Tractations du Nouveau Front populaire: l'interview de François Ruffin, député et membre du NFP

  • il y a 2 mois
François Ruffin, député Picardie debout de la Somme et membre du NFP, était l'invité de BFMTV à la veille de l'élection du président de l'Assemblée nationale.

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00:00Voilà, bonsoir François Ruffin, merci de nous avoir rejoints, député Picardie, debout de la Somme, membre du Nouveau Front Populaire, et puis je salue aussi Christophe Barbier qui nous a rejoint, bonsoir Christophe.
00:10Un mot sur André Chassaigne, d'abord comment vous l'avez désigné, comment il a été désigné ce candidat unique du Nouveau Front Populaire ?
00:17Par les présidents de groupe, d'abord un ouf, ça prouve...
00:20Le soulagement.
00:21Oui, ça prouve que la nullité peut souffrir d'exception, parce que le spectacle qu'on donne sur le Premier ministre est de cet ordre-là.
00:28La première chose à être assurée c'est de dire salut André Chassaigne, qui est un grand républicain, personne n'en doute, et qui est quelqu'un qui a supporté des lois consensuelles dans l'Assemblée Nationale,
00:38en cherchant des majorités au-delà du groupe communiste, je pense en particulier à la loi sur les retraites agricoles, où il a contribué à changer un peu la vie des gens en mieux dans nos campagnes.
00:47Et je salue quand même au passage Cyrielle Châtelain, la présidente du groupe écologiste et social, qui s'est retirée pour dire qu'on est une proposition claire pour présider l'Assemblée Nationale.
00:58Maintenant, dire deux choses encore, peut-être que d'abord ça se passe mieux côté Assemblée que côté Parti, et que peut-être le centre de gravité des négociations est à déplacer,
01:08non plus entre le cartel des partis, mais chez les députés de l'Assemblée Nationale qui sont capables ensemble de trouver des solutions.
01:16– Vous dites qu'il faut voter pour le nom du Premier ministre, par exemple, il faut que les députés votent sur un nom.
01:21– Je l'ai dit dès dimanche, dans mon coin, parce que j'étais interpellé, j'avais une fête à l'occasion du 14 juillet, la fête d'Émile Bastille.
01:29J'étais interpellé par les habitants qui disaient qu'on a un bulletin de vote de gauche dans l'urne, et c'est ça que vous faites ? C'est-à-dire rien ?
01:37C'est hier un jeune à Paris qui m'interpelle et me dit, j'ai tracté pendant un mois et déjà je le regrette.
01:44Et là je reçois un message d'un copain qui était camionneur dans le sud-est et où il y a eu une élection du Rassemblement National,
01:53dans sa circonscription, qui dit, mais vous faites la campagne du RN.
01:57Donc voilà, quand on a ça, j'ai dit dès dimanche, écoutez, on ne va pas le faire à Chifoumi, on ne va pas le faire à un tournoi de baby-foot,
02:04on va le faire, comment ? En par le vote.
02:07On est dans une situation où quand même les partis de gauche ont peur du vote de leurs députés.
02:13Et ils refusent, que ce soit entre les députés du nouveau Front Populaire, que ce soit énoncé un non pour Matignon.
02:21Je le dis avec honte, parce que franchement, en un mois, le Front Populaire, j'avais lancé ça quand même, l'idée de Front Populaire,
02:29le 9 juin au soir, en me référant à Léon Blum, à Léo Lagrange, qui en un mois avait permis que les ouvriers connaissent leur premier congé payé,
02:36voient la mer. Nous, on n'est pas fichus de donner un non pour Matignon.
02:40Je vous propose d'écouter Marine Tondelier, qui était l'invitée aujourd'hui des Grandes Gueules sur RMC Story.
02:46J'ai un peu honte, parce qu'il faut se dire qu'on vient tous, les chefs de partis, les militants, les candidats,
02:53et puis beaucoup de Français quand même, de donner six semaines de notre vie pour permettre peut-être de changer le quotidien des gens.
03:01Je pense qu'on doit être à la hauteur. Je pense qu'on doit tout donner.
03:04Et j'ai la sensation qu'on a tout donné pendant cinq semaines, mais là, j'ai du mal à être fière cette semaine.
