Punchline - Les autorités restent en alerte au Royaume-Uni à cause du risque de violences dans le pays

  • il y a 2 mois

Une heure d'information et de débats en direct orchestrée par Julien Pasquet, avec toute la rédaction d'Europe 1 et en codiffusion avec CNEWS.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

Category

🗞
News
Transcription
00:00L'autre actualité internationale forte également des derniers jours, elle nous emmène outre manche,
00:04où le gouvernement reste sur le qui-vive.
00:07Le Premier ministre britannique Kirst Armer a prévenu aujourd'hui que la police devait rester en état d'alerte
00:12face aux risques de violences racistes et islamophobes
00:15après les émeutes qui ont secoué le Royaume-Uni ces dix derniers jours.
00:18Malgré une accalmie, justement, notamment observée les dernières 24 heures,
00:22il rappelle, le Premier ministre, nous devons rester en état d'alerte à l'approche du week-end
00:27parce que nous devons assurer la sécurité de nos communautés.
00:30Olivier Weber, vous êtes pour CNews en duplex de Londres.
00:34Merci de nous répondre en direct.
00:36On l'a bien compris, la journée qui approche demain va être encore une fois absolument décisive
00:42parce que de nouveaux appels à manifester ont été lancés.
00:48Oui, et un autre facteur aggravant, c'est qu'il fait de plus en plus chaud, de plus en plus beau
00:53et que le championnat de football de D2 redémarre ce week-end.
00:56Et donc la police, vous le disiez, est sur le qui-vive.
00:59État d'alerte maximum maintenu ici avec 6000 agents anti-émeutes supplémentaires
01:04aux quatre coins du pays.
01:06Alors c'est vrai que le calme est revenu, un calme précaire depuis quelques jours,
01:10sauf quelques incidents, notamment en Irlande du Nord et ce soir à Belfast,
01:15une manifestation anti-racisme en prévision d'un rassemblement de militants anti-migrants.
01:23Donc quelques poches quand même de troubles qui restent.
01:26Olivier, il faut dire que le gouvernement met le paquet pour dissuader les violents
01:33et ceux qui seraient tentés de commettre de nouvelles violences.
01:36Oui, c'est une justice implacable qui est en train de s'abattre sur les personnes arrêtées.
01:43Plus de 600 personnes arrêtées déjà et les condamnations pleuvent.
01:47Ces dernières 48 heures, des condamnations de la prison ferme entre 2 et 3 ans
01:51pour des manifestants, des émeutiers qui avaient tenté d'incendier des hôtels,
01:55qui abritent des migrants, attaqué des policiers,
01:58qui avaient également attaqué des mosquées ou des commerces.
02:02Il n'y a pas d'ailleurs que des manifestants anti-migrants.
02:04Les contre-manifestants anti-racisme sont également condamnés à de la prison de 2 ans
02:10pour notamment deux hommes à Leeds qui avaient frappé des militants de l'ultra-droite.
02:16Et puis il y a les condamnations, ça c'est tout à fait inédit dans le pays,
02:19les premières condamnations pour de la haine en ligne.
02:22Un homme de 28 ans vient d'être condamné à 2 ans de prison
02:26pour avoir publié un post sur Facebook incitant à brûler des hôtels abritant des migrants.
02:31Et un autre, un père de 3 enfants, 26 ans, qui avait publié aussi sur X
02:36des incitations à brûler des hôtels de migrants et attaquer des cabinets d'avocats,
02:40vient décoper de 3 ans de prison.
02:43Pour ces gens-là, la vie a basculé d'un moment à l'autre.
02:47Une énorme fermeté affichée par le pouvoir britannique.
02:50Donc merci beaucoup Olivier Weber et correspondant pour ces news.
02:54À Londres, en Grande-Bretagne, des images que je vais décrire pour nos auditeurs d'Europe 1,
02:59des images en direct qui nous viennent de Belfast
03:02où on nous rappelle que plusieurs manifestations sont en cours.
03:07Ce que nous voyons à l'image, et là encore je le décris pour nos auditeurs d'Europe 1,
03:11c'est une manifestation antiraciste dans les rues de cette capitale nord-irlandaise
03:17où l'on observe un mouvement statique pour le moment où aucun élément violent n'est vu.
03:24Des drapeaux palestiniens, comme on en voit beaucoup également dans ce genre de mobilisation.
