• il y a 3 mois
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Transcription
00:00Salut à tous aujourd'hui on est au coeur de la capitale et regardez ce qu'il y a juste derrière moi la street c'est chic et on va
00:05vous le prouver aujourd'hui dans ce nouveau numéro de I love world of art avec un artiste
00:09Jacques Villeglet qui prend la street l'art de la street et qui l'amène dans les musées on va aller à sa rencontre venez
00:14Alors bonjour monsieur Villeglet merci de nous recevoir dans votre dans votre atelier
00:30on dit que vous êtes le précurseur du street art qu'est ce qui vous a mis le pied à l'étrier
00:38bon je fais exactement le contraire des artistes street art mais comme ils travaillent dans la rue
00:45comme moi on s'est entendu parce que moi je prends l'oeuvre dans la rue toute faite et je la ramène
00:54à l'atelier c'est vrai et eux ils vont dans la rue pour ajouter quelque chose donc on a compris
01:04qu'on aimait la ville au départ on disait que l'art de la ville était fini et donc j'ai montré que
01:19la ville était quelque chose qui apprenait à la communauté de travailler et que la ville avait
01:29son intérêt est imprévisible. Vous êtes notamment connu pour ce qu'on a entre autres derrière nous
01:36donc des affiches que vous prenez de la rue et que vous affichez dans les musées que vous affichez
01:40sur des sur des toiles qu'est ce qui vous a donné envie de travailler avec ça parce qu'il y a un
01:45gap entre le moment où il n'y avait pas d'affiches et le moment où il y en a eu. Alors à ce moment là je n'y pensais pas
01:53pendant l'occupation il n'y avait pour ainsi dire pas d'affiches. Il y avait des papiers d'individus
02:05qui donnaient des mots d'ordre qui manifestaient mais elles subsistaient pas longtemps sur le mur
02:14il y avait une espèce de résistance mais les affiches pendant l'occupation le papier manquait
02:22pour faire des affiches donc après l'occupation ça a été le contraire. Alors vous c'est en 1949 que
02:33vous commencez votre travail à arracher des affiches dans la rue qu'est ce qui vous a motivé
02:39à justement travailler sur ces affiches qu'on pouvait retrouver dans les rues. J'avais un ami
02:46qui s'appelle Raymond Hans qui était photographe et qui a photographié d'abord des affiches et
02:55c'est là qu'on s'est dit il faut pas photographier il faut prendre l'affiche. Qu'est ce qui vous
03:01intéressait dans l'affiche ? Alors la première affiche s'appelle Hac Alma Manetro avec des mots
03:10qui restent dessus. Elle est au centre Pompidou et cette affiche elle est, c'est post cubiste parce
03:23qu'il n'y a que des lettres. A cette époque là il n'y avait pas beaucoup de papier, il n'y avait pas
03:30d'illustration dans les affiches. C'était de la typographie simplement. L'illustration
03:38est arrivée dans les années 60. Donc en fait le nom de cette affiche c'est parce qu'il y a
03:44différentes strates, différentes affiches et ça donne ce mot. Voilà et donc quand est arrivée
03:51l'illustration j'ai été dérouté. Je me suis dit est ce que je vais arriver à voir quelque chose de
03:58plastique et puis j'ai vu qu'en me forçant et bien je changeais le style mais j'étais comme un
04:07regardeur, je me demandais si c'était vraiment plastique, si c'était bien et je travaillais.