03:09Et donc, vous avez raison de dire comment on va appliquer le programme. Chaque action va compter.
03:13Il va falloir jouer chaque ballon comme si c'était Matignon. Chaque ballon.
03:17Et donc, celles et ceux qui disent « Moi, je m'en fous, je n'irai pas. Alors, j'ai entendu Huguette Bello, gna gna gna.
03:22J'ai entendu Laurent Stupet, gna gna gna. » À la fin, on va avoir Laurent Wauquiez, en fait.
03:25Est-ce que vous pensez qu'à la fin, on peut avoir Laurent Wauquiez, si ça freine trop ?
03:29Écoutez, les paris sont ouverts, mais quand même, la cote est élevée sur Laurent Wauquiez.
03:34Donc, je ne sais pas qui en aura à la fin. Dire quand même que la responsabilité de tout ce bazar,
03:38elle relève du président de la République qui nous a plongé dans le chaos politique
03:41en décidant d'une dissolution improvisée au soir des élections européennes.
03:45Et je pense que c'est une décision grave qui a été prise à ce moment-là et qu'on est dans le prolongement de ça.
03:50On était déjà dans une espèce de burn-out national.
03:53Et là, il aurait pu dire si jamais... Moi, je pense que le pays pouvait être gouverné par une autre méthode,
04:00d'une autre manière avec l'Assemblée d'avant, vous voyez, c'est-à-dire pas avec brutalité,
04:05mais en tenant compte du fait qu'il avait une minorité à l'Assemblée et qu'il était encore plus en minorité dans le pays
04:11et que ça lui demandait du coup de gouverner, je dirais, avec respect, avec modération et je dis avec tendresse.
04:18Et je le dis pour les suivants, j'espère que ça sera la gauche qui gouvernera et on devrait tout faire pour que ça soit ça.
04:24Mais même si c'est nous, d'accord, nous devrons gouverner avec conscience que nous avons une minorité à l'Assemblée
04:31et que nous sommes encore aussi en minorité dans le pays et que donc ça enjoint de ne pas le faire avec brutalité,
04:37mais de le faire avec le respect des gens et y compris des gens qui n'ont pas voté pour nous.
04:41Alors vous dites que les députés votent pour ce nom de Premier ministre, est-ce que vous, vous pouvez être sur la ligne de départ ?
04:48Non, le sujet n'est vraiment pas là et je ne me sens pas concerné par ça, par cette course de petits chevaux, d'accord.
04:53En revanche, je viens ici, en mon âme et conscience, en toute indépendance, dire ce qui me semble le meilleur pour le pays.
04:58Voilà, c'est tout. Mais je ne suis pas dans les noms qui sont à lancer, à part dans les instituts de sondage qui le font,
05:04mais sinon je ne suis pas sur la course de départ pour ça.
05:07Guillaume Tabat.
05:08François Ruffin, vous proposez un changement de méthode, vous dites en gros passons du travail des partis au travail des parlementaires
05:13pour trouver un Premier ministre, mais est-ce que ça suffit ? Parce qu'on a quand même entendu des mots qui étaient lourds,
05:19des mots qui étaient graves, le fameux tweet de Sofia Chikirou parlant de punaise de lit à propos du hollandisme,
05:26Sofia Chikirou qui est députée, donc ce n'est pas uniquement le parti, c'est quelqu'un qui est député et qui parle aussi de François Hollande
05:33qui est lui-même député du Nouveau Front Populaire. Est-ce que vu la gravité des mots qui ont été prononcés,
05:38est-ce qu'il suffit de dire bon allez on se remet un peu autour de la table et puis on vote entre nous ?
05:42Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de très grave qui a été révélé sur le comportement d'un certain nombre de gens à gauche ?
05:48Est-ce que vous pouvez continuer à travailler et à vouloir gouverner par des gens qui ont un comportement tel que celui qu'on a vu de la part de certains insoumis ?
05:56En tout cas quand vous lisez le tweet de Sofia Chikirou et que vous mesurez cette brutalité,
06:00vous comprenez pourquoi je me sens mieux en dehors de la France Insoumise aujourd'hui qu'à l'intérieur.
06:04Oui mais vous pouvez travailler avec elle au sein de l'Assemblée Nationale ?
