Christophe Khider, braqueur multirécidiviste en prison depuis bientôt 30 ans, va passer son permis

  • il y a 2 semaines

Olivier De Lagarde revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il parle de l'affaire de Christophe Khider, braqueur multirécidiviste en prison depuis bientôt 30 ans, qui va passer son permis.
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Transcript
00:00Europe 1 & Vous, 11h-13h, Olivier Delagarde.
00:06Allez, on passe à cette histoire à peine croyable, celle de Christophe Kidder,
00:10braqueur multirécidiviste en prison depuis 1995.
00:14Il est aussi l'auteur de multiples tentatives d'évasion.
00:17Il n'est pas libérable avant 2044, mais il a pourtant obtenu une permission de sortie
00:22pour passer son permis de conduire dès le 19 août prochain.
00:25Et pour en parler dans Europe 1 & Vous, est en ligne avec nous Emmanuel Chambaud,
00:28secrétaire général du syndicat UFA-PUNSA, c'est un syndicat de justice.
00:32Bonjour Emmanuel Chambaud.
00:34Bonjour.
00:35Est-ce que cette histoire vous choque ?
00:37Oui, évidemment qu'elle nous choque.
00:40Nous avons vécu des événements terribles le 14 mai dernier,
00:44il y a tout juste 4 mois en Normandie, 3 mois en Normandie.
00:49Et aujourd'hui, si vous voulez, nous sommes dans la...
00:51L'évasion mortelle de Mohamed Amra, rappelons-le.
00:54Ou deux surveillants ont été tués.
00:56Deux de mes collègues ont été tués et trois blessés, dont un un peu plus griemment.
01:00Et si vous voulez, on est dans l'incompréhension par rapport à ce qui se passe,
01:04parce que ce détenu, le détenu qui est très connu dans l'administration pénitentiaire,
01:10un détenu particulièrement signaté, qui fait partie des DPS,
01:13juste un chiffre, 79 000 détenus incarcérés en France et en Outre-mer,
01:20300 détenus seulement classifiés DPS.
01:24DPS, c'est quoi ?
01:25Détenus particulièrement signalés.
01:27C'est des détenus qui, dès qu'ils sortent d'un établissement pénitentiaire,
01:30sont pris en charge par les forces de sécurité intérieure,
01:33soit la police, soit la gendarmerie nationale.
01:35Voilà, on regarde leur profil de dangerosité.
01:37Et si vous voulez, ça nous interpelle le détenu DPS
01:40avec le pacifisme qu'il a et la violence qu'il a commise dans les prisons, rappelons-le.
01:45Plusieurs tentatives d'évasion.
01:47Et une dernière, qu'il avait réussie à Moulin-les-Heures en 2009,
01:51avec la prise d'auto-otage pendant 36 heures de deux collègues,
01:55en utilisant des explosifs,
01:57avec quelqu'un qui est dangereux et connu dans le milieu pénitentiaire
02:01et qui bénéficie de cette permission de sortie alors qu'il est libérable en 2044,
02:05nous laisse effectivement très interrogatif sur les raisons de cette permission de sortie
02:12et les modalités d'attribution de cette permission,
02:14qui en nous ne correspondent à rien,
02:16à un aménagement de peine ou à un quelconque objectif,
02:20puisque, je le rappelle, ça date de libération en 2045.
02:23Mais pour vous, c'est un dysfonctionnement de la justice ?
02:26Écoutez, l'administration pénitentiaire, pour une fois, a pris ses responsabilités
02:30puisque le chef d'établissement s'était opposé à cette permission de sortie.
02:33Il s'était opposé.
02:35Et le juge d'application des peines, les juges d'application des peines,
02:38en ont décidé autrement,
02:40et donc ont validé cette permission de sortie.
02:43Alors, on verra bien, l'avenir nous dira,
02:45si nous avons eu tort de nous inquiéter pour rien.
02:48Néanmoins, s'ils détenus ces votes pendant sa permission de sortie et ses codes de conduite,
02:52ceux qui ont pris la telle décision vont porter la responsabilité, quelque part.
02:56Mais, a priori, c'est le fonctionnement normal de la justice, quand même, qui va s'appliquer.
03:00C'est une décision qui est encore prise, une fois, par le juge d'application des peines.
03:06Il y a un débat contradictoire qui se tient dans les permissions de sortie.
03:10L'administration pénitentiaire avait émis un avis négatif sur cette permission de sortie.
03:15Les magistrats, en leur rendant méconscience, n'en ont pas tenu compte,
03:19et donc ont validé cette permission de sortie.
03:21Voilà, je trouve ça un peu dommageable.
03:25Qu'il y ait mieux que les personnels de surveillance,
03:27qui sont au contact, au quotidien, des individus qu'on garde,
03:30ont un regard objectif sur la possibilité d'octroyer ou pas une permission de sortie.
03:34Même si la décision est pénale, bien sûr, on revient aux juges d'application des peines.
03:38La reconversion, c'est aussi important.
03:41Préparer sa sortie de prison, on vous dira,
03:44il est bon que des détenus puissent se réinsérer progressivement.
03:49Ce n'est pas le cas, là, dans cette histoire ?
