Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Eugénie Bastié - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eugenie-bastie-les-signatures-deurope-1
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00:00Eugénie Bastier, bonjour. Bonjour à tous. Avec nous sur Europe 1 ce matin, Eugénie, vous voulez nous parler de ce mouvement de migration hors du réseau social X
00:08par des personnalités de gauche depuis la victoire de Donald Trump.
00:11Oui, Salomé Saqué, la jeune star de l'antifascisme 2.0, l'a annoncée sur Threads, Facebook, Instagram, LinkedIn, Blue Sky et Snapchat.
00:18Désormais, elle ne sera plus sur X. Elle abandonne ses 210 000 abonnés parce que selon elle, ce réseau social serait devenu un réseau structuré par et pour l'extrême droite.
00:28Dans son viseur, évidemment, Elon Musk, le propriétaire du réseau, l'allié de Donald Trump.
00:33Comme elle, de nombreuses personnalités de gauche ont décidé de faire acte de résistance.
00:37Les journaux Ouest France et Sud Ouest ou l'association Greenpeace ont sauté le pas.
00:42C'est le grand exode du progressisme.
00:44Alors, on avait Victor Hugo à Guernesey, Stéphane Zweig au Brésil, Solzhenitsyn dans le Vermont.
00:49Et maintenant, on a Benoît Hamon sur Blue Sky, le rival de Twitter.
00:54Ces dissidents font preuve d'un peu d'hypocrisie.
00:57Parce que les règles de X n'ont pas changé ces dernières semaines.
01:00Ce qui les dérange, en fait, c'est que Trump, allié d'Elon Musk, ait gagné la présidentielle américaine.
01:05Doit-on en conclure que si Kamala Harris avait remporté l'élection, ce réseau serait resté fréquentable ?
01:11Bonne question Eugénie. Est-ce qu'il n'est pas quand même vrai que X soit devenu extrêmement violent, laissant la parole à des complotistes, des racistes autres haineux ?
01:19C'est vrai qu'Elon Musk a fait de X un espace presque libertarien, en poussant le curseur de la liberté d'expression à son maximum.
01:26Tout le monde peut s'y exprimer, d'Andrew Tait le masculiniste à Rima Hassan l'antisémite.
01:31C'est la revanche d'une liberté d'expression, d'ailleurs, partout ailleurs, baillonnée par des lois de plus en plus liberticides.
01:37C'est une forme de catharsis numérique.
01:40Alors, est-ce que celle-ci conduit à davantage de violence politique ? Je n'en suis pas sûre.
01:45Il faut rappeler par exemple que la prise du Capitole en janvier 2020 par les Trumpistes radicalisés a eu lieu alors que Twitter était alors dans les mains de la gauche progressiste,
01:54qui censurait à tour de bras les comptes d'extrême droite.
01:58Est-ce que ça empêchait le recours à la violence ? Bien au contraire.
02:01Le danger de la censure, c'est qu'elle conduise à une radicalisation de groupe dans des cercles encore plus étroits.
02:08Ensuite, je voudrais rappeler quand même que les meutes progressistes existent aussi sur les réseaux sociaux.
02:12Où étaient les belles âmes indignées quand le hashtag « balance ton porc » louait au pilori sans preuve ?
02:17Quand des journalistes dits de la « ligue du lol » ont été virés du jour au lendemain par leurs employeurs après une vague de dénonciations sur les réseaux sociaux ?
02:24Quand le hashtag « metoo » libérait la liberté d'expression sur les violences sexuelles, tout le monde s'en réjouissait.
02:29Mais quand la parole se libère sur l'immigration ou l'insécurité, alors la gauche appelle à la censure.
02:34Bon, que dit ce boycott, pensez-vous, de X par la gauche ?
02:38Écoutez, des libraires qui boycottent Hachette parce que le groupe est possédé par Bolloré,
02:42aux utilisateurs de X qui fuient l'application parce qu'elle est possédée par Elon Musk,
02:46cela dit un rapport maladif de la gauche à la liberté d'expression et au pluralisme.
02:51Habituée à régner de façon hégémonique dans les médias et dans la culture, la gauche n'est plus habituée à être contestée.
02:57Cette réaction vis-à-vis de Twitter est la même que vis-à-vis de CNews.
03:01Quand la gauche trouve un espace médiatique trop à droite selon elle,
03:05elle décide de le boycotter tout en continuant de l'accuser d'être trop à droite.
03:09Ce faisant, elle s'enferme dans des espaces de confort intellectuel où elle cultive l'entre-soi,
03:14des safe space numériques où ne pénètre pas le fracas du monde, tout cela est contre-productif.
03:19L'exil, le boycott ou la censure, telles sont les dernières armes qui restent à la gauche,
03:24qui se vit comme une citadelle assiégée, dans tous les cas, c'est le symptôme d'un camp en perte de vitesse.
03:30Signature Europe 1, Eugénie Bastier. Merci beaucoup Eugénie.