#A.S., #Comprendre.

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00:00Merci. Je vous propose maintenant d'accueillir nos trois auteurs de la semaine.
00:08D'abord, j'accueille le roi de la série grise. Vous n'avez bien entendu pas de la série noire.
00:12La série grise, c'est une formule de Jérôme Garcin.
00:15Jacques-Pierre Hamet qui publie Un Polar, Le Lac d'Or aux éditions Albain Michel.
00:23J'accueille le socio-provocateur Alain Soral qui publie Un Abécédaire de la bêtise ambiante aux éditions Blanche.
00:37Et puis enfin, j'accueille une journaliste, Isabelle Juppé, qui est la femme de qui vous savez, c'est-à-dire d'Alain Juppé,
00:46et qui publie La Femme Digitale aux éditions Jean-Claude Lattès.
00:53Jacques-Pierre Hamet, le héros du Lac d'Or, l'inspecteur barbé, c'est François Berléand ?
01:02Ah oui, on peut le voir dedans, tout à fait. Mais moi, j'aimerais d'ailleurs voir Berléand faire un jour Maigret.
01:09Ça, j'aimerais beaucoup.
01:10Oui, alors Maigret, barbé, il y a un peu des ressemblances. Le Lac d'Or, c'est l'histoire d'un flic, d'un inspecteur,
01:18donc en fin de parcours, quelqu'un d'une autre époque, complètement dépassé par les événements,
01:22qui enquête sur l'assassinat d'une prostituée, Cloé, qui se trouve avoir été l'une de ses ex.
01:30C'est l'histoire.
01:31C'est le vieux flic qu'on met au bout du couloir, sur les affaires les plus crapoteuses, qui sont pas une argent.
01:38C'est lui, voilà !
01:40Et il regarde les jeunes flics à blousons qui sortent dans la cour, avec les Kawasaki, etc., qui friment, etc.
01:50Puis, il voit qu'au fond, sur son bureau, il arrive des rapports, médecin légiste, et en fait, tout se passe maintenant par empreinte génétique, etc.
02:00Et lui, il est de l'école Maigret. C'est un univers, il comprend rien. Ça, ça l'emmerde, quoi.
02:06L'école Maigret, sauf que c'est pas un grand flic. Maigret est un grand flic, pas barbé.
02:11On sait pas trop ce qu'il a été, mais en fait, il est humain.
02:15C'est-à-dire que quand il a devant lui, à son bureau, un témoin, il sait quand même le regarder et le faire parler.
02:22C'est la France que vous voyez comme ça, j'ai le permet, mélancolique, défaitiste, bétonnée, traceuse ?
02:28Non, elle est glissante.
02:30Parce qu'elle n'est pas terrible, là-dedans.
02:32Il pleut beaucoup, ça c'est à cause de la Normandie, mais il pleut, il pleut.
02:35C'est le 13e arrondissement tel que je le connais, c'est-à-dire...
02:39Oui, mais enfin, vous êtes normand et vous voyez la pluie partout, vous êtes...
02:42Hein ? Non, c'est pas ça ?
02:44C'est vrai, c'est l'arrondissement le plus...
02:49Surtout quand c'est vu par un normand.
02:50Bien sûr.
02:51Mais vous savez, c'est vrai que moi j'aime les lumières normandes, et les peintres normands sont importants,
02:57et que tout mon passant c'est sous la flotte, et que Flaubert, Madame Bovary...
03:02Vous seriez dans le Sahara, vous verriez encore de la pluie.
03:05Mais non, justement, je vais pas dans le Sahara, je reste dans le 13e.
03:07Vous déplacez toujours la Normandie.
03:09Je suis dans mon 13e gris, et je regarde les gens, voilà.
03:12Il n'y a pas des motifs d'optimisme ? L'acteur, moi je n'en ai pas vu.
03:16Pas tellement, non. Simplement, il y a un motif d'optimisme, c'est quand on a fini un bon livre, voilà.
03:21Ah oui, c'est tout ?
03:22Oui.
03:23Alors, Alain Soral, vous avez des motifs d'optimisme ? Parce que je n'en ai pas vu non plus dans ABCDR, la bêtise ambiante.
03:31Tout le monde il est noir, tout le monde il est méchant, tout le monde il est bête, tout le monde il est salaud.
03:35Alors, c'est pas fatiguant quand même de flinguer tout le monde, là, tout le temps, non ?
03:40Le comique, là, que vous trouvez bête, lâche, conformiste, vous ne regardez jamais, vous.
03:46Non, non, je dis que depuis que les comiques ont une espèce de fonction, en fait, de rendre tout équivalent en politique,
03:52et de faire de la fausse subversion, je trouve que les comiques ne sont plus drôles.
03:56Mais c'est de la socio, c'est-à-dire qu'effectivement, aujourd'hui, on voit qu'il y a une espèce de fonction du comique
04:01qui est l'inverse même de ce qu'il devrait être, normalement.
04:04C'est-à-dire de faire prendre conscience des problèmes et d'être un peu le fou du roi.
04:07Là, le comique, aujourd'hui, est plutôt pour rendre tout indifférent.
04:12Et puis, c'est très faussement subversif, le comique.
04:15Et puis, j'en ai fréquenté quelques-uns, et je les ai trouvés, finalement, pas très drôles.
04:19Et puis, il y en a un auquel je pense très fort, là.
04:21Bah, dites-le à qui ?
04:23Oh, j'aime pas citer les noms, mais...
