Le coordinateur de LF, Manuel Bompard était l’invité de #LaGrandeInterview de Florian Tardif dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Manuel Bompard, vous êtes député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France Insoumise.
00:04Est-ce que vous avez lu l'article 68 de la Constitution française ?
00:07Oui.
00:08Qui stipule tout de même que les décisions prises en application du présent article sont à la majorité des deux tiers des membres,
00:13soit 617 parlementaires.
00:15Ça ne vous a pas échappé, mais combien de parlementaires de la France Insoumise ?
00:17Mais en fait, ce n'est pas le sujet.
00:19Ce n'est pas le sujet ? Un peu quand même.
00:21Il y a 72 parlementaires au sein du groupe de la France Insoumise,
00:24mais là, pour que les gens qui nous écoutent le comprennent,
00:27on est en train de parler de l'article qui précise les modalités de destitution du président de la République
00:32et que ces modalités nécessitent plusieurs étapes.
00:35Une première étape, c'est de déposer cette demande de destitution,
00:38et pour ça, il faut un dixième des députés à l'Assemblée nationale.
00:41Vous allez le faire ?
00:42Bien évidemment, puisque le président de la République cherche à s'asseoir sur le résultat des élections législatives
00:48qui ont eu lieu il y a maintenant presque deux mois.
00:51Les Français ont voté, ils ont voté quelque chose,
00:53et aujourd'hui, vous avez un président de la République qui tout simplement n'en tient pas compte
00:56et fait comme si ça n'avait pas existé.
00:58Et ça ne peut pas se faire sans une réaction de la société française dans son ensemble,
01:02et la destitution fait effectivement partie des éléments possibles pour pouvoir réagir.
01:07Donc je reviens sur la procédure.
01:10Il faut 58 députés pour pouvoir déposer cette demande,
01:13et effectivement, à la fin du processus, il faut un vote des deux tiers des députés à l'Assemblée nationale.
01:18Or, ça ne vous aura peut-être pas échappé,
01:20que les députés macronistes issus des trois groupes de l'ex-minorité présidentielle
01:24représentent moins d'un tiers des députés de l'Assemblée nationale.
01:27Donc vous appelez aujourd'hui le Rassemblement national à voter cette destitution.
01:31Mais pas seulement le Rassemblement national.
01:33Tous les députés qui disent, quand ils prennent la parole sur les plateaux de télévision
01:38ou auprès de leurs électrices et leurs électeurs,
01:40qu'ils sont opposés au président de la République.
01:42Si à un moment on est opposé au président de la République,
01:44il faut aller au bout de la logique des choses et donc ne pas accepter,
01:48quel que soit d'ailleurs ce qu'on peut penser en termes programmatiques,
01:50on ne peut pas accepter un coup de force présidentiel comme celui antidémocratique,
01:54comme celui auquel on est en train d'assister.
01:56Vous appelez à manifester le 7 septembre prochain également.
01:59Votre ambition, on l'a compris, est de maintenir la pression sur Emmanuel Macron.
02:02Si ce dernier ne répond pas à vos attentes, est-ce que vous pourriez renouveler cette opération ?
02:06C'est-à-dire qu'il y a cette destitution que vous allez engager ?
02:08Vous allez déposer cette demande de destitution ?
02:10Oui, on va la déposer dans les prochains jours.
02:12Pour que les choses soient très claires, et je réponds par là même à votre deuxième question,
02:16nous nous avons dit face à ce coup de force antidémocratique du président de la République,
02:21censure, mobilisation, destitution.
02:24Censure, c'est-à-dire que tout autre gouvernement,
02:27qu'un gouvernement du Nouveau Front Populaire conduit par Lucie Castet,
02:31se verra opposer de notre part une motion de censure, effectivement.
02:39Deuxièmement, mobilisation.
02:41Et il y a une initiative qui a été prise par des organisations étudiantes et lycéennes
02:45pour appeler à manifester le 7 septembre.
02:47Ça sera exactement deux mois après le résultat des élections législatives.
02:51Et effectivement, nous appuyons cette proposition de mobilisation
02:55et nous appelons à y participer.
02:57Et troisièmement, destitution.
02:58C'est l'article 68 de la Constitution, nous en avons parlé.
