"À partir de 35km/h de vent, on ne peut plus décoller et se poser": Jean Serrat, consultant aéronautique, explique la complexité de l'aéroport de Madère

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Les feux de forêt perturbent les vols à l’aéroport de Madère. Les vent violents, également, empêchent les avions de décoller ou de se poser sur l'île du Portugal. 
Transcript
00:00— On voit ici cette carte de l'île. Donc expliquez-nous. Où est-ce qu'il se trouve, l'aéroport, déjà ?
00:04— Voilà. Alors comme on vient de l'entendre, beaucoup de gens pensent que l'aéroport de Funchal a été fermé
00:11à cause des énormes incendies qu'il y a sur l'île en ce moment. Voilà. Les incendies sont ici. Donc très clairement,
00:18la ville de Funchal est là. Le terrain, on le voit, il est ici. — D'accord.
00:24— Depuis vendredi dernier, nous sommes avec des vents qui viennent du nord-est et qui poussent vers le sud-ouest.
00:31— Donc dans ce sens-là, si je fais diagonale, ça part d'en haut. — On voit bien dans quel sens la fumée va au-dessus de l'Atlantique.
00:38Elle s'en va vers le sud-ouest. Donc à aucun moment, la fumée n'est venue perturber les vols au-dessus de l'aéroport de Funchal
00:46qui se trouve ici, pratiquement à la pointe de l'île. — Le problème, c'est le vent, donc. C'est ça ?
00:51— Alors la personne nous a parlé du vent. Effectivement, c'est un terrain qui est limité à cause du vent. Il a des limites qui sont très basses.
01:00À partir de 35 km heure de vent moyen enregistré dans les 2 dernières minutes, on ne peut plus décoller et se poser.
01:08Or, lorsque vous avez du vent qui vient d'ici, les collines qui sont là, elles montent à 300, 400, 500 m. Donc derrière...
01:16— Vous dites qu'il y a beaucoup de relief, en fait, c'est ça ? — Il y a énormément de relief. Donc derrière, il y a des tas de turbulences
01:21qui font que ça devient dangereux pour se poser. Donc cet aéroport s'est marqué dans les docs officiels. Au-dessus de 35 km heure de vent,
01:29ils ferment l'autorisation de décollage et d'atterrissage, ce qui se passe sur cet aéroport depuis vendredi dernier.
01:36— Jean, il y a beaucoup de témoignages qui nous reviennent, qui expliquent parfois que pour les pilotes, l'approche de cette île de Madère,
01:43elle est un peu particulière. Quand on parle d'approche, on va rappeler ce que c'est. C'est le moment, évidemment, où on se rapproche
01:50de l'atterrissage. En quoi cette île-là, elle est un peu symptomatique de ces approches parfois compliquées ?
01:57— Alors elle n'est pas particulièrement compliquée, cette approche. Lorsqu'on arrive d'Europe, on arrive verticale d'une balise qui est là.
02:05À partir de là, on fait ce qu'on appelle une approche à vue, c'est-à-dire que vous allez regarder où est la piste.
02:12Donc je m'en vais par là. Je revois la piste qui s'en va sur la droite. Je vais jusqu'ici. Là, je tourne et je me présente pour l'atterrissage.
02:21Mais le problème, c'est qu'avec le vent qui arrive d'ici, les rabattants dont j'ai parlé, on a des limitations qui sont extrêmement importantes.
02:29Et d'un seul coup, les responsables de la tour de contrôle disent « On est au-dessus des 35 km heure. On n'autorise plus les atterrissages
02:38et les décollages ». C'est ce qui s'est passé depuis vendredi dernier. Et malheureusement, ce terrain a une deuxième particularité
02:45qui est très importante. C'est qu'il fait partie de ces quelques aéroports dans le monde où, pour venir se poser là, le commandant de bord
02:53doit prouver qu'il a fait un entraînement en réel avec un instructeur sur la piste ou un entraînement avec un instructeur au simulateur
03:02pour avoir l'agrément pour venir se poser. On comprend qu'une compagnie aérienne peut pas envoyer un commandant de bord qui n'a pas cet agrément là-dessus.

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