Et si Emmanuel Macron n’avait pas dissous

  • le mois dernier
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il s'intéresse à ce qu'il se serait passé si Emmanuel Macron n'avait pas prononcé la dissolution de l'Assemblée nationale.

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Transcript
00:00Dites nos politiques sur Europe avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alors hier soir, c'était la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques,
00:08présidée par un Emmanuel Macron en majesté.
00:11Alors après la parenthèse enchantée des J.O., largement portée à son crédit,
00:15est-ce que vous pensez Alexis que le Président va pouvoir tirer de cet acte II des Jeux un avantage politique ?
00:21Disons que ça lui donne un bon prétexte pour repousser de quelques jours encore la nomination du Premier Ministre.
00:28Pour le reste, ce qui me frappe au contraire, c'est la rapidité fulgurante
00:32avec laquelle le fameux « effet J.O. » s'est effacé des esprits.
00:36Pendant les Jeux, Emmanuel Macron, rappelez-vous, était porté au nu.
00:39Et après tout, c'est assez légitime, il a imposé l'apparat de fluvial,
00:43il a bousculé les routines administratives, il est passé outre les réticences sécuritaires.
00:48Le succès de Paris 2024, c'est indéniable, lui doit beaucoup.
00:52Et pourtant, huit jours après, tout était oublié.
00:56Le Président sans Premier Ministre était voué aux gémonies par la quasi-totalité des acteurs politiques.
01:03Ce retournement est assez vertigineux quand on y pense,
01:07et à contrario, il en dit long sur le bénéfice politique considérable et durable
01:14que le chef de l'État pourrait aujourd'hui tirer des J.O.
01:18s'il n'avait pas cédé à une funeste impulsion incertaine 9 juin 2024.
01:24Vous voulez parler de la dissolution de l'Assemblée nationale ?
01:27Bien sûr, Dimitri. Essayons un instant d'imaginer ce que serait la situation politique actuelle
01:33si Emmanuel Macron n'avait pas dix sous.
01:36Si au lendemain des élections européennes, marquées, rappelons-nous, par le triomphe du RN et le désastre de Valérie Ayé,
01:42le Président avait rangé son humiliation dans sa poche, mis son mouchoir par-dessus
01:47et était passé à la suite, c'est-à-dire aux Jeux Olympiques.
01:51Mais ce serait le jour et la nuit.
01:53Jordan Bardella serait parti à Bruxelles
01:55et tout le monde à Paris se serait empressé d'oublier le funeste vote des fouloirs,
02:00c'est ce qu'on aurait dit, des européennes.
02:02Le NFP, pensez-y, n'existerait même pas.
02:06Et Jean-Luc Mélenchon, du haut des 10%, réalisé par sa candidate Manon Brie,
02:10serait aujourd'hui beaucoup moins glorieux.
02:13Et au contraire, Raphaël Glucksmann, arrivé brillant troisième aux européennes,
02:18serait l'étoile montante de la gauche modérée.
02:21Bruno Le Maire, cet été, aurait enfin préparé un budget de franche rupture
02:25avec le quoi qu'il en coûte.
02:27Et pour adopter ce budget, Emmanuel Macron pourrait d'emblée compter sur 250 députés
02:32et non pas 160 comme aujourd'hui.
02:34250, ça change tout.
02:36La droite LR, pas bien flambante après les européennes,
02:39n'aurait pas voulu prendre le risque d'une dissolution.
02:42Elle se serait abstenue et avec un petit coup de 49-3, le budget,
02:46contrairement à la légende qu'on nous a vendu cet été,
02:49serait très probablement passé.
02:52Et si jamais il y avait eu censure, c'est toujours possible,
02:55alors là, Emmanuel Macron aurait eu une bonne raison de dissoudre.
02:58« Les partis me refusent les moyens de redresser les finances du pays,
03:01j'en appelle donc aux Français ! »
03:03Au moins ça aurait eu un sens et puis ça pouvait marcher.
03:05Mais voilà, Emmanuel Macron a préféré renvoyer les députés
03:10pour se revancher de la blessure narcissique que lui avaient infligée les électeurs.
03:14Et vous nous dites, Alexis, que tous ces malheurs actuels viennent de là ?
03:17Je ne dis pas que s'il n'avait pas dissout,
03:19tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
03:21Il y aurait toujours des attentats antisémites attisés par des politiciens incendiaires.
03:26Il y aurait toujours des criminels pour ôter l'avis d'un gendarme
03:30qui laisse derrière lui deux orphelins et une veuve qui crie sa douleur et sa colère.
03:34Mais au moins, à cette violence du réel ne répondrait pas le spectacle
03:39de ces consultations interminables, de ces combinaisons politiciennes
03:44où le dérisoire le dispute à l'indécent.
03:47Alors maintenant, Emmanuel Macron voudrait nous persuader que si ça bloque,
03:51que si la France s'enfonce dans la paralysie,
03:54c'est la faute des méchants partis politiques, de droite ou de gauche,
03:58prisonniers des vieux schémas idéologiques.
04:00Mais enfin, en vérité, il ne peut s'en prendre qu'à lui.
04:03Ce piège dans lequel il se débat sans trouver la sortie,
04:06c'est lui qui s'y est précipité.
04:08« Tu l'as voulu, Georges Dandin ! T'aurais pas dû, Gérard Lambert ! »
04:12Le drame, c'est que dans ce piège,
04:14Emmanuel Macron a entraîné toute la France avec lui.
04:17L'édit aux politiques sur Europe, un merci à Alexis Brézet.