03:00Vous comparez Emmanuel Macron depuis plusieurs jours au président Mac Mahon à la fin du 19e siècle
03:05qui avait parié sur une dissolution, perdu les élections.
03:07Je résume, avait résisté avant de laisser le pouvoir à la gauche
03:10et démissionné.
03:11Qu'est-ce que vous souhaitez si cette opération de destitution du président de la République
03:14ne va pas jusqu'au bout, qu'il démissionne ?
03:16Je souhaite qu'il s'en aille, effectivement, dans tous les cas.
03:19Mais je vois bien qu'il n'a pas l'intention de partir par lui-même.
03:22Et donc, il faut l'aider.
03:23Et pour l'aider, l'article 68 de la Constitution est le seul moyen
03:28que nous avons à notre disposition pour ça.
03:30Et moi, j'aurais préféré que le président de la République
03:33prenne acte du résultat des élections législatives.
03:36Enfin, peut-être que vous n'en avez pas conscience,
03:38mais partout dans le monde, partout en Europe,
03:41par exemple, la presse internationale ne comprend pas pourquoi,
03:45alors que le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête des élections législatives,
03:48que le Nouveau Front Populaire est le bloc politique
03:50qui dispose du plus grand nombre de députés à l'Assemblée Nationale.
03:52Personne ne comprend pourquoi le Nouveau Front Populaire
03:55n'est pas déjà en train de gouverner le pays.
03:57Et je ne vous dis pas ça seulement parce que je pense
04:00que le Nouveau Front Populaire a des idées qui permettraient
04:03d'améliorer la vie des Françaises et des Français.
04:06Je le dis aussi au nom d'un certain attachement à la démocratie.
04:09Et je pense que même des gens qui sont nos adversaires politiques
04:12et qui ne partagent pas nos idées, devraient comprendre
04:14qu'on ne peut pas accepter l'idée que quand on va voter à une élection,
04:17finalement, après, on peut s'asseoir sur le résultat de ces élections.
04:20Parce que ça, ça va produire, vous le savez comme moi,
04:22une remise à distance de la politique.
04:25Ces élections législatives, elles ont vu une participation
04:27qui était une participation beaucoup plus importante
04:29que les élections précédentes.
04:30Et si on donne l'impression que voter ne sert à rien,
04:32il ne faudra pas s'étonner la fois d'après
04:34que les gens n'aient pas envie de venir voter.
04:35Je ne sais pas si je vous entends,
04:36mais lorsque vous regardez l'hémicycle dans sa globalité,
04:39est-ce que vous estimez que les Français,
04:41lors de ces élections, ont plutôt voté à gauche
04:43ou ont plutôt voté à droite ?
04:44Nous diffusons, justement, pour nos auditeurs d'Europe 1,
04:47ce graphique qui illustre tout de même
04:50que les Français ne vous ont pas donné une majorité absolue.
04:53Mais ça, ça ne m'a pas échappé,
04:54que nous n'avons pas une majorité absolue.
04:56Nous avons environ 193 sièges du Nouveau Front National.
05:00Donc vous pouvez peut-être comprendre la logique
05:01du président de la République.
05:02Pas du tout.
05:03Parce que le président de la République,
05:06depuis 2022 par exemple,
05:08il avait bien installé à l'époque Madame Borne
05:11comme première ministre,
05:12alors qu'il ne disposait pas d'une majorité absolue.
05:15Il y a une force politique
05:16qui est arrivée en tête de ces élections.
05:17C'est à elle qu'il faut confier la responsabilité
05:19de constituer un gouvernement.
05:21Et ensuite, c'est au Nouveau Front Populaire
05:23de chercher, sur ces différentes propositions,
05:25des majorités à l'Assemblée Nationale.
05:27Et nous étions prêts à le faire,
05:28et nous sommes toujours prêts à le faire.
05:30Si nous arrivons demain au gouvernement,
05:32nous allons par exemple déposer une proposition de loi
05:34pour abroger la réforme des retraites.
05:36Et nous trouverons une majorité à l'Assemblée Nationale.
05:37Ce sera votre première mesure.
05:38Oui, bien sûr.
05:39Et nous trouverons une majorité à l'Assemblée Nationale.
05:41Nous voulons proposer...
05:42Y compris avec les voix du Rassemblement National.
05:44Avec les voix.