04:25Non, bah, allons-y, il y en a plein, là-dedans, là. Attendez.
04:28Bedos, par exemple.
04:29Les comiques qui, au début, sont drôles parce qu'ils sont sur des sujets légers, comme la drague,
04:32et puis, à force de flatteries mondaines, se prennent pour des intellectuels alors qu'ils n'ont pas le substrat.
04:37Et qui, après, se prennent pour des penseurs.
04:39Et souvent, c'est assez tragique de voir à quel point ils deviennent conformistes,
04:42faussement subversifs, et même assez flics.
04:45J'ai remarqué ça. C'est-à-dire que les comiques vieillissent mal.
04:47J'ai remarqué ça, souvent.
04:49C'est juste Bedos que j'en connais d'autres, à qui je veux pas faire de tort.
04:51Ben, DeVos, c'est d'autres bienveillés, non ?
04:53Oui, mais... Non, mais DeVos, il est resté dans l'école du cirque, un peu.
04:57C'était...
04:58Oui, mais c'était pas politique. C'était jamais politique.
04:59Oui, c'était pas politique, puis ça se présentait pas...
05:01Il y a rien de pire que les gens qui sont dans le mondain, qui prétendent critiquer le mondain.
05:04Pour critiquer le mondain, faut pas en être.
05:06Moi, c'est comme ça que je me suis débrouillé, je me suis fait virer.
05:08Parce que c'est très difficile de critiquer les gens qui vous invitent à dîner.
05:11D'abord, ça se fait pas.
05:13Donc, pour pouvoir critiquer les gens...
05:15À la limite, la critique de cinéma, il y avait la même chose.
05:17Avant, Serge Danet disait que...
05:19Enfin, il avait une pratique, c'était de toujours payer sa place au cinéma
05:21et de jamais aux projections de presse.
05:23Moi, je flingue, mais on ne m'invite pas à dîner.
05:26Et je serais très mal à l'aise, parce que comme je suis un gentil,
05:31le vrai problème des comiques, c'est qu'ils sont très institutionnels
05:34et qu'au début ils sont un peu subversifs
05:36et qu'après, ils tirent sur les petits.
05:38Ce qui est assez facile.
05:40J'ai lu récemment des trucs...
05:42Vous, vous tirez sur la fin, c'est Coluche, quoi.
05:44Le dernier.
05:46Non, mais il y en a un autre qui a disparu, mais qui existe, qui avait dû donner,
05:49qui était très courageux, mais qui a disparu,
05:51parce qu'il osait des trucs difficiles.
05:53L'Issay Moon, c'est pas mal aussi.
05:55Ouais, mais faire des gags sur les portables et les obèses, c'est pas très drôle.
06:00C'est pas politique.
06:02Maintenant, il y a une...
06:04Coluche faisait rire sur la politique.
06:06Oui, mais c'était une époque où on avait le droit de rire.
06:08Des proches aussi, mais avec quand même certains risques.
06:10Ce que j'aime pas, c'est qu'on flingue les petits,
06:12en faisant croire qu'on est courageux
06:14et qu'on épargne systématiquement les gros,
06:16parce que réellement, c'est risqué.
06:18En réalité, il y a un vrai risque.
06:20Moi, je me suis amusé à flinguer, mais j'ai pris des coups.
06:22Vous venez quand même, l'ancien communiste,
06:25passer dans le pénisme.
06:27C'est un peu ça, votre parcours.
06:29Oui, j'ai appelé à voter...
06:31Vous avez appelé à voter Bérou, moi j'ai appelé à voter Le Pen.
06:33Les gens m'ont demandé pourquoi.
06:35Je dis que c'était interdit, tout simplement.
06:37Ah oui, voilà. La seule raison.
06:39La raison majeure, oui.
06:41On m'avait expliqué en 68 qu'il était interdit d'interdire.
06:43Jospin nous a expliqué récemment
06:45que l'antifascisme n'avait jamais été que du théâtre semi-terran.
06:47Et puis, en plus, le président de la République
06:49consulte Le Pen tous les 15 jours à l'Elysée.
06:51Donc, à un moment donné, je me dis, arrêtons la tartufferie.
06:53Le mec, il est dans l'arc républicain
06:55ou il n'est pas dans l'arc républicain ?
06:57Moi, j'ai appelé à voter Le Pen
06:59parce qu'on m'avait dit, arrête de déconner,
07:01tu es en train de gâcher ta carrière.
07:03Et je me suis dit,
07:05quelle est la plus grosse connerie que je peux faire ?
07:07Appeler à voter Le Pen.
07:09D'ailleurs, on s'était un peu entendus là-dessus.
07:11Et on l'a fait, l'énorme connerie.
07:13Et ce qui est rassurant, c'est que je suis là ce soir,
07:15donc je me dis, finalement, on peut survivre à ce genre de conneries.
07:17Pourquoi ça ne l'a pas aidé, Le Pen ?
07:19Euh...
07:21Bonne question, là.
07:23Au dernier moment, il a hésité.
07:25C'était juste pour la réclame, quoi.
07:27Non, non, non.
07:29Non, vous n'avez pas voté Le Pen.
07:31Non, mais j'ai appelé à voter Le Pen,
07:33ce qui est bien plus fort.
07:35C'est complètement différent d'appeler à voter
07:37et puis le choix dans lui, là, c'est...
07:39Surtout quand on appelle à voter Le Pen.
07:41Parce qu'il y a beaucoup de gens, moi, je crois...
