Faut-il vraiment déployer l’armée face au narcotrafic ?

Sud Radio

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Transcript

00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — 0826-300-300. Vous avez la parole sur l'antenne de Sud Radio le matin.

00:07Mohamed est à Montpellier. Bonjour, Mohamed. — Bonjour, M. Bourdin. — Merci d'être avec nous le matin.

00:14Vous écoutez Sud Radio, Mohamed, depuis un bon moment. — Oui, oui, oui. — Bon, bon. Je vous en remercie.

00:21Vous habitez à Montpellier dans un quartier gangréné par la drogue. Et vous êtes le père de 4 enfants adolescents.

00:29— Mohamed. Et vous avez peur pour eux. — Ouais, exactement, ouais. — Racontez-nous.

00:36— En fait, on a toujours la porte en vente depuis 18 ans dans ce quartier. On peut plus. Chaque politicien, chaque politique

00:49demande aux gens des élections. Tout le monde les parle. On va régler le problème. On va régler le problème.

00:54Ça dure depuis presque 25 ans, 30 ans. Il n'y a rien qui est fait. Et toujours, on se plaint, toujours on se plaint.

01:02Et moi, je vois la seule solution que j'ai attendue. Ils vont mettre l'armée dans le quartier. Moi, je suis pas contre.

01:08À un moment, le problème s'est réglé. L'armée va pas être contre la population, quand même. — Oui. Mais Mohamed, Mohamed,

01:17le quotidien. Quel est le quotidien de vos enfants ? — Franchement, mes enfants, ils sortent pas dans le quartier. La vérité.

01:24L'école, la maison, le sport, la maison. Ils sortent pas. Et je ne vais jamais dans le quartier. — Oui. Ils n'ont pas envie de sortir.

01:33Et vous leur demandez... Vous leur imposez de ne pas sortir dans le quartier. — Non, non, non. Faites attention.

01:43Mais le problème, c'est eux qui ne veulent pas. Toujours, ils me disent qu'est-ce qu'on va faire en bas ? Il y a quoi de trafiqué ?

01:50Qu'est-ce qu'on va faire dans le quartier en bas ? Il n'y a rien à faire. Nous, on n'a pas... En fait, mes enfants, ils me disent

01:55qu'on n'a pas envie d'être dedans. — Et dites-moi, les parents de ces quartiers, comme vous, qui habitent, les parents se mobilisent,

02:06quand même. Est-ce qu'il y a... Je ne sais pas, moi. Est-ce qu'il y a des parents qui sont complices des trafics ?

02:12Comment ça marche ? — Franchement, la vérité, c'est possible. Mais moi, je n'ai pas envie jusqu'à aujourd'hui. Mais je vois...

02:22Il y a beaucoup de gens sans papiers. Il y a beaucoup de gens sans papiers. Ça m'a rêvé. Ça m'a rêvé il y a 2 ans.

02:31Il y a mon voisin qui est décédé le jour même la nuit. En fait, j'ai ouvert mon appartement pour mon voisin, pour les gens qui viennent.

02:42Et je vais dans le hall de bâtiment. Il y a 5 ou 6 groupes, 5 personnes qui sortent avec un grand coteau.

02:54J'ai dit aux gens de l'hall, « On a des gens morts. Qu'est-ce que vous cherchez, là ? ». « Ouais, mais on est là. On se cache de la police et tout ».

03:04J'ai dit « Mais il faut arrêter. C'est pas ici que vous se cachez. Il faut dégager ailleurs ». Et les mecs, qu'est-ce qu'ils me répondent ?

03:12Ils me disent « Ouais, si t'es à Marseille, tu parles pas comme ça ». Donc il y a un problème à régler avec l'armée. Moi, je sais pas.

03:24— Oui, je comprends. Je comprends. — D'un moment à l'autre, le problème, il va être réglé. Il faut qu'on arrête de parler.

03:29Chaque élection, on parle de ça, on parle de ça. On a changé la gauche, la droite, l'extrême-droite. Je sais pas qu'est-ce qu'on va...

03:35C'est quoi, la solution ? Et toujours, c'est la même chose. Il n'y a rien qui était fait. On parle beaucoup, mais on fait rien. On fait rien.

03:44— Bien. Ça devient insupportable. Bon, je sais bien que c'est difficile de changer. Vous avez eu envie de changer.

03:50— Franchement, j'aimerais bien. Mon quartier, il va être changé. La vérité. Mais le problème, là où j'habite, je suis propriétaire. Je peux pas changer.

03:57— Eh oui, vous êtes propriétaire. — Voilà. Donc c'est insupportable. En fait, je vais dire la vérité. Si ça continue comme ça,

04:07d'ici 5 ans, 10 ans maximum, on va venir comme la Colombie et comme le Mexique. Ça va être incontrôlable. Bien sûr et certain.

04:16— Merci beaucoup, Mohamed. Merci. Témoignage. Et vraiment merci d'être avec nous le matin. — Avec plaisir. Et bonne journée à vous.

04:24— Merci beaucoup. Bonne journée à vous aussi. — Au revoir. — Au revoir. Il est 7 h 59. Vous êtes sur Sud Radio.

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