Le président du cercle de réflexion Etienne Marcel Bernard Cohen-Hadad était l’invité de #LaGrandeInterview de Thomas Bonnet dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Bernard Cohen Haddad, président du cercle de réflexion Etienne Marcel.
00:07On va d'abord parler de l'actualité internationale.
00:10Le Hamas a désigné Yassin Noir comme nouveau chef.
00:13Il est l'un de ceux qui a organisé, planifié l'attaque terroriste du 7 octobre dernier.
00:19Que vous inspire cette nomination ?
00:21Que la politique anti-Israël, que le risque pour la survie d'Israël
00:26et la sécurité des Israéliens juifs et non-juifs sur le territoire
00:32n'est pas plus assurée aujourd'hui qu'elle l'était hier et que même c'est un risque supplémentaire.
00:36On est, vous l'avez vu depuis quelques heures, quelques jours,
00:39dans une volonté de montée en puissance, de crispation.
00:43C'est un vrai risque et je crois qu'il faut être extrêmement vigilant
00:46parce que ce n'est pas seulement un combat pour Israël,
00:48c'est un combat aussi pour nos valeurs,
00:50celle de la démocratie, de l'Occident et de la République.
00:54C'est une mauvaise nouvelle aussi pour les otages,
00:56dont on rappelle que beaucoup sont encore retenus dans la bande de Gaza.
01:00Bien entendu, des otages dont on ne sait pas encore aujourd'hui s'ils sont en vie,
01:06ce qu'il advient d'eux et d'elles, des enfants, il reste beaucoup d'enfants également.
01:11Et puis toujours cette inquiétude en permanence de savoir,
01:15est-ce qu'on va pouvoir les retrouver ?
01:17Est-ce qu'on va pouvoir tout simplement continuer cette recherche
01:22parce qu'il y a aussi un risque d'arriver trop tard ?
01:24Et c'est aujourd'hui ce qui est peut-être dans la mentalité des Israéliens,
01:31soutenir un pouvoir en place, c'est-à-dire le gouvernement Netanyahu,
01:35pour aller jusqu'au bout de cette recherche et aussi de la sécurité.
01:38C'est ça qui est important.
01:39Le Premier ministre israélien qui dit que les négociations vont se poursuivre
01:42malgré le regain de tension dont on va parler juste après.
01:46On peut imaginer que les tractations vont se poursuivre
01:48malgré la présence maintenant de Yassin Noir à la tête du Hamas,
01:52lui qui a orchestré le 7 octobre.
01:54Vous savez, il y a ce qu'on voit au-dessus de l'iceberg,
01:58ce qu'on appelle au-dessus de la mer.
02:00Et puis en dessous, bien entendu, les négociations de tous les pays
02:03qui sont de bons offices continuent.
02:05Mais rien aujourd'hui ne nous garantit la bonne santé des otages.
02:10Il faut ne pas oublier ce qui s'est passé le 7 octobre.
02:13C'est une barbarie, une barbarie tout simplement contre les valeurs humaines,
02:18contre tout simplement une façon aussi de voir la démocratie
02:23et de voir également qu'on peut agresser un pays sans conséquences immédiates.
02:28Parce que c'est cela qu'on reproche beaucoup.
02:30Certains partis en France, je pense notamment à LFI,
02:33reprochent l'attaque d'Israël sur l'environnement.
02:37Mais Israël aujourd'hui ne fait que se défendre.
02:38C'est elle la victime.
02:40Depuis l'élimination d'Ismail Haniyeh à Téhéran,
02:43l'Iran a fait part de sa volonté de riposter.
02:47Comment Israël peut se préparer à cette escalade qui paraît aujourd'hui inévitable ?
02:52Vous savez, il y a ce qu'on appelle les proxys,
02:54c'est-à-dire ce sont des groupes armés financés par l'Iran qui interviennent.
02:59On parle d'Osbola, on parle du Hamas, on parle aussi des Houthis.
03:04Tous ces groupes islamistes radicaux qui, financés par l'Iran,
03:09interviennent et peuvent intervenir sur le territoire israélien pour déstabiliser.
03:13Ce qui est préoccupant aujourd'hui, c'est bien entendu
03:16cette communauté de groupes qui peuvent intervenir sur le territoire israélien
03:22avec des moyens militaires extrêmement puissants, nouveaux.
03:27Et bien entendu, notre préoccupation est de faire en sorte que l'État d'Israël
03:31puisse répondre seul avec le soutien d'un certain nombre de communautés.
03:36On pense particulièrement aux États-Unis pour leur sécurité.