05:45Mais il n'y a pas que le Rassemblement National.
05:47Il ne faut pas à chaque fois me dire le Rassemblement National.
05:50Vous en avez besoin.
05:51Mais Monsieur, il y a 577 députés.
05:53Tout à fait.
05:54Soit on considère que les députés du Rassemblement National,
05:56on les met de côté,
05:57et puis que la majorité se fait sur le reste.
05:59Mais sauf que ce n'est pas comme ça que fonctionnent nos institutions.
06:01Donc à partir du moment où je dépose une proposition de loi
06:03à l'Assemblée Nationale,
06:04elle s'adresse à l'ensemble des députés.
06:06Je parlais de la réforme, de l'abrogation de la réforme des retraites.
06:08Mais je le dis parce que je pense que c'est important.
06:10La séquence, elle est un peu politicienne, excusez-moi.
06:12Tout à fait.
06:13Mais s'il faut que nous...
06:14Si je pense que le Nouveau Front Populaire doit gouverner
06:16le plus rapidement possible,
06:17c'est parce qu'il y a des problématiques,
06:19des souffrances,
06:20des préoccupations qui ont été exprimées
06:21par les Françaises et les Français,
06:22et qu'il faut être en capacité d'y répondre.
06:24L'abrogation de la réforme des retraites.
06:25C'est financé, l'abrogation ?
06:26L'augmentation du SMIC.
06:27Mais bien sûr, nous avons tout chiffré.
06:30Par une hausse des impôts, des taxes ?
06:32Mais non, pas du tout.
06:33Vous ne savez pas comment fonctionne notre système de retraite.
06:35Il ne peut pas être financé par l'impôt.
06:37Il est forcément financé par des cotisations.
06:39Par exemple, en faisant en sorte d'agir pour l'égalité salariale
06:44entre les femmes et les hommes.
06:45Ça permet de rentrer à peu près 10 milliards d'euros
06:47de cotisations supplémentaires.
06:48Par exemple, en imposant et en soumettant
06:51les dividendes à cotisation, ça permet pour le simple CAC 40,
06:56les dividendes versés au CAC 40, c'est à peu près
06:5814 milliards d'euros supplémentaires.
07:00Taxe sur l'impôt décaché, caché tout de même.
07:02Non, ce n'est pas caché, c'est tout à fait assumé, monsieur.
07:04Et je considère effectivement que pour financer
07:06notre système de retraite, il me semble que, par exemple,
07:09les dividendes qui sont versés aux actionnaires peuvent aider.
07:13Et on peut prendre, quand on sait qu'on a été,
07:15on a vu cette année, on a atteint un record historique
07:18de versement des dividendes.
07:19Donc oui, j'assume de dire qu'on peut mettre à contribution
07:21les dividendes si ça permet aux Françaises et aux Français
07:23de partir à la retraite plus tôt.
07:24Sur le Nouveau Front Populaire, est-il en train de se fissurer
07:27lorsque l'on voit ce qui s'est passé, par exemple, hier
07:29au sein du Parti Socialiste ?
07:30Ils ne sont pas tous d'accord sur la stratégie à adopter.
07:32Vous avez beaucoup parlé de la destitution.
07:34Vos collègues du Nouveau Front Populaire
07:36ne vous suivent pas sur ce point.
07:39Ils sont assez nombreux, tout de même, pour l'instant.
07:42Et concernant cette censure du nouveau Premier ministre,
07:45y compris un nouveau Premier ministre qui serait issu
07:47de la gauche, mais non issu du Nouveau Front Populaire,
07:50là encore, vous n'êtes pas suivi.
07:51Il y a des dissensions au sein du Parti Socialiste.
07:53Est-ce que vous estimez que le Nouveau Front Populaire
07:55peut se fissurer ?
07:56Je vois votre petit sourire.
07:57Ça me fait sourire parce que depuis le premier jour,
07:59en fait, depuis que le Nouveau Front Populaire
08:01a été constitué, on m'a dit, est-ce que vous ne pensez pas
08:03que le Nouveau Front Populaire ne va pas tenir ?
08:05Et finalement, il a tenu à chacune des étapes.
08:07On a présenté des candidatures ensemble,
08:09on a présenté un programme ensemble,
08:10on a présenté une candidate à la fonction
08:12de Premier ministre ensemble.