03:30Sachant qu'une autre manifestation anti-migrants se tient également dans le même temps,
03:35toujours dans cette ville de Belfast.
03:37Donc on le comprend bien, là nous sommes en Irlande, mais bien sûr toujours au Royaume-Uni
03:42et de nouveaux appels à manifester demain, Elliot Mamman.
03:45On a bien compris, dans un même temps que des milliers de policiers en Irlande du Nord,
03:49en Belfast bien sûr, on a bien compris que des milliers de policiers
03:51sont mobilisés depuis que ces émeutes ont éclaté mardi dernier
03:55après une attaque au couteau dans le nord-ouest de l'Angleterre
03:57dans laquelle je le rappelle, trois fillettes ont été tuées,
04:00500 personnes arrêtées, environ 150 inculpées.
04:04Une justice qui ne tremble pas, comme l'a rappelé Olivier Weber il y a un instant.
04:09On se rend compte, même si c'est précaire, et on le voit encore une fois,
04:12et je le rappelle à nos auditeurs d'Europe 1,
04:14une mobilisation est en cours à Belfast,
04:16mais quand la police et la justice travaillent main dans la main,
04:20ça produit ces effets étonnants.
04:22Et j'en parlerai aussi avec Monsieur Garagnon dans un instant.
04:25Oui, c'est tout à fait salutaire.
04:26Il faut néanmoins être vigilant à une polémique qui est en train de monter au Royaume-Uni,
04:32qui relève du caractère du rendu de la justice
04:36qui peut parfois être vu comme étant à double vitesse.
04:39En effet, au cours de manifestations pro-palestiniennes,
04:42au cours de manifestations en faveur d'une forme radicale d'écologie politique,
04:47ces derniers mois au Royaume-Uni, il y a pu également avoir des excès de violence.
04:51Il s'avère qu'au cours de ces manifestations-là,
04:54d'abord, les forces de l'ordre n'ont pas mené à bien une politique aussi répressive
05:00que celle qui a été appliquée à l'égard de ces manifestations,
05:04qui pour certaines étaient de toute évidence d'extrême droite,
05:07puisqu'elles considéraient que la violence était un moyen légitime de résoudre un conflit politique.
05:12D'ailleurs, la réponse politique n'a pas non plus été la même
05:16lorsqu'il y avait des débordements dans ces manifestations-là.
05:19Par exemple, il y avait eu à Londres un grand mouvement
05:22dans la suite du mouvement Black Lives Matter,
05:25qui lui aussi avait connu des débordements extrêmement violents,
05:29avec de nombreuses agressions physiques, avec des biens publics qui ont été détruits.
05:35Et à la suite de ces manifestations-là, Kirchheimer lui-même a mis un genou à terre.
05:40Il n'a pas condamné comme il l'a fait.
05:41On aurait pu penser qu'il pouvait y avoir une forme de mimétisme,
05:44puisqu'il explique que les personnes qui se livrent à des choses tout à fait intolérables
05:49au cours de ces manifestations en cours sont d'extrême droite.
05:52On aurait pu penser qu'il allait condamner l'extrême gauche
05:54lorsque l'autre camp s'était conduit de manière tout à fait irresponsable.
05:59Mais cela n'a pas été le cas et cela alimente un ressentiment
06:02auquel il faut être extrêmement prudent de l'autre côté de la manche.
06:06Sur les images, et là encore je m'adresse à nos auditeurs,
06:10on découvre également à l'écran l'autre manifestation de Belfast
06:15qui se tient parallèlement, je le disais, la manifestation anti-migrants.
06:20On a pu lire une affiche notamment portée par une dame en début de cortège
06:25sur laquelle on peut lire « Protect our children », « Protéger nos enfants ».
06:29Quand de l'autre côté de l'écran, dans cette manifestation anti-raciste,
06:33on voit des drapeaux palestiniens ou encore des croix gammées barrées d'un trait rouge
06:40pour dire non aux nazis, évidemment d'une certaine façon.
06:44Jean-Christophe Kouvis, je passe par vous avant de continuer le tour du plateau
06:48parce qu'on voit que cette Angleterre est d'une certaine manière face à face.
06:53Mais ce que l'on voit également aussi sur les images, et je continue de les décrire,
06:57c'est énormément de forces de police, de fourgons, de camions de police
07:02qui font en sorte que ces différents rassemblements que tout oppose
07:06finalement se déroulent tout de même dans le calme.
