Chaque mardi et mercredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Eugénie Bastié - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eugenie-bastie-les-signatures-deurope-1
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00:00Mais d'abord Eugénie Bastier est avec nous, bonjour Eugénie.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour.
00:04Vous nous parlez ce matin Eugénie des réseaux sociaux, il y a plusieurs cas cet été de modération en fait, de censure numérique qui vous ont interpellé.
00:12Oui ces derniers jours vous savez plusieurs comptes Instagram de personnalités appartenant à la droite nationale et identitaire ont été tout simplement supprimés en France.
00:20Ainsi le média en ligne Occidentis qui détenait 160 000 abonnés sur Instagram a été effacé.
00:26Ainsi que le compte de la militante Alice Cordier, présidente du collectif féministe identitaire Nemesis qui a été aussi supprimé.
00:34Pourtant aucun contenu litigieux n'a été mis en cause, aucun préavis n'a été envoyé aux concernés.
00:39Il s'agit tout simplement d'une forme de censure exercée par un groupe privé sans justification aucune.
00:45Alors au même moment certains s'indignent de l'arrestation de Pavel Dourov, le fondateur de la messagerie Telegram.
00:51Est-ce qu'il faut aussi y voir là une forme de censure ?
00:54Oui vous en avez parlé ce matin, le fondateur russe de cette messagerie cryptée a été arrêté samedi.
00:58Il est accusé de complicité dans la détention d'images pédopornographiques, du blanchiment de crimes ou délits en bande organisée et de complicité dans le transport et la détention de drogue.
01:08Alors certains se sont indignés d'une arrestation perçue comme une atteinte à la liberté d'expression.
01:13Finalement cet épisode illustre l'affrontement entre deux conceptions.
01:17D'un côté des États de plus en plus soucieux de reprendre en main leur souveraineté numérique ou de contrôler des discours dissidents.
01:23De l'autre des plateformes gérées par des libertariens comme Elon Musk ou Pavel Dourov qui croient en une liberté d'expression absolue.
01:32Alors bien sûr c'est une utopie qui n'a jamais existé, la liberté d'expression est encadrée par l'État de droit mais il est vrai, c'est vrai que ses contours sont de plus en plus opaques et arbitraires.
01:42Alors quelle censure vous établissez Eugénie entre censure et modération ?
01:46C'est bien le problème qui réside dans la difficulté qu'il y a à cerner de façon objective ce qui constitue un discours de haine ou une fake news.
01:55Hier dans une lettre au congrès américain, le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a admis publiquement regretter d'avoir cédé au gouvernement américain pendant le Covid
02:05en supprimant de sa plateforme des contenus jugés complotistes ou même simplement ironiques sur la pandémie.
02:11Il est aussi tentant de qualifier de haineuse toute opinion n'étant pas conforme à la sienne.
02:16Lors des émeutes en Angleterre cet été, des personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme pour avoir posté des messages en ligne.
02:23Enivrées par cette atmosphère de répression, des personnalités de gauche sont allées encore plus loin demandant par exemple la suppression des publications de l'essayiste conservateur Douglas Murray, sorte d'Eric Zemmour britannique.
02:35Nous sommes aujourd'hui à un véritable tournant. Internet bien sûr constitue un catalyseur de la haine et de la violence, mais c'est aussi pour les politiques un bouc émissaire facile
02:45pour masquer leur propre impuissance à régler des problèmes concrets d'insécurité, de violence ou dans le cas du Covid, de santé publique.
02:53Malheureusement, parce qu'il est plus facile de fermer un compte Instagram qu'une frontière, d'interdire un discours que d'empêcher une pandémie,
03:00la tendance à la répression des libertés numériques ne va faire que s'accentuer dans les années qui viennent.
03:05Signature européen, Eugénie Bastier. Eugénie qu'on va retrouver vendredi comme c'était le cas la saison dernière. Merci à vous Eugénie, à très bientôt.