08:14Et s'il peut y avoir effectivement des dissensions
08:17au sein du Parti Socialiste, ce n'est pas des dissensions
08:19au sein du Nouveau Front Populaire.
08:21Sur le Nouveau Front Populaire, sur l'idée que nous allons
08:23censurer un autre gouvernement que celui de Lucie Castex,
08:25j'ai entendu Olivier Faure, j'ai entendu Marine Tendelier,
08:28j'ai entendu Fabien Roussel dire tous exactement
08:30la même chose que celle que je viens de vous dire
08:31sur ce plateau.
08:32Quant à l'appel à la mobilisation le 7 septembre,
08:34j'ai entendu Marine Tendelier hier dire
08:37qu'elle y était favorable et je crois savoir,
08:39je ne veux pas parler à leur place,
08:40que d'autres vont y être favorables.
08:41On verra s'ils l'annoncent dans les prochaines heures.
08:43Donc il me semble au contraire que le Nouveau Front Populaire
08:45continue à avancer ensemble, même si je le constate comme vous
08:49qu'il y a une branche au sein du Parti Socialiste
08:51qui préférerait en quelque sorte venir participer
08:55à des opérations de soutien ou de maintien
08:59de la Macronie au pouvoir.
09:00Je le regrette, ce n'est pas pour ça que les électrices
09:02et les électeurs ont voté.
09:03Ils ont voté pour qu'on tourne la page de la politique
09:05d'Emmanuel Macron et j'ai bien l'intention
09:07de le mettre en œuvre.
09:08Ce sont des élus béquilles utiles du président de la République ?
09:10Moi, je ne vais pas chercher à polémiquer avec eux.
09:13Je dis juste qu'il faut entendre que s'il y a eu un vote massif
09:16pour le Nouveau Front Populaire aux élections législatives,
09:19c'est notamment parce qu'il y avait une volonté extrêmement forte
09:21dans ce pays de tourner la page de la politique
09:23d'Emmanuel Macron.
09:24Et si certains qui ont été élus avec ces voix-là,
09:27finalement, venaient servir de béquilles,
09:30comme vous le dites, à Emmanuel Macron,
09:33je pense que ce serait une trahison du vote
09:35des électrices et des électeurs.
09:36Monsieur Bompard, l'antisémitisme est-il résiduel en France ?
09:39L'antisémitisme n'est pas résiduel en France.
09:41Vous faites référence à un propos qui a été tenu
09:43par Jean-Luc Mélenchon et qui évoquait les manifestations
09:47pour le cesser le feu à Gaza et il disait,
09:49et il a raison sur ce point, je suis d'accord avec lui,
09:51qu'il n'y avait pas d'antisémitisme dans ces manifestations
09:54et il l'avait évoqué à ce moment-là,
09:56il avait utilisé à ce moment-là le terme de résiduel.
09:58Maintenant, j'observe qu'il y a eu, par exemple,
10:01la semaine dernière, cet incendie criminel,
10:04manifestement attentat, puisque le parquet antiterroriste
10:07a été saisi à la Grande Motte.
10:09Et je veux vous dire que j'ai ouvert le discours
10:13qui a été le mien lors du meeting de clôture
10:18de nos universités d'été dimanche à Valence.
10:21Et effectivement, les premiers mots que j'ai eus,
10:23c'était des mots de compassion, de solidarité
10:25avec nos compatriotes de confession juive.
10:28Et j'ai dit une chose très simple, à chaque fois
10:30qu'une personne en France sera attaquée, menacée
10:33en raison de sa confession religieuse, sa couleur de peau,
10:36il nous trouvera à ses côtés.
10:37Et il nous a toujours trouvé à ses côtés.
10:39Et j'observe que depuis...
10:41Il y a des représentants néanmoins de la communauté juive
10:43par rapport à ce qui s'est passé.
10:45Vous trouvez ça scandaleux ?
10:46Oui, je trouve ça scandaleux.
10:47D'abord, c'était essentiellement des représentants politiques.
10:51Et je vais vous dire, face à des fléaux comme le racisme,
10:54l'antisémitisme, quand il y a des actes d'une telle gravité,
10:57on fait bloc, on fait front, on ne cherche pas
10:59à créer des divisions artificielles.
