SMART IMPACT - Label Entreprise du patrimoine vivant : quels enjeux ?

  • il y a 2 mois
L’Etat a confié à SGS la gestion du label Entreprise du patrimoine vivant (EPV), en mai 2024. Ce label, créé en 2005, distingue les entreprises françaises artisanales et industrielles aux savoir-faire rares et d'exception. Pour faire le point, SMART IMPACT reçoit Siham Vidard, présidente de SGS ICS, aux côtés de Tristan de Witte, président de l’Association nationale des entreprises du patrimoine vivant.

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Transcript
00:00Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:12Le débat de Smart Impact, on parle des entreprises du patrimoine vivant avec Tristan Dewitt, bonjour.
00:19Bonjour Thomas Hul.
00:20Bienvenue, vous êtes donc le président de l'Association nationale de ces entreprises du patrimoine vivant.
00:24Et Siam Vidar, bonjour.
00:26Bienvenue, vous êtes la présidente de SGS ICS et vous venez d'obtenir pour 5 ans la gestion du label entreprise du patrimoine vivant.
00:35Et c'est ce qui nous réunit sur ce plateau, vous nous expliquerez ça dans un instant.
00:39Mais d'abord, vous représentez combien d'entreprises en France ?
00:42Aujourd'hui, c'est un peu plus de 1000 entreprises.
00:44Tout secteur, ça représente la décoration, la gastronomie, le patrimoine bâti, c'est la construction.
00:51Des sous-traitants du monde du luxe sont aussi parmi les EPV.
00:54Donc 1000 entreprises, ce qui représente quand même un chiffre important, c'est 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
00:58Il y a quelques très gros acteurs, évidemment, dans les grands maisons qu'on connaît.
01:02Oui, j'allais vous dire, c'est d'abord le secteur du luxe ou de la mode ?
01:05Pas forcément, c'est un bon socle du label EPV.
01:07Il est assez représentatif de ce qu'on veut montrer, c'est des métiers d'excellence.
01:10Mais il y a beaucoup de PME qui sont liés à ce secteur-là, mais pas uniquement.
01:14Et alors, leur point commun, c'est quoi ? C'est un savoir-faire qui peut être rare, qui peut être exceptionnel.
01:18Il y a à chaque fois, comme ça, une compétence hors norme d'une certaine façon ?
01:22C'est un savoir-faire manufacturier rare et d'exception.
01:25Donc, c'est effectivement audité. C'est un décret qui explique quels sont les critères.
01:29Et donc, c'est audité. On va regarder en profondeur comment est-ce qu'on matérie ce savoir-faire rare qui est manufacturier ou industriel.
01:35Et c'est ce qui fait la qualité, bien souvent, si on fait ce raccourci, des objets qui sont fabriqués par ces entreprises-là.
01:40Ces entreprises, elles sont donc labellisées, un label de l'État qui a été créé en 2005, dont la gestion vient d'être confiée à votre entreprise.
01:48On rappelle, Siam Vida, en quelques mots ce qu'est SGS ?
01:51Donc, c'est Société Générale de Surveillance et je précède, la filiale française de certification.
01:56Donc, on a eu l'instruction par le ministère de labelliser les entreprises par le label EPV.
02:05D'accord. Donc, label EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant.
02:08Alors, vous avez quoi ? Vous avez une feuille de route ? Il y a une liste de critères ? Comment ça va fonctionner ?
02:14Alors, les critères ont été définis par décret par le ministère.
02:17Et nous, on vient auditer les entreprises sur leur capacité à être conformes à ces critères-là.
02:24Donc, on a trois grandes familles de critères. On va avoir une grande famille sur des critères économiques.
02:30On va avoir une deuxième grande famille sur la haute technicité que va faire valoir l'entreprise.
02:34On va avoir une troisième grande famille qui va regrouper la notoriété, la RSE, et l'implantation géographique.
02:40Donc, sur tous ces critères-là, chaque entreprise doit remplir un minimum 70% des critères pour pouvoir être labellisée.
02:50Et c'est la préfecture qui décide de donner ce label à l'entreprise ou pas. Ce n'est pas EGS.
02:56Oui, on est dans un label de l'État. Est-ce que c'est une mission un peu différente de ce que vous faites habituellement ?
03:02Est-ce que c'est un défi particulier pour une entreprise comme la vôtre ?
03:05C'est un défi différent, mais on travaille sur beaucoup d'autres labels RSE ou de technicité.