07:09Oui, c'est normal, la police est là pour ça, pour permettre aux gens de...
07:14Moi je parle de la France, mais l'Angleterre c'est pareil,
07:17de pouvoir manifester en toute sécurité.
07:20On peut exprimer des opinions, tant que ce n'est pas du racisme, bien sûr,
07:24parce qu'encore une fois c'est un délit,
07:25on peut exprimer des opinions, des craintes, aller dans la rue manifester,
07:29mais en toute sécurité.
07:33Après le Royaume-Uni c'est plutôt le Royaume des Unis en ce moment, c'est compliqué,
07:38c'est une crise sociale profonde avec un sentiment de déclassement.
07:43Et c'est ce que nous on ressent d'ailleurs et on alerte nous aussi à chaque fois
07:47les différents gouvernements, on leur dit attention,
07:49on voit qu'il y a une société qui bouge, qui bouillonne,
07:52et effectivement il y a les extrêmes gauche et droite
07:54qui font remonter un petit peu tout ça, qui brassent et qui appuient là où ça fait mal.
07:58Et un jour les gens, parce que justement, trop de ras-le-bol ou alors un fait divers
08:04ou quelque chose qui les touche profondément, vont les faire aller dans la rue.
08:06Et là c'est très compliqué après quand vous êtes policier,
08:08parce que vous devez faire ramener le calme.
08:11Et donc là on a vu que la réponse,
08:13c'est un peu comme la réponse qu'on avait faite l'année dernière sur les émeutes
08:16suite à la mort de Nahel, c'était des policiers en ombre et une justice implacable,
08:23main dans la main, et vous coupez l'élan justement des violences.
08:25En fait je vais apporter une précision parce qu'on découvre ces images en direct de Belfast
08:30et là encore j'apporte des précisions et un maximum de descriptions pour nos auditeurs.
08:34En fait la réalité de ce qui est en train de se passer à Belfast,
08:37c'est que les deux manifestations, les deux mobilisations,
08:39et là je m'en rends compte sur les images en direct,
08:42ont lieu exactement au même endroit en fait.
08:45Et vous avez une rue qui est divisée en deux,
08:47entre d'un côté les antiracistes et de l'autre côté les anti-migrants.
08:53Ces deux cortèges, ces deux mobilisations sont séparées par des forces de l'ordre
08:58qui sont statiques au milieu de ces deux groupes d'individus.
09:01Et la dernière chose que je remarque là encore sur les images,
09:03je décrivais des drapeaux palestiniens chez les antiracistes
09:07et je vois également des drapeaux israéliens brandis chez les anti-migrants.
09:12Donc encore une fois, ce conflit israélo-palestinien,
09:16il s'invite dans nos sociétés modernes pour plein de raisons.
09:21Et c'est assez incroyable de voir encore cette opposition
09:24dans les rues de Belfast, Bernard Cohen Haddad et Martin Garignan.
09:26Je viens vers vous juste ensuite.
09:27Moi je vais aller dans le sens de Jean-Christophe,
09:30c'est qu'on est là au-delà des émeutes et des violences gratuites dépolitisées.
09:36Le vrai sens de ce qui a pris aujourd'hui une dimension beaucoup plus grave,
09:43c'est qu'on est sur une révolte politique, sociale et culturelle.
09:46C'est effectivement, comme l'a bien dit Jean-Christophe,
09:49un problème d'un Royaume-Uni et de l'Angleterre
09:52qui vit en communautés séparées sans faire société.
09:57Avec une paupérisation de la classe ouvrière et de la classe moyenne
10:02qui est encore extrêmement forte.
10:05C'est pour ça que le Parti travailliste a été élu
10:08pour faire un certain nombre de réformes.
10:12Et c'est bien là aujourd'hui où ils se trouvent un peu bloqués.
10:15C'est qu'ils sont en train de tirer un peu contre leur camp
10:18parce qu'ils sont en train de se mettre à dos une partie de ceux qui ont voté pour eux.
10:22Mais on ne pouvait pas laisser dire que c'est uniquement des hooligans,
10:25que c'est uniquement l'extrême droite qui aujourd'hui manifeste.
10:28L'ensemble de la communauté et des communautés ouvrières et middle class,
10:34britanniques, revendiquent une meilleure qualité de vie
10:38et aussi une façon de vivre en tranquillité.
10:40Plus de sécurité chez eux, c'est-à-dire pas d'agression, pas de drame, pas d'infanticide.
