Aujourd'hui dans "Punchline", Élodie Huchard et ses invités débattent de la lettre que Gabriel Attal a transmit à tous les président de groupe de l'Assemblée nationale, sauf au RN et à LFI.
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00:00Alors, je vous le disais, vous venez de l'entendre, il y a eu un certain nombre de lettres adressées aux députés ou aux chefs de groupes parlementaires.
00:07Mais alors, que contiennent-elles ? On fait le point avec Thibault Marcheteau.
00:11C'est dans un courrier adressé à la plupart des présidents de groupe à l'Assemblée nationale que Gabriel Attal appelle à constituer une nouvelle majorité.
00:19Nous devons, forces politiques allant de la gauche républicaine à la droite républicaine, nouisser à la hauteur du moment et bâtir des compromis législatifs tournés vers l'intérêt des Français.
00:28Dès le premier jour, nous avons dit notre disponibilité pour avancer dans cette perspective.
00:33Le groupe Horizon a lui aussi rédigé une lettre pour les présidents de groupe en prenant le soin, comme l'a fait Gabriel Attal, de retirer des destinataires le Rassemblement national et la France insoumise.
00:44Nous, députés du groupe Horizon et indépendants, héritiers des valeurs de la droite et du centre, sommes convaincus que des points de convergence peuvent être retrouvés pour répondre le plus rapidement possible aux attentes exprimées par nos concitoyens.
00:56Première à avoir adressé cette lettre à tous les chefs de parti sauf au Rassemblement national, la candidate du Nouveau Front Populaire, Lucie Castet, donne un premier aperçu de la manière dont elle envisagerait de gouverner la France.
01:09Il devra en premier lieu tenir compte du fait que la majorité sur laquelle il s'appuie n'est que relative et qu'il lui sera dès lors nécessaire de convaincre au-delà des rangs du Nouveau Front Populaire pour construire des majorités parlementaires.
01:21Toutes ces tractations n'ont qu'un but, réunir une majorité même relative pour gouverner. Le président de la République devrait nommer un premier ministre dans les prochaines semaines.
01:31Alors Michel Thaubon, on voit beaucoup de lettres. Avant les vacances, on avait eu les tentatives de pacte législatif venant de la droite républicaine, le groupe dirigé par Laurent Wauquiez.
01:41Mais une fois que tout le monde a lu ces lettres, qu'est-ce qu'on fait, Michel ?
01:44On reste dans l'impasse dans laquelle on était à la veille des Jeux Olympiques.
01:48Et je pense que les cartes postales dont vous avez parlé dans votre excellente édito, à mon avis, ne vont pas avoir le même effet que des vraies cartes postales qu'on peut envoyer de vacances.
01:56Oui, au moins la carte postale, elle fait plaisir.
01:58Voilà, exactement. Parce qu'en fait, chacun finalement exprime avec sa petite musique une idée, une projection de l'avenir qui est en fait une illusion.
02:09Pourquoi ? Parce que les auteurs de ces trois courriers, Lucie Castex, Gabriel Attal et Laurent Marcangeli,
02:19savent très bien qu'ils ne pourront pas réunir une majorité stable pour gouverner la France
02:25et pour permettre à un gouvernement, quel que soit le premier ministre qui soit nommé,
02:29de disposer d'une majorité suffisante pour pouvoir se tenir quelques mois.
02:34Même le vote du budget va être extrêmement compliqué sur des bases claires
02:37parce qu'entre ces trois blocs qui s'affrontent, il ne peut pas y avoir deux points communs.
02:41Donc après, l'illusion de pouvoir constituer une sorte de consensus des forces modérées
02:48qui iraient d'une partie du LR, de Laurent Wauquiez jusqu'à certains socialistes, voire quelques écologistes,
02:54elle est totalement illusoire parce que je ne vois pas...
02:56Oui, et puis par exemple, Stéphane Séjourné, dans sa lettre, il écrit notamment à Bruno Retailleau, qui est bien patron des LR au Sénat,
03:02mais il n'écrit pas à Laurent Wauquiez, il écrit à Xavier Bertrand.
03:04C'est-à-dire que même dans les lettres, on sent déjà la fissure arriver.
