[Analyse] Réforme de la Pac 2021-2027
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00:00Jean-Marie Saronni, la Commission européenne a fait sa proposition législative pour la réforme de la PAC.
00:07Prenons un peu de recul, mais est-ce qu'on a besoin de réformer cette PAC ?
00:12Je crois qu'on a besoin de réformer la PAC.
00:15Un, l'opinion publique a des difficultés avec les actions de la PCC.
00:21Au bout du bout, on va être dans une impasse.
00:26La consultation qu'a fait la Commission montre que 90% des européens non agriculteurs demandent une action environnementale plus forte de la PAC.
00:35Et que sur les non agriculteurs, à peu près la moitié sont d'accord pour un soutien au revenu.
00:39Mais la moitié, ça veut dire que la moitié ne sont pas d'accord.
00:42Donc on va avoir un problème sur le moyen terme.
00:45Et de quoi ont besoin les agriculteurs ?
00:47A mon avis, ils ont deux besoins nouveaux aujourd'hui.
00:50Un, c'est la question de la volatilité des prix depuis une dizaine d'années,
00:56vis-à-vis de laquelle la politique agricole commune n'a aucune action et n'a aucune conception en la matière,
01:02si ce n'est de dire que les aides directes sont un tampon.
01:06Mais ce n'est pas une politique moderne de gestion du risque.
01:09Et le deuxième élément, les agriculteurs ont besoin d'un accompagnement dans la transition agroécologique.
01:15Et les paiements verts, qui étaient un soutien au revenu, n'étaient pas un accompagnement dans la transition écologique.
01:21Donc ça, c'est les besoins qui, à mon avis, devraient constituer le socle demain d'une politique agricole commune.
01:27C'est la transition écologique et la question de l'adaptation à la variabilité.
01:32La très forte critique qui est opposée à la proposition de Philogane,
01:37c'est de dire qu'on est en train de renationaliser la politique agricole.
01:42S'agit-il de la première étape pour renationaliser la politique agricole, effectivement ?
01:48Sur la partie environnementale que propose la Commission, en gros, rien.
01:54C'est-à-dire qu'elle enlève toute dimension commune et elle dit à chaque Etat,
01:58en fonction des objectifs définis au niveau de l'Europe,
02:01vous bâtissez un plan stratégique permettant d'atteindre ces objectifs en fonction du budget qui vous est donné.
02:06Donc il n'y a plus de dimension commune sur la partie environnementale.
02:10Sur la partie gestion des risques, la Commission ne change pas de position
02:15en disant qu'il n'y a pas de dimension européenne et commune de gestion des risques.
02:18C'est chaque Etat qui met en place ou qui ne met pas, là je crois qu'ils seront obligés,
02:23des actions de gestion des risques mais différentes d'un Etat à l'autre.
02:26Alors, est-ce qu'on est dans une renationalisation rampante, une première étape,
02:30ou est-ce qu'on est dans une étape de décentralisation permettant une efficacité plus grande ?
02:35Je crois que c'est un double regard du même réalité.
02:38On peut dire, en rapprochant les décisions du terrain,
02:41on sera plus proche des besoins des gens et plus proche des besoins des territoires,
02:45mais en même temps on va créer des distorsions de concurrence, vraisemblablement,
02:50aussi bien sur l'aspect des soutiens économiques,
02:52des pays soutiendront des filières, d'autres, d'autres,
02:55et au niveau environnemental puisque les actions seront différentes.
02:58Alors, est-ce qu'on va vers une renationalisation ?
03:01Moi, il me semble, et si on regarde la réforme de 2027, 2034, ça peut paraître curieux,
03:07mais si on va au bout de cette réforme,
03:10chaque État, pendant 7 ans, aura mené sa propre action
03:13avec des contraintes budgétaires fixées par l'Union Européenne.
03:16L'étape d'après, ils nous diront, ils diront, on résonne complètement avec le budget.
03:22Et du coup, à quoi ça sert d'avoir une politique commune
03:24si on fait ce qu'on veut, autant qu'on le fasse avec notre propre budget,
03:27surtout quand on est contributeur net.
03:29Avec l'optique d'une renationalisation, d'un début de renationalisation,
03:34est-ce qu'on n'est pas face à une prochaine grande réforme,
03:37comme on l'a vu, comme certains l'ont connue en 92 et en 2003 ?
03:42Alors, c'est pour moi le risque, quelque part.
03:45Là, je prends, c'est plus l'analyste, c'est un peu un jugement de valeur.
03:48Je dirais, pourquoi pas ?
03:51Mais que ce soit un véritable acte politique et pas dans la précipitation.
03:55Or, aujourd'hui, on est dans la précipitation,
03:57puisque dans moins d'un an, nous serons en élection pour le Parlement Européen,
04:02et donc, dans un an, à quelques mois près, la Commission aura changé.
04:07Et donc, l'orientation qui est prise, qui prend des apparences techniques ou technocratiques,
04:12en fait, si on va là-dedans, c'est un pas, quelque part, irréversible
04:17vers des dimensions très nationales dans les décisions.
04:23Donc, je crois que la précipitation, et on voit bien à la fois le Parlement,
04:30qui perdrait du pouvoir dans la matière,
04:32puisque ce serait la Commission qui agrérait les plans stratégiques, seul.
04:37Ce ne serait plus ni le Conseil, ni le Parlement.
04:40Donc, ça modifie les équilibres institutionnels.
04:42Donc, on peut se dire, là, en 6-8 mois,
04:46est-ce qu'il y a le temps de faire dans la précipitation cette réforme,
04:49ou est-ce que les différents acteurs vont jouer un peu la montre
04:52pour que ce soit le mandat de la prochaine Commission ?
04:55On le verra dans quelques mois.
04:57On le verra dans quelques mois.
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