10:47Tout cela fait partie aussi d'une volonté d'avoir plus de sécurité intérieure,
10:52plus de sécurité extérieure, moins d'immigration
10:56et enfin une meilleure qualité de vie dans un pays
10:59qui aujourd'hui a de grandes difficultés économiques.
11:01Oui, Eliott voulait ajouter une chose et Martin Garagnon, je vais avoir vous tout de suite.
11:04Non, simplement peut-être rappeler que ceux qui se servent de la violence
11:08dans ces manifestations sont d'extrême droite.
11:10Ceux qui veulent exprimer une émotion à la suite de l'abomination
11:14qui a eu lieu la semaine dernière ne sont pas irrémédiablement anti-migrants
11:17ni d'extrême droite.
11:19Ils sont peut-être de droite lorsque, en effet,
11:21ils proposent de profiter de cet événement politique, de cette page politique,
11:26pardonnez-moi, pour questionner la politique migratoire
11:28et la manière de l'accueil de laquelle on accueille les migrants au Royaume-Uni.
11:32Néanmoins, ils ne sont pas d'extrême droite.
11:34C'est d'ailleurs l'un des problèmes, c'est que Kirchheimer
11:36et l'intégralité du gouvernement britannique
11:38a irrémédiablement renvoyé l'intégralité de ses opposants politiques
11:42à un spectre infréquentable de la classe politique.
11:45Et encore une précision pour rappeler qu'il y a des débordements des deux côtés.
11:49On a par exemple entendu hier après-midi un membre du Parti travailliste
11:53dire qu'il fallait couper la gorge de l'intégralité des fascistes et des nazis
11:58qui participaient à ses manifestations.
12:00Et ce faisant, d'ailleurs, il ne qualifiait pas uniquement
12:03les personnes qui se livraient à des débordements intolérables,
12:06mais à l'intégralité des manifestants.
12:08Et il était derrière lui, soutenu par une foule
12:10qui, de toute évidence, était en communion avec ses propos.
12:14Et pourtant, le gouvernement britannique a été assez faible.
12:17Il a maigrement, disons, si je puis inventer ce terme,
12:20condamné l'expression inacceptable de ce cadre du Parti travailliste,
12:26alors même qu'il n'a pas hésité à faire une surenchère verbale
12:30s'agissant de la condamnation de ces manifestations dans leur ensemble.
12:33Le premier ministre britannique, fort avec les faibles et faible avec les forts ?
12:36Ou du moins, hémiplégique quant à la condamnation de la violence,
12:40selon le camp qui se sert de cette violence à des fins politiques.
12:44Martin Garagnon, je voudrais qu'on revienne sur cette réponse
12:46qui n'a pas tout réglé, bien sûr,
12:48mais qui a coupé l'herbe sous le pied peut-être des plus violents.
12:51Et on le constate, du moins pour le moment, on reste très prudents.
12:54C'est une situation extrêmement fragile.
12:56Mais les images que l'on découvre à Belfast sont un face à face
13:00avec une opposition marquée, mais pas de fait de violence.
13:05C'est une police qui veille au grain parce que la réponse de la justice
13:08a également été extrêmement forte ces dernières heures.
13:10On en a beaucoup parlé des condamnations lourdes jusqu'à trois ans,
13:13là où en France, on ne va pas se mentir,
13:15on aurait eu des rappels à la loi ou des condamnations avec sursis,
13:19du name and shame, comme on le dit également outre-Mange,
13:21des photos diffusées, des meutiers qui sont d'une certaine façon
13:25mis en accusation aux yeux de la Grande-Bretagne entière.
13:31Starmer qui appelle à ne pas relâcher cet accalmie
13:34et qui vraiment permet à la police et la justice de fonctionner ensemble
13:37et dans une même idée, dans une même célérité.
13:40Également, c'est important.
13:42On serait inspirés de s'en inspirer, peut-être.
13:45Il y aurait beaucoup de choses à dire.
13:46J'aimerais juste m'attarder sur deux points.
13:47Le premier que vous venez d'évoquer sur la nature de la répression
13:52face à cette montée, à cette flambée de violence.
13:54Je le trouve un peu dur par rapport à ce qui a été fait en France.
13:56Notamment, vous avez dit, M.
13:57Couville, lors des émeutes de l'été dernier, où il faut le rappeler à nouveau,
14:02la réponse pénale a été très forte et très rapide, justement.
