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Ouverture du Sia

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00:00Et c'est la suite du grand soir week-end qu'est l'agriculture, pour demain, à la veille
00:11de l'ouverture de ce salon où Emmanuel Macron compte bien y passer toute la journée non-stop,
00:16il devrait y être dès 7h moins le quart demain matin, c'est toute la profession qui
00:20est en train d'évoluer et pour certains de se remettre en cause.
00:23On en parle ce soir avec Arnaud Carpon.
00:25Bonsoir.
00:26Vous êtes journaliste agricole à Ternet Média, Yann Barbe vous êtes producteur laitier
00:32et administrateur national du syndicat des jeunes agriculteurs, merci d'être avec nous,
00:36et puis Renaud Pilat du service politique politique, parce qu'évidemment on attend
00:40cette première pour Emmanuel Macron, et bien regardez-là, elle, elle l'attend bien de
00:45pied ferme, la présidente de la FNSEA, le président, écoutez.
00:49C'est le premier salon pour Emmanuel Macron, donc il va être accueilli bien sûr poliment
00:55et respectueusement mais de façon très directe, il dit toujours qu'il aime le dialogue direct
00:59et le contact.
01:00Hier, il est venu au contact aussi pendant une heure des jeunes qu'il avait invités,
01:04donc nous allons lui dire très clairement, les yeux dans les yeux, qu'est-ce qui va
01:07et qu'est-ce qui va moins bien.
01:08Voilà, il aime le contact, il va être servi, il y a danger pour Emmanuel Macron, Renaud ?
01:14Il y a toujours danger pour un président de la République d'aller au sein de l'agriculture
01:18dans la mesure où ça fait des années que le secteur est en crise, qu'il y a un certain
01:23nombre d'agriculteurs qui sont avec des très très bas revenus, qui sont en grande souffrance,
01:28en grande difficulté, et on a vu dans le passé, notamment, vous vous souvenez, lors
01:32de la campagne présidentielle, lorsqu'Emmanuel Macron avait été au sein de l'agriculture,
01:35il avait reçu un oeuf.
01:36Un oeuf, poum, on va le revoir.
01:37Voilà, et donc ce n'était pas effectivement extrêmement violent, mais il y avait quand
01:41même toujours cette colère rentrée, plus ou moins, contre tous ceux qui ont été au
01:45pouvoir depuis 15, 20 ou 30 ans, parce que le secteur agricole se porte mal.
01:51Alors, est-ce que demain, pour sa première apparition en tant que chef de l'État, il
01:57sera bien reçu ou pas ? On verra, mais la preuve qu'Analysé s'inquiétait, c'est
02:01qu'il y a eu quand même ce discours d'hier, où effectivement, il a pris la peine de recevoir
02:06quasiment un millier de jeunes agriculteurs pour montrer qu'ils s'intéressaient vraiment
02:11à déminer le terrain, montrer qu'ils étaient à l'écoute et surtout qu'ils s'intéressaient
02:16vraiment au sujet.
02:17Hier, il a dit, on va en parler un certain nombre de vérités qui sont parfois dures
02:19à entendre.
02:20Mais en tout cas, je pense que les agriculteurs, même s'ils sont mécontents, ne peuvent pas
02:25reprocher au chef de l'État de ne pas s'intéresser au sujet.
02:28Il le travaille beaucoup avec ses équipes depuis le mois de mai-juin.
02:31Après, les solutions qu'il propose, effectivement, elles peuvent décoiffer.
02:34Franchement, Johan Barbe, ce n'était pas sa qualité première, Emmanuel Macron, de
02:39s'intéresser aux agriculteurs, notamment pendant la campagne ?
02:42Non, je ne pense pas du tout.
02:43Il n'a pas le choix aujourd'hui de s'occuper de l'agriculture, puisqu'on est au plus mal
02:47de la crise.
02:48Il est obligé d'y aller.
02:50Après, aujourd'hui, c'est vrai qu'il a des discours qui sont très engagés et engagants
02:53pour lui.