06:06Oui, je veux dire vous savez il y a à travailler avec des tas de gens qui sont différents de nous-mêmes.
06:10Voilà donc oui il faut travailler et je vais travailler avec tout le monde.
06:14Bon maintenant elle n'est pas la présidente du groupe non plus à l'Assemblée Nationale, vous voyez, donc il peut y avoir peut-être...
06:20Mais dire qu'en tout cas pendant deux ans on a fait ça, on s'est déchiré, injuré, voilà, insulté sur les réseaux sociaux, sur les plateaux télé
06:34et les six mois de campagne européenne ont été consacrés à ça.
06:38Moi je suis désolé j'en vois le résultat, d'accord ?
06:42Donc si on recommence comme ça, on dégoûte les Français.
06:45Et tout ce qui est fait là, ça contribue à faire monter le tout ce pourri, le à quoi bon, la prochaine fois on reste chez nous.
06:53Donc je mesure ça, je mesure que, je l'ai dit le soir de mon élection, que je n'ai pas pris comme une victoire ma propre élection.
07:01Je l'ai pris avec gravité, en me pensant que c'était une dernière chance pour la France, que ce n'était pas une victoire mais c'était un sursis,
07:09c'était un répit qui était accordé et que ce répit, ce sursis, on doit l'utiliser pour les gens.
07:14On doit l'utiliser pour qu'il y ait une reprise en confiance, qu'ils sentent qu'on les aide à vivre un peu en mieux,
07:21qu'ils se disent qu'il y a un peu de justice qui est retrouvée, même si c'est juste un peu,
07:26et que ce n'est même plus une marche que la RN a montée vers le pouvoir, c'est une demi-marche.
07:32Eh bien, gouverner, c'est permettre de faire reculer ça.
07:36Or aujourd'hui, tout ce qui est fait depuis dix jours et ce type d'expression-là ne contribue pas à ça.
07:41Elle contribue au contraire à accélérer cette marche de l'histoire.
07:44Christophe Barbier.
07:45Ce Premier ministre éventuel, issu de la gauche, vous le dites, il sera appuyé sur une minorité.
07:50On sait qu'il sera à la merci d'une motion de censure rapide, soit en fonction de ses propositions, soit en fonction de son équipe.
07:57Plusieurs groupes parlementaires puissants, le RN, les LR, même une partie de l'ex-majorité, ont dit,
08:02s'il y a des ministres LFI, ça sera motion de censure tout de suite.
08:05Est-ce que le premier chantier de ce Premier ministre, ça ne sera pas de dire à LFI,
08:09soyez dans le soutien, parce que ça sera le programme du Front Populaire, mais pas dans la participation ?
08:13Retirez-vous parce que, comme vous l'expliquez là, ils ont trop clivé depuis deux ans.
08:18Vous savez, le Front Populaire, en 1936, il y avait eu un soutien sans participation des communistes.
08:24Et en 1997 aussi.
08:26En tout cas, je n'en fais pas du tout une obligation, un impératif.
08:31Vous voyez, c'est aux autres parties aussi de raisonner en fonction de ce qui sera proposé.
08:36Moi, je m'applique à dire ce qui, aujourd'hui, doit être fait pour les Français.
08:40Je pense que la priorité, c'est de réparer les fractures faites par Emmanuel Macron depuis sept ans.
08:48Il faut réparer ça. C'est quoi ?
08:50La première chose, c'est l'injustice fiscale dès son arrivée à l'Élysée,
08:54où il décide de supprimer l'ISF, où il décide de supprimer l'exit tax
08:59pendant qu'il va taxer les retraités sur la CSG, supprimer les emplois aidés, ainsi de suite.
09:03Même s'il a reculé sur la CSG, qu'il a fait l'IFI.
09:06Mais bon, on voit très bien et on sait par les chiffres
09:09combien ça a contribué, ces mesures fiscales ont contribué à enrichir des personnes qui étaient déjà riches.
09:14On fait une mesure qui rétablit un sentiment de confiance dans l'impôt.
09:18Vous savez que les grands moments, la révolution française est née d'une crise fiscale.
09:23Plus près de nous, la crise des gilets jaunes est née d'une crise fiscale,
09:26d'un choix fiscal sur la taxe du gasoil.
