• il y a 5 mois
Conjoncture laitière

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00:00...
00:07Bonjour et bienvenue à tous. Ravis de vous retrouver pour une nouvelle émission.
00:10On va parler ensemble de conjoncture laitière.
00:12J'ai en ma compagnie Jean-Christophe Roubin. Bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Vous êtes directeur de l'agriculture au Crédit Agricole S.A.
00:19Est-ce qu'on peut brosser avec vous
00:21un petit panorama du contexte laitier européen ?
00:25Est-ce que la conjoncture s'améliore ?
00:27Oui, écoutez, la conjoncture s'améliore.
00:29On peut répondre positivement à cette question.
00:31Ca se voit d'abord dans les prix.
00:33On a une augmentation en moyenne de 20 euros au millilitre
00:36sur cette année 2019.
00:39Donc on est plutôt autour de 347 euros.
00:41Ca dépend de la valorisation en fonction des collecteurs.
00:45Et aujourd'hui, le marché est déficitaire.
00:47C'est-à-dire qu'il manque environ 2,6 millions de tonnes
00:51entre l'offre et la demande.
00:52Donc on peut produire et les prix sont là.
00:56On a une baisse de production
00:58dans les principaux pays européens aujourd'hui ?
01:01En fait, on a connu un coup de frein
01:03suite à la chute des cours et à la surproduction
01:07qu'on a connue notamment en 2016,
01:10conséquence de la fin des quotas.
01:12Et par conséquent, un certain nombre de pays
01:14sont aujourd'hui en repli. C'est le cas de la France.
01:16C'est aussi le cas des Pays-Bas
01:17à cause des problématiques environnementales et des nitrates.
01:21Donc on a quelques pays qui sont de nouveau dynamiques,
01:23l'Allemagne, la Pologne, le Danemark.
01:25La France met un peu plus de temps à se repositionner
01:28en tant que producteur de lait sur le marché européen.
01:31Vous le dites, le marché est mieux orienté.
01:34On se souvient, il y a quelques mois, quelques années,
01:37un énorme écart entre la valorisation beurre
01:39et la valorisation poudre.
01:41Aujourd'hui, cette différenciation, cet écart, c'est du passé ?
01:46Elle a tendance à s'atténuer,
01:48mais ce n'est pas encore du passé.
01:49Il y a une valorisation supérieure sur la matière grasse
01:52où le marché est plus dynamique que sur la poudre,
01:55mais l'écart tente à se résorber.
01:58Vous, comment vous analysez ?
01:59Comment vous percevez cette évolution
02:02plutôt positive du marché laitier
02:05aux crédits agricoles par rapport aux dossiers de financement ?
02:09Aujourd'hui, la conjoncture chez les éleveurs,
02:11la situation s'améliore ?
02:13Oui, la situation s'améliore.
02:14Nous revoyons des gens repartir
02:17pour des installations ou de la modernisation.
02:19Il y avait eu une forme de coup d'arrêt.
02:21Désormais, on voit des jeunes qui veulent s'installer
02:25et des gens qui cherchent à se moderniser,
02:27notamment par des robots de traite.
02:29Le coup d'arrêt, c'était 2016, après la fin des quotas ?
02:33Oui, fin des quotas sur production.
02:34Des prix s'étaient effondrés, des débouchés avaient disparu.
02:38Il y a eu l'embargo russe,
02:40les problématiques du marché chinois qui achetaient beaucoup moins.
02:43Un certain nombre d'agriculteurs, d'exploitations,
02:46avaient décidé de reporter leurs investissements.
02:48Les demandes de financement sont plus nombreuses.
02:52Ca repart à la hausse, mais en volume financier,
02:56les gens investissent davantage,
02:58les nouveaux installés investissent davantage.
03:00Vous parliez de la robotisation en préparant cette émission.
03:04Il y a un réel engouement, un intérêt
03:07à moderniser les exploitations ?
03:10Effectivement, il y a une véritable accélération
03:12qui répond, je pense, à des considérations personnelles,
03:15familiales, sociétales.
03:16De passer moins de temps sur l'exploitation,
03:19et donc la robotisation est un phénomène fort.
03:22On considère actuellement, selon les constructeurs,
03:24à peu près 70% des nouveaux installés
03:27qui, eux, le font avec un robot de traite.
03:30Ceci dit, ce regain d'investissement,
03:32cette confiance accrue dans le marché aussi,
03:37en parallèle, il y a quand même des petits...
03:42des alertes.
03:43Certains éleveurs connaissent une sécheresse assez forte.
03:46Ils en ont connue une l'an dernier.
03:48Vous le sentez, vous,
03:51chez vos clients et dans les dossiers que vous traitez ?
03:54Oui, on le perçoit.
03:55Il y a effectivement des difficultés conjoncturelles
03:57et des difficultés plutôt structurelles.
03:592 difficultés conjoncturelles.
04:02D'abord, effectivement, le climat,
04:03les problématiques de sécheresse dans de nombreux départements français,
04:06qui fait qu'on est obligé de taper dans les stocks d'hiver
04:08dès le mois de juillet pour l'aliment.
04:10Et ça, c'est effectivement une mauvaise nouvelle,
04:12mais que l'on va voir se reporter plutôt au dernier trimestre.
04:14Et la 2e mauvaise nouvelle au niveau conjoncturel,
04:17ça a été, sur le 1er semestre 2019,
04:19une augmentation du coût de l'énergie et de l'aliment
04:23d'à peu près 3,5 %, le fameux indice IPAMPA.
04:26Et c'est vrai que ça vient perturber un peu
04:29la bonne tenue et la hausse des cours.
