Le local c’est bon pour le moral ! - L’air du temps

  • il y a 3 mois
Avec Serge Guérin, sociologue

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##L_AIR_DU_TEMPS-2024-07-27##

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Transcription
00:00SUDRADIO, l'air du temps. Serge Guérin.
00:04Bonjour Serge.
00:06Mes hommages du jour Laurent.
00:08Mes hommages. Professeur Alain Seck, grande école de Paris, auteur de l'essai
00:11« Si les vieux sauvaient la planète » aux éditions Michelon.
00:14Alors, ce matin Serge, vous avez intitulé votre chronique
00:18« Le local, c'est bon pour le moral ».
00:21Il n'y a pas quelque part un clin d'œil au slogan « Penser global, agir local » ou pas ?
00:26Il pourrait y avoir un clin d'œil.
00:28Oui, d'ailleurs on pourrait même inverser la formule.
00:31Agir local.
00:32Penser local.
00:33C'est ça, ou penser local.
00:35C'est encore plus d'actualité quelque part avec la crise politique et climatique qu'on traverse.
00:40Pour vous, les solutions pourraient être locales.
00:45Déjà d'un point de vue administratif, on est quand même dans un centralisme à la française
00:49depuis, je ne sais même pas, depuis combien d'années d'ailleurs ? Depuis toujours ?
00:54Ça remonte, en tout cas depuis que l'état-nation existe en France,
00:58il y a quelque chose autour de cela.
01:00Et on ne peut pas dire que les temps récents aient amélioré les choses.
01:03Après les années 1980, il y a eu les premiers processus, les lois de fer,
01:08les premiers processus de décentralisation.
01:11Aujourd'hui, on a comme on dit, on a un millefeuille territorial.
01:14D'ailleurs, Laurence, le mot millefeuille, c'est quand même un gâteau formidable.
01:19Du coup, je trouve qu'on le dévalorise beaucoup avec cette histoire de millefeuille territoriale.
01:23Mais en tout cas, bref, c'est comme ça.
01:25On a les communes.
01:27Alors, on a quasiment 35 000 communes en France.
01:30Il y a autant de communes en France que dans toute l'Europe.
01:32Ah oui ?
01:33C'est bien, ce n'est pas bien.
01:34Oui, oui.
01:35Mais en même temps, ce sont souvent des petites communes.
01:37Sur les 35 000, il y en a plus de 25 000 qui ont moins de 1 000 habitants.
01:40Mais en même temps, ces petites communes, elles créent aussi un lien très fort entre les personnes.
01:44Donc, ça, il faut discuter.
01:46Il y a les communes, il y a les communautés de communes, les agglomérations et tout ça.
01:50Il y a les départements, il y a les régions, il y a l'état.
01:52Parfois, ils ont inventé un truc ou deux en plus.
01:54Ça fait quand même beaucoup.
01:56Sous François Hollande, ils avaient décidé d'agrandir les régions.
01:59Ils en avaient moins, mais elles étaient plus grandes.
02:01Résultat, elles sont encore moins efficaces qu'avant.
02:03Elles sont encore plus coûteuses.
02:04Les gens se demandent absolument où ils habitent.
02:06Quand vous êtes à Limoges, vous avez du mal à vous trouver totalement en communauté d'intérêt avec Bordeaux, par exemple.
02:11Vous voyez, il se passe quand même des choses un peu bizarres de ce point de vue-là.
02:14Donc, on a agrandi d'un côté.
02:16Puis, il y a l'Europe aussi, qu'on pourrait rajouter ainsi.
02:18On a agrandi.
02:19Il y a la mondialisation.
02:20Il y a la mondialisation.
02:21Les gens, finalement, ils sont complètement perdus.
02:23Et eux, ils sont d'abord d'une ville.
02:26Ils sont d'abord d'un lieu de vie.
02:28On est d'un pays, on est d'une ville.
02:30Vous avez dû chanter ça.
02:31C'était Bernard Lavillier il y a quelques temps.
02:33Il y a quelques années, oui.
02:35Quelques années, voilà.
02:36Mais en même temps, Serge, en même temps, le lieu de la démocratie qui est souvent local, forcément,
02:4471% des Français font confiance à leur maire contre seulement 40% à leur député.
02:51Ça veut dire quelque chose, ces chiffres-là ?
02:54Ça veut dire qu'en effet, plus on est en proximité, plus on comprend à peu près ce qui se passe
02:59et plus aussi on peut voir les effets d'une action.
