« Se regrouper pour réfléchir ensemble à l'amélioration de nos pratiques »
Laurence Annic, éleveuse (56)
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00:06Bonjour et bienvenue sur la SPAS-TV.
00:08Laurence, bonjour.
00:10Vous êtes agricultrice dans le Morbihan,
00:12et depuis 2 ans maintenant,
00:14vous êtes responsable d'un GIE en élevage
00:19autour du bien-être, c'est ça ?
00:20Oui. Le GIE 2E a la particularité
00:24d'être sur le bien-être animal, mais aussi sur le bien-être humain.
00:28Justement, on parle beaucoup du bien-être animal,
00:31mais vous vous rendez compte que le bien-être de l'éleveur
00:34est aussi important ?
00:35Oui. On a remarqué ça en 2018 au congrès des agriactrices
00:40que le Morbihan, que Resagric 56 avait organisé.
00:43Et c'est une problématique que les agricultrices avaient soulevée,
00:48qu'on parlait beaucoup de bien-être animal,
00:50mais très peu du bien-être des hommes.
00:53Avec un grand H, attention.
00:56Au sein de votre groupement, vous travaillez sur quoi ?
01:00Au sein de l'association Resagric 56,
01:03on travaille et on a développé ce GIE 2E.
01:07On travaille sur le bien-être des animaux,
01:12puisque la charte des bonnes pratiques en élevage va changer.
01:16Et du coup, ça a été cette porte d'entrée
01:19pour qu'on se pose les questions
01:22de ce qui allait nous être demandé, nous,
01:26à nous, éleveurs, de transformer dans nos élevages
01:29pour qu'on calque bien sur la charte des bonnes pratiques.
01:34Vous faites des formations, vous vous regroupez
01:37pour passer en revue vos pratiques et éventuellement les revoir.
01:41Vous avez travaillé sur quoi ?
01:42Dans le groupe, on est une dizaine de personnes.
01:44Le but, c'est qu'on essaye de tourner dans chaque exploitation
01:48pour qu'on aille voir chez les unes et chez les autres.
01:52Je dis chez les unes, chez les autres,
01:53mais au départ, il devait être mixte,
01:55mais personne ne s'est présenté chez les gars,
01:58donc on n'est que des filles.
01:59Alors on continue avec les filles qui y sont.
02:02Et donc on a travaillé notamment
02:05sur tout ce qui était le bien-être animal
02:08avec la charte proprement dit
02:10et testé chez une agricultrice pour savoir
02:12qu'est-ce qu'on allait nous demander à nous d'observer
02:16et de modifier sur nos exploitations.
02:19Et puis on a aussi vu
02:22qu'est-ce qui pouvait être une charge
02:25soit mentale ou soit physique sur nos exploitations,
02:28surtout au moment de l'hiver.
02:30Donc on a fait ça en novembre dernier.
02:33Et chez moi, la problématique,
02:35elle était le portage des seaux de lait pour les veaux.
02:39Et du coup, c'est là que je l'ai mis en évidence en photo,
02:45parce qu'on nous avait demandé de prendre des photos
02:46de nos exploitations.
02:48Et avec mon beau-frère, on a réfléchi,
02:51parce que lui aussi,
02:52il se retrouvait tous les 15 jours à nourrir les veaux.
02:55Et il a vu que ce que je faisais, c'était pas top.
02:58Et aussi pour se faciliter la tâche pour lui,
03:02il a créé un taxilet.
03:04D'accord. Donc fait maison, pour le coup.
03:05Fait maison avec un chariot de jardin, une poubelle.
03:09Et il a même fait des modifs après,
03:11parce qu'il s'est aperçu que les pots de lait passaient pas.
03:14Donc c'est que de la bidouille.
03:17Mais voilà. Comme quoi, on peut se faciliter la vie.
03:20Et vous êtes également passée à une buvée par jour ?
03:23Oui, parce qu'avec Marie-Lise Leguenic,
03:26la vétérinaire qui nous suit,
03:28la vétérinaire de la chambre d'agriculture,
03:30elle avait dit que les veaux pouvaient aussi se passer,
03:33à condition qu'ils aient la quantité nécessaire pour vivre,
03:39ils pouvaient passer à une buvée.
03:40Donc du coup, je suis passée à une buvée par jour.
03:43Et vous envisagez d'autres évolutions aussi sur votre exploitation ?
03:47Alors j'en ai fait d'autres.
03:48J'ai suivi une formation sur les cornages.
03:52Les cornages qui sont douleurs, avec le GDS.
03:58Et du coup, maintenant, je mets en pratique l'anesthésie locale.
04:01Alors c'est très particulier, parce que c'est au coin de l'œil.
04:05Et il faut pas se rater. Il faut savoir le faire.
04:08D'où la formation ?
04:10D'où la formation, oui.
04:11Et par le biais du GI2E, pour vous, c'est important d'aller voir,
04:14chez les unes, chez les autres, de se regrouper, etc.,
04:17pour faire évoluer ces pratiques ?
04:19C'est important pour vous de faire ça ensemble ?
04:21C'est super important, parce qu'on se conseille entre nous.
04:26On a l'appui de Marie-Lise, vétérinaire.