04:32Ça, c'était sur le conjoncturel.
04:33Sur le structurel,
04:35on est plutôt sur les difficultés qui viennent devant nous.
04:38Le Brexit, quid du Brexit ?
04:40L'Irlande produit aujourd'hui beaucoup pour le Royaume-Uni.
04:4460 % du lait de l'avion est exporté vers le Royaume-Uni.
04:47Qu'est-ce que ce sera demain ? Dans quelles conditions ?
04:49On ne le sait pas.
04:50Et puis, il y a aussi d'autres éléments perturbateurs,
04:53les accords de libre-échange.
04:55Est-ce que ça peut venir ou pas perturber le jeu de la production
04:59ou modifier les flux ?
05:00C'est des questions qui vont se poser dans les prochains mois
05:03et sur lesquelles on n'a pas encore des réponses
05:05vraiment structurées.
05:06Le Brexit, dans un scénario de no deal, sans accord,
05:10ça pourrait avoir un impact majeur
05:13sur le prix du lait chez les éleveurs français ?
05:16Ça aura un impact sur toutes les filières agricoles.
05:19Notamment, les chambres d'agriculture
05:20ont essayé de simuler un peu les impacts
05:22que ça pourrait avoir par filière.
05:24Moi, je suis très prudent,
05:25parce que deal, no deal, ça change tous les jours.
05:29Et être capable aujourd'hui de modéliser les impacts réels
05:33et savoir comment le marché britannique va réagir,
05:35comment les consommateurs vont réagir face à une pénurie d'aliments.
05:38C'est pas connu, ça, depuis la 2de guerre mondiale.
05:41J'ai beaucoup de mal, justement, à évaluer ces conséquences.
05:45Vous parliez de la PAC, également.
05:47Les négociations vont reprendre avec la nouvelle commission,
05:50le nouveau Parlement.
05:52C'est vraiment une menace pour les éleveurs français
05:55d'avoir une réforme moins avantageuse
05:57et une PAC moins avantageuse pour eux ?
05:59Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui,
06:01vu le niveau des aides directes du 1er pilier
06:03vers les filières animales,
06:05toute baisse de budget, qu'elle soit due au Brexit
06:07ou due à une renégociation du budget,
06:09entraînera une baisse des aides directes
06:11et donc impactera fortement le revenu des agriculteurs.
06:14Donc la question est de savoir dans quelles conditions
06:17cela va se dérouler, avec quel montant de baisse.
06:20Mais il est vrai que c'est une inquiétude forte
06:23et c'est un peu une épée de Damoclès
06:25qui pèse au-dessus de nous.
06:26Dans ce contexte, avec des opportunités, des menaces,
06:31Emmanuel Macron, depuis le début de son mandat,
06:33a parlé de différenciation, de montée en gamme.
06:36Les éleveurs s'y essayent.
06:38On parle du biologique, de la production biologique.
06:42Vous, comment vous accompagnez déjà ce changement
06:45et quelle est votre perception ?
06:47Est-ce que c'est une bonne chose de monter en gamme,
06:51sachant qu'on exporte aussi beaucoup de lait,
06:54beaucoup de poudre à l'étranger ?
06:57Est-ce que c'est une bonne idée ?
06:59Moi, de manière générale,
07:01je pense qu'il faut segmenter notre production.
07:02C'est-à-dire qu'il y a peut-être une production
07:04qui est destinée à la poudre
07:05et à grands exports,
07:06et une destination plus nationale ou plus européenne
07:09sur une montée en gamme, sur une qualité.
07:10Donc déjà, je pense qu'il faut pas basculer d'un modèle à l'autre
07:13ou dire les circuits courts, les circuits longs,
07:16le bio, le conventionnel.
07:17Ca, c'est déjà une 1re réflexion.
07:19Je pense qu'il faut bien segmenter
07:20et faire un peu comme les Espagnols ont fait
07:22sur le porc ou d'autres filières,
07:23être capable de bien savoir à qui je m'adresse
07:25et quel est mon marché. 1re question.
07:27Quel est mon marché ? Est-ce que je peux contractualiser ?
07:29Est-ce que je peux sécuriser ma production ?
07:32Ca, c'est pour moi la règle d'or.
07:34Ensuite, sur la question du bio,
07:37c'est vrai que nous, on a beaucoup travaillé
07:38pour l'accompagnement.
07:39Donc on a une nouvelle offre d'accompagnement,
07:41de financement et de conseil pour les agriculteurs
07:44qui partent en conversion ou qui veulent s'installer en bio.
07:47J'ai vu qu'aujourd'hui, en Bretagne,
07:48c'est 1 installé sur 3 qui le fait en agriculture biologique,
07:52et donc notamment dans les filières laitières
07:53et filières viande.
07:55Et donc je pense qu'il est nécessaire
07:56d'avoir cet accompagnement
07:58et ce travail avec les agriculteurs
08:00de manière à les accompagner le mieux possible,
08:02notamment dans la période de conversion,
08:03parce qu'en période de conversion,
08:05on se lance, mais on n'a pas le prix du bio.
08:07On a encore le prix du conventionnel,
08:09et pourtant, on commence à avoir les contraintes du bio
08:11pendant 3 ans.
08:12Donc là, on a prévu un accompagnement
08:14et un financement spécifiques pendant la période de conversion.
08:17Jean-Christophe Roubain, merci beaucoup
08:18pour ces précisions, ces éléments.
08:20Et je vous invite à retrouver d'autres éléments,
08:23d'autres infos sur la conjoncture laitière
08:25sur webagri.fr.
08:33Merci.

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