07:43Donc vous n'avez pas voté Le Pen ?
07:45Non, mais j'ai pas à dire pourquoi j'ai voté.
07:47La démocratie, c'est que...
07:49Ce que je veux faire remarquer, moi,
07:51c'est que dans le monde des médias,
07:53je n'ai jamais rencontré personne qui avait voté Le Pen.
07:55Jamais.
07:57Officiellement.
07:59Or, je suis persuadé qu'il y en a qui en douce l'ont fait.
08:01Comme on fait un petit doigt d'honneur, quoi.
08:03Vous, vous appelez à voter Le Pen et vous ne votez pas Le Pen ?
08:05Ma démarche, ça serait plutôt ça.
08:07Ça serait de dire, allez voter Le Pen, c'est interdit.
08:09Et finalement, c'est le vrai acte punk,
08:11il est là, quoi.
08:13Vous trouvez ça drôle ?
08:15Oui, bien sûr, oui.
08:17Alors, vous êtes très pessimiste sur tout le monde,
08:19c'est un livre très noir.
08:21Vous êtes pessimiste aussi sur François Fillon ?
08:25Isabelle Juppé,
08:27vous êtes l'épouse d'Alain Juppé.
08:29Vous avez connu, avec votre mari,
08:31les affres de l'impopularité.
08:33C'était il y a 13 ans.
08:35Oui, mais ce qu'on vient de voir,
08:37ça prouve que les vies politiques sont longues,
08:39mais l'opinion change vite, en fait.
08:41C'est vrai que de 6 mois en 6 mois,
08:43tout peut basculer,
08:45donc il faut rester zen
08:47et enduré.
08:49Il y a des moments qui sont très durs à vivre,
08:51très douloureux.
08:53Qu'est-ce que vous avez comme conseil dans ces cas-là ?
08:55Je pense qu'il faut essayer de garder son cadre,
08:57de rester sur la durée
08:59et de jouer avec cette espèce de révolution
09:01d'aujourd'hui des médias
09:03qui fait qu'on est dans une époque
09:05d'instantanéité
09:07où c'est l'émotion qui règne
09:09plutôt que la raison
09:11et où on est sans arrêt en train de jouer avec tout ça.
09:13Il y a d'un côté
09:15l'opinion, le public, les électeurs,
09:17il y a les hommes politiques,
09:19il y a les médias, il y a les éditeurs,
09:21il y a les journalistes.
09:23C'est un jeu entre les quatre
09:25et ça peut être très violent.
09:27Pour vous, c'est superficiel ?
09:29C'est quand même au fond l'écume des jours ?
09:31Non, je pense qu'on ne fait pas la part
09:33entre le superficiel, le dérisoire,
09:35l'important et l'essentiel.
09:37Tout est mélangé
09:39et donc il faut vraiment être très solide
09:41et avoir beaucoup de repères
09:43dans la vie pour être capable de se faire
09:45un propre jugement et de ne pas
09:47se laisser influencer par ce torrent
09:49d'informations, de désinformations,
09:51tout ce qui tombe et qui est très nouveau.
09:53C'est le lien avec ce sur quoi j'ai travaillé.
09:55En plus, avec tout cet
09:57univers numérique qui bouleverse
09:59complètement les médias,
10:01qui fait qu'on est sur informé.
10:03Vous en parlez dans votre livre, c'est le sujet,
10:05ça joue un rôle important dans tout ça.
10:07La rumeur, l'oragôle...
10:09Et ça c'est très nouveau.
10:11Il y a à la fois le côté vie privée
10:13de la vie politique qui n'existait pas avant
10:15mais pourquoi ? C'est parce qu'effectivement
10:17les médias ont besoin aussi de trouver
10:19de nouveaux moyens de s'en sortir
10:21et de lutter face aux nouveaux médias
10:23et donc ce qui fait vendre...
10:25Dites-moi, Alain Soral, vous qui en prenez à tout le monde
10:27alors, il y a des pages
10:29horribles d'ailleurs, atroces,
10:31sur les gays, je trouve ça épouvantable.
10:33Il y a aussi un éloge de Staline, je n'ai pas trouvé terrible.
10:35Et puis, il y a une haine...
10:37Moi je suis dans la vraie vie, ce que Berlion fait au cinéma.
10:39Il y a une haine
10:41de la France que vous décrivez
10:43comme un pays
10:45d'anglo-saxons névrosés
10:47envahis par des maghrébins
10:49hostiles. Vous croyez vraiment ce que vous écrivez ?
10:51Oui, c'est une boutade
10:53mais c'est vrai, on voit bien aujourd'hui...
10:55D'ailleurs, quand j'ai écrit ça, je me suis fait traiter de fasciste
10:57par le Nouvel Obs et depuis ça a bougé
10:59et cette gauche bobo qui, au nom de la défense de la licité
11:01est très en pointe contre le
11:03soi-disant fascisme vert, aujourd'hui m'a rattrapé.
11:05Ce qui est assez marrant, c'est que
11:07j'écris un truc, je me fais engueuler
11:09et je reviens à la doxa deux ans après.
11:11C'est le danger d'être en avance.
11:13Je suis l'avant-garde qui prend les coups
11:15et tout le monde écrit ce que
11:17j'écrivais il y a deux, trois, quatre ans.
11:19Aujourd'hui, tout le monde l'écrit.
11:21C'est Charlie Hebdo.
11:23C'est Philippe Val.
11:25Mais lui, il a le droit.
11:27Jacques Permette.