14:07Et ça a été reconnu très largement.
14:09Il y a eu un taux d'interpellation élevé,
14:11il y a eu un taux de condamnation et un délai de condamnation élevé.
14:15Justement, avec cette optique aussi, qui est celle que vous venez de décrire,
14:18de casser la dynamique de flambée de violence,
14:20de ne pas laisser s'installer cette espèce de climat insurrectionnel.
14:23Donc, c'est un peu ce qui se passe en Angleterre.
14:25Évidemment, il faut le rappeler, mais la violence politique n'est jamais acceptable,
14:30quel que soit le motif de son expression.
14:33Et c'est là où je vous rejoins,
14:34parce qu'effectivement, vous ne pouvez pas avoir de différenciation
14:37en fonction de la nature du motif,
14:42qu'il s'agisse de radicalité écologique ou qu'il s'agisse de politique migratoire.
14:48À partir du moment où vous acceptez une expression violente
14:51dans la contestation d'une politique,
14:53vous dérivez et vous laissez finalement une porte ouverte à quelque chose
14:57qui s'inscrit dans le chaos et non plus dans l'ordre de la démocratie.
15:01Donc, ça, c'est une réponse qui doit être uniformément apportée,
15:04quel que soit le sujet.
15:07Je pense qu'en France, on est plutôt assez ancré là-dessus.
15:10Ce qui m'a choqué dans les propos qui ont été tenus par le chef de la police,
15:12c'est lorsqu'il a dit cette expression.
15:15Alors, je pense que ce n'est pas un problème de traduction.
15:16Je pense que c'est réellement le propos tenu initialement.
15:20La police va protéger ses communautés, ses communautés.
15:23C'est bien là toute la distinction avec la France.
15:26C'est qu'en France, on ne connaît qu'une communauté,
15:28c'est la communauté nationale républicaine.
15:30C'est le chef du gouvernement qui a dit ça.
15:31C'est Keir Starmer qui a dit
15:32nous devons assurer la sécurité de nos communautés.
15:36C'est le modèle britannique, c'est le modèle britannique.
15:39Et c'est clairement là que je voulais aller,
15:41parce que ça n'est pas notre modèle en France et ça ne doit pas l'être.
15:43À mon sens, en tout cas.
15:45Et vous croyez que la laïcité nous protège de tout ce qu'on a fait
15:47en Grande-Bretagne ces derniers jours ?
15:49C'était assez intéressant de vous entendre débattre
15:51sur la causalité, en fait, de cette situation là, parce que ça,
15:55on a le sentiment que les Anglais cherchent depuis quelques années,
15:57depuis longtemps maintenant, désormais,
15:59une réponse à un sentiment généralisé de déclassement.
16:02Une des premières réponses qu'ils ont trouvées,
16:04en tout cas qu'ils ont pensé trouver, c'est au moment du vote du Brexit.
16:07Ils mettaient la responsabilité sur l'Europe du déclassement,
16:10du sentiment de déclassement de l'Angleterre.
16:12Ils ont vite déchanté, finalement, en comprenant que non seulement
16:16ce déclassement n'était pas contré,
16:18mais qu'il s'accentuait avec la sortie de l'Europe.
16:20Et donc, on sent un peu confusément qu'ils tâtonnent encore
16:24sur quelles sont les réponses pour contrer ce sentiment de déclassement.
16:27Mais c'est un sentiment qui est partagé dans beaucoup de pays,
16:29et notamment en Europe.
16:30Nous, c'est aussi un questionnement qu'on peut avoir en France
16:33sur quelle est la trajectoire de notre avenir commun.
16:37Parce qu'il y a une certitude, c'est qu'on n'a pas réglé
16:39toutes ces questions, ici en France non plus.
16:41Et l'Angleterre est, à mon sens, le parfait contre-exemple de,
16:44enfin, le parfait exemple de ce qu'il ne faudrait pas faire,
16:46de ce qu'il ne faut pas faire,
16:47tomber dans la communautarisation à outrance.
16:49Alors, en France, on a des garde-fous qui n'existent pas en Angleterre,
16:51puisque c'est un choix de modèle, c'est un choix de société qui a été fait
16:54il y a très longtemps en Angleterre et qui n'a pas été fait en France.
16:57Vous demandiez si la laïcité faisait partie de ces protections.
17:00Mais évidemment, elle en fait partie.