03:06Absolument. Donc en fait, nous vivons tous dans un climat, en fait, d'illusions,
03:11dont le premier responsable et qui l'entretient plus que les autres, c'est évidemment Emmanuel Macron.
03:16Moi, j'ai bien compris les quelques messages d'Emmanuel Macron hors Jeux olympiques depuis un mois,
03:22c'est de dire qu'il faut que les dirigeants politiques de notre pays fassent preuve de sérieux
03:28et constituent un consensus pour gouverner la France.
03:31Mais ce n'est pas comme ça que marche notre pays.
03:33Et donc, même des cartes postales enjouées ne permettraient pas, à mon avis, de dégager cette majorité.
03:38Et donc, on reste dans une impasse dont on va payer très cher les pots cassés,
03:43parce qu'au final, cette impasse politique dans laquelle sont nos politiques,
03:48c'est autant de mois de perdus pour gouverner la France, pour prendre des mesures importantes.
03:53On parle de sécurité, on parle de santé, on parle de pouvoir d'achat.
03:58Et là, la France, aujourd'hui, n'est pas véritablement gouvernée.
04:00C'est vrai que Michel Auboin, on voit que là, pour former des majorités et un futur gouvernement, on inverse.
04:05C'est-à-dire que normalement, on se dit qui on peut mettre au pouvoir pour incarner une politique,
04:09pour incarner les réformes importantes qui vont être mises en place.
04:11Là, on se dit qui on peut trouver qui ne soit pas renversé.
04:14C'est-à-dire que ce n'est pas forcément la meilleure personne pour un projet,
04:17c'est, pour parler un très mauvais français, pardonnez-moi, la moins pire des solutions
04:20pour éviter que le gouvernement soit renversé tout de suite.
04:22Oui, c'est tout à fait ça.
04:23De toute façon, n'importe qui, sur un coin de table, peut voir qu'il n'y a aucune majorité possible dans cette affaire.
04:29On est dans une impasse politique complète.
04:31Donc, il n'y a qu'une solution, c'est que le président accepte de nommer...
04:36Moi, je ne crois pas que la solution vienne du président dans la lecture des institutions.
04:40Et d'ailleurs, je ne vois pas très bien ce que M. Attal vient faire dans cette affaire,
04:42parce qu'autant que je sache, sa position d'intérimaire, d'une certaine façon,
04:46ne devrait pas l'autoriser à parler sur le champ politique.
04:48Il a parlé en tant que président du groupe Ensemble pour la République,
04:51qu'on oublie sa double casquette.
04:53Oui, mais c'est quand même double casquette qui est très gênant d'un point de vue institutionnel.
04:56Je pense que sa présence dans l'Assemblée était très limite,
05:00même si le Conseil constitutionnel, dans sa grande sagesse,
05:02a dit que comme il n'était pas compétent, personne n'était compétent, on peut en juger.
05:05Comme personne n'est compétent, il n'y a pas de problème.
05:07Puisque j'ai lu, comme d'autres, à la Constitution,
05:09que sa présence n'aurait pas dû avoir lieu.
05:12Mais la solution ne peut venir que du Parlement.
05:16C'est au Parlement de trouver lui-même sa solution.
05:19Tant que le pouvoir exécutif s'en mêle, on ne trouvera pas de solution.
05:24Parce que ce que souhaitent M. Macron et M. Attal,
05:27sans doute, je ne suis pas proche d'eux, je ne sais pas très bien ce qu'ils pensent,
05:30mais c'est qu'on trouve une majorité qui leur convienne
05:32et avec laquelle ils pourront gouverner.
05:34Or, ce n'est pas du tout comme ça que les choses vont se faire.
05:36Après, dans l'Assemblée, comme il n'y a pas de leadership possible,
05:40on voit bien que la balance est plutôt à droite qu'à gauche,
05:45dans la répartition des voix.
05:47Donc, normalement, ce devraient être plutôt des hommes politiques de droite
05:51qui prennent le leadership et qui essayent de trouver une solution.
05:54Évidemment, si on écarte systématiquement le Rassemblement national
05:57de toute alliance possible...
05:59Qui pourtant est arrivé en tête en nombre de députés par groupe et non pas par coalition.
06:03Ça rend quand même la solution totalement improbable.
