• il y a 3 mois
Avec Serge Guérin, sociologue

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##L_AIR_DU_TEMPS-2024-07-20##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'air du temps. Serge Guérin.
00:05Bonjour mon cher Serge.
00:08Mes hommages du jour, chère Laurence.
00:10Mes hommages. Professeur Aline Seck, grande école de Paris, auteure de l'essai
00:13« Si les vieux sauvaient la planète » aux éditions Michelon.
00:16Alors, votre regard de sociologue Serge Guérin, à moins d'une semaine des JO,
00:21qu'est-ce que le bashing des JO dit de nous les Français ?
00:25Oui, c'est vrai qu'on s'en rapproche.
00:28Et on s'en rapproche, ça y est, c'est bientôt la grande cérémonie et ainsi de suite.
00:35Et en même temps, on est forcé de constater d'abord, la première chose,
00:38c'est que ça fait des années et des années qu'on parle de ces JO,
00:41et qu'il y a quand même un petit décalage entre le côté très très énamouré
00:46de certains médias, des gouvernements, des décideurs.
00:51Ça va être formidable, ça va être la grande cause nationale.
00:55Et puis, j'appellerais la RDF, le reste de la France.
00:58Pas mal, la RDF.
01:00Oui, la RDF.
01:02Oui, d'accord, il va y avoir tout cet élément-là, oui.
01:09Mais quand même, depuis des années, il y a une sorte de petit scepticisme quand même.
01:12Ça va marcher, ça va être un peu ridicule, qu'est-ce qu'il va se passer ?
01:16Il y a une espèce de pessimisme et de non-confiance en nous.
01:22Anne Hidalgo avait fustigé les peines à jouir qui critiquent les JO.
01:28Bon, c'est peut-être une image un peu caricaturale quand même.
01:31Il ne m'appartient absolument pas de rentrer dans la vie personnelle d'Anne Hidalgo,
01:35bien entendu, mais en tout cas, il y a ça.
01:37Deuxième élément, vous remarquerez aussi quand même,
01:39qu'on est une société qui fait de moins en moins d'activités physiques,
01:43que les jeunes de moins en moins frais font du sport,
01:46et que là, on ne va parler que de ça.
01:48Comme si le sport était juste un spectacle, mais pas du tout une pratique.
01:51Moi, je crois que ce serait bien que ce soit l'inverse.
01:53En tout cas, voilà.
01:54Mais en même temps, allez-y Serge.
01:57Non, non.
01:58Troisième élément, je me dis que le seul moment où on met le drapeau,
02:02c'est pour des grands événements sportifs auxquels on ne participe pas directement,
02:06mais où les équipes de France et tout ça participent.
02:08Il y a aussi cet élément-là qui est un peu étonnant.
02:10Et la quatrième chose, juste comme ça, c'est que ça a été une grande cause,
02:14et puis maintenant, avec toutes les petites évolutions politiques de ces derniers temps,
02:19c'est devenu du côté des affaires courantes,
02:21puisqu'on garde un gouvernement pour régler les affaires courantes.
02:24C'est le terme officiel.
02:25Et dans les affaires courantes, la première des affaires courantes, c'est les JO.
02:29Donc là, on voit aussi qu'il y a comme une petite contradiction.
02:32Alors, on parle de bashing des JO depuis un petit bout de temps,
02:35notamment du côté aussi des Parisiens.
02:37Beaucoup vont suivre la capitale.
02:38Mais est-ce que ce bashing vient aussi du fait que les Français,
02:41ou les habitants en tout cas, ceux qui vivent en Seine-Saint-Denis par exemple,
02:45s'en sont exclus aussi ? C'est une question.
02:49Tout à fait. Il y a presque d'ailleurs une double exclusion.
02:53Il y a une exclusion, il y a une auto-exclusion de certains qui pourraient en profiter,
02:57qui sont certains Parisiens, disons, qui ont quelques moyens.
03:00C'est ce que je vais appeler les réfugiés climatiques.
03:03Aujourd'hui, on va avoir les réfugiés olympiques,
03:05les gens qui vont partir de Paris.
03:07On va dire, oh là là, je ne supporte pas ça.
03:09Et d'ailleurs, Paris, de ce point de vue-là, est assez vide.
03:12Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de policiers,
03:14parfois qui passent avec des pimpons, alors qu'il n'y a aucune autre voiture
03:17que des voitures de police, mais ils font quand même les sirènes.
03:20Il y a beaucoup de gens en télétravail aussi, d'ailleurs.
03:22Alors, il y a ceux qui ont la chance de pouvoir se mettre en télétravail.
03:25Et puis, il y aura tous ceux qui vont être obligés quand même d'affronter
03:28les transports en commun, qui vont être obligés de venir en voiture dans Paris.