09:28La deuxième crise d'Emmanuel Macron, c'est justement les gilets jaunes.
09:31On en est sortis sur les ronds-points avec la proposition d'un référendum d'initiative citoyenne.
09:36Il me semble que les grandes participations des Français, il y a dix jours maintenant,
09:41montrent un désir de reprendre en main notre destin commun.
09:44On pose le référendum d'initiative citoyenne.
09:46La révolution est née aussi d'une crise de la dette.
09:48Il faudra une politique comptable qui tienne compte de cela.
09:51Tout à fait, et vous savez, moi je suis membre à l'Assemblée nationale,
09:53enfin j'étais puisque ça a été dissous,
09:55mais de la commission d'enquête montée par les Républicains sur la dette.
09:59Parce que je considère que c'est un sujet sérieux.
10:01Maintenant, si on va aborder la question de la dette,
10:03les économistes qui sont passés devant notre commission ont dit,
10:06voilà, il y a deux parties à la dette.
10:08Il y a une partie qui est due aux crises, crise de subprimes, crise Covid et la gestion par l'État.
10:13Il y a une deuxième partie qui est due à la baisse de l'impôt sur le capital et sur les multinationales.
10:17Donc il y a évidemment à prendre au sérieux la question de la dette
10:20et à chercher aussi des ressources dans le pays.
10:23Bon, je reviens sur la troisième crise, et qui me paraît en fait la plus majeure,
10:28qui a été la crise Covid, où on a eu un président de la République qui est venu dire,
10:32il faudra se rappeler que notre pays tout entier repose aujourd'hui sur ses femmes et ses hommes
10:35que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal.
10:37Et à l'inverse, qu'est-ce qu'ils ont eu ?
10:40C'est l'inflation qui est venue entamer leurs salaires.
10:43Donc il y a la nécessité, vous savez, ça a été ça ma campagne.
10:46Ma campagne, c'est sur des gens qui étaient au ras de l'eau et qui sont passés sous l'eau.
10:49C'est-à-dire que le Grenelle de la santé, les augmentations des profs, ça n'a pas suffi ?
10:52Mais non, ça n'a pas suffi.
10:53Pour moi, c'est des éboueurs, papas célibataires, qui vont faire l'aumône auprès de leur mère
10:59pour terminer leur fin de mois.
11:01Et en fait, c'est le début du mois, parce qu'ils me montrent que le 6 juillet,
11:04ils ont déjà un SMS du Crédit Agricole qui leur dit qu'ils sont à 650 euros de découvert
11:08et que le découvert autorisé est à 400 euros.
11:10Qu'est-ce qu'ils vont faire du coup ?
11:12Là, ils vont aider les forains à faire les manèges et ils renoncent à partir en vacances.
11:16Pour vous donner un cas, c'est ça.
11:18Depuis 7 ans, il y a un sentiment qu'on est passé sous l'eau.
11:22Évidemment, faire respirer le pays, ça passe par la question des salariés.
11:26Dernier point, M. Tabard.
11:28Dernier point, évidemment, qui est les retraites faites, on le sait, contre 8 salariés sur 10,
11:33contre tous les syndicats unis, contre une majorité de députés à l'Assemblée nationale.
11:36Mais justement, pour redresser des comptes en déficit.
11:38Vous savez que ça n'a joué que marginalement sur le redressement des comptes.
11:40En revanche, c'était un signe politique qui a été envoyé.
11:43Je pense que ce dont je parle, vous savez, pour évoquer le Front Populaire,
11:48au moment du Front Populaire, il y a un seul député qui a refusé de voter les congés payés.
11:53Je salue son courage.
11:54Un député de droite qui a assumé des conditions de droite et dit
11:57non, il n'y aura pas de congés payés pour les ouvriers.
11:58Il était tout seul.
11:59Je pense que ce qu'on dit aujourd'hui, ce que je raconte là,
12:01ce sont des mesures qu'il peut faire d'ordre de la concorde nationale.
12:04Par exemple, une taxe sur les super-profits et le rétablissement d'un peu de justice fiscale.
12:08On sait que, par exemple, Jean-François Matéi l'avait portée pour le Modem.
