Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
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00:00Votre revue de presse sur Europe 1.
00:02Eugénie Bastier, c'est à vous Eugénie, l'examen de la partie recette du budget.
00:06Bonjour, pardon, je manque à tous les éléments de base de la courtoisie.
00:11On parle du budget, l'examen de la partie recette du budget donne lieu à un bras de fer entre droite et gauche au sujet de la taxation de l'héritage.
00:19Et oui, c'est l'éternel débat sur la taxation des successions, une obsession bien française qui revient à l'Assemblée
00:25puisqu'apparemment il est impossible de faire des économies, on cherche à imposer tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge plus.
00:31La tax up nation turbine à plein régime, non contente de taxer les riches vivants, la gauche veut aussi taxer les riches morts.
00:38Le NFP recycle une mesure proposée par Mélenchon qui propose de taxer tout simplement à 100% toutes les successions à partir de 12 millions d'euros.
00:46Et puis hier, un amendement a été voté qui alourdit les frais de succession de l'assurance vie.
00:52Alors rappelons quand même que cet amendement a été voté par la gauche NFP, mais aussi les centristes, centristes qui avaient fait campagne pendant les législatives pour baisser les frais de succession.
01:01La droite, elle, propose, elle, de favoriser les donations et les transmissions en faisant remonter les abattements jusqu'à 150.000 euros.
01:08La question de l'héritage, Jenny, c'est un clivage très profond, très ancien entre gauche et droite.
01:13Oui, tout à fait, la gauche voit dans l'héritage l'inégalité par excellence, on ne choisit pas où on est, il faut rebattre les cartes au maximum à la naissance.
01:22C'est d'ailleurs à la Révolution française qu'on doit l'impôt sur la succession, bon à l'époque il n'y était que de 1%.
01:27Le seul héritage que la gauche supporte, c'est celui de la dette publique, on va laisser aux générations futures.
01:32La droite, elle, voit dans l'héritage la liberté ultime, l'enrigissement au terme d'une vie de travail, c'est ce qui reste après une vie d'impôt et de taxes, l'État ne doit pas confisquer ce qui revient à la famille.
01:43On est là sur un clivage fondateur de la différence entre la droite et la gauche, la transmission d'un côté, l'égalitarisme de l'autre.
01:51Et c'est d'ailleurs révélateur que le RN est pris parti pour l'héritage dans les dernières législatives, un indice que le parti de Marine Le Pen s'avouait alors de droite.
01:59Enfin Jenny, il y a tout de même un problème avec l'héritage en France, aujourd'hui on sait que 60% de la richesse, elle est héritée, c'était 35% seulement dans les années 70.
02:09Oui mais ce n'est pas de la faute des méchants riches, il y a plusieurs raisons, premièrement c'est dû à un contexte favorable à l'accumulation de patrimoine immobilier, ce contexte est en train de disparaître.
02:18Deuxièmement, c'est dû au fait que les salaires ont stagné après la fin des Trente Glorieuses, et troisièmement, c'est dû à la baisse de la natalité qui a restreint le nombre d'héritiers et donc augmenté la concentration des héritages.
02:29Mais c'est vrai qu'il y a un problème en France, comme dans tous les pays occidentaux, frappé par le grand vieillissement, les héritiers héritent trop tard.
02:37L'âge moyen de la transmission d'héritage est passé de 35 ans à la libération à plus de 50 aujourd'hui.
02:43Aujourd'hui on a de plus en plus de retraités qui héritent de retraités.
02:46C'est ce que l'économiste Maxime Zbaye appelle l'effet Charles III, du nom du souverain britannique devenu roi à l'âge de 73 ans.
02:53Alors plutôt que de restreindre la possibilité d'hériter, il faut au contraire encourager l'héritage avant décès, afin de faciliter la circulation des richesses entre générations, voilà une vraie réforme à la fois libérale et conservatrice.
03:06J'ajoute que dans Le Parisien ce matin, Jean-Luc Tavernier, le directeur de l'INSEE, nous apprend que le pic de patrimoine dans la vie, on l'attend aujourd'hui à 75 ans, c'était 50 ans il y a quelques décennies en arrière.
03:16Merci beaucoup Eugénie Bastier, signature Europe 1, merci à vous Eugénie.