04:13Ainsi l'affiche, je savais que c'est de la publicité. La publicité doit choquer les gens pour
04:27qu'ils la regardent. Les affiches il n'y en a plus. C'est la télévision qui a remplacé les placards
04:36d'affiches. J'ai vu la perte de ça. Les dernières affiches, je les ai trouvées en banlieue. C'était
04:45des affiches qui étaient faites pour les chauffeurs de camions pour ainsi dire. Vous voyez c'était
04:52érotique etc. Vous voyez c'était pour les autocars. C'était à la porte de Paris qu'on les trouvait
05:01mais on ne les trouvait pas à l'intérieur de Paris. Donc vous voulez dire que par exemple
05:05aujourd'hui là vous ne pourriez plus faire des oeuvres comme ça ? Non, il n'y en a plus pour
05:10ainsi dire. Les dernières j'ai arrêté en l'an 2000 mais c'était en province que ça a continué et au
05:24lieu que ça soit dans les villes c'était sur les routes. La dernière ville où j'ai trouvé des
05:30affiches c'est à Marseille. Alors du coup vous êtes quoi ? Vous êtes un peintre ? Vous êtes un
05:37affichiste ? Un photographe ? Un arracheur ? Vous êtes quoi ? Je suis un artiste qui s'exprime par
05:48des images déchirées. Mais mes déchirures, si on prend la définition de Maurice Denis,
05:56mes affiches correspondent à la définition de la peinture par Maurice Denis. La peinture c'est
06:05une surface plane composée de verticales, d'horizontales et de couleurs. Et voilà,
06:15je peux dire que je me réfère à une définition de la fin du 19e siècle. Vous dites que via ces
06:24affiches vous vous exprimez. Qu'est-ce que vous voulez dire ? Quel message vous voulez faire
06:30passer ? Non parce que le mot message ça me rappelle Maréchal Pétain. Ah alors on va
06:38trouver autre chose. What do you mean about the affiches ? C'est comme un musicien. La peinture
06:47abstraite c'est comme la musique. C'est pour créer une atmosphère. Ce n'est pas pour passer
06:56des ordres de messages et tout. Il y a des dessinateurs qui sont violents, des caricaturistes
07:04qui sont des grands artistes. Et moi je fais un tableau avec des couleurs, quelquefois des
07:17têtes. Et les cubistes ont amené la typographie, Braque a amené la typographie dans la peinture.
07:27Donc je suis dans la tradition de la nouveauté. Pour moi, un artiste c'est quelqu'un qui va
07:35apporter quelque chose de nouveau, de non vu. Est-ce que vous essayez en quelque sorte de
07:40photographier une période ? Oui c'est ça. J'ai fait des catalogues raisonnés de mon oeuvre et je
07:49trouve plusieurs chapitres. Il y a un style où il n'y a que des lettres qui sont supersposées.
07:59Il y en a qui sont prises par temps de pluie. Alors le papier est déchiré dans son épaisseur,
08:09on a des transparences. C'est les affiches les plus esthétiques. Il y a les affiches avec des
08:19écritures dessus, des tags. Il y a les affiches absolument sans lettres. Juste des images ?
08:30Sans lettres, sans images, parce qu'autrefois les affiches étaient sur des grandes palissades et entre
08:38les affiches on collait des papiers monochromes. Donc ces papiers monochromes étaient lacérés.
08:45Donc une affiche sans lettres et sans figure, ce n'est pas une affiche. Donc j'introduisais
08:54quelque chose qui était vraiment nouveau dans le monde. Ce qu'il y avait, c'est que le travail
09:02était fait par des anonymes. Moi je pouvais m'en recueillir de dire que c'était moi qui le faisais.
09:09Mais en fait ce n'était pas vous ? Non. C'est les gens qui arrachaient ? Alors je l'ai appelé
09:13le lacéré anonyme. Parce que le lacéré, selon une certaine diathétique, un lacérateur est un être
09:21lacéré. D'accord. Et il est anonyme parce que je ne sais pas qui a fait l'œuvre. Donc en fait c'est
09:29une œuvre participative. Alors ça me donnait toute liberté parce que le matin je pouvais
09:34prendre une affiche très composée et le soir prendre une affiche où c'était plein de désordres.