12:11Donc, je pense que si on prend ces sujets les uns après les autres,
12:14sans être forcément maximaliste,
12:16mais au moins qu'on fasse un pas dans une direction,
12:19qu'on indique la direction dans laquelle on veut aller,
12:21je suis convaincu qu'on trouvera des majorités, projet par projet,
12:24chez les gens qui ont conscience de la béance, du fossé,
12:28de la fracture qui traverse aujourd'hui notre pays.
12:30Mais il faut rester présents sur le projet et sur le coût de ce projet.
12:33L'une des mesures du nouveau Front Populaire, c'est d'arriver à un blocage des prix.
12:37Pensez-vous que c'est une mesure qui sera efficace,
12:40compte tenu du fait que le cours des matières premières,
12:43qui est un cours mondialisé, et ça, personne n'y échappera.
12:46Et aucun gouvernement ne pourra empêcher les variations de prix de ces matières premières,
12:49qu'elles soient énergétiques ou autres.
12:51Et deuxième point sur les retraites, effectivement,
12:53les économistes ont évalué le coût d'un retour à la retraite à 60 ans,
12:57environ 50 milliards d'euros par an.
12:5950 milliards d'euros par an.
13:01Est-ce que vous ne craignez pas tout simplement,
13:03au-delà du symbole de justice que vous voulez mettre en avant,
13:05que tout cela se paye immanquablement par de l'impôt ?
13:08Et pour le coup, je ne suis pas sûr que même les catégories,
13:11d'abord les catégories les plus populaires,
13:13soient ravies d'un surcroît de fiscalité,
13:15que ce soit l'impôt sur le revenu, ou la TVA,
13:17ou toute forme d'imposition, puisque la fiscalité,
13:20ce n'est pas uniquement l'impôt sur le revenu que payent la moitié des citoyens.
13:23D'abord, vous allez beaucoup plus loin dans vos propositions
13:27que là où je ne suis allé, d'accord ?
13:29Ce ne sont pas les mêmes.
13:30Non, mais c'est-à-dire que je dis les mesures à prendre
13:33pour rétablir de la concorde nationale,
13:35pour qu'il y ait un sentiment de confiance qui réapparaisse,
13:37pour qu'on en finisse avec le ressentiment, vous voyez ?
13:40Et je dis, dans un premier temps, on abroge la retraite à 64 ans.
13:44Et ça, ce n'est pas 50 milliards d'euros,
13:46ça vous savez très bien que c'est de l'ordre du symbolique
13:49plus qu'autre chose dans les comptes publics.
13:51Donc, c'est ça l'enjeu.
13:53Est-ce que là, je viens dire, c'est tout le programme,
13:56rien que le programme, seulement le programme,
13:58à appliquer dans les deux mois qui suivent à l'Élysée ?
14:01Je tiens compte de faits.
14:03Il y a des faits.
14:04C'est le Rassemblement national qui a recueilli le plus de voix dans les urnes.
14:09Nous devons en tenir compte.
14:11Je tiens compte d'un deuxième fait.
14:13Nous avons été élus, et moi aussi en partie,
14:15avec des voix d'électeurs macronistes.
14:18Deuxième fait.
14:19Troisième fait, nous avons une majorité qui est très relative,
14:22voire une minorité, en vérité, à l'Assemblée nationale.
14:25Ces faits, mis bout à bout,
14:27font qu'on doit avoir des mesures d'urgence qui vont dans le bon sens,
14:31qui font qu'on est capable d'incarner, pour les Français,
14:34une gauche de la décence.
14:36Une gauche du bon sens.
14:37Le SMIC, ça pourrait être plutôt un petit pas, puis un autre,
14:41et pas forcément 1.600.
14:43En tout cas, il y a une grande urgence sur les salaires.
14:46Je vous le dis, M. Barbier.
14:47Sans attendre la conférence générale sur les salaires de l'automne ?
14:50L'automne, déjà, ça va bien vite.
14:52Vous savez, le gouvernement va être nommé.
14:54On revient en septembre ou en octobre.
14:58Conférence sur les salaires.
15:00On peut le faire dans ce cadre-là.
15:03Maintenant, je dis, il y a une urgence.
