recherche sur l'enseignement des maths, qui supposait d'une
01:04construction, une entente avec les autorités locales, trois mètres pour deux classes. Donc
01:09c'était déjà un gros travail qui avait été effectué par Guy. Et donc là aussi, prenant le
01:17train en marche, j'ai été amené à travailler à l'école Michet avec les enseignants qui étaient
01:22nommés sur volontariat, c'était des postes à profil. On est dans une ZEP, dans cette école,
01:29et je peux dire que, en tous les cas pour moi, mais pour la recherche en général, c'est ici que
01:37les choses ont vraiment commencé dans l'aventure de la recherche en didactique Bordelaison. Donc
01:44plus qu'un hommage, moi je souhaiterais apporter un témoignage à l'aide de quelques anecdotes,
01:51à propos de Guy et de son travail. Dans ce centre, destiné à l'observation,
02:01des micros permettent d'enregistrer chaque élève. Les observateurs sont dans la salle,
02:06comme on peut le voir ici, d'autres peuvent observer au travers d'une place centrale.
02:12Dès la fin de la séance, les observateurs se réunissaient. C'était souvent des moments
02:20de déclaration à chaud de Guy, très fines, comme en témoignent cet extrait à propos de
02:26l'institutionnalisation. On voit bien là que l'institutionnalisation permet aux élèves de
02:31négocier un choix, parce qu'elle joue là, non pas par la conviction de l'élève, mais elle joue
02:37par l'acceptation d'une moins bonne élève. Alors vous avez là le mécanisme de l'institutionnalisation,
02:44pour les élèves c'est la socialisation de la bonne réponse. Quand vous avez trois élèves qui
02:49discutent, les élèves vont s'aligner sur qui ? Ils vont s'aligner sur le répertoire, sur le
02:54vocabulaire de l'élève le moins fort, le moins bon. Si vous voulez discuter ensemble, si vous
03:01voulez que le type reste dans le coup, vous êtes obligés d'utiliser le vocabulaire du type le
03:06moins avancé. Autrement dit, il ne faut pas croire en général que les situations de formulation
03:11sans institutionnalisation sont des situations qui font fonctionner la bonne formulation. Ça
03:16fait fonctionner les mauvaises. Ça fait fonctionner les mauvaises raisons, les mauvaises formulations,
03:21les mauvais termes, les choses que peuvent faire ou manier les gens qui sont les moins forts. Bon,
03:27si un type a une idée magnifique et qu'il est tout seul à l'avoir, eh bien il aura du mal à la
03:33fournir. Il la fournira une fois parce que c'est ce qu'il croit, et comme il verra que ça ne convainc
03:38pas, il utilisera les répertoires des autres. Et bon, autrement dit, ce avec quoi il va contraindre,
03:45entre guillemets, l'interlocuteur à accepter une décision, un choix, une raison, c'est ce que
03:51l'autre ne peut pas refuser parce que c'est institutionnalisé. Donc s'il n'y a pas
03:56d'institutionnalisation, toutes les situations dans lesquelles on espère de façon trop empirique
04:03un développement naturel des raisons, des raisonnements, des systèmes, etc., tous ces
04:11systèmes-là ne fonctionneront pas du tout de manière optimale si on pose des situations ouvertes
04:15parce que, eh bien, la remarque d'un ne peut pas servir dans le débat. Est-ce que vous êtes
04:21d'accord ? Alors, si vous institutionnalisez trop, entre institutionnaliser immédiatement et exiger
04:28de tout le monde qu'on fasse tout, eh bien évidemment ça sert à rien de discuter. Vous
04:32posez les problèmes individuels et c'est terminé. Dans l'institutionnalisation, c'est l'aide que
04:38donne le professeur aux gens, au bon raisonnement, dans les discussions privées. Ça fait partie de
04:45la culture de la classe, ça a été dit, Hakeem le répète, il dit, oui c'est mieux avec les entiers, et les
04:51autres, même s'ils ne voient pas très bien pourquoi, là, à ce moment-là, s'ils étaient en train de l'oublier,
04:56s'ils n'avaient pas remarqué la veille, ils disent, ah oui, on l'a dit hier, ils se rappellent au moins qu'on l'a
05:00dit, et donc on choisit l'entier. Et le fait de choisir l'entier, de rentre dans l'action, dans les faits,
05:07parce qu'il y a eu institutionnalisation aussi. Il était à la fois un militant, un théoricien et un praticien.
05:14Il faut bien voir que ça n'a pas été toujours simple pour lui de faire sa place au sein de l'Université
05:22de Bordeaux. Il a souvent été plus reconnu sur le plan national et international qu'au niveau local.
05:30Alors, militant, militant, je l'ai expliqué, le Corem, il fallait quand même beaucoup de courage pour
05:37arriver à monter tout ça. Et il est militant aussi dans les contenus mathématiques. Toute une partie de son
05:45travail, ça a été de remettre en cause les algorithmes de la multiplication, algorithmes de
05:50la division, pour des raisons ergonomiques. Et puis, à la fin de sa vie, il était toujours en train de dire,
05:57mais c'est scandaleux que l'annumération orale ne fonctionne pas comme l'annumération écrite,
06:02il faut faire quelque chose, en sachant fort bien que c'était difficile. Théoricien aussi, bien sûr.
06:11En sorte que la didactique des maths ne s'identifie pas à une des disciplines qui avoisinait,
06:18c'est-à-dire que ça constitue un corpus. On peut dire que ça a été un précurseur.
06:24Ça n'est pas pour rien que la didactique des maths est reconnue, les thèses sont reconnues en 26e section des
06:32mathématiques appliquées. Praticien, parce que dès le début, Guy s'est posé la question, nous a posé la question,
06:40mais comment ce qui se fait ici va pouvoir être diffusé ailleurs que dans les écoles normales de l'Académie de Bordeaux ?
06:50Et donc c'est pour cela que, bien sûr, en même temps, la création de la copyrélème, il a été un des créateurs de la copyrélème.
06:58Il a toujours été très attaché à la copyrélème, même s'il n'y était pas présent en permanence.
07:05On avait constitué un groupe à Bordeaux, des personnes qui s'occupaient des annales. Donc on était quatre,
07:12on faisait les corriger des annales, on avait la confiance de la copyrélème, puisque les annales étaient éditées par la copyrélème,
07:19on avait la confiance de la copyrélème. Et dans ces annales, on en profitait pour faire des additifs sur des mini-cours de didactique.
07:31On allait même, quelques fois, j'ai vu des exemples, on remettait en cause le sujet en disant « ça, c'est pas top,
07:39on aurait pu faire une question de ce style ». Donc vous voyez, c'était des annales pas uniquement destinées aux candidats,
07:46mais aussi aux formateurs.
07:49Sa contribution théorique et la théorie des situations forment, avec la théorie des champs conceptuels de Gérard Vergniaud
07:56et la théorie anthropologique du didactique de Chevalard, l'un des trois grands cadres théoriques de l'École française de didactique des maths.
08:04Et nul doute que la copyrélème contribuera à la poursuite de l'œuvre de Guy et à la diffusion des acquis de la didactique des mathématiques
08:11dans la formation des professeurs. Je pense qu'aujourd'hui, ils vous auraient souhaité un colloque 2024 joyeux et efficace.
08:19Alors, bon colloque à toutes et à tous.
09:11© Amara.org

Recommandations