02:54Ce qu'on lui demande aujourd'hui, c'est de ramener des revenus sur nos exploitations.
02:56Pour l'instant, ne le conteniez pas, ça fait huit mois qu'il est en place, ça fait
03:00huit mois qu'on l'attend.
03:01Il nous a fait quatre mois, on va dire, de concertation avec les états généraux de
03:04l'alimentation.
03:05Mais pour vous, c'est de la com ou quoi ?
03:06Pour l'instant, ça reste de la com.
03:08Ce qu'il a fait hier, enfin, avant-hier jeudi, en invitant 1000 jeunes, déjà, ça a été
03:13très compliqué pour lui que les jeunes lui répondent présent, mais ceux qui étaient
03:16effectivement…
03:18Certains jeunes ont préféré rester chez eux que de monter voir notre président Macron
03:22leur raconter des histoires ou un beau discours engagé qui, derrière, ne ramène toujours
03:26pas de revenus sur leurs exploitations.
03:27Dépenser de l'argent pour aller voir Emmanuel Macron, pour nos jeunes, c'était compliqué
03:30aussi.
03:31Il faut dire que ce sont les chambres d'agriculture via les préfectures qui ont sélectionné
03:35par département, c'est ça ? Un certain nombre de jeunes agriculteurs qui étaient
03:39représentatifs des filières avec la parité et certains ont refusé en disant on ne veut
03:43pas…
03:44Certains n'ont pas répondu présent.
03:45Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il a intérêt à réussir son coup demain ?
03:48Oui, enfin, quand c'est une première entrée en matière, en tant que président, c'est
03:54forcément attendu en termes de communication, donc forcément il est attendu par le monde
03:58agricole comment ça va se passer.
04:00Le salon de l'agriculture, c'est toujours assez consensuel par rapport aux difficultés
04:05que les agriculteurs peuvent vivre sur le terrain.
04:07Attendez, consensuel, on va avoir des images de l'œuf, de Hollande huée, sifflée en
04:12permanence.
04:13C'est rien par rapport aux difficultés que peuvent vivre certains agriculteurs dans
04:17leur ferme.
04:18Pour un président, c'est des images qui sont toujours très difficiles après.
04:22C'est très difficile.
04:23Parce qu'elles sont vues dans tous les journaux, sur les chaînes infos.
04:24L'œuf, en termes de com, il a plutôt bien géré le coup l'an dernier.
04:28Oui, c'est vrai.
04:29Là, voilà, s'il a une nouvelle péripétie pendant ce marathon…
04:33S'il a une douzaine d'œufs ce coup-ci, ce sera compliqué.
04:36On va revoir les images avec Hubert Coster.
04:38Février 2016, François Hollande se fait conspuer au salon de l'agriculture.
04:47La séquence est cauchemardesque pour les communicants de l'Elysée.
04:512017, c'est le candidat Macron qui reçoit un œuf sur la tête.
04:55Cette année, le président de la République veut éviter à tout prix les pièges du salon.
05:00Premier déminage hier, 700 jeunes agriculteurs sont reçus à l'Elysée.
05:04Et c'est une révolution culturelle de l'agriculture qui leur est promise.
05:09Je ne construis pas l'ambiance de samedi prochain.
05:13Je m'en moque totalement.
05:15Je construis le visage de la France agricole des prochaines années.
05:19Il n'y a que ça qui m'importe.
05:20Mais rassuré ne rend pas la visite du salon moins périlleuse.
05:24Le monde agricole est en crise permanente.
05:26Le parcours du président sera millimétré.
05:29Finie la traditionnelle traite des vaches au milieu de la foule dès son arrivée.
05:33Emmanuel Macron rendra d'abord visite au syndicat.
05:36Le reste de son itinéraire n'est pas encore établi.
05:39Ses conseillers vont encore y travailler aujourd'hui.
05:42Une seule certitude, il sera présent au salon de 8 heures avant l'ouverture.