03:51Non, si vous voulez, nous, on n'est pas contre la réinsertion.
03:53La réinsertion fait partie de nos missions.
03:55On a une mission de sécurité, une mission de réinsertion.
03:57Donc la réinsertion et les aménagements de peines,
03:59ça se fait quotidiennement dans les établissements pénitentiaires.
04:02Encore une fois, ce qui nous interpelle,
04:04c'est le fait que ce détenu soit au répertoire des détenus particulièrement signalés.
04:09Donc, ça nous interroge parce qu'on a vécu un drame.
04:13Je fais un parallèle avec le drame. Pourquoi ?
04:15Parce qu'on est en train de revoir les escorts pénitentiaires
04:17quand on sort les détenus des établissements pénitentiaires.
04:20Et aujourd'hui, on est en train de nous dire que finalement,
04:22un DPS, qui est le plus haut du spectre et le plus dangereux,
04:25peut sortir sans personne.
04:27Si vous voulez, ça m'inquiète.
04:29On a déjà eu deux collègues qui ont été tués,
04:31trois qui ont été blessés.
04:32Je n'ai pas envie de revivre ça.
04:33Et ce type de permission accordée, si vous voulez, à ce détenu,
04:36qui est encore aujourd'hui DPS,
04:38nous interroge et nous interpelle quant à la sécurité des personnels
04:43quand ils vont sortir puisqu'on estime,
04:45les magistrats ont estimé qu'ils avaient besoin de personne pour sortir.
04:49Mais ça veut dire que pour vous, un DPS, un détenu particulièrement signalé,
04:53ne devrait pas bénéficier de permission ?
04:56Écoutez, à un moment donné, si le détenu qui est classé DPS
05:00peut rentrer dans un programme d'aménagement de peine,
05:04c'est qu'il a son niveau de dangerosité abaissé.
05:07Dans ce cadre-là, l'administration pénitentiaire doit revoir
05:10le niveau de dangerosité de l'individu.
05:13Aujourd'hui, au moment où on se parle,
05:14l'administration pénitentiaire n'a pas jugé bon
05:17d'abaisser le niveau de dangerosité du détenu PDR,
05:20c'est qu'elle a des motifs réels pour ne pas l'avoir fait.
05:23Voilà.
05:24Moi, je dis simplement, nous sommes des professionnels.
05:27Nous avons, dans le cadre de nos missions,
05:29l'observation, la réinsertion et la sécurité
05:32des établissements pénitentiaires et des personnes que nous prenons en charge.
05:36Et aujourd'hui, ce détenu est DPS.
05:39Et tant qu'il est DPS, effectivement,
05:41le fait d'accorder une permission de sortie à un DPS
05:44alors que le même individu sortira à l'hôpital escorté
05:48d'au moins six à dix policiers, nous interpelle.
05:52Est-ce que vous attendez quelque chose du ministre,
05:55ministre des missionnaires en ce moment ?
05:58Écoutez, on travaille actuellement sur le relevé de décision
06:01qu'on a fait avec le ministre suite aux événements dramatiques du mois de mai.
06:04Effectivement, quand on va se rencontrer,
06:06on va remettre ça sur la table parce qu'on a une réelle difficulté
06:09sur ces missions dès lors qu'on sort des détenus.
06:12Alors là, j'allais dire, on pourrait très bien dire,
06:15finalement, ça ne nous concerne pas puisque ce détenu va sortir libre.
06:18Il va sortir libre, donc il ne mettra pas en danger
06:21l'institution et les personnels pénitentiaires.
06:23Néanmoins, il peut fragiliser le travail qu'on est en train d'effectuer
06:28sur le niveau de renforcement des escorts,
06:31tel qu'on est en train de le définir avec le directeur d'administration pénitentiaire,
06:34suite à l'événement dramatique d'un carbine.
06:38Et l'évasion mortelle de Mohamed Amra,
06:42où deux surveillants, racontons-le, ont été tués.
06:44Mohamed Amra est toujours en fuite.
06:47Dans quel état d'esprit sont les surveillants de la pénitentiaire
06:51trois mois après ce drame ?
06:54Écoutez, c'est compliqué.
06:58Je ne vous cache pas qu'aujourd'hui,
07:00bon nombre de collègues qui effectuent ces missions se posent des questions.
07:03On doit se battre encore des fois quotidiennement
07:06pour relever certains niveaux d'escort de détenus qu'on sort.
07:09Une note vient de sortir, une circulaire du ministre vient de sortir
07:13concernant les visioconférences,
07:15puisque nous, on a souhaité,
07:17n'étant pas en capacité de sécuriser correctement
07:20ces missions extérieures,
07:22pas pendant des respectifs dans l'administration pénitentiaire
07:25que dans les forces de sécurité intérieure,
07:27on a demandé qu'on puisse développer un petit peu plus les visios.
07:30C'est-à-dire que là où il n'y a pas à sortir un détenu,
07:33il n'y a pas d'obligation à le sortir et on peut le faire en visio.
07:36Traitons-le par visio, ça évite de mettre en difficulté
07:38les personnels pénitentiaires, si vous voulez.
07:40Merci beaucoup, Emmanuel Chambaud.
07:42Je rappelle que vous êtes secrétaire général de l'UFA Punsa,
07:44l'un des principaux syndicats de l'administration pénitentiaire.

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