03:40Il n'y a pas d'autres possibilités aujourd'hui pour l'État d'Israël,
03:44quoi qu'on dise, de défendre sa sécurité, de défendre aussi sa vie économique.
03:49Je rappelle que ce type d'intervention n'est pas anodine sur l'ensemble de la vie économique,
03:54sur l'ensemble aussi de la vie administrative et la vie démocratique en Israël.
03:58Vous parliez des États-Unis.
03:59On voit le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken,
04:02tenter justement de faire baisser la tension.
04:05Est-ce que vous pensez qu'il est encore possible, justement, d'empêcher cette escalade,
04:09notamment par la voix des États-Unis ou d'autres puissances ?
04:13Je l'espère.
04:13Mais il y a aussi une réalité de politique intérieure vis-à-vis de l'Iran des molas,
04:19qui, vous le savez, chez elle, est extrêmement contestée.
04:24Le peuple iranien n'est pas d'accord avec cette politique de répression, d'obscurantisme.
04:29Malheureusement, il est sous tutelle.
04:31On voit bien ces femmes et ces jeunes qui ne peuvent plus aujourd'hui tout simplement
04:35écouter de la musique ou avoir les cheveux à l'air libre.
04:38Donc, on voit bien tout simplement qu'il y a une vraie préoccupation.
04:41Cette préoccupation, elle est une exacerbation du conflit.
04:46Puis, il y a une volonté vis-à-vis de l'Iran de mettre en garde un certain nombre de pays arabes,
04:52de ne pas être du côté d'Israël, alors que ce que nous souhaitons tous,
04:56c'est de la paix, une paix durable, y compris avec deux États en Israël.
05:01Quel doit être le rôle de la France dans cette situation ?
05:04Quelle voix doit porter la diplomatie française à vos yeux ?
05:07Moi, j'ai toujours pensé que la France, depuis de nombreuses années,
05:12devait être un élément de passerelle entre à la fois le peuple israélien et le peuple palestinien.
05:18Je ne parle pas des terroristes, je parle du peuple palestinien.
05:22La France, c'est la France des lumières, c'est la France de la tolérance, c'est la France de la démocratie.
05:26C'est vrai qu'aujourd'hui, quand on voit ce que nous vivons en politique intérieure,
05:30on peut se poser la question sur nos valeurs.
05:32Mais c'est ça l'image de la France à l'international, c'est ça l'image de Paris,
05:36c'est ça l'image des droits de l'homme.
05:37La France et sa diplomatie doivent réaffirmer son soutien à Israël,
05:41mais aussi sa volonté d'une solution à deux États.
05:44Il n'y a pas d'autre solution aujourd'hui.
05:46Parmi les pays concernés par un éventuel embrasement dans la région,
05:49il y a le Liban.
05:51La France et d'autres pays recommandent de quitter le Liban.
05:55Quel regard vous portez sur cette situation et sur ce pays
05:59dont les liens avec la France sont évidemment très anciens ?
06:02Moi, j'ai beaucoup d'empathie, d'amitié pour le peuple libanais.
06:06Je vous le dis aussi pour le peuple arménien.
06:08Ce sont des peuples qui, depuis des années, ont été victimes d'ostracisme,
06:15qui sont des peuples de diaspora, un peu comme le peuple d'Israël.
06:19Et ce qui se passe aujourd'hui au Liban montre qu'il peut ne pas y avoir
06:26de volonté de situation apaisée.
06:28Parce qu'aujourd'hui, celles et ceux qui mettent le feu ont intérêt
06:33à la déstabilisation de la région, ont intérêt aussi à faire en sorte
06:37qu'un certain nombre de populations se rebellent,
06:40et aussi de créer de la pauvreté, de la misère.
06:43Et ça, nous ne pouvons pas l'accepter aujourd'hui.
06:45L'actualité internationale, c'est aussi le Royaume-Uni,
06:48touché par des émeutes particulièrement violentes
06:51à la suite d'une attaque au couteau, on le rappelle,
06:53d'un jeune homme de 17 ans qui a tué trois fillettes.
06:54Depuis, des mouvements de colère ont gagné beaucoup de villes au Royaume-Uni
06:58avec des actes de violence.
06:59Les autorités britanniques pointent des groupuscules d'extrême droite.
07:03Comment vous percevez cette crise majeure au Royaume-Uni ?
07:07Elon Musk, par exemple, sur son réseau social X,
07:10parle d'une guerre civile inévitable.
07:13Pour moi, c'est l'échec des politiques communautaristes.