11:29Vous dites que vous êtes en avance.
11:31Depuis mon enfance, j'entends
11:33sur Staline, sur le racisme,
11:35sur l'homophobie.
11:37C'est un vieux thème crapoteux.
11:39Il faut lire le texte.
11:41Je fais un éloge paradoxal de Joseph Staline.
11:43Quand l'URSS existait, la France avait encore
11:45une existence dans la politique étrangère.
11:47Les dizaines de millions de morts.
11:49Qu'est-ce que vous en faites ?
11:51J'ai lu, bien entendu.
11:53Pour nous, Français, il n'aurait pas fallu
11:55que l'URSS tombe car la France avait
11:57un plus beau destin en termes de rayonnement international
11:59quand il y avait deux empires plutôt qu'un.
12:01Il y a un texte, une réflexion, une pensée.
12:03Ça s'appelle l'éloge paradoxal de Joseph Staline.
12:05Le titre est provocateur.
12:07Moi, j'ai répondu du fond.
12:09C'est drôle à lire, mais il y a une vision du monde.
12:11Je me dis, est-ce qu'on devait
12:13se réjouir de l'écroulement
12:15de l'URSS telle qu'il s'est passé ?
12:17Où l'espérance de vie du russe moyen est tombée
12:19à 52 ans à un moment donné.
12:21Et où des professeurs de paléoanthropologie
12:23étaient obligés de vendre des cigarettes derrière la gare.
12:25Il s'est passé tout ça en Russie.
12:27Il y a une différence entre faire l'éloge de Staline
12:29et l'éloge du socialisme russe.
12:31J'ai fait l'éloge de Staline
12:33il y a 3 ans.
12:35Pas quand Staline était au pouvoir.
12:37Quand Staline était au pouvoir,
12:39la moitié des écrivains et des acteurs,
12:41jusqu'à Gérard Philippe, faisaient l'éloge de Staline.
12:43C'était obligatoire à l'époque.
12:45Moi, ce que je n'aime pas,
12:47c'est les gens qui font l'éloge des puissants
12:49quand ils sont là.
12:51S'amuser sur Staline alors qu'il est mort
12:53depuis 52 ans, ce n'est pas du tout la même chose.
12:55Je tape sur les puissants d'aujourd'hui
12:57et je prends des risques.
12:59Je m'amuse parfois à rigoler avec les puissants d'hier.
13:01Ce n'est pas pareil.
13:03Les gens sont très lèche-botte
13:05avec les puissants d'aujourd'hui.
13:07Je vais te permettre.
13:09Je suis un peu surpris de tout ça.
13:11Si vous me dites que si vous êtes en avance,
13:13si le racisme
13:15et l'éloge de Staline, c'est être en avance,
13:17alors là, je crains l'avenir.
13:19C'est plus fin que ça.
13:21Qu'est-ce qu'il a contre la cage aux folles ?
13:23Je parle de la cage aux folles
13:25avec Poiré et Serrault.
13:27Je voyais ça en cachette.
13:29Je travaillais dans une troupe
13:31pure et dure
13:33où l'on s'en mit à ferme.
13:35Pour aller rigoler,
13:37avec des lunettes noires,
13:39dans une fosse d'arbre à l'époque,
13:41si vous n'alliez pas encore là-bas.
13:43J'ai vu 2-3 fois de suite.
13:45J'ai vu environ une dizaine de fois
13:47la cage aux folles.
13:49En 2 semaines, j'avais vu 3 fois.
13:51J'étais mort de rire en me disant
13:53pourquoi ?
13:55Pourquoi ?
13:57Ça ne m'arrive pas une chose comme ça.
13:59Pourquoi je dois faire des textes ?
14:01Je ne comprends rien.
14:03C'était une catastrophe sans précédent.
14:07Dans votre biographie,
14:09il y a un petit passage intéressant
14:11où vous dites que les acteurs
14:13n'ont rien à voir avec les politiques.
14:15Contrairement à ce qui se dit.
14:17Convaincre, ce n'est pas émouvoir.
14:19Pour vous, c'est 2 métiers différents.
14:21On parle souvent des politiques
14:23comme si c'était des acteurs.
14:25On aime bien parler politique.
14:27Oui, c'est ça.
14:33J'étais assez sidéré
14:35par les très mauvaises prestations télévisuelles
14:37de Ségolène Royal.
14:39Je la trouvais toujours fausse.
14:43Sarkozy a été élu parce qu'il y avait
14:45quelque chose. Il parlait vrai,
14:47même si c'était peut-être faux.
14:49Il était meilleur comédien.
14:51Il a appris.
14:53Tout était faux.
14:57Il avait une voix très mal placée.
14:59Oui, très mal placée.
15:01À chaque fois, les interventions
15:03étaient l'inverse de ce qu'il fallait faire.
15:05Visiblement, elle est en train de progresser.
15:07Je ne sais pas.
15:09Torayton n'a pas fait son boulot avec elle.
15:11Les taxis.
15:13Un rapport propose de déréglementer
15:15cette profession,
15:17comme c'est le cas dans la plupart
15:19des pays étrangers.
15:21Deux ou trois grèves bouchons.
15:23On emballe tout.
15:25Est-ce que c'est possible de réformer la France,
15:27Isabelle Juppé ?
15:29Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question.
15:31Je n'ai aucune compétence pour répondre.
15:33Votre mari en sait quelque chose.
15:35A lui, il faudrait lui demander.
15:37Evidemment, c'est très difficile.