05:47À 19 heures, heure de fermeture.
05:4911 heures en tout.
05:50Un record pour un président de la République.
05:53Voilà, on suivra ça évidemment quasi en direct sur LCI.
05:57Pourquoi rester le plus longtemps ?
05:58On a l'impression que c'est une espèce de baroude d'honneur.
06:01Moi, je vais faire mieux que Lande et Chirac.
06:03Pour montrer l'attention qu'on accorde aux agriculteurs
06:07qui sont très aimés des Français.
06:09Il faut le dire, depuis des décennies, voire des siècles,
06:12les agriculteurs sont très aimés, appréciés des Français.
06:15Malgré, on va reparler, toutes les affaires de pesticides, de malbouffe, etc.
06:23Ils sont très aimés des Français, or eux se sentent mal aimés.
06:25Mal aimés par le pays, mal considérés.
06:28Aujourd'hui, quand on entend certains témoignages d'enfants d'agriculteurs
06:32dans les écoles, c'est quelque chose de compliqué.
06:35Moi, une question, est-ce que vous pensez que demain,
06:37l'accueil va être, on va dire, cordial ?
06:40Ou il y a déjà une sorte de volonté de montrer une colère ?
06:43Seulement 8 mois, ou alors, les Etats généraux, cette période de concertation,
06:47quelque part, vous y croyez, on y croit ?
06:50Je pense que demain, forcément, l'accueil ne sera pas sympathique.
06:54C'est clair.
06:55Je veux dire, aujourd'hui, ce n'est pas par rapport aux Etats généraux,
06:57ce n'est pas par rapport aux 8 mois de présidence,
06:59c'est surtout par rapport aux accords Mercosur.
07:01Où, hier, il n'a vraiment rien annoncé de bon pour nous.
07:06Alors, les accords Mercosur, les accords commerciaux avec l'Amérique du Sud...
07:10Avec l'Amérique du Sud.
07:11Et où pas grand-chose n'est réglé, pour l'instant.
07:14Pas grand-chose n'est réglé, mais...
07:15Mais il dit, il faut y aller.
07:16Il faut y aller parce qu'on ne peut pas faire autrement.
07:18On sent quand même la France qui a l'ambition d'être en avant sur ses accords.
07:22Alors, certes, on est conscient qu'il faut des accords avec d'autres pays,
07:26et on n'a aucun souci, puisqu'on exporte.
07:27Donc là, on n'a pas de problème.
07:29Notre problématique, aujourd'hui, c'est d'échanger de l'agriculture pour autre chose.
07:33Notamment la partie énergétique, la filière automobile, on a entendu.
07:36On va en reparler, mais sur le Mercosur,
07:38ça veut dire qu'on va être obligé de recevoir de la viande aux hormones,
07:43avec des médicaments pour accélérer la croissance, etc.
07:47Justement, dans son discours aux jeunes, il a dit, il n'y aura pas de boeuf aux hormones.
07:52Mais c'est une fausse réponse.
07:54Parce qu'il pourra y avoir des viandes, par exemple,
07:58issues d'animaux nourris avec des activateurs de croissance.
08:04Ça, c'est totalement interdit en France et en Europe.
08:07Et là-dessus, il ne répond pas aux inquiétudes des éleveurs.
08:12Il ne répond pas non plus à la question de tous les animaux qui sont nourris avec des soja au GM.
08:15En même temps, en France, on est en train de nous interdire le glyphosate.
08:19Je veux dire, comment on peut avoir un discours aussi fort
08:22sur des accords qui doivent être signés avec l'ouverture de nos frontières européennes ?
08:25Parce que là, on n'est pas sur juste la France, on est sur des ouvertures européennes.
08:29Et dans le même temps, en France, resserrer un maximum
08:31pour nous envoyer vers une agriculture plus environnementale.
08:34On n'est pas là pour décrier ce transfert vers une agriculture environnementale.
08:39Au contraire, on est là pour l'accompagner et l'y envoyer.