15:05Il y a une urgence, simplement, à poser ce principe simple,
15:07que, vous savez, j'ai répété, répété, répété.
15:10Il faut que les Français, tous les habitants de notre pays,
15:12puissent vivre de leur travail, bien en vivre,
15:15et pas seulement en survivant.
15:16Certains disent que ça passe aussi par une réforme des allocations sociales,
15:19de ce que la droite dénonce comme étant l'assistanat,
15:22et que, pour aider le travail,
15:24il faut pressurer un petit peu ceux qui sont dans ce système.
15:27Non, mais ma logique ne sera pas celle-là.
15:30Elle n'est pas celle-là.
15:31Elle est de permettre aujourd'hui...
15:32Vous savez, je l'ai démontré dans un rapport,
15:34par exemple, tous les ans, on a 100 000 personnes
15:36qui sont sorties du marché du travail,
15:38qui entrent à Pôle emploi pour causes d'inaptitude,
15:40parce qu'ils sont broyés physiquement ou psychiquement.
15:42100 000 personnes.
15:43C'est un plan social géant.
15:44C'est comme si on destruisait toute l'industrie automobile chaque année.
15:47Vous imaginez ?
15:48Ces personnes-là, elles sont broyées par le travail tel qu'il existe aujourd'hui,
15:51et qu'il s'agit de transformer.
15:53Dire qu'en plus, ces gens-là n'auront pas le droit à un revenu
15:57pour assurer leur survie...
16:00Soyons corrects vis-à-vis des gens, vous voyez ?
16:03Donc là, c'est pas le sujet.
16:05En revanche, il y a un sujet,
16:06qui est de faire que les gens puissent vivre leur travail,
16:08bien en vivre et pas en survivre.
16:10Et si vous posez des mesures qui vont dans ce sens-là,
16:12vous aurez...
16:13Vous savez les mesures dont je parle régulièrement ?
16:15Indexation des salaires,
16:17taxation des dividendes quand ils sont trop élevés,
16:19et ainsi de suite.
16:20On voit dans les sondages d'opinion
16:22qu'on est à 80% des Français qui sont d'accord avec ces mesures-là.
16:24Et ma conviction, c'est qu'on aura 80% des députés
16:27qui seront d'accord avec ces mesures-là dans l'hémicycle.
16:29Donc je pense qu'il y a un programme de long terme,
16:32un horizon,
16:33mais il y a aussi des mesures qu'on peut mettre en place
16:36pour montrer...
16:37Vous savez, moi, ce qui me tient à cœur,
16:38c'est qu'à un moment, on est le coup de talon au fond de la piscine.
16:41Vous voyez ?
16:42Et je pense que là, la gauche pourrait en avoir l'opportunité
16:45de mettre le coup de talon au fond de la piscine
16:47et de montrer que la politique,
16:49ça peut changer la vie des gens un peu en mieux.
16:51Malheureusement, je me désespère,
16:53et il n'y a pas que Boulay-en-Cours qui se désespère aujourd'hui,
16:55de voir ce que fait la gauche de cette occasion.
16:58François Ruffin, pour terminer,
17:00j'aimerais qu'on revienne sur l'actualité de la soirée,
17:03c'est-à-dire la désignation d'André Chassaigne
17:05comme le candidat unique du Nouveau Front Populaire.
17:07Demain, sur BFMTV, nous allons vivre l'élection
17:10à cette présidence de l'Assemblée nationale.
17:12Si André Chassaigne l'emporte, très bien pour vous.
17:16S'il ne l'emporte pas,
17:17y aura-t-il encore une chance
17:19qu'Emmanuel Macron fasse appel
17:21à un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire ?
17:24C'est-à-dire, est-ce qu'il y a cet enjeu-là
17:26pour vous dans l'élection de demain ?
17:28Moi, je ne lis pas forcément les deux,
17:30et je pense que dans la tête des Français,
17:31ce n'est pas forcément lié.
17:32Il y a une élection qui est de l'ordre de l'institution,
17:35qui est la présidence de l'Assemblée nationale,
17:37et il y a ensuite un Premier ministre
17:39qui doit aider à vivre un peu en mieux.
17:42Donc, je ne lis pas les deux élections.