03:02Et d'ailleurs, c'est un des sujets de mon dernier bouquin.
03:05C'est quand on peut agir.
03:07C'est difficile d'agir de manière mondiale.
03:09Dire, je vais contribuer à faire baisser le CO2, par exemple.
03:12Quand je fais un truc, je vais en vélo, ça représente quoi par rapport à 8 milliards de personnes ?
03:17En revanche, quand je suis là où j'habite, c'est vrai que si on fait un peu plus attention,
03:21si on se met toutes les générations à aller nettoyer la rue, la rivière, que sais-je encore,
03:26on voit très vite les effets.
03:28Sans doute qu'une des problématiques majeures, c'est de se dire, je ne comprends pas pourquoi je vote,
03:32je ne comprends pas les actions avant qu'elles aient un effet.
03:34Quand je suis sur place, je peux voir très vite ce qui se passe.
03:38Et plus aussi, je peux m'organiser.
03:40On est dans une cantine, on est dans un lieu d'accueil pour les gens touchés par le handicap,
03:45que sais-je encore ?
03:46Mais si on faisait plutôt des circuits courts,
03:48si on faisait une cantine qui s'appuierait sur la production locale,
03:51tout de suite, on comprend beaucoup mieux pourquoi on fait telle ou telle chose.
03:55On voit que ça crée un emploi, que ça aide les jeunes qui vont s'installer,
04:00que les gens sont plus heureux, qu'il y a plus de liens sociaux.
04:03Il y a tout ça qui fait que, sans doute que c'est à partir du bas,
04:07en quelque sorte, on est capable peut-être de faire remonter les choses vers le haut.
04:10Certains vous diraient aussi, d'accord, ce qui fonctionne dans un village ou dans un quartier,
04:14ça ne fonctionne pas forcément à l'échelle nationale, voire internationale aussi.
04:19Alors, c'est très possible.
04:21Mais en tout cas, ce qu'il y a de sûr, c'est que ce qu'on croit pouvoir faire fonctionner
04:25à l'échelle internationale, avant que ça arrive à descendre vers les gens d'en bas,
04:29il n'y a à peu près aucune chance.
04:30Et au moins, si déjà ça marche au local, ça peut donner des idées,
04:34peut-être différemment, parce qu'une situation est différente d'une autre situation,
04:37mais pour justement que les choix, les décisions,
04:40soient beaucoup plus adaptées à la réalité culturelle, géographique, économique des personnes,
04:45plutôt qu'une décision nationale qui finalement ne veut rien dire au niveau local.
04:50On va dire, je ne sais pas, la vitesse, on va dire telle ou telle chose,
04:53mais on ne prend pas du tout en compte que dans un endroit, il y a plein de montagnes,
04:56que dans l'autre endroit, c'est tout plat et que donc les réalités ne sont pas du tout les mêmes.
05:00C'est arrivé à avoir une vision et en même temps un échelon, en quelque sorte.
05:05Avoir une vision compréhensible par tout le monde et qui se trame,
05:09qui se déroule à l'échelon le plus local, là où les gens, tout bêtement,
05:13bazar de sort, ils vivent ensemble.
05:15Et donc, c'est à cet endroit-là, on ne vit pas ensemble avec tout le monde,
05:18on vit ensemble avec les gens qui sont proches de chez nous.
05:20Donc, c'est à partir de là, je crois qu'on peut essayer de reconstruire des choses.
05:24C'est ça, d'où le local, c'est bon pour le moral, en fait, pour reprendre l'intitulé.
05:28Le local, c'est bon pour le moral parce que du coup, j'ai plus confiance dans les gens que je connais à côté de moi.
05:33Je les vois aussi plus, ils me voient aussi plus.
05:36On peut avoir intérêt à construire des choses ensemble.
05:38Vous savez, c'est comme avec les enfants.
05:39Le jour où ils font eux-mêmes la vaisselle, ils ont tendance à moins salir.
05:42Et bien, c'est pareil.
05:43Quand on commence à se mettre ensemble à nettoyer la rue, c'est bizarre,
05:46mais on a moins tendance à la salir ensuite parce qu'on voit concrètement l'impact que l'on a,
05:51mais aussi le fait qu'il faut faire des efforts.
05:53Merci beaucoup, mon cher Serge Guérin, toujours très inspiré.
05:57Et on vous retrouve le week-end prochain pour l'air du temps.
06:00A très vite !

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