08:41Mais que tout le monde soit logé à la même enseigne.
08:42Mais voilà. Faisons attention à ce qu'on fait comme échange commercial.
08:46Les Européens n'ont pas réussi à négocier dans ces accords des...
08:54Je pense qu'aujourd'hui, effectivement, ça fait plus de dix ans aujourd'hui que c'est engagé.
08:59Des exceptions.
09:00Et derrière, à chaque fois, tous les accords qui ont été signés,
09:04à chaque fois, c'est l'agriculture qui est la grande perdante.
09:07Tout ça parce qu'en Europe, globalement, en France encore un peu plus,
09:10on a des normes sanitaires qui sont bien plus élevées.
09:12Donc c'est pour ça qu'on a l'impression d'être les grands perdants.
09:14Moi, ça ne me dérangerait pas qu'il y ait de la viande qui vienne du Brésil
09:16si elle répond aux mêmes normes environnementales, mais surtout sociales.
09:20Quand on voit les salariés qui sont dans des fermes brésiliennes aujourd'hui
09:22payés à moins d'un euro, à moins d'un dollar de l'heure.
09:25Si demain, on fait ça en France, je peux être compétitif aussi sur mon exploitation.
09:28Le problème du secteur agricole dans les accords commerciaux,
09:31que ce soit pour le Canada avec le CETA ou le Mercosur en négociation,
09:35c'est qu'il y a des avancées positives sur des indications géographiques protégées.
09:40Par exemple, française, ça, c'est une bonne chose.
09:42Mais ce sont des secteurs qui se portent bien en France.
09:48Et on va attaquer, on est défensif sur des secteurs, la viande bovine dans son ensemble,
09:54qui est déjà très fragilisée avec les conditions actuelles de concurrence.
09:58Mais si on ne les signe pas, ces accords, qu'est-ce qui se passe ?
10:01Ce n'est pas mieux.
10:02Pour l'instant, il y arrive déjà de la viande.
10:05Le problème, c'est qu'elle est encore taxée à plus de 20%.
10:07Demain, elle ne serait plus taxée.
10:09Aujourd'hui, avec ces 20% de taxes, elle n'est pas compétitive
10:11par rapport à de la viande européenne ou française.
10:12Regardez ce sondage d'ailleurs.
10:14Est-ce qu'Emmanuel Macron répond aux problèmes des agriculteurs ?
10:19Est-ce qu'il est éloigné des préoccupations des agriculteurs ?
10:26Eh bien, il ne prend pas suffisamment en compte.
10:29Diriez-vous que le gouvernement prend suffisamment en compte
10:31les préoccupations des agriculteurs ?
10:33Juste 25% de oui, 73% de non.
10:37Pour l'instant, le Président n'est pas proche du milieu agricole.
10:42Il n'est pas proche.
10:43Je pense qu'il n'a surtout pas activé tous les leviers qu'il devait activer.
10:47Il va se prendre des œufs demain ?
10:49Je ne sais pas si c'est des œufs ou autre chose.
10:51Il a dit qu'il n'irait pas taper le cul des vaches
10:54et qu'il avait autre chose à faire que ça.
10:55On l'a bien entendu.
10:57Mais au-delà des discours, je pense qu'il y a un moment,
10:58il faudra aussi des actes.
11:00Il faut vraiment qu'on avance.
11:01On sort des états généraux de l'alimentation.
11:03On a un projet de loi aujourd'hui qui est rédigé, qui est en étude.
11:07Pour nous, il ne va pas assez loin.
11:09Il ne prend pas toutes les conclusions
11:10qui ont été tirées des différents ateliers, des différents chantiers.
11:13Donc là-dessus, on l'attend.
11:14Il n'est pas assez loin sur quoi ?
11:15Donnez-nous un exemple concret pour qu'on comprenne dans vos principales prédications.
11:20Aujourd'hui, on est en train de parler de l'encadrement des promotions, par exemple.