17:44Maintenant, je le dis, il n'est pas question, pour moi,
17:48qu'Yahel Broun-Pivet continue à présider cette Assemblée.
17:51Ça donne quoi, ça, comme message ?
17:53Ça donne quoi comme message ?
17:54Ça donne un message très clair.
17:55Vous savez, dans les jardins de l'Assemblée,
17:57on a la statue de Montesquieu,
17:59qui est l'homme de la séparation des pouvoirs,
18:01et je me dis, chaque fois que je le vois,
18:03mais combien de fois il doit se retourner dans sa statue ?
18:05Parce que ce qu'on a eu,
18:06c'est non pas une Assemblée émancipée qui respire,
18:09mais une Assemblée enchaînée à l'Élysée.
18:11Il faut que ça cesse.
18:12Il parlait plus d'équilibre des pouvoirs
18:13que de séparation dans son texte,
18:15mais ça rejoint cette idée-là.
18:16Je veux bien, M. Barbier,
18:18mais de toute façon, on n'a ni la séparation, ni l'équilibre.
18:20Donc, peut-être que dans le malheur qui est le nôtre,
18:24et qu'il nous faut transformer en bonheur,
18:26là, on a un temps où l'Assemblée peut retrouver un poids,
18:30un centre de gravité,
18:32et je le dis pour la décision sur le Premier ministre,
18:34elle doit se faire à l'Assemblée aussi.
18:36Pour terminer, Guillaume.
18:37Oui, en termes de calendrier,
18:38puisqu'en acceptant la démission du gouvernement,
18:40Emmanuel Macron a clairement laissé entendre
18:42qu'il était chargé de gérer les affaires courantes
18:45pour un certain temps,
18:46et on a compris qu'un certain temps,
18:47c'était au moins pour la durée des Jeux Olympiques.
18:49Alors, est-ce que c'est les Jeux Olympiques les premiers,
18:51ou aussi intégrant les Jeux paralympiques
18:54de fin août, début septembre ?
18:57Est-ce que vous, vous dites,
18:58il y a une date limite au-delà de laquelle
19:02il ne serait pas concevable
19:04que l'on reste dans la situation intérimaire ?
19:06Écoutez, si jamais on était capable
19:08de donner un nom pour Matignon,
19:10on devrait avoir la possibilité d'entrer
19:13dans les ministères le plus rapidement possible
19:16pour mettre en œuvre,
19:17ne serait-ce que la question de la rentrée scolaire.
19:21Mais vous y croyez, François Rupin ?
19:22Vous dites, si jamais on était capable
19:25d'avoir un nom pour Matignon ?
19:27Je le souhaite.
19:28Je dis la méthode en disant
19:29que ça doit se déplacer vers l'Assemblée.
19:31Et vous avez un nom, d'ailleurs, ou pas ?
19:32Non, je n'ai pas de nom.
19:33Et vous savez, les noms qui sont sortis
19:36ces derniers jours, tous me conviennent.
19:38Donc, je ne vais pas rajouter un veto
19:41au veto des partis.
19:42Moi, vous savez, en revanche,
19:43je suis ici avec conscience
19:44que pendant ce temps-là,
19:45on a la fermeture de la grande marque Cali
19:48qui est en liquidation,
19:49que pendant ce temps-là,
19:50on a une rentrée scolaire
19:51avec 3 000 enseignants qui sont manquants,
19:53que pendant ce temps-là,
19:54on a des services d'urgence
19:55qui vont fermer pendant l'été
19:57à Manosque, à la Ferté-Bernard,
19:59dans des tas de coins,
20:01que pendant ce temps-là,
20:02on a un Français sur deux
20:03qui dit qu'il part moins ou moins longtemps en vacances.
20:06Voilà le pays dans lequel on est.
20:08J'ai conscience que pendant ce temps-là,
20:10pendant qu'on est en train de parler
20:11de l'Assemblée, des ministères,
20:13et ainsi de suite,
20:14il y a de grands soucis dans le pays
20:16et que notre travail,
20:17on devrait être au travail tous
20:19pour résoudre ces questions-là pour les Français.
20:21Et ce sera le mot de la fin.
20:22Merci beaucoup.
20:23Merci à vous.
20:24Merci François Ruffin.

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