15:41On peut le comprendre.
15:43Je n'aimerais pas être à la place
15:45de ceux qui doivent le faire.
15:47C'est possible ?
15:49Contrairement à vous,
15:51je suis une éternelle optimiste.
15:53Heureusement que c'est possible.
15:55Sinon, ce serait terrible.
15:57Quand on lit votre livre,
15:59la femme digitale,
16:01on a le sentiment que la France bouge.
16:03C'est une enquête très facile à lire,
16:05très journalistique.
16:07Vous racontez des tas d'exemples.
16:09On voit très bien qu'il se passe quelque chose
16:11du côté des femmes.
16:13L'Internet est en train de devenir
16:15un espace de liberté.
16:17J'ai voulu avoir ce regard de femme
16:19pour avoir un côté un peu humain
16:21et mettre un peu de chair
16:23dans tout ça qui est souvent vu
16:25sous un angle technologique ou économique
16:27de manière assez aride.
16:29Ça m'a vraiment intéressée.
16:31J'ai découvert plein de choses
16:33en me penchant sur la façon dont les femmes
16:35avaient pris à bras le corps cette révolution.
16:37En quoi elles sont différentes des hommes ?
16:39Elles sont différentes d'abord
16:41parce qu'elles se situent à plein de niveaux différents.
16:43Elles peuvent être à la fois utilisatrices
16:45de tous ces outils.
16:47C'est ça que j'ai le plus aimé
16:49et que j'ai découvert.
16:51Elles peuvent être parfois des espèces de magiciennes.
16:53Il y a aujourd'hui une sorte de rencontre,
16:55de croisement entre ce que l'Internet
16:57est devenu aujourd'hui avec ce qu'on appelle
16:59le web communautaire,
17:01ce monde d'échange et de partage.
17:03Ce sont les femmes qui ont inventé
17:05les salons de conversation au 18e siècle
17:07qui sont naturellement des êtres d'échange,
17:09de communication.
17:11Les femmes causent.
17:13Il y a Maupassant qui a écrit des jolies choses
17:15sur la causerie.
17:17Il y a une des femmes que je cite en Inde
17:19qui reprend ça sur son blog,
17:21sur l'art de la conversation et de la causerie.
17:23Ce ne sont pas forcément des choses futiles ou légères,
17:25même si ça peut l'être tout à fait.
17:27Mais ça peut être aussi des sujets extrêmement palpitants.
17:29Ce qui me frappe beaucoup,
17:31c'est que dans cette nouvelle génération d'aujourd'hui,
17:33ces jeunes femmes qui montent et qui sont présentes
17:35sur la toile, on peut parfaitement
17:37réconcilier le féminisme et la féminité.
17:39On peut être sur un même blog très légère
17:41et donner des petits conseils pour choisir
17:43un bon maquillage ou parler d'écologie
17:45ou de sujets très importants.
17:47Ça vous embouche en coin visiblement.
17:49Quand on lit Le Lac d'Or,
17:51il n'y a pas question d'internet.
17:53On n'est vraiment pas dans cet univers-là.
17:55On est toujours dans les années 30
17:57ou les années 20 peut-être.
17:59C'est les années 40, 50 de Siméon.
18:01Mais ce qui m'étonne
18:03dans ce que dit Mme Juppé,
18:05c'est qu'elle a une conception
18:07noble
18:09de la toile.
18:11Salon de conversation du 18ème,
18:13quand je regarde
18:15sur mon ordinateur, je tombe
18:17des fois sur... c'est un peu la foire
18:19un peu de tout, avec des insultes
18:21qui fusent, ce qui est d'ailleurs assez plutôt bien.
18:23Une espèce de grande parlerie
18:25post-68A, de temps en temps, qui est marrante.
18:27Pour vous répondre,
18:29je ne suis pas du tout une euphorique de la toile.
18:31C'est toujours facile d'avoir un discours
18:33manichéen, soit de trouver ça absolument génial
18:35en disant « Venez, c'est merveilleux », ou au contraire,
18:37comme le font certains, de dire « C'est horrible,
18:39c'est un monde abominable, il faut surtout ne pas y mettre le petit doigt ».
18:41Moi, au contraire, dans le bouquin, j'essaie d'avoir
18:43un chemin exactement
18:45entre les deux, et ce que
18:47j'essaie vraiment de faire passer, c'est la nécessité
18:49de pédagogie, de transmission sur ce sujet-là.
18:51Moi, je dis « Essayez,
18:53venez, n'ayez pas peur, comprenez comment ça marche,
18:55et vous ne saurez plus... »
18:57Il y a aussi n'importe quoi, les informations,
18:59les bio, fantaisistes...
19:01Oui, bien sûr, mais une fois que vous aurez...
19:03La femme digitale...
19:05Une fois que vous aurez compris comment ça marche,
19:07vous serez plus habile
19:09pour aller vers les chances et les opportunités
19:11extraordinaires que ça ouvre, et ça en ouvre,
19:13pour les femmes notamment,
19:15mais aussi pour plein d'autres choses,
19:17en matière de culture notamment, mais aussi
19:19de déceler les dangers, les risques de dérive,
19:21d'addiction et d'horreur, parce que ce n'est que le reflet
19:23de la société, et effectivement,
19:25il y a le meilleur et le pire, et il y a des choses abominables
19:27qui s'y passent. Mais ça vient souvent de gens
19:29qui n'ont pas fait l'effort
19:31de s'y plonger,
19:33que d'avoir cette attitude très
19:35réservée, très réticente,
19:37et finalement, qui nous met un petit peu à l'écart
19:39de la nouvelle génération d'aujourd'hui.