03:10Mais c'est un label qui vient se focusser énormément sur le savoir-faire, sur l'expertise.
03:17On va avoir des entreprises, Tristan en a parlé, qui vont être dans l'art de la table, comme on va avoir des medtechs.
03:24Mais c'est tout un panel d'entreprises que nous avons l'habitude de contrôler, d'auditer, en fait, dans nos autres médias, dans d'autres segments.
03:33Est-ce que c'est un label très sélectif, Tristan De Witte ?
03:36Oui, c'est sélectif. C'est important que ce soit sélectif. Il est surtout exigeant.
03:40On ne peut pas l'aviser à toutes les entreprises, sinon l'excellence, on la définirait différemment.
03:44Donc oui, c'est important. Et les entreprises, ça permet de se démarquer.
03:47Donc quand on a ce label, c'est un atout marketing évidemment très fort, parce que c'est l'État qui dit que vous êtes parmi les meilleurs de vos métiers.
03:54Donc il y a cette sélectivité. Il n'y a pas de chiffres précis, mais il y a les quelques meilleurs de chaque métier qui sont EPV dans toutes les facettes industrielles et artisanales qu'on peut trouver.
04:03Si on remonte un peu dans le temps, je disais 2005, la création, pourquoi il y a eu ce besoin de créer un label, en quelque sorte ?
04:10Ce n'était pas forcément reconnu. Le label d'entreprise, il y a un certain nombre de certifications qu'on peut avoir pour une personne.
04:17Les artisans d'art, les maîtres d'art, je veux dire. Par exemple, c'est une personne qui est vraiment récompensée.
04:21Le label EPV, ce qui est intéressant, c'est que c'est toute l'entreprise. Et on vient reconnaître l'ensemble des facettes production de l'entreprise. Et ça, ça n'existait pas.
04:30Juste pour conclure, sur la robustesse du label, on est sur un maximum, demain, une cible de 2500 entreprises parmi les plus de 4 millions et quelques entreprises en France.
04:42Donc, on est vraiment sur une sélectivité très importante. Et une fois que les entreprises déposent leur dossier, on a un taux de refus qui est quand même assez important.
04:53Donc, tout le monde n'obtient pas ce label-là d'excellence.
04:56Oui, effectivement. Par définition, c'est un label d'excellence. Est-ce qu'on dit entreprise du patrimoine vivant ? Je vais vous poser une question.
05:03Je suis complètement à côté de la plaque, mais ce n'est pas grave. J'assume. Est-ce que ça veut dire que ce sont forcément des entreprises centenaires, des vieilles entreprises de vieux savoir-faire ?
05:14Ou alors est-ce que vous disiez Medtech, ce qui répondait en partie à la question, mais ça peut aussi concerner de nouveaux savoir-faire ?
05:20Oui. Et toutes ces entreprises-là, elles ont toujours été dans leur temps à l'époque. Donc, il y a un certain nombre de savoir-faire qui sont effectivement liées à l'histoire et qu'on a gardé,
05:27et qu'on a aussi modifié. Il y a des entreprises labellisées qui sont des entreprises très récentes qui font appel à des savoir-faire vraiment ancestraux, mais parfois aussi innovateurs.
05:35Tant que ces manufacturiers est d'excellence, ça n'a pas besoin d'être vieux. La plupart du temps, c'est effectivement assez ancien et d'inspiration ancienne.
05:41Mais il n'y a pas que ça. Il y a des entreprises très modernes. Et la plupart des EPV ont autant ce travail manufacturier.
05:46Mais il y a beaucoup de numérique qui rentre en ligne de compte dans nos usines. Et on est vraiment à chaque fois dans ce qu'on fait de mieux, dans l'outillage qui nous permet de faire ce qu'on fabrique.
05:54Donc, il y a des entreprises en réalité très modernes.
05:57– Vous avez des exemples de labels récemment obtenus dans des savoir-faire qu'on ne soupçonnerait pas forcément ?
06:05– Ah oui, je vous suis, parce que j'en étais actionnaire aussi, d'une entreprise qui s'appelle MR Cartonnage qui travaillait l'emballage et l'impression sur carton.
06:11Et en fait, il avait tous ses savoir-faire manufacturiers anciens et il a mis de l'impression numérique dans ce métier-là.
06:17C'est une société qui a 7-8 ans et qui a grandi extrêmement rapidement parce qu'il mêlait avec un vrai savoir-faire, ces deux volets autant contemporains et très anciens.