17:01C'est pour cela qu'il faut la défendre, qu'il faut la renforcer,
17:05qu'il faut la marteler au quotidien.
17:06Et dès l'école, la laïcité, ce n'est pas une arme d'oppression.
17:10C'est au contraire une grande arme de liberté.
17:12Donc, il faut toujours le rappeler.
17:14Mais ça n'est pas notre modèle en France.
17:17Et donc, ce qui se passe en Angleterre est révélateur à la fois de choix
17:20de sociétés qui ont été faits, de l'absence de réponses à des questions
17:24finalement assez prégnantes dans toutes les couches de la société anglaise
17:27depuis le Brexit et simplement de rappeler une dernière fois
17:32sur la nature de la répression policière, qui est tout à fait légitime.
17:36Faire preuve de fermeté dans ces cas-là est indispensable
17:39pour maintenir une espèce de cohésion et d'ordre public.
17:41Mais, et je vous rejoins à nouveau sur le risque d'amalgame,
17:45justement, lorsque vous refusez de développer un débat
17:48sur un plan politique et que vous préférez y apporter une réponse policière,
17:52vous ne réglez pas le problème.
17:54Vous ne faites que l'enterrer quelques instants
17:56et vous le retrouverez avec d'autant plus de force et d'acuité
17:59quelques mois, quelques semaines, quelques jours plus tard.
18:01Donc ça, c'est un vrai risque.
18:03Et c'est pour ça que pour en revenir à des sujets de politique nationale,
18:06il est indispensable que nous, en France, on soit capable,
18:08et c'est le rôle des parlementaires, entre autres,
18:10de pouvoir aborder tous les sujets, mais de manière politique,
18:13sans blocage et sans violence.
18:14On vient de perdre à l'instant les images de Belfast.
18:17Là encore, je le dis à nos auditeurs d'Europe 1,
18:19mais on en a en tête il y a encore quelques secondes
18:22et on retrouvera peut-être le signal dans un instant.
18:24Jean-Christophe Couvy, c'est deux camps qui s'opposent.
18:26Cette mobilisation dite antiraciste et cette mobilisation dite anti-immigrant.
18:31Cinq mètres séparent ces deux groupes
18:34et un cortège de forces de l'ordre et de police.
18:38On sent que c'est tenu, mais c'est fragile.
18:42La vérité, c'est que si vous n'avez pas ces forces de l'ordre
18:44pour les tenir en respect, vous avez un affrontement physique direct,
18:51évidemment, et une explosion de violence instantanée.
18:55Comment est-ce qu'on maintient la distance techniquement ?
18:58D'ailleurs, est-ce qu'il y a des différences de méthodes en France
19:01et en Angleterre dans un cadre comme celui-là,
19:03où vous avez vraiment des dizaines de personnes, voire des centaines ?
19:06On a retrouvé des images qui se font face de cette façon.
19:11Ça, c'est très anglo-saxon.
19:12Alors c'est vrai qu'en France, on n'aurait jamais fait ça.
19:14On n'aurait pas mis deux camps à 50 mètres les uns des autres.
19:16Vous dites 50 mètres, vous êtes gentil.
19:18Sur les images, on a vraiment l'impression qu'il n'y a pas une dizaine de mètres.
19:20On sait très bien comment ça va finir.
19:21À un moment donné, il y a toujours des excités qui vont vouloir en découdre.
19:23Et puis après, ça part à boulot.
19:24D'ailleurs, on a vu au premier plan également, je le rappelle à nos auditeurs,
19:27des gens qui se masquent le visage, qui se cagoulent.
19:29Et on sait que la plupart des gens dans les manifestations qui cachent leur visage,
19:33c'est qu'ils ne sont pas là avec des intentions très pacifiques.
19:37Surtout qu'après, ils sont affichés sur les journaux.
19:39Donc forcément, ils ont envie d'être reconnus.
19:41Non, mais en fait, la police anglaise,
19:43elle est complètement différente de la police française.
19:44La police anglaise, c'est la police par consentement.
19:46C'est-à-dire que quand elle a été créée au 19e siècle, la police est partie.
19:51Le policier est un citoyen.
19:53C'est pour ça que d'ailleurs, il n'est pas armé.
19:54Et en fait, il collabore avec les autres citoyens.
19:56C'est une construction commune de la sécurité.
20:01Parce qu'à l'époque, ils avaient été très meurtris.