07:18C'est l'échec du communautarisme du Commonwealth.
07:22D'une part, parce qu'on a à l'origine un drame humain qui nous touche tous,
07:28le meurtre d'un certain nombre de fillettes,
07:29et ça, il faut le reconnaître, ça blesse les populations.
07:33Il y a aussi un problème lié à l'intégration des populations,
07:37au-delà de ce qu'on a dit au début.
07:39Et arrêtons de faire croire qu'il n'y a uniquement des hooligans,
07:42que ce n'est pas uniquement l'extrême droite.
07:44Il y a toutes les populations, y compris des immigrés qui vivent en Angleterre
07:49et au Royaume-Uni qui sont dans ces manifestations
07:52contre ces groupes islamistes radicaux
07:56qui ont été aujourd'hui mis en avant.
07:58Et puis, le troisième point qui me semble aussi important,
08:01c'est ce besoin de sécurité des Britanniques
08:05et ce déclassement social des classes moyennes.
08:08Et ça, aujourd'hui, nous le vivons également en France.
08:10Venons-en aux Jeux olympiques et aux retombées économiques de cet événement.
08:15Alors, on n'est pas tout à fait à la fin des JO,
08:17mais quel premier bilan vous pouvez tirer de ces Jeux olympiques
08:21et des retombées sur les entreprises ?
08:23Sur le plan économique et les acteurs économiques,
08:26on a eu un mois de juillet qui a été un mois de juillet assez mouillé.
08:31Il faut le reconnaître.
08:32Les restaurateurs, les terrasses, l'ensemble du commerce a été extrêmement pénalisé.
08:38Moi, j'ai appelé la catastrophe du mois de juillet.
08:40C'était y compris les soldes, puisque je vous rappelle qu'on était à moins 20,
08:44moins 30 % sur les chiffres de 2023.
08:46Donc, le mois de juillet n'a pas...
08:47Comment on explique ce mois de juillet catastrophique ?
08:49Tout simplement, il y a le pouvoir d'achat, c'est vrai.
08:51Et puis, il y a eu cette angoisse de difficulté des JO.
08:56On nous a assez dit qu'il fallait faire attention,
08:58que ce serait difficile, que ce serait compliqué de se mobiliser.
09:00Et puis, il y a eu aussi cette température et ce climat désagréable.
09:04Quand il fait mauvais, vous n'achetez pas, vous ne sortez pas.
09:08Vous êtes un peu morose.
09:09Donc, ce mois de juillet a été assez morose.
09:11Les choses ont un peu évolué depuis une semaine,
09:14notamment avec la cérémonie d'ouverture.
09:17Non pas parce que le soleil était là,
09:18puisqu'on a eu une cérémonie de veinture très mouillée et contestée,
09:24mais qui a eu quand même pas mal de panache.
09:27Ça va beaucoup mieux.
09:29Ça va beaucoup mieux dans les restaurants.
09:30Ça va beaucoup mieux aussi dans un certain nombre de commerces
09:34qui restent ouverts.
09:35On est, par exemple, dans l'hôtellerie-restauration,
09:38entre 60 et 80 % de taux d'occupation,
09:42alors qu'on pensait, bien entendu, être à 100 %.
09:44Mais c'est mieux que les 50 % ou les 40 % qu'on a connus.
09:47C'est quand même moins bien que ce qui avait été envisagé à un moment.
09:50Bien entendu.
09:51Des Jeux olympiques, on attend 100 %.
09:53Et il y a quelques mois, je vous rappelle, au mois de novembre,
09:56on se disait qu'il n'y aurait plus de place dans les hôtels.
09:57Ne l'oublions pas.
09:59Ne réécrivons pas un roman aujourd'hui.
10:01Il y a quelques mois, on pensait que ce serait complet partout.
10:03Ce n'est pas le cas.
10:04Néanmoins, on a limité la casse et c'est une bonne chose.
10:07Il y a aussi un peu plus de monde dans les commerces
10:10parce qu'il y a un peu moins d'épreuves aujourd'hui,
10:12puisqu'un certain nombre d'épreuves sont fermées.
10:14Les touristes et les sportifs qui sont sur les sites olympiques
10:18sortent un peu plus.
10:19Donc, il y a une meilleure vente, une meilleure merchandise.
10:22On est loin de ce qu'on attendait.
10:23Il faut avoir le courage de le dire et l'honnêteté de le dire.
10:25On est moins bien que ce que a pu être Londres en 2012, par exemple.
10:31Quel standard on avait par rapport à nos taux d'occupation ?