06:27– Siam Vidar, il y a une dimension, vous l'avez un peu évoqué, mais il y a une dimension environnementale, écologique à ce label. Est-ce qu'on peut la détailler ?
06:35– Depuis 2020, cette notion de RSE a été ajoutée au label dans les critères de labellisation.
06:42Mais l'enjeu RSE fait partie même de l'ADN du label EPV.
06:47La RSE, c'est la prise en compte des parties prenantes, que ce soit les salariés, les fournisseurs, le consommateur, le client final.
06:55Et tous ces segments-là sont pris en compte.
06:57On a ajouté certains éléments supplémentaires tels que la gestion des déchets, la gestion de l'énergie, la gestion de l'eau.
07:05Mais l'ADN même du label EPV prend en compte toutes les dimensions de la RSE depuis sa création.
07:11– Cette dimension-là, elle est récente ou elle existe depuis le début, certes ?
07:15– Ça fait partie de l'ADN de ces entreprises. Elles ont toujours été ancrées dans leur territoire.
07:20On transmet les savoir-faire aux générations futures.
07:23On vit toujours, avec la plupart du temps aussi, les parties prenantes très proches, en sous-traitance, en co-traitance.
07:29Ces entreprises-là, elles ont toujours été très respectueuses aussi dans ce qu'elles fabriquent, de très haute qualité, de durabilité.
07:35Et donc elles sont, dans ce qu'on a besoin aujourd'hui absolument, de fabriquer des choses qui sont extrêmement pérennes.
07:41Et avec des moyens mis en œuvre qui le sont tout autant.
07:43Donc par définition, elles ont ce qu'on appelle aujourd'hui RSE. En réalité, elles l'ont toujours fait.
07:48– Mais je vous pose la question pour le « E » de RSE, pour la partie environnementale.
07:51Parce qu'en 2005, quand le label est créé, il n'y a pas encore eu le Grenelle de l'environnement.
07:56Le Grenelle de l'environnement, c'est septembre 2007 de mémoire.
08:00Vous voyez ce que je veux dire ? On n'est pas totalement dans les passions des entreprises.
08:03– C'est un enjeu de communication très important pour ces entreprises.
08:06Que de faire savoir que cet ancrage territorial est une réponse évidemment aux enjeux environnementaux qu'on a devant nous.
08:11Elles le faisaient depuis le départ.
08:13Et comme on travaille la plupart du temps entre entreprises du patrimoine banc ou avec celles qui sont proches,
08:17la notion de transport de marchandises et de composants, par exemple, depuis toujours, on y répond.
08:22Alors ce sont des entreprises qui exportent, pour autant, ça c'est intéressant.
08:25Mais on exporte raisonné, parce qu'on exporte là où on a besoin et on est différenciant par rapport à autre chose.
08:29– Siam Vida ?
08:30– On a ajouté quelques critères depuis 2020 sur tout le domaine environnemental spécifiquement.
08:35C'est l'un des derniers piliers que compose l'attribution du label.
08:39La gestion d'eau, la gestion des déchets, la consommation énergétique qui est aujourd'hui mesurée
08:45et justifiée par l'entreprise afin d'obtenir le label.
08:48Donc on vient vraiment détailler tous ces éléments-là environnementaux
08:51avant de déposer le dossier auprès de la préfecture.
08:54– Quand on obtient le label, on l'obtient pour combien de temps ?
08:57– C'est remis en… – 5 ans.
08:59– C'est 5 ans et donc on repasse… – On renouvelle.
09:03– On renouvelle.
09:04Alors c'est marrant parce qu'il y a plein de labels et parfois il y a des notes en quelque sorte.
09:10Et on peut voir si on progresse ou pas.
09:12Est-ce que c'est aussi votre cas ou est-ce que vous n'êtes pas dans cette logique-là ?
09:14– Il n'y a pas la notation. – Il n'y a pas la notation.
09:16– Il y a la notion de progrès parce que matériellement, les critères évoluent rarement,
09:19mais ils évoluent, ils deviennent plus exigeants.
09:21Donc il faut que l'entreprise progresse malgré tout.
09:23Et quand on recandidate, on redémarre à zéro.
09:25Donc c'est très intéressant.
09:27On repart d'une copie blanche, on se repose des questions.
09:29Des entreprises qui vont recandidater, qui n'auront peut-être pas le label
09:32dès la première recandidature, mais en progressant,
09:35et on regarde pourquoi est-ce qu'on a péché,
09:37on a peut-être mal expliqué des choses, et on y repasse.