19:41Moi, je suis une maman, j'ai des jeunes enfants,
19:43et qui sont de cette génération digitale,
19:45et si je veux garder le lien avec eux,
19:47si je veux être en phase avec eux, et les accompagner
19:49dans le monde du XXIe siècle de demain,
19:51qui, de toute façon, fonctionne avec ça,
19:53il faut y aller, et puis après, on peut critiquer,
19:55on peut dire attention...
19:57Mais branchez-vous, Jacques-Pierre Mecque, je sais qu'il est branché quand même...
19:59Non, mais écoutez, moi, je suis...
20:01Non, mais attendez, je suis journaliste,
20:03et vous êtes aussi journaliste, vous savez très bien
20:05qu'on a un minimum de règles d'éontologie,
20:07or, la vitesse à laquelle
20:09on peut lancer n'importe quelle rumeur
20:11sur le net est quelque chose
20:13d'assez foudroyant, et on peut
20:15quand même craindre un peu
20:17cet espace de liberté formidable,
20:19mais d'un seul coup, ça peut aussi vous exploser
20:21à la gueule, le racisme, le tout...
20:23Enfin, c'est le tout et le n'importe quoi, quand même...
20:25Mais...
20:27Excusez-moi, mais plus personne ne fait le travail
20:29d'investigation, le journal télévisé,
20:31c'est incroyable.
20:33Je comprends l'affaire d'Outreau, simplement,
20:35on a livré en pâture des gens
20:37qui étaient innocents, et voilà, et c'était au journal
20:39de 20 heures que ça a été fin, France 2, France 3...
20:41De toute façon, sur la bibliothèque, c'est ça, Outreau...
20:43L'affaire Baudis aussi...
20:45Oui, enfin voilà, plus personne
20:47l'attend, la fin de la procédure...
20:49On va en avoir 20, l'affaire Baudis avec...
20:51Par contre, quand on regarde les forums,
20:53ce qui est bizarre, c'est que c'est très violent,
20:55parce que comme c'est virtuel, les gens ne sont pas face à face, c'est très agressif,
20:57et puis au bout de 4 échanges, les gens se traitent
20:59de fascistes, en général.
21:01C'est le mot que...
21:03Moi qui ne suis pas très démocrate,
21:05une vraie raison de douter de la démocratie, c'est les forums,
21:07parce qu'on voit le niveau de bêtise, de violence,
21:09et de mauvaise foi,
21:11on peut avoir des espoirs, mais les forums
21:13réels, c'est très brutal, très violent,
21:15et ça termine toujours par fachos.
21:17C'est un parole à l'optimisme.
21:19Vous avez tous les 3 raisons, c'est un monde
21:21de violence, de dérive
21:23terrible, et où on est
21:25caché derrière son écran, ce qui laisse
21:27effectivement...
21:29À cause de ça,
21:31il y a quelque chose qui me tient extrêmement à cœur,
21:33et qui est véhiculé par une de mes héroïnes,
21:35qui est ce qu'on appelle l'analytique.
21:37N-E-U-T-H-I-Q-U-E
21:39qui est justement une sorte
21:41de code de savoir-vivre,
21:43de code de la route, de l'internet
21:45et des blogs, qui est en train de se développer à l'initiative
21:47d'une femme, parce qu'il y a aussi
21:49ces valeurs de pédagogie,
21:51de transmission,
21:53et de mesures et de raisons
21:55pour essayer d'irriguer ce monde, parce que
21:57justement, il est terrible et dangereux.
21:59Et aujourd'hui, je crois que c'est ça qui est en train de se passer,
22:01et les femmes sont porteuses de ça, c'est pour ça
22:03que je les encourage et que je me mets
22:05dans ce mouvement. Les femmes sont
22:07en train de tenter de bâtir,
22:09malgré cette violence, qui est souvent
22:11sur les blogs véhiculées parfois par
22:13les femmes, mais beaucoup par les hommes, qui est en train
22:15d'essayer d'élaborer
22:17une sorte de...
22:19de salon de conversation
22:21où l'on est capable de se
22:23parler de manière sincère et polie,
22:25et c'est un défi terrible.
22:27Il y a une grosse différence, c'est qu'il n'y a pas
22:29la présence physique. Et le problème
22:31du virtuel, par exemple, moi j'existe beaucoup par internet
22:33parce que j'avais des petits problèmes avec les médias dominants,
22:35j'ai deux sites d'ailleurs, alors il y a un petit côté
22:37Radio Londres, c'est-à-dire qu'on fait de la résistance,
22:39mais le problème c'est qu'en réalité, il y a beaucoup de gens qui croient
22:41qu'ils résistent, parce qu'ils sont derrière leur action.
22:43On vient de parler de délation quand même,
22:45il y a l'autre côté aussi, il y a l'autre côté Radio Paris.
22:47En plus des réalisations.
22:49Vous savez qu'il y a des blogs, c'est que des pseudos,
22:51et que c'est toutes les lettres
22:53qu'on peut envoyer sur son voisin
22:55en disant n'importe quoi.
22:57Il y a un nombre de menaces de mort par internet incroyable,
22:59parce qu'à un moment donné, il y a un service de police qui s'occupe de ça.
23:01Internet, vous vous rendez compte, sous l'occupation.