10:33C'est à peu près pareil parce que j'ai eu pas mal de journalistes
10:38et j'ai vu les points sur Londres.
10:40Les premières semaines de Londres étaient catastrophiques également
10:43en matière de commerce.
10:43Ça s'est à peu près développé après.
10:47Donc, on est dans la même situation.
10:49Ce qui est important de dire à nos amis, et je dis à nos amis
10:51parce qu'on a tendance à les oublier, je pense aux commerçants indépendants,
10:55aux artisans, aux professions libérales,
10:57à toutes celles et ceux qui sont saisonniers et qui ont une activité de vente,
11:02que ce soit sur les sites olympiques ou, comment dirais-je, sur les zones touristiques.
11:07L'effet Jeux olympiques est un effet différé.
11:10Donc, c'est une opportunité pour nous aujourd'hui,
11:13même si nous ne rentrons pas dans nos frais aujourd'hui,
11:16parce que beaucoup sont restés ouverts alors que d'habitude,
11:18au mois d'août, ils sont fermés.
11:20Beaucoup d'entreprises et d'entrepreneurs ont embauché des saisonniers
11:23alors que d'habitude, ils n'en embauchaient pas.
11:25Beaucoup aussi ont fait des investissements, y compris en produits,
11:30alors que d'habitude, pendant l'été, on commande beaucoup moins.
11:34Mais l'effet Jeux olympiques sera là le moment venu,
11:36c'est-à-dire dans quelques semaines, dans quelques mois,
11:38parce que le fait que ça se passe bien,
11:40comme à Bonessa, il faut le reconnaître,
11:42il y a quand même beaucoup de police.
11:43On ne peut pas tourner la tête sans voir une voiture de police
11:47ou de groupe armé, ce qui est une bonne chose pour nous.
11:51Ça va dans le bon sens et ça, c'est à moi, de mon côté, le coin positif.
11:55On a en mémoire ces images de grillages installés dans la capitale
11:59et les restaurateurs qui s'en sont pleins.
12:01On a parlé à ce moment-là d'une ristourne possible sur la taxe terrasse
12:06ou même d'un fonds de compensation pour les établissements
12:09qui aurait un trop gros manque à gagner.
12:11Où en est-on de ces dispositifs ?
12:13Alors aujourd'hui, on a ce fonds d'observation et de compensation
12:17qui a été mis en place avant l'été, au début de l'été.
12:21On n'en est pas encore à répartir les aides.
12:25Il faut déjà faire un bilan.
12:27Je rappelle que les Jeux olympiques, c'est aussi des Paralympiques,
12:30donc on verra ça début septembre.
12:32Et puis, bien entendu, nous sommes non seulement dans les aides financières,
12:37mais aussi dans les aides au chômage partiel,
12:39puisque certains entrepreneurs ont dû fermer autour des sites
12:44alors qu'ils avaient prévu de rester ouverts.
12:47Et ça crée, alors qu'ils ne sont pas en vacances,
12:50des problèmes pour leur personnel, ce qu'on appelle comme en période Covid.
12:53Tout ça, c'est une négociation entre les organisations économiques
12:57et, bien entendu, l'État.
12:59Et nous sommes là aux côtés des entrepreneurs pour les accompagner.
13:02Un dernier mot, comment le secteur économique observe la situation politique
13:06et l'instabilité politique qui se dessine pour la rentrée ?
13:08Est-ce qu'il y a de l'inquiétude dans le secteur économique ?
13:12Bien entendu qu'il y a de l'inquiétude.
13:14Le programme du Nouveau Front populaire est un programme qui n'est pas pro-entreprise,
13:19qui est un programme...
13:20C'est le programme qui vous fait le plus peur aujourd'hui ?
13:21Bien entendu, puisque c'est aujourd'hui celui qui se revendique d'avoir gagné,
13:25même si ça ne correspond pas aux chiffres à l'Assemblée nationale.
13:28On a un programme qui est de taxation, de taxation des dividendes,
13:33de pénalisation de l'épargne.
13:35Écoutez, Madame Rousseau, de pénalisation aussi des investisseurs et des dividendes.
13:39Ce n'est pas avec ce type de programme qu'on va aider une politique de l'offre
13:44et encourager nos entreprises à se développer.
13:47Merci beaucoup, Bernard Cohen Haddad.
13:48Je rappelle que vous êtes le président du cercle de réflexion Étienne Marcel.
13:52Vous êtes également l'auteur de l'Avenir appartient au PME, aux éditions Duneau.
13:56C'était votre grande interview en direct sur CNews et sur Europe.