Richard Millet dénonce «une alliance a priori contre-nature entre le gauchisme culturel et le capitalisme mondialisé».
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00:00D'abord je pense, je crois qu'il ne le pense pas, ce que vous appelez penser ce n'est pas une pensée, c'est des lieux communs qui sont tissés.
00:06Et je pense surtout que c'est ce qu'on appelle peut-être, on pourrait appeler une alliance du capitalisme et du gauchisme.
00:13Et cette alliance apparemment contre-nature est très productive, est très rentable pour le capitalisme.
00:18Au fond, aujourd'hui Guy Debord est cité par tout le monde, c'est une valeur commerciale sûre, vous voyez,
00:25alors que Guy Debord serait là, je pense qu'il ruerait dans les brancards et, vous voyez, Régis Debray, ça peut être quelque chose de ce genre aussi, d'une certaine façon.
00:34Voilà, donc il y a cette alliance de l'argent. Regardez par exemple l'art contemporain qui n'intéresse à peu près personne.
00:40Je ne critique pas l'art contemporain en tant que tel, mais je critique un certain nombre de valeurs, disons, présentées comme étant sûres.
00:47Qui c'est qui le tient à bout de bras ? C'est les milliardaires. Si il n'y avait pas les milliardaires, il n'y aurait pas de l'art contemporain.
00:54Donc l'édition, c'est pareil. L'édition, je connais plein de gens qui pensent à peu près comme moi, mais qui n'oseraient pas le dire dans l'édition parce que l'édition est à gauche.
01:03Même Antoine Gallimard se présente comme un socialiste. Quand même rigoler, la 150e fortune française, on peut rire.
01:10Donc ces gens-là ont intérêt à ce que le système perdure, cette alliance contre-nature, et finalement peut-être pas autant contre-nature qu'on le croit,
01:16entre gauchisme culturel et capitalisme mondialisé. Vous allez aux États-Unis, c'est pareil, toutes les universités sont de gauche.
01:24Les Américains adorent inviter des gauchistes latino-américains qui les critiquent, qui leur vomissent dessus.
01:29Il y a une espèce de masochisme comme ça, rentable, qui me fascine. En France, c'est pareil.