23:03Un jeune qui me menaçait de mort,
23:05c'était un type de 16 ans qui habitait chez ses parents,
23:07qui a pleuré quand les flics sont venus chez lui,
23:09et je n'ai même pas porté plainte parce que la police m'a dit
23:11il va être puni par sa mère. Et le mec me menaçait de mort,
23:13il s'appelait Menaem le Tueur,
23:15je vais éclater ton cerveau de fasciste vert
23:17sur les murs du Marais, et je pensais que j'avais affaire
23:19à une sorte de Rambo,
23:21et c'était un gamin de 16 ans, du 16e arrondissement,
23:23sur le truc de sa mère.
23:25C'est ça l'enjeu d'internet.
23:27Raison de plus, à mon avis, pour que les médias traditionnels,
23:29les magazines notamment,
23:31soient extrêmement
23:33consciencieux,
23:35rigoureux,
23:37et qu'ils aient aussi sur le net
23:39une attitude qui soit conforme
23:41avec ce qu'on peut attendre de ce métier du journalisme
23:43qui est bousculé,
23:45bouleversé par ce qui est en train d'arriver,
23:47ce qu'on appelle les web citoyens,
23:49raison de plus pour qu'on ne fasse pas n'importe quoi
23:51quand on est un journal et un magazine sur le net.
23:53Décidément, on aura reçu tout le monde dans cette émission,
23:55même Nabokov, il a raison d'être content de lui,
23:57parce que Lolita, c'est vraiment un chef-d'oeuvre.
23:59Qui n'a pas lu Lolita, ici, là ?
24:01Qui n'a pas lu Lolita ?
24:03Qui n'a pas lu Lolita ?
24:05J'ai l'impression que vous n'avez pas lu Lolita.
24:07Non, non, si, j'ai lu, bien sûr.
24:09Allez, allez, allez. Relisez-le.
24:11Bernard Buffet, c'est une bio de Jean-Claude Lamy,
24:23qui a écrit des bios extraordinaires
24:25de Prévert, de Brassens, de Sagan, bien sûr.
24:29Bernard Buffet, le samouraï, c'est chez Albin Michel.
24:33Et ça, c'est pour qui ?
24:35Alain Soral.
24:37C'est maintenant le moment que vous attendez tous,
24:39avec Monique Younes.
24:43Alors, Monique, quelles sont les questions
24:45que je n'ai pas osé poser à ces messieurs,
24:47notamment à François Berléand ?
24:49Une question essentielle sur Nicolas Sarkozy.
24:51On a fait tant de livres sur Nicolas Sarkozy.
24:53Bientôt, on va faire un film,
24:55et on vous propose, à vous, François Berléand,
24:59d'incarner le président de la République.
25:01Vous acceptez ?
25:03Non, je suis trop grand.
25:05C'est un rôle pour clavier.
25:07Il faut qu'il se coupe la barbe.
25:09Déjà, c'est compliqué.
25:11Indépendamment.
25:13On n'a pas besoin d'une ressemblance physique,
25:15François Berléand.
25:17Je suis bien payé.
25:19Peut-être que si Carla Bourini
25:21accepte de jouer son propre rôle,
25:23ça va aider, non ?
25:25Oui, peut-être, je ne sais pas.
25:27On m'a déjà proposé
25:29un film politique,
25:31comme ça, sur l'ascension
25:33d'un quelqu'un de l'ombre.
25:35Mais ça ne s'est pas fait.
25:37Vous pourriez faire Edgar Thornton,
25:39si on en croit Maxime Grémet.
25:41Il faudrait qu'il parle un peu comme ça.
25:43Il faut demander ça à Besnard, plutôt.
25:45Le début d'Edgar Thornton.
25:47Vous préférez incarner
25:49François Bayrou ?
25:51Non, mais vraiment politique.
25:53Non.
25:55Le scénario qu'on m'avait proposé
25:57était vraiment intéressant,
25:59mais il n'y avait aucun caractère
26:01de défini.
26:04C'était apolitique.
26:06Mais c'était en tout cas
26:08sur la présidence de la République.
26:11Isabelle Juppé, vous n'êtes pas un peu
26:13jalouse des internautes
26:15qui peuvent envoyer des messages
26:17un peu comme ça,
26:19sur son blog, peut-être ?
26:21Oui.
26:23C'est ça, c'est vrai.
26:25C'est ça aussi, l'Internet.
26:27Tout peut arriver, le pire et le meilleur.
26:29Je peux en envoyer aussi.
26:31C'est vous !
26:33Vous avez un blog ?
26:35Oui, j'ai ouvert un blog
26:37qui porte le nom du livre
26:39lafemmedigital.fr.
26:41Pour moi, le livre, ce n'est que le premier chapitre.
26:43Je continue sur le blog
26:45à recueillir tout un tas d'histoires
26:47de témoignages de femmes et d'hommes
26:49qui viennent me raconter leur rapport à l'Internet
26:51qui est parfois très critique,
26:53et c'est vraiment passionnant.
26:55C'est là où vous recevez des messages coquins ?
26:57Je commence juste à recevoir des messages
26:59après tout.
27:01Ça va arriver, peut-être.
27:03François Berléand,
27:05nous sommes en 2010.
27:07Vous tournez un remake
27:09du célèbre film américain
27:11L'homme invisible.
27:13D'après le roman de Weiss,
27:15tout se passe très bien,
27:17vous êtes très bien payés,
27:19vos partenaires sont formidables
27:21et le réalisateur est magnifique.