09:39Mais ça fait partie de la…
09:41– C'est la question que j'allais vous poser.
09:43– Et inversement, une entreprise, c'est pas parce qu'elle a eu le label la première fois
09:46qu'elle va le réobtenir la deuxième.
09:48– Bien sûr, ça oblige à maintenir un niveau d'exigence.
09:50– Exactement, et une amélioration continue.
09:52On est vraiment dans ce tas d'esprit-là, d'amélioration continue pour l'entreprise.
09:55– Pourquoi on échoue ? Il doit y avoir plein de raisons,
09:58mais qu'est-ce qui fait que… parce que vous nous dites, on a beaucoup de demandes,
10:00et finalement, c'est un label d'excellence,
10:03donc il reste quelques centaines ou un millier d'entreprises en France,
10:08ce qui n'est pas beaucoup. Pourquoi on échoue ?
10:10– On échouerait soit parce que, déjà, notre dossier n'est pas recevable
10:13pour des critères administratifs et techniques,
10:15il faut justifier d'un certain nombre d'éléments de production en France,
10:19de technicité, de très haute technicité,
10:21qui se différencient de toutes les autres entreprises.
10:24On pourrait échouer parce que, justement, l'impact environnemental n'est pas bon.
10:28On pourrait échouer parce qu'on a une satisfaction de client
10:31qui n'est pas à la hauteur.
10:33On pourrait échouer… enfin, il y a une cinquantaine de sous-segments,
10:37et il faut en valider plus de 75 %, sur chaque grande famille.
10:42En fait, ce n'est pas 75 % au global, c'est sur chaque grande famille.
10:44– Oui, il faut être bon dans tous les secteurs.
10:46– Exactement. – On ne peut pas être à 100 % dans deux
10:48et à 25 % dans deux autres. – Exactement.
10:50– Bien compris. Est-ce qu'il y a un enjeu à l'export, d'avoir ce label,
10:53ou alors il n'est pas encore connu à l'étranger ?
10:57– Il est bien souvent plus connu à l'étranger
10:59que des donneurs d'ordre qu'il ne l'est en France.
11:01En France, on rattache toujours ça à un label B2C, par exemple,
11:04il n'est pas très connu auprès des consommateurs finaux,
11:06mais les donneurs d'ordre à l'étranger se servent du label EPV
11:08pour aller sélectionner, justement, un fournisseur de très haute facture.
11:12Au Japon, il est extrêmement connu. Dans les pays asiatiques,
11:14qui sont un peu sachants de ces choses-là, il a une très belle notoriété
11:17et c'est un vrai gage à l'export, un argument marketing très fort.
11:20C'est l'État qui a dit qu'on était parmi les meilleurs de notre métier.
11:24Et c'est une réassurance évidemment qui est hyper pratique quand on fait de l'export.
11:27– Le fait que ce soit l'État, ça a été une volonté politique
11:31ou une demande du secteur aussi, un peu des deux ?
11:33– Volonté politique, c'est Renaud Dutreil qui a été à l'origine
11:36de la création du label en 2005.
11:38C'est beaucoup basé sur les métiers d'art aussi,
11:40qui était toute une population d'entreprises…
11:42– Des ministres des affaires étrangères à l'époque…
11:45– De l'industrie, des PME de l'industrie.
11:48– J'ai un petit doute sur son périmètre, mais c'est ça, oui.
11:50– Mais voilà, ils ont lancé ça et le politique s'est saisi,
11:53je pense, à juste titre de cette nécessité.
11:55Et aujourd'hui, je pense qu'il faut faire encore plus d'efforts d'ailleurs
11:58sur ce label parce que ça permet aux entreprises françaises, fabricantes,
12:01d'être fortes sur leur territoire et évidemment à l'export.
12:04On a quand même besoin d'emplois dans nos territoires.
12:06– Dernier mot, rapide, quelqu'un qui nous regarde se dit
12:08tiens, moi je veux candidater, on fait comment ?
12:11– On va sur le site Démarches Simplifiées, c'est très simple,
12:13comme son nom l'indique, on dépose son dossier,
12:16on a une réponse dans les quelques jours qui suivent,
12:18si déjà notre dossier est recevable ou pas,
12:20et ensuite on enclenche une démarche de certification,
12:22donc avec un petit parcours candidat assez simple.
12:25– Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
12:28On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.

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