20:04Il y avait eu des morts parce que l'armée avait tiré sur la foule.
20:07Et donc, du coup, ils avaient voulu une police sans armes.
20:11C'est ce qu'on appelle le policing by consent.
20:13Voilà, c'est vraiment un concept bien particulier.
20:16Nous, c'est complètement différent.
20:17Effectivement, on a un maintien de l'ordre qui est complètement différent aussi.
20:21Nous, on laisse les gens à distance.
20:23C'est-à-dire qu'on ne vient pas au contact des policiers.
20:26Quand les manifestations se passent très bien, on fait un peu comme eux.
20:29C'est-à-dire qu'on ne s'habille pas forcément en Robocop.
20:31Ça se passe bien, c'est bon enfant.
20:33On vient discuter un petit peu.
20:34Et dès lors que ça s'envenime, effectivement, nous aussi,
20:37il y a une gradation et on monte petit à petit en pression.
20:40Mais là, après, les anglo-saxons, c'est typique.
20:42Vous allez aux Etats-Unis, c'est la même chose.
20:44Ils vont aller se parler front à front, se provoquer, etc.
20:49Pas forcément se taper dessus.
20:50Mais par contre, après, dès lors qu'il passe, j'allais dire,
20:53effectivement, le Rubicon, derrière, la justice, elle est sans pitié.
20:57Et quand vous voyez que des personnes prennent trois ans de prison
21:00pour poster un message sur X, je peux vous dire que moi, ça me laisse rêveur.
21:03Et à n'en pas douter.
21:04Bien sûr, si la réponse judiciaire et politique n'était pas celle-là,
21:09le pays serait à feu et à sang ces derniers jours.
21:11Mais en fait, on se rend compte que la justice, elle doit être équitable.
21:15Mais surtout, c'est que ce n'est pas de la vengeance, elle doit être équitable.
21:17Après, ce qui me pose un problème en tant que policier,
21:19c'est d'afficher des têtes de gens comme ça sur des
21:22sur des, j'allais dire des journaux, alors qu'ils ont été condamnés.
21:26Et bon, ça, c'est sinon encore une fois, c'est une tableau.
21:29Et ça, c'est typiquement, c'est typiquement anglais.
21:33C'est quelque chose qu'on ne verrait pas chez nous.
21:34Non, parce que moi, je me rappelle avoir assisté.
21:37J'étais étudiant là-bas, en Angleterre.
21:38Mais le soir, par exemple, vous avez une chasse à l'homme en direct
21:41avec des hélicoptères à Newcastle, c'était ça, avec des caméras thermiques.
21:44Vraiment à l'Amérique.
21:45Et vous étiez en direct avec la tête du fugitif.
21:49Et après, c'était le Wanted.
21:50Et justement, il demandait à la population de le dénoncer,
21:53de dénoncer les personnes et tout.
21:54En France, imaginez que ce n'est même pas imaginable.
21:57Inoas, une petite minute ensemble.
22:00Il y a cette impression d'un point de non-retour en termes de multiculturalisme
22:03et de vivre ensemble qui est en train d'être franchi outre manche.
22:07Oui, on voit bien qu'on est au-delà de l'émotion
22:11et de la peine pour ce crime atroce de trois.
22:14Non, mais il faut le dire quand même.
22:16Il faut revenir un petit peu à la base.
22:18On est au-delà et on est dans une revendication sociétale,
22:23dans des revendications de vivre en société
22:27et aussi dans des revendications, excusez-moi de le dire, humaines,
22:31c'est à dire et alimentaires, c'est à dire qu'on a des communautés
22:35qui ne s'en sortent plus, qui ne veulent pas vivre ensemble
22:39et pourtant, qui doivent travailler ensemble.
22:41Merci beaucoup.
22:42Bernard Cohen Haddad, Elliot Mamann, Jean-Christophe Couville, Martin Garagnon.
22:45Merci aux téléspectateurs de Céline, aux éditeurs d'Europe 1 qui nous ont suivis.
22:49C'est la fin de ce punchline.
22:51Je vais souhaiter un bon week-end à ceux qui vont partir en buvée.
22:54Bonnes vacances.
22:55Je suis encore avec vous de 21h à minuit,
22:57mais c'est gentil de les anticiper, Bernard Cohen Haddad.
23:00Merci à Martin Mazur et toutes les équipes de la rédaction
23:03qui ont permis cette émission.

Recommandations