09:42Alors j'étais le vil-glais du matin ou le vil-glais du soir. Ah oui d'accord. Donc en créant
09:48lacéré anonyme, c'est comme le juif errant. C'est un mythe. Et donc j'avais toute liberté
09:57parce que c'est plus moi qui faisais l'affiche, c'était le lacéré anonyme. Et moi j'étais là
10:04pour mettre en valeur ce personnage lacéré anonyme. Bon, on parlait juste avant de montrer
10:14une période, de montrer une époque. J'ai rencontré Rosen Pratt lors de Paris Photo qui nous donne
10:22son point de vue sur les artistes et l'importance d'un artiste dans une période. Je vais vous
10:27montrer l'extrait, vous allez me dire ce que vous en pensez. Ce qui me plaît c'est que je suis
10:31contente de comprendre mon époque et je pense que les artistes ont un côté de sismographes et nous
10:40montrent des choses de notre époque que nous ne saisissons pas forcément immédiatement. Et
10:45d'autre part je trouve que c'est l'âme d'une société et qu'une société sans art est une
10:53société qui est morte. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que dit Rosen Pratt qui est
10:58entre autres collectionneuse qui travaille pour Cadist ? Oui je suis d'accord avec ce qu'elle
11:02dit. Le premier article que j'ai écrit s'appelle des réalités collectives. C'est-à-dire que c'est
11:11pas la réalité d'une personne c'est la réalité d'un groupe. Quand on fait pour une personne c'est
11:20manieré, c'est personnalisé. L'art doit pouvoir plaire à des gens de milieux différents. Je vais
11:30vous montrer une autre image et je voudrais avoir votre point de vue là-dessus. Quelque
11:35chose qu'on voit un petit peu partout dans les rues. Défense d'affichés. Qu'est-ce que ça vous
11:41évoque ? Défense d'affichés, loi du 29 juillet 1881, ça ne concerne que les murs qui appartiennent
11:52à l'État. Est-ce que vous avez déjà eu envie de travailler avec ça justement, avec ce défense
11:58d'affichés ? Oui, avec Raymond Heinz on avait fait un film qui s'appelait comme cela.
12:18Vous avez également travaillé sur votre gauche sur un alphabet. Qu'est-ce que c'est que cet
12:26alphabet ? Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur cet alphabet ? Ce qu'il y a dans cet alphabet,
12:32c'est dans la rue que je l'ai vu. Le président américain des Etats-Unis, Nixon, rend sa dernière
12:43visite au général de Gaulle. Il y avait des Nixon atomes dans tout Paris. C'était écrit c'est ça ?
12:53Donc je vois Nixon, le N avec les trois flèches du parti socialiste, le I la croix de Lorraine,
13:04le X la croix gammée, le O le cercle méditerranéen avec la croix carrée grecque à l'intérieur et à
13:15nouveau le N avec les trois flèches. Immédiatement je me suis dit je vais faire un alphabet avec les
13:24signes sociopolitiques. D'accord et de là vous avez créé tout le reste ? Donc avec ça j'ai fait des
13:31tableaux, j'ai fait un dessin animé, j'ai fait des choses comme ça et à l'heure actuelle je fais
13:41des tableaux avec les signes sociopolitiques. Qu'est-ce que ça raconte là ? Juste ce qu'on a ici.
13:47Alors ordre et désordre. Vous voyez en plus il y a des fautes orthographes. Vous savez les peintres
14:01de lettres, il faut qu'ils se préparent bien parce que sans ça ils s'aperçoivent quand tout est peint qu'ils ont oublié.
14:12Bon c'est pas très grave. Je vois également dans l'œuvre un yes juste en dessous à droite.
14:18Alors un yes c'est quelque chose que je n'ai pas inventé. Je l'ai trouvé dans un journal comme ça en
14:261958. C'est quelque chose que l'on trouve beaucoup. C'est assez connu. Le yes me fait
14:40penser à quelqu'un que je voulais vous présenter qui s'appelle Yes et qui tague dans la rue des
14:46yes sur des affiches. Regardez. Après je dessine sur du papier. Ah j'aime bien. Ah trop bien. Et on
14:57n'est pas des vandales on a juste nettoyé la ville. Ça me fait penser à votre travail. C'est un peu la
15:01relève. Mais oui, ce que je fais ne m'appartient pas. Est-ce qu'en quelque sorte ça vous fait
15:08plaisir qu'il y ait une relève aujourd'hui en 2020 ? Oui c'est possible. Alors à lui de vraiment
15:19se distinguer. De partir de ça pour faire autre chose. Yes qu'on a rencontré il n'y a pas très
15:27longtemps dans un numéro de I love world of art m'a demandé de vous offrir un yes rien que pour
15:35vous. Voilà. Donc c'est pour vous. Il vous l'offre. C'est pour ça que je parle de relève parce qu'il
15:42travaille sur des affiches. Il écrit. Il y a tout un travail qui s'inspire de votre travail. C'est
15:47génial de voir que quelques années plus tard. Donc en quelque sorte il fait un yes avec son style.
15:53Son écriture à lui. Son écriture à lui. Où il y avait des affiches. Le fond c'est pas de moi. C'est
16:00de Raymond Ince. Il a pris quelque chose dans le mur. Le fait sur du métal et il revient d'une
16:08autre façon à Raymond Ince. Jacques Raymond Ince faisait partie de votre mouvement. Mais c'est quoi
16:15un mouvement ? Bon il y avait un personnage qui s'appelait Yves Klein. Oui. Qui faisait le monochrome.