06:06Moi, ce que je pense, c'est qu'on va avoir un gouvernement de gestion
06:10comme là où on a un gouvernement intérimaire.
06:12Un gouvernement technique.
06:13À vrai dire, l'administration va continuer à fonctionner.
06:16Il n'y a qu'un grand débat, c'est le débat budgétaire qui va arriver à la rentrée.
06:20On ne fera pas de réforme.
06:22Je ne vois pas très bien...
06:24D'ailleurs, j'ai lu aussi certaines de ces lettres.
06:26Il n'y en a pas un qui parle de la sécurité, par exemple.
06:28La sécurité, ça vache tout le monde.
06:30Les grands sujets dont on a parlé tout à l'heure...
06:32Personne ne parle de ça.
06:33Certains disent qu'il faut plus de sécurité, mais on ne sait pas comment.
06:36Exactement.
06:37Personne...
06:38Et d'ailleurs, je suis pas autour de la table,
06:39on n'est toujours pas interrogé sur les sujets qu'on connaît
06:41pour savoir comment on pourrait résoudre la question des banlieues
06:43en ce qui me concerne, par exemple.
06:44Et j'ai des réponses à apporter.
06:46Je vois bien que ce n'est pas le sujet du moment.
06:48Donc, on fera de la gestion.
06:50On fera de la gestion budgétaire.
06:52L'administration, elle s'est mise en ordre de bataille.
06:54La direction du budget a déjà annoncé les réformes qui seront faites.
06:57Les maires s'attendent à voir la feuille d'euros
06:59qui sont passées par le ministre.
07:01Et puis, on va faire pendant quelques temps comme ça
07:04jusqu'au moment où, peut-être,
07:06on sera obligé de revenir aux élections.
07:08On n'est pas encore à temps d'un moment.
07:10Mais enfin, pour essayer de trouver, enfin,
07:12une majorité qui puisse gouverner ce pays.
07:14C'est ça qu'on a eu même, Fadel.
07:15On voit quand même un certain manque de courage.
07:17On a eu d'abord le Rassemblement national qui disait
07:19que je ne gouverne que si j'ai la majorité absolue.
07:21On a ensuite un président de la République qui dit
07:23que je n'ai pas décidé, je vais laisser les forces
07:25en présence à l'Assemblée se débrouiller.
07:27On a des Républicains qui disent
07:28que je veux bien y aller sur un pacte législatif,
07:30mais je ne veux pas du pouvoir.
07:31On a une gauche qui se dit qu'on reste unis,
07:33mais moyennant certains postes, on pourrait quand même y aller.
07:35C'est-à-dire que quand on voit tout ça, on se dit
07:37que personne ne veut du pouvoir,
07:38sauf s'il est sûr de ne pas être renversé.
07:40Mais ce n'est pas ça, la démocratie.
07:41C'est-à-dire que quand vous avez le pouvoir,
07:42oui, vous pouvez être renversé.
07:43Oui, parfois, il faut affronter des situations un peu dures
07:45et ne pas être dans ses petites pantoufles.
07:46Vous avez raison.
07:47Merci.
07:48Mais c'est casse-gueule, excusez-moi.
07:51Casse la figure.
07:52Casse la figure.
07:54Donc, évidemment, moi, je comprends tout à fait
07:56Laurent Wauquiez qui dit
07:57que je veux bien un projet commun, si je puis dire,
08:00projet par projet.
08:02On peut faire voter une coalition, OK.
08:05Mais chacun, il veut être sa tambouille aussi.
08:07Parce que regardez, Gabriel Attal,
08:09il veut bien la gauche républicaine.
08:12Donc, ça veut dire qu'il ne veut pas d'Elefi.
08:14Mais n'oublions pas que c'est Elefi qui est faiseur de roi.
08:17Si Elefi n'était pas là,
08:19beaucoup de députés de gauche n'auraient pas été élus.
08:22Donc, voilà, c'est ça aussi la situation aujourd'hui.
08:26Moi, j'ai peut-être une solution.
08:28Et je vais parler sous le contrôle...
08:29Écrivez une lettre, Nadia.
08:31Alors, moi, j'ai pensé...