27:23Puis, la première prise,
27:25la deuxième prise, la troisième prise,
27:27vous disparaissez.
27:29On ne vous retrouve plus et vous êtes là,
27:31vraiment devenu un homme invisible.
27:33C'est un cauchemar de solitude
27:35que vous vivez là.
27:37Alors, pour vous consoler,
27:39vous vous lancez dans une carrière
27:41soit de Superman,
27:43soit d'Erotoman.
27:45Que préférez-vous ?
27:47Oh, les deux.
27:49On peut faire les deux quand même.
27:51Mais Erotoman, c'est un peu compliqué quand même.
27:53Erotoman, invisible.
27:55Quel est le fantasme d'un homme invisible,
27:57François Verléan ?
27:59Le fantasme d'un homme invisible,
28:01je crois que c'est de devenir visible.
28:03Je crois que c'était ça mon problème.
28:05J'étais le second
28:07d'une famille de deux,
28:09donc on n'était pas beaucoup,
28:11mais une fratrie de deux.
28:13Et c'était mon frère aîné
28:15qui prenait toute la place.
28:17Donc il se trouvait que moi,
28:19j'avais besoin de trouver ma place.
28:21Quand mon père m'a dit que j'étais le fils d'un invisible,
28:23c'est pour ça qu'on ne me voit pas,
28:25qu'on ne me parle pas, etc.
28:27Mais curieusement,
28:29la place, vous l'avez vraiment trouvée avec la barbe, non ?
28:31Oui, avec l'analyse aussi.
28:33C'était à 18 ans,
28:35je raconte dans le bouquin,
28:37à 17-18 ans,
28:39je suis sauvé par un psy,
28:41un vrai.
28:43Après j'ai occulté ça
28:45pendant une vingtaine d'années,
28:47et c'est en faisant une analyse
28:49que j'ai mis le doigt dessus.
28:51J'ai parlé avec Superman,
28:53parce que François Berléand adore la bande dessinée.
28:55Vous avez une série de 4000 bouquins,
28:57m'avez-vous dit ?
28:59Alors là, c'est un génie
29:01qui s'appelle Chuan Tan,
29:03là où vont nos pères.
29:05C'est vraiment un as du dessin.
29:07Il vient de recevoir le prix du meilleur album
29:09au dernier festival d'Angoulême.
29:11C'est son premier album,
29:13et c'est un coup de maître.
29:15Il raconte l'histoire d'un père
29:17qui quitte sa famille
29:19pour devenir meilleur.
29:21C'est un hommage pour tous les émigrants
29:23de la Terre.
29:25C'est sans bulles,
29:27et le graphisme est vraiment magnifique.
29:29C'est onirique et réel en même temps.
29:31Franchement, ça a le charme des yeux
29:33des films muets.
29:35C'est Dargaud.
29:37Là où vont nos pères.
29:39Je rappelle les titres de vos livres.
29:41D'abord, Le lac d'or,
29:43un roman, un polar.
29:45C'est aux éditions Albin Michel,
29:47par un spécialiste du genre,
29:49Jacques-Pierre Hamet.
29:51Ensuite, un livre qui secoue,
29:53qui fait beaucoup choquer,
29:55ABCDR,
29:57de la bêtise ambiante,
29:59par Alain Soral.
30:01C'est aux éditions Blanche.
30:03Par Isabelle Juppé,
30:05un livre très agréable à lire,
30:07La femme digitale,
30:09les femmes et le net.
30:11C'est aux éditions Jean-Claude Lattès.
30:13Et puis, François Berléand,
30:15il y a d'abord Le fils de l'homme invisible.
30:17C'est vraiment un petit bijou,
30:19ce livre merveilleux
30:21qui est sorti chez Stock,
30:23qui sera bientôt édité, j'espère,
30:25très vite en livre de poche.
30:27Le fils de l'homme invisible,
30:29une sorte d'autobiographie déguisée,
30:31mais c'est formidable.
30:33Et puis, il y a la bio, bien entendu,
30:35la première, il y en aura d'autres,
30:37par Gisile Berstein, François Berléand,
30:39petite conversation entre amis.
30:41Et puis, il y a la pièce,
30:43on va pouvoir vous voir tous les soirs
30:45au Théâtre du Rond-Point avec Pierre Arditi
30:47et puis les autres.
30:49C'est la pièce de Michel Rives et Roland Topor
30:51en façon de sketch.
30:53Ça s'appelle Bataille.
30:55Merci, cette émission est terminée.
30:57On se retrouve la semaine prochaine,
30:59même jour, même heure, sur France 5,
31:01c'est-à-dire le samedi
31:03à 17h55
31:05sur les réseaux AFSIR pour tout le monde.
31:07Et puis, un peu plus tard, seconde diffusion
31:09à 23h05
31:11avec tous les petits vénères de la TNT, du câble
31:13et du satellite. En attendant,
31:15vous pouvez toujours nous retrouver sur le site
31:17internet de France 5
31:19où on attend, par exemple, vos questions
31:21pour nos prochains évités, et comme Claude Guéant,
31:23le secrétaire général de l'Élysée,
31:25n'oubliez pas, il faut
31:27toujours mieux lire un livre
31:29que de regarder la télévision.
31:31À la semaine prochaine, donc,
31:33avec Claude Guéant.
31:35Et puis, en attendant, je vous laisse
31:37entre les mains blanches et douces
31:39de Paul Amart
31:41pour Revu et Corrigé.
31:43Salut, Paulo !