11:23On nous dit qu'il faut les encadrer sur le volume et sur le prix remis.
11:28Mais aujourd'hui, on ne sait pas où elles s'appliquent, à qui elles s'appliquent.
11:31Est-ce qu'elles s'appliquent à une entreprise sortie d'entreprise
11:32ou est-ce qu'elles s'appliquent au magasin ?
11:34Et sur quel prix on applique la baisse ?
11:36Est-ce que c'est sur un prix moyen annuel ?
11:37Est-ce que c'est sur le prix du jour ?
11:39Aujourd'hui, il faut que la loi précise les choses.
11:42On ne peut pas laisser le flou et continuer la guerre des prix
11:45avec des formes promotionnelles.
11:46Généralement, est-ce que la grande distribution joue le jeu ?
11:49Les politiques ont dit à la grande distribution,
11:51maintenant, ça suffit, vous achetez le litre de lait à un prix décent aux éleveurs
11:55parce que sinon, ils ne peuvent pas vivre.
11:58Et tous ont juré le cœur sur la main,
12:01la main sur le cœur plutôt,
12:04Leclerc, Super U, Intermarché, qu'ils allaient le faire.
12:07C'est le cas ou pas ?
12:08Mais ils ont même signé une charte d'engagement, de répartition de la valeur.
12:11Et aujourd'hui, ils ne le font pas.
12:13Les négociations commerciales sont en phase.
12:14Il y a un double langage.
12:15Mais ce n'est plus un double langage,
12:16c'est un jeu de poker menteur entre la grande distribution
12:19et les industriels de la transformation.
12:21Quand on les rencontre un ou l'autre,
12:23ou séparément ou ensemble,
12:25l'un dit c'est l'autre qui ne fait pas et l'autre dit l'inverse.
12:27Le problème des prix et de la répercussion d'une valeur aux agriculteurs,
12:34le pouvoir législatif aujourd'hui n'a jamais réussi à imposer un système
12:39auquel devraient se soumettre les distributeurs.
12:43Quatre centrales d'achat aujourd'hui,
12:45c'est bien ça le problème de la chaîne alimentaire aujourd'hui.
12:49Parce qu'on est dans la loi de l'offre et de la demande.
12:51Et ils ont un pouvoir tout puissant face à des industriels
12:55et des milliers d'agriculteurs.
12:56Mais on a l'impression que c'était en train de changer ça.
12:58Apparemment pas du tout.
12:59Non, parce que quand on voit les retours des négociations commerciales
13:04qui vont s'achever dans quelques jours,
13:07elles n'ont jamais été aussi virulentes.
13:09Les distributeurs demandent encore des prix déflationnistes.
13:13Donc Leclerc, Carrefour, Système U,
13:15ils sont toujours là, moins, moins, moins payés.
13:17Mais oui, bien sûr.
13:19Non, mais ils ont annoncé quelques hausses sur certains produits, effectivement.
13:21Mais ce qu'il faut regarder, c'est la généralité.
13:24Parce que si on fait une hausse sur un produit ou deux
13:26pour se dire, j'ai fait une hausse, c'est bien.
13:28Mais si ça représente très peu de volume,
13:30pour moi, ce n'est pas assez.
13:32Et il y a un problème de transparence.
13:33Aujourd'hui, nous, ce qu'on demande des agriculteurs,
13:35puisqu'on nous dit que dans les box de négociations,
13:37on passe des hausses,
13:38laissons les agriculteurs entrer dans ces box de négociations.
13:40Finalement, c'est nos produits qui sont négociés.
13:42Et pourquoi ils n'y vont pas ?
13:44Et aujourd'hui, on nous l'interdit.
13:45Mais alors, qui négocie ?
13:47Seulement la grande distribution d'un côté et nos industriels de l'autre.
13:49Ah, ils sont où ?
13:50Et vous, vous n'avez pas le droit au chapitre ?
13:51On n'a pas le droit du tout au chapitre.
13:53D'accord, donc c'est Lactalis qui négocie avec Leclerc, point barre.
13:56Point barre.
13:57Oui.
13:58Et ça, ce n'était pas prévu.
14:00Ce n'était pas prévu dans les états généraux de l'alimentation.
14:02On avait demandé à insister dans les box, ce n'est pas passé.
14:04Et aujourd'hui, ce n'est pas dans le projet de loi.
14:06Donc tout ça, c'est des choses qui,
14:08si on veut avoir une vérité sur ces box de négociations
14:11et si on veut en connaître les finalités et la vérité,
14:14il faut qu'on y assiste.
14:15Aujourd'hui, sur le projet de loi qui est déposé
14:17pour inverser la construction du prix,
14:19la promesse de Macron, elle va être difficile à tenir sur ce point-là.
14:26Parce que les professionnels estiment que le projet de loi
14:29qui est déposé ne va déjà pas assez loin.
14:31Il va y avoir tout le débat parlementaire,
14:33mais les agriculteurs, le monde agricole a du mal à voir comment ce projet...
14:37Donc pour vous, rien ne change pour l'instant.
14:39On est toujours dans les mêmes problèmes.
14:41On est toujours dans les mêmes problèmes
14:42puisqu'on laisse la grande distribution faire la pluie de l'eau.
14:44On va aller même plus loin
14:46puisque la grande distribution, notamment une centrale d'achat Leclerc,
14:50est en train d'acheter des plateformes d'achat dans d'autres pays européens
14:54pour justement ne pas être soumis à la loi française.
14:56Contourner ça.
14:57Voilà.
14:58Donc ça, ça commence dès cette année.
15:00Est-ce que dans le discours d'Emmanuel Macron,
15:01on a l'impression quand même que ce gouvernement,
15:03contrairement peut-être à ses prédécesseurs,
15:06prend une démarche d'ensemble,
15:08prend tous les problèmes à bras-le-corps ?
15:11Est-ce que sur cette démarche-là,
15:12vous avez l'impression quand même qu'il y a une rupture par rapport à ce qui s'est fait ?
15:15On a l'impression qu'on éteignait l'incendie de tel ou tel problème.
15:18Là, on a l'impression qu'ils mettent tous les problèmes sur la table
15:20en disant qu'il faut se mettre d'action.
15:23Non ? Il n'y a pas une méthode différente ?
15:25La méthode est vraiment différente.
15:26Enfin, les états généraux de l'alimentation,
15:28on les voulait aussi avant et on les a.
15:30Aujourd'hui, ça a permis quand même d'en mettre l'agriculture sur la table
15:34et devant tous les acteurs.
15:35Autour d'une même table,
15:36on a réussi quand même à trouver des conclusions
15:37qui étaient positives pour l'agriculture,
15:39qui étaient positives aussi pour le consommateur de main
15:42parce que c'est quand même notre cheval de bataille.
15:44C'est bien que le consommateur, il soit contenté aussi.
15:46Je veux dire, on mettra toujours le consommateur au centre du débat.
15:48Et je pense que là, tout le monde a pu s'exprimer.
15:50Ça faisait très longtemps quand même.
15:51Ça faisait très longtemps que ça n'avait pas été fait.
15:53Mais au-delà de ça, au-delà du discours de Rungis,
15:57où là, il était plutôt fort, très engagé et j'y étais,
15:59je peux vous dire que c'était un discours qui mettait en avant l'agriculture
16:04et qui était prêt à dire,
16:05« Ça y est, demain, vous allez gagner votre vie, les agriculteurs, enfin. »
16:08Et là, vous avez vu un président qui connaissait le sujet ou pas ?
16:10Oui, honnêtement, il connaît le sujet.
16:12Pour les députés En Marche, une anecdote,
16:14les députés En Marche avec qui je peux discuter,
16:16qui sont sur des circonscriptions agricoles,
16:19lorsqu'ils sont reçus de temps en temps le soir à l'Elysée pour parler des...
16:22Ils sont bluffés par la connaissance de Macron
16:25sur tel ou tel élevage de poulet, poulet fermier, les différences, l'oie...
16:29Ils ne vont pas vous dire le contraire non plus, les députés.
16:32Non, non, je pense qu'il peut les former, ces députés, justement.
16:35Non, non, non, mais il a...
16:36Il a une vraie connaissance de l'agriculture.
16:38Voilà.
16:38Des agriculteurs aussi disent qu'il a quand même, pour un...
16:41Après, il vient quand même d'un monde économique.
16:43Oui.
16:44Donc derrière, aller dire à ce monde économique,
16:46il faut que vous partagiez un peu le gâteau,
16:49entre le discours impliqué, la connaissance du monde agricole,
16:52et de là, forcer les gens à partager le gâteau,
16:54ça devient plus compliqué.
16:54Il y a incompatibilité avec le chef d'entreprise Macron ?
16:58Je pense qu'il se croyait copain avec eux,
17:01donc il s'est dit, c'est bon, je vais pouvoir leur passer des petits messages,
17:03et puis ils vont faire les choses, mais ça ne suffit pas.
17:06Et malheureusement, aujourd'hui,
17:07on va être obligé de passer par une loi,
17:08pour faire de la répartition de valeurs ajoutées.
17:10On a vu des plans de filière qui étaient très engageants pour les producteurs,
17:14vers le consommateur, pour répondre justement aux demandes sociétales,
17:17mais derrière, si on n'a pas de garantie de retour de valeur pour les producteurs,
17:21nous ne pourrons pas aller vers ces plans de filière.
17:22Et pour l'instant, vous n'avez aucune garantie ?
17:24Aucune.
17:24Alors, on va quand même revenir sur le salon qui ouvre demain,
17:27c'est aussi une fête, le salon de l'agriculture.
17:30C'est la vitrine de l'agriculture.
17:32Visiteurs, c'est la vitrine.
17:33Regardez ce reportage d'Anaïs Barthes sur cet éleveur.
17:37Il a 64 ans et pour lui, c'est une première.
17:42Pour Maurice et son taureau Laurier,
17:44première balade dans les allées du salon.
17:48C'est impressionnant, pour le taureau et puis pour moi aussi.
17:51Vous vous rendez compte un peu, c'est grandiose.
17:55Hier, à Bussière-les-Mines, ce moment, Maurice l'attend depuis huit mois.
18:00Dans son champ, Laurier profite de ses derniers instants de quiétude.
18:04Pour lui, ça va être un stress d'être attaché pendant douze jours.
18:09Parmi les 223 000 bovins de race salaire en France,
18:12Laurier a été sélectionné avec 17 autres pour représenter ses cousins sur le salon.
18:18Alors, avant d'embarquer, un brin de toilette s'impose.
18:21Pendant deux semaines, il sera, ça va être un roi.
18:24Un roi d'une tonne deux, bichonné jusqu'au bout des sabots.
18:28Et pour briller sur le salon...
18:30On nous a demandé d'amener une cloche avec notre nom.
18:34A l'intérieur, il y a tous ces produits de beauté.
18:37J'ai de la laque.
18:41Direction, porte de Versailles.
18:43Une première pour cet éleveur de 65 ans.
18:46C'est un très grand honneur, porter ces couleurs de la salaire là-haut à Paris.
18:51Vous m'en auriez dit, il y a dix ans de là, je vous aurais dit, on n'ira jamais.
18:54A la mort de son grand-père il y a 30 ans, il quitte son travail pour reprendre le flambeau.
18:59Ce salon, c'est tout un symbole.
19:03350 kilomètres plus tard, les premières lueurs de la capitale.
19:08Un voyage de quatre heures, visiblement éprouvant pour le jeune taureau.
19:15Il ne mange pas pour le moment.
19:17Le stress de la chaîne, à mon avis, puisque c'est un taureau qui est en liberté, qui est dans les prés.
19:22Il reste quelques heures à Laurier pour prendre ses marques.
19:26À partir de demain, chaque jour, 60 000 personnes se presseront pour l'admirer.
19:33Question, le salon de l'agriculture, je crois que c'est unique dans le monde, à part peut-être un salon en Allemagne.
19:38Ça sert à quoi fondamentalement ?
19:41Ça sert à montrer ce qu'il y a de plus positif de l'agriculture française.
19:47L'agriculture française, c'est une excellence.
19:49Il y a des bons produits.
19:51Je pense qu'on a une diversité de produits inégalée dans le monde.
19:54Donc ça, c'est quand même très positif.
19:56Et puis, ça permet de mettre en avant, justement, les difficultés des agriculteurs sur le devant de la scène,
20:03pour un secteur d'activité où les agriculteurs ont quand même cette pudeur.
20:08Mais ça, ils n'en parlent pas avec le grand public.
20:12Si le public s'intéresse vraiment à ce qui se passe sur le terrain,
20:19l'agriculteur est prêt et content d'exprimer ce qu'il vit sur le terrain.
20:27Non, mais au-delà de ça, c'est vrai que le salon, c'est la vraie fierté des agriculteurs français.
20:31Parce qu'on réunit sur un même salon l'acte de production dont ce qu'on l'a fait et les produits qui en dérivent.
20:37Les produits des régions, c'est ça, c'est nous.
20:39Sans les vaches, d'un côté, il n'y a pas de produits des régions de l'autre côté.
20:43Donc ça, c'est hyper important de le rappeler.
20:45Aujourd'hui, la fierté des agriculteurs, c'est d'aller montrer.
20:46Alors, on va prendre un gros mot en disant aux parisiens, mais ce n'est pas aux parisiens, c'est à la France entière,
20:51ce qu'on est capable de faire sur nos exploitations et ce que ça apporte dans leurs assiettes.
20:54C'est ça qui est important de dire.
20:56Aujourd'hui, c'est vraiment le relais entre les agriculteurs et les assiettes.
20:59Et si le salon était fini demain, les agriculteurs n'auraient plus cette viterie.
21:03Ça sert à montrer que chaque jour, chaque Français a besoin d'un agriculteur trois fois par jour.
21:09Ce n'est pas rien.
21:11L'agriculture, c'est l'alimentation des gens.
21:13Et c'est quand même formidable d'avoir un salon, le plus grand salon en France, consacré à l'agriculture.
21:21C'est quand même bien de le rappeler.
21:23Et quel que soit le modèle d'alimentation des gens.
21:25Ça vous énerve quand on vous traite, par exemple, de pollueurs, quand on dit qu'ils veulent du glyphosate.
21:31Pourquoi est-ce qu'on a autant de pesticides dans les légumes ?
21:35Encore une enquête, il n'y a pas une semaine où une association de consommateurs ne sort pas un truc en disant,
21:40attendez, on nous empoisonne.
21:41Non, mais je pense qu'au niveau psychologique, les agriculteurs sont à cran par rapport à tout ça.
21:46Mais ce qui est dommage, en fait, c'est que le consommateur, je ne suis pas sûr qu'il le pense tant que ça, mais il ne connaît pas.
21:51Il ne connaît pas ce qui se passe sur nos exploitations.
21:53Aujourd'hui, on fait des fermes ouvertes, bienvenue à la ferme, où c'est qu'on demande aux consommateurs de venir.
21:57Il est demandeur, le problème, c'est qu'il n'a pas forcément le temps, il n'habite pas forcément à côté des exploitations.
22:01Mais aujourd'hui, c'est justement l'endroit rêvé pour parler aux consommateurs.
22:05Donc, ce que je demande aux consommateurs qui m'ont foulé le salon, c'est d'aller vers les producteurs, d'aller vers les éleveurs,
22:08pour leur demander ce qu'on fait vraiment sur nos fermes.
22:12Alors, Jean-Luc Poulin est avec nous. Bonsoir, merci d'être en direct de ce salon de