08:32Je parle sous le contrôle du préfet Aubin
08:35parce que moi, j'ai vraiment une grande estime
08:37pour les préfets
08:39parce que je trouve que c'est vraiment
08:40des grands serviteurs de l'État
08:43pour les avoir côtoyés.
08:45Et j'ai pensé à quelqu'un qui a mené,
08:47mais vraiment avec succès,
08:49les JO en termes d'organisation et de sécurité,
08:52qui est un bon serviteur de l'État,
08:55qui n'a jamais failli.
08:57Et on voit bien qu'il a réussi aussi, justement,
08:59à travailler avec tout le monde
09:01pour la réussite de la sécurisation de ces JO.
09:06Et moi, j'ai pensé à Laurent Nunes.
09:08Et je crois que dans la Constitution,
09:10il est possible, pour le président de la République,
09:13de nommer un haut fonctionnaire
09:15pour mettre en place, effectivement,
09:17une politique avec un gouvernement,
09:21de mettre en place un gouvernement.
09:22Vous pensez à Michel Cadot plutôt qu'à Laurent Nunes ?
09:24Oui, je voulais le dire.
09:25Non ?
09:26Mais l'ancien préfet d'Arrache-Main-de-France...
09:27Elle a le droit de proposer plusieurs noms,
09:29après tout le monde...
09:30Pourquoi pas ?
09:31Comme on l'autorise à faire le gouvernement.
09:32Pourquoi pas ?
09:33Mais comme j'ai vu la réussite comme elle qui s'est passée
09:35et puis j'ai pu voir aussi sa carrière,
09:38je trouve ça intéressant.
09:39Mais voilà, le profil d'un haut fonctionnaire,
09:43d'un préfet,
09:44je pense que ça peut faire consensus.
09:46Et moi, pour avoir travaillé avec des préfets,
09:48elle le dit,
09:49ils ont une capacité incroyable
09:51à faire travailler ensemble.
09:52La gauche, la droite...
09:54C'est leur travail au quotidien.
09:55C'est ce qu'ils doivent faire sur le territoire.
09:56Exactement.
09:57Et vraiment, pour l'intérêt collectif,
10:00l'intérêt commun,
10:01et je pense, monsieur le président de la République,
10:03si vous m'entendez,
10:04ça peut être une solution.
10:05En tout cas, on a vu qu'il écoutait
10:07et qu'il regardait notre chaîne,
10:08le président de la République,
10:09selon le compte de sa photographe,
10:11donc peut-être qu'il nous regarde.
10:12Jacques Morel, c'est vrai qu'on se dit
10:14ce qui est un peu dommage,
10:15c'est que si on a un gouvernement technique
10:17où on n'engage pas vraiment de réformes,
10:18comme le disait Michel Auboin,
10:19où on se contente un peu de gérer les petits dossiers
10:21à la petite semaine,
10:22en fait, les perdants, ce sont les Français.
10:24Avoir un gouvernement technique, ça peut exister,
10:26ça n'empêchera pas la démocratie de fonctionner.
10:29Ça veut dire qu'on n'engage une fois de plus
10:31pas beaucoup de réformes
10:32et on ne peut pas dire que depuis 2022,
10:33le pays est déjà beaucoup avancé.
10:35Je trouve surtout que toutes ces gesticulations
10:38fatiguent l'électorat dont je fais partie.
10:41On est incapable de faire un tiercé gagnant
10:44pour savoir ce qui va arriver
10:47dans les semaines qui viennent.
10:50Je pense qu'on a demandé
10:54à des fonctionnaires de police,
10:56à des militaires de la gendarmerie
10:57d'être présents.
10:58On les a privés de vacances.
11:00De voir, si vous voulez,
11:02qu'eux sont là au boulot
11:04et que tous ces gens-là s'amusent
11:07en s'envoyant des courriers.
11:10L'électorat français s'est exprimé.
11:13Qu'est-ce qu'ils constatent
11:14au travers de ces gesticulations ?
11:16C'est qu'on ne tient pas du tout compte
11:17de leur avis.
11:19Donc, en fait,
11:20ils sont relativement désintéressés par tout ça.
11:23Une ex-future ministre,
11:25premier ministre qui se balade partout
11:28avec les élus qui se fendent
11:30de leur écharpe tricolore.
11:32Ça ressemble à du théâtre de boulevard.