11:01Mais vous pouvez comprendre que parfois,
11:02certains propos de votre leader, Jean-Luc Mélenchon,
11:05ont pu choquer.
11:07Non.
11:08Y compris, cela fait une petite dizaine d'années,
11:10qu'il soit à l'égard de Pierre Lefkovici,
11:11à l'égard d'Elisabeth Borne, à l'égard de Yael Brown-Pivet.
11:15Ne dites pas des choses comme ça, parce que, franchement,
11:18tout dans le parcours de Jean-Luc Mélenchon,
11:20tout dans le parcours de n'importe quel des dirigeants insoumis
11:23démontre un attachement viscéral à l'égalité
11:26entre les citoyennes et les citoyens
11:28et au refus de toute forme de discrimination,
11:30de violence, d'attaque en raison de sa confession religieuse
11:34ou de sa couleur de peau.
11:35Par exemple, ce n'est pas correct, vous citez des noms...
11:38Madame Borne...
11:39Ce n'est pas correct ?
11:40Non, ce n'est pas correct, je vous le dis sincèrement.
11:41Madame Borne, à quel moment il y aurait-il eu
11:43quelques propos que ce soit ?
11:44Vous savez pourquoi vous dites ça ?
11:45Parce que Mathilde Panot, dans une intervention
11:47qui a été tenue à l'Assemblée nationale,
11:49après les élections législatives...
11:50Notamment, mais pas que.
11:51Si, si, exclusivement ce point-là avait dit,
11:53Madame Borne, vous êtes une rescapée du résultat des élections.
11:56Et on avait dit à Mathilde Panot qu'elle avait utilisé ce terme
11:59en raison de la confession religieuse de Madame Borne,
12:02ce qui n'était bien évidemment pas le cas.
12:03Vous êtes quelqu'un d'intelligent, je pense que vous savez également
12:05et parfois visez des termes.
12:07J'essaye de l'être, et si vous l'êtes vous-même,
12:09et si vous l'êtes vous-même...
12:10Je l'espère.
12:11J'espère que vous pouvez l'être aussi.
12:13Jean-Luc Mélenchon avait par exemple accusé Elisabeth Borne,
12:15fille effectivement d'un rescapé de la Shoah,
12:17de rallier un point de vue étranger au moment
12:19de ce qui s'était passé le 7 octobre,
12:21de ces attentats.
12:22Il y a Elbrun-Pivet, président de l'Assemblée nationale,
12:24de camper à Tel-Aviv.
12:25Mais à quel moment ce terme-là aurait eu...
12:28Franchement, vous voyez...
12:29Non, mais est-ce que vous comprenez que ça peut heurter ?
12:31Après qu'il y ait eu une instrumentalisation politicienne,
12:33peut-être, mais est-ce que vous pouvez comprendre
12:35que ça peut heurter également ?
12:36Si ça heurte des gens, je leur dis qu'ils sont dans l'erreur,
12:39qu'à aucun moment, aucun de nos actes, aucun de nos propos
12:43ont eu une quelconque volonté d'accepter une discrimination en France
12:47en fonction de sa confession religieuse,
12:49et c'est même plutôt l'inverse.
12:50Vous savez, la lutte contre le racisme,
12:52la lutte contre l'antisémitisme,
12:53elle a toujours été au cœur des engagements de la gauche
12:56et en particulier de la France insoumise.
12:58Et donc, je forme le vœu qu'on arrête ces formes
13:01de petites opérations politiciennes sur des drames,
13:04sur des événements aussi dramatiques que celui qui a eu lieu samedi.
13:07Encore une fois, comme je vous le disais tout à l'heure,
13:09en faisant ça, on donne le point, en quelque sorte,
13:12à ceux qui essayent de nous fracturer, de nous diviser.
13:14Il ne faut pas de division artificielle contre ces fléaux,
13:16et notre clarté, elle a toujours été totale et elle en restera.
13:19Et cette clarification, je crois que c'est le terme à la mode en ce moment,
13:22est saine de votre part.
13:24Le conducteur suspecté d'avoir tué un gendarme dans les Alpes-Maritimes
13:27lundi soir, lors d'un contrôle routier,
13:29compte dix condamnations à son casier judiciaire
13:31pour des infractions à la circulation routière,
13:33mais aussi des atteintes aux personnes.
