La question migratoire, carburant de la politique contemporaine ? Retour sur la tribune d'Arturo Pérez-Reverte dans le Figaro
Chaque mardi et mercredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Eugénie Bastié - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eugenie-bastie-les-signatures-deurope-1
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00:00Eugénie Bastier, vous êtes avec nous ce matin aussi, bonjour Eugénie.
00:03Bonjour à tous les deux.
00:04Vous voulez revenir ce matin sur une tribune de l'écrivain espagnol Arturo Pérez Reverte dans Le Figaro
00:08qui évoque la question migratoire et le destin des Européens.
00:12Oui, c'est un texte que d'ailleurs vous pouvez lire sur Le Figaro qui m'a frappée par son ton crépusculaire et sa liberté d'esprit.
00:18L'ancien correspondant de guerre qui est devenu romancier et membre de l'Académie royale espagnole
00:23évoque la froide fatalité de l'histoire et le changement de mœurs progressifs qu'il observe en Europe.
00:29Les vagues de migrants sont un facteur irréversible de civilisation, écrit-il.
00:34La nouvelle Europe ne ressemble selon lui en rien à l'ancienne.
00:37Je le cite à nouveau, l'histoire montre que certaines cultures en poussent d'autres en les fécondant
00:42mais que la plus vigoureuse, la mieux soutenue par ceux qui la portent, finit toujours par s'imposer.
00:47Et dans l'Europe d'aujourd'hui, la plus cohérente reste l'islam.
00:51Arturo Pérez Reverte est sans haine et sans illusion.
00:54Il est fataliste, il estime que rien ne peut être fait pour stopper l'immigration
00:59en raison de notre dépendance économique et démographique à la main-d'œuvre immigrée
01:03mais il est aussi profondément lucide et sévère sur notre aveuglement, notre naïveté, notre complaisance
01:10à propos d'un multiculturalisme fantasmé.
01:13Aujourd'hui il est trop tard, écrit-il, il n'y a aucune solution, l'histoire est en marche.
01:18Et est-ce qu'il a raison selon vous d'être aussi fataliste ?
01:21Écoutez, on peut juger que le point de vue surplombant et détaché de l'écrivain est peut-être plus proche de la vérité.
01:27En tout cas, cette tectonique des plaques civilisationnelles a quelque chose de vertigineux
01:31surtout que l'on contemple la petite course de chevaux ministérielle à laquelle nous assistons depuis la rentrée.
01:37Les peuples européens, eux, ne se résignent pas à cette marche en avant.
01:40Le succès de l'extrême droite allemande montre que la question migratoire reste le carburant politique d'aujourd'hui.
01:47L'exemple de l'Italie de Giorgia Meloni nous enseigne, lui, que la politique peut peut-être encore quelque chose
01:54puisque deux ans après son arrivée au pouvoir, l'entrée de migrants clandestins en Italie est en chute libre
02:00moins 65% d'arrivée cet été.
02:02Alors évidemment, ça ne suffira pas, mais cela montre qu'un tournant est possible.
02:06Mais les Jeux Olympiques, Génie, n'ont-ils pas montré que rien n'était perdu ?
02:10Que la vieille Europe pouvait encore faire preuve de volonté et oserais-je dire d'enthousiasme ?
02:15Oui, c'est en tout cas ce que semblent penser les Français, puisque selon un sondage IFOP pour le JDD,
02:2039% d'entre eux se disent très optimistes en cette rentrée.
02:24C'est énorme pour la France, c'est plus du double qu'en juin dernier.
02:28Alors il faut s'en réjouir bien sûr, mais ne pas s'illusionner sur la profondeur de ce sentiment.
02:32Ces Jeux furent plus une consolation qu'un nouveau départ.
02:36Rappelez-vous, les sensationnels JO de Londres de 2012 n'empêchèrent pas le Brexit quatre ans plus tard.
02:41Pour ma part, je ne partage pas l'euphorie mielleuse d'un Patrick Boucheron qui chante comme une berceuse à notre vieille nation.
02:47Ah, ça ira, ça ira.
02:49Les facteurs structurels de notre déclin n'ont pas disparu d'un coup de baguette magique.
02:54Le vieillissement démographique, l'appauvrissement économique, l'archipélisation, l'endettement et l'immigration incontrôlées sont toujours là.
03:01Inverser le cours de notre destin sera, je crois, plus difficile à organiser qu'une cérémonie d'ouverture.
03:07Cette année devra montrer que le « quand on veut, on peut » ne s'applique pas qu'aux Jeux.
03:12Signature européen Eugénie Bastier.