16:24Le bleu. Et donc il avait besoin. Il faisait la révolution bleue. Oui. Alors quand on fait une
16:33révolution. On peut pas être tout seul. Non. Donc il y avait un critique très agité. Très ambitieux.
16:46Et si un critique s'occupe d'un mouvement ça lui donne du poids. Alors chez Yves Klein qui faisait
16:54des peintures monochromes bleues. Et le bleu c'est la couleur la plus fragile qui soit. D'accord. Donc
17:03sa peinture il ne la touchait pas. Ok. Il mettait du vernis sur une toile et il faisait tomber la
17:12poudre bleue dessus. Il avait besoin d'avoir un groupe parce que quand il y a un groupe ça fait
17:19parler. Quand on parle de l'autre on parle de vous etc. Donc on a fait les nouveaux réalistes. C'est
17:27quoi ? Eh bien on avait le point commun qu'on faisait pas vraiment de la peinture avec les mains.
17:36Ah. Tingoli c'était une machine qui faisait des peintures. Nikki de Saint Phalle elle faisait
17:47des tableaux en tirant des fusils sur des poupées qu'elle avait fait. Nous les affiches lacérées on
17:55les trouvait dans la rue. Vous voyez c'était une autre façon de travailler. Et ce mouvement s'est
18:03arrêté. Ce mouvement trois quarts d'heure après avoir signé on s'est tous brouillés. Donc ça a
18:13duré trois quarts d'heure. Donc ça a duré trois quarts d'heure. Ca c'est le mouvement le plus long
18:18de l'histoire. On s'est toujours fréquenté quand même. D'accord ok. Il y a quelques semaines on s'est
18:26rendu à l'institut Giacometti pour y découvrir une exposition Sade et Giacometti. Et pour vous
18:35remercier de votre accueil je tenais à vous offrir le catalogue Cruel objet du désir Sade
18:42versus Giacometti. Un catalogue, un bouquin que vous pouvez offrir également de votre côté si vous
18:48vous intéressez à l'art. C'était quelqu'un qu'on croisait à Lamparnasse. Il avait un atelier tout
18:56petit. C'était extraordinaire. Je suis rentré dans cet atelier. Les marchands étaient forcés de
19:04lui reprendre les oeuvres à toute allure parce qu'il n'aurait jamais arrêté. Vous voyez c'était
19:11quelqu'un. Il était un peu auto destructeur. En tout cas si vous souhaitez en savoir plus sur
19:20Giacometti il y a un numéro sur l'exposition Sade Giacometti et une autre émission I love world of
19:26art sur Giacometti et justement sur son atelier qui est tout petit qu'on découvrira très très
19:32bientôt. Je tenais à vous remercier du fond du coeur de nous avoir reçu ici dans votre atelier.
19:36Un grand grand merci. J'espère que vous avez découvert ou redécouvert l'artiste Jacques
19:42Villeglay qui a accepté d'intervenir aujourd'hui dans I love world of art. Un grand merci Jacques.
19:49Merci bien de votre invitation. C'était un plaisir de partager ce moment dans l'atelier de Jacques
19:57Villeglay. Maintenant un petit peu de lecture si vous voulez aller un petit peu plus loin dans
20:01votre culture vileglesque. A commencer par Pali à la sauvette un petit ouvrage sur le nom des rues.
20:08On a également Villeglay l'anarchiviste écrit par Alain Borère avec de succulentes anecdotes et
20:18puis pour terminer un catalogue. Un catalogue jeune, gai et impudique. C'est le catalogue de
20:24la dernière expo de Jacques Villeglay à la galerie Georges Philippe et Nathalie Valois
20:28qui le représente. Voilà tous ces ouvrages qui vous permettront d'aller un petit peu plus loin.
20:33Maintenant je tenais à remercier toute l'équipe d'I love world of art. Merci également à vous
20:38qui nous suivez. Vous êtes de plus en plus fidèles. Je vous invite à liker, à commenter,
20:42à partager pour faire connaître I love world of art. Je vous fais plein de bisous et je vous
20:47dis à très très vite pour de nouvelles aventures. Ciao.