04:29Mais des fois, les trucs et astuces des unes
04:33peuvent servir aux autres, ou même des idées.
04:36Des idées, tiens, mais pourquoi tu fais pas comme ça ?
04:40Pourquoi t'essayes pas ça ?
04:42Et puis du coup, c'est...
04:44C'est comme ça qu'on avance.
04:45C'est comme ça qu'on avance, exactement.
04:46Et puis vous constatez aussi que la demande du grand public...
04:50Vous me l'avez dit tout à l'heure, la demande du grand public
04:52ne correspond pas ou n'est pas forcément applicable
04:55toujours en élevage.
04:56Vous vous en rendez compte de plus en plus ?
04:57Oui, parce qu'en plus, moi, j'ai une chambre d'hôtes.
05:00Et je communique beaucoup avec le consommateur.
05:04Mais je suis en bordure de route aussi.
05:07Donc la chambre d'hôtes fait que je discute avec les consommateurs,
05:11je leur explique mon métier.
05:12Et que le consommateur demande, par exemple,
05:15des tomates toute l'année.
05:17Et donc les agriculteurs ont investi
05:20pour qu'on ait des tomates toute l'année.
05:22Mais au final, maintenant, ils en veulent pas toute l'année.
05:24Et qu'est-ce qu'on fait de ces investissements ?
05:26Et c'est quand je dis ça aux consommateurs
05:28que les consommateurs se disent, ah, on n'y avait pas pensé.
05:30Et le fait est qu'on est au bord de la route.
05:34Il y a des gens, quand on ramasse les veaux,
05:36ils disent, mais vous le laissez pas avec la mer.
05:38Eh ben non, on le ramasse.
05:40Et c'est la même chose pour le pâturage.
05:41Pour le coup, vous me disiez, vous êtes au bord de la route.
05:43Et quand on ne les ramasse pas,
05:46il y a des gens qui viennent nous dire,
05:47mais vous ramassez pas le veau.
05:49Donc des fois, on a des trucs...
05:53Vous avez également des demandes auprès du pâturage.
05:56Vous m'avez dit tout à l'heure, vous êtes près d'une route.
05:58Donc forcément, les animaux peuvent pas pâturer
06:00autant que vous pouvez.
06:02On a une départementale qui coupe la ferme en 2.
06:07Et c'est vrai qu'au maximum,
06:08on est amenés à traverser 4 fois par jour les vaches.
06:12Donc des fois, c'est pas facile.
06:16Et on a étudié le coût d'un boviduc, par exemple,
06:21pour que les vaches aillent tranquillement pâturer toutes seules.
06:24Mais c'est hors de prix, quoi.
06:26Donc comme quoi, c'est bien, on se rend compte,
06:28entre agricultrices, pour le coup, dans votre cas,
06:31vous revoyez vos pratiques, vous faites évoluer.
06:33Mais il faut savoir que les demandes du consommateur
06:35sont pas forcément toujours applicables.
06:36Et c'est ça qui est important de savoir aussi.
06:39Alors le consommateur a, on va dire,
06:41une certaine idée de l'agriculture.
06:44C'est très bien quand il vient directement chez l'agriculteur
06:49et qu'il se rend compte et qu'il discute avec l'agriculteur.
06:52Mais si les gens décident des lois
06:58ou donnent des conseils
07:02sans être dans le milieu agricole,
07:06on se rend compte que des fois, c'est pas trop applicable.
07:08J'ai une copine qui a un bâtiment de volaille.
07:11On lui demande de mettre des fenêtres à son bâtiment.
07:15Et elle a des arbres qui sont juste à côté.
07:18Et les volailles sont effrayées dès que les branches bougent.
07:21Donc ça fait l'effet contraire de ce qui est demandé.
07:26Donc elle l'a fait.
07:29Donc elle a investi, en plus, il me semble que c'est 25 000 euros.
07:33Donc c'est pas anodin comme investissement sur les exploitations.
07:37Quand on fait les cornages,
07:39il y a un coût de médicaments supplémentaires.
07:43Il y a plein de choses qu'on nous demande pour le bien-être humain.
07:47Puis des fois, pour le bien-être de l'homme,
07:51on a du mal à trouver des remplaçants
07:53ou on a du mal à trouver de la main-d'oeuvre.
07:56C'est un peu contradictoire parfois.
07:58Et au sein du groupement,
08:00il n'empêche que vous continuez à faire évoluer vos pratiques
08:02puisque vous envisagez encore d'autres formations ?
08:05Oui. Alors on va faire venir une éthologue.
08:09Au mois de juillet, on a parlé de réflexologie.
08:15Réflexologie plantaire, faciale et manuelle.
08:20Je sais pas comment...
08:22Et du coup, là, on va passer à côté animal
08:28avec Pauline Garcia,
08:30qui vient 2 jours sur le Morbihan
08:32et on va proposer la formation au fil du groupe de Gidezeux.
08:37Vous continuez à faire évoluer les choses
08:39et ça, c'est assez important.
08:41Merci beaucoup pour ce témoignage, Laurence.
08:44Retrouvez d'autres témoignages d'agriculteurs et d'agricultrices
08:48sur WebAgri.