03:31Et pour eux, c'est une galère totale.
03:33Là, c'est le 110 mètres haie, mais en version automobile.
03:36Donc, c'est quand même un peu compliqué.
03:38Et il y a beaucoup de gens, en effet, qui disent,
03:40mais finalement, qu'est-ce qu'on va voir ?
03:42Et le reste de la France, l'RDF, qui, elle, va regarder à la télé,
03:46mais comme si ça s'était passé à Rome ou je ne sais où.
03:50Finalement, ça ne changera rien par rapport à eux.
03:52Donc, il y a un grand dérangement pour une partie des franciliens.
03:56Il y a ceux, les réfugiés olympiques, qui s'enfuient.
03:59Et puis, il y a tous ceux qui vont regarder ça de très, très loin.
04:01Et puis, il y a aussi quelque chose d'aussi physiquement un peu bizarre.
04:04C'est qu'on a mis des grillages partout.
04:06Les gens se retrouvent à prendre un verre en terrasse, mais devant des grillages.
04:10Alors, pour les fabricants de grillages, je pense que c'est une histoire extraordinaire.
04:14Jamais sans nous qu'on a produit.
04:16Mais pas pour les commerçants.
04:17Et en plus, j'ai bien peur que les fabricants de grillages,
04:19qu'ils soient en Chine et pas en France.
04:20Donc, tout ça, là aussi, crée quelque chose d'un petit peu désagréable.
04:24Autre fracture, d'ailleurs, Serge Guérin.
04:27Certaines associations disent que les pauvres vont être remplacés par les touristes.
04:32Là, en ce moment, d'ailleurs, évacuation de SDF, de camps de migrants à Paris.
04:37Les associations dénoncent un nettoyage social.
04:40Voilà, donner l'image d'un Paris propre.
04:44Et, cachez-moi, c'est des indésirables que je ne saurais voir.
04:47Il y a un petit peu de ça aussi, quand même.
04:49Oui, il y a aussi deux éléments.
04:51Il y a toutes ces personnes qu'on a mis ailleurs.
04:54Ailleurs, ça veut dire en province, là où il n'y a pas les JO.
04:57Donc, les gens, déjà, vont se retrouver avec cette population en plus.
05:02Ailleurs, c'est aussi intéressant.
05:03Vous vous souvenez de l'espèce de comédie ?
05:06On a eu la ministre des Sports qui a fait son petit plongeon.
05:10Le terme est peut-être un peu fort.
05:11On a eu ensuite, je ne sais combien de personnes,
05:14de la maire de Paris pour faire ses quelques brasses.
05:18Et puis, c'est la scène.
05:21Et c'est la scène.
05:22S-C-E-N-E.
05:23C'est-à-dire qu'on est vraiment sur une scène de théâtre.
05:25Il y a quelque chose d'assez étonnant de ce point de vue-là.
05:27C'est que c'est vraiment de l'image, c'est vraiment de la com.
05:30On joue une pièce de théâtre.
05:31Je me rappelle, c'était Irving Goffman, un très grand sociologue,
05:33qui disait que quand il y a un trop grand décalage
05:36entre ce qu'on croit vouloir montrer et ce que reçoivent les spectateurs,
05:39ça s'appelle une scène de ménage, ça s'appelle un divorce.
05:42Et là, je trouve que là aussi, il y a un petit quelque chose entre les deux,
05:45entre le pays, le reste de la France,
05:48celui qui a voté aussi d'une certaine manière lors des élections,
05:51les grandes villes où on va survaloriser les géos.
05:55Là aussi, il y a quelque chose qui peut un petit peu interroger
05:58sur comment évolue le pays, presque avec deux mondes
06:01qui se parlent de moins en moins.
06:04C'était le regard de Serge Guérin, qui ne fait pas de bachille d'Antigui.
06:07Vous ne l'essayez pas votre genre, vous.
06:08Ce n'est pas le sujet.
06:10Moi, je regarde et j'ai l'impression que ça décale un peu.
06:13Après, il y a aussi des choses positives.
06:15Par exemple, on a eu un...
06:17Pour finir, pour finir.
06:19Le dépassement du budget a été relativement faible.
06:21Donc le Poucorico, il semble qu'en termes de budget,
06:24pour l'instant, ça tienne.
06:25Il y a aussi des choses très positives.
06:27On est arrivé très vite.
06:28Délage olympique en quelques années, plus de 3000 personnes.
06:30C'est marrant que quand on lève certaines normes,
06:33on arrive à avancer.
06:34Peut-être qu'on pourrait y réfléchir pour d'autres choses.
06:36Et bien voilà, à suivre.
06:37Merci beaucoup Serge Guérin.
06:39Puis on vous retrouve bien sûr pour l'air du temps,
06:40samedi prochain.
06:41Merci à vous.

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