13:35Sylvain Maillard, qui était à votre place hier matin,
13:37nous disait qu'on ne respecte pas suffisamment
13:39les policiers et les gendarmes en France,
13:41France qui est, selon lui, face à une crise de l'autorité.
13:45Est-ce que vous partagez cette analyse ?
13:47D'abord, je veux dire bien évidemment mes condoléances
13:50à la famille du gendarme qui a été tué
13:53après ce refus d'opérer,
13:55et mes condoléances aussi, bien évidemment,
13:57à l'ensemble de ses collègues.
13:59Un refus d'optempérer, c'est un délit,
14:01et quand on est au volant,
14:03et quand on a un gendarme ou un policier
14:05qui nous demande de s'arrêter, il faut s'arrêter.
14:07C'est la loi.
14:09Et quand on ne le fait pas,
14:11on doit être poursuivi et condamné pour cela, tout simplement.
14:13Et donc je forme le vœu que la personne
14:15qui s'est rendue coupable de ce refus d'optempérer
14:17soit retrouvée, il l'a été,
14:19et puisse ensuite être condamnée,
14:21que la loi soit appliquée en France,
14:23tout simplement.
14:25Et sur ce sujet aussi, je voudrais qu'on fasse preuve
14:27d'un petit peu d'intelligence.
14:29Nous avons dit à plusieurs reprises
14:31qu'il n'était pas normal de mourir suite à un refus d'optempérer.
14:33Ça a donné lieu à un certain nombre
14:35de dénonciations de notre part, par exemple
14:37après le drame, la mort de ce jeune
14:39homme, Naël, il y a un an maintenant.
14:41Mais on peut à la fois dire qu'il n'est pas normal
14:43de mourir suite à un refus d'optempérer,
14:45et à la fois dire qu'il n'est pas normal de refuser d'optempérer,
14:47et que quand on refuse d'optempérer,
14:49on doit être condamné pour cela, tout simplement.
14:51Peut-être qu'après l'été
14:53qu'on a connu, on va peut-être
14:55maintenant être capable de faire preuve d'un petit peu de nuance,
14:57de cesser les caricatures absurdes.
14:59J'ai entendu que la France Insoumise était
15:01anti-policier ou anti-gendarme, ce que nous n'avons
15:03jamais dit, bien évidemment.
15:05Peut-être qu'il y a eu une légère inflexion aussi.
15:07On n'a aucun sentiment de votre part,
15:09à cet été.
15:11Mais en fait, le problème, c'est que
15:13vous caricaturez les positions
15:15qui sont les nôtres, et ensuite quand je les précise,
15:17vous voulez faire croire que j'ai changé d'avis,
15:19je suis tellement anti-policier
15:21que je suis pour en embaucher des policiers supplémentaires.
15:23Je suis tellement anti-policier
15:25que s'il y avait un gouvernement du Nouveau Front Populaire,
15:27nous aurions d'ores et déjà rétabli
15:29des brigades de police de proximité.
15:31Vous voyez, pour quelqu'un qui serait
15:33anti-police, je trouve que là,
15:35il y a une forme de contradiction.
15:37Mais je ne vous fais pas de reproche à vous,
15:39mais je voudrais juste que dans le débat public,
15:41on essaye d'accepter que les choses,
15:43elles ne sont pas toutes noires ou toutes blanches,
15:45qu'on peut essayer de faire preuve parfois de nuance,
15:47qu'on peut dire à la fois que ce n'est pas normal
15:49de mourir après un refus d'obtempérer,
15:51parce que ce ne sont pas les peines qui sont prévues dans le Code pénal,
15:53et en même temps, de dire que quand un policier meurt
15:55suite à un refus d'obtempérer, c'est un drame,
15:57quand un gendarme meurt suite à un refus d'obtempérer,
15:59c'est un drame, qu'il doit avoir notre soutien,
16:01nos condoléances, comme je l'ai fait,
16:03et que bien évidemment, la personne qui s'en est rendue responsable
16:05doit être condamnée pour cela. Ça me paraît simple.
16:07– Merci beaucoup, Manuel Bonpart. – Merci à vous.
16:09– C'était l'heure de votre grande interview sur CNews Europe.
16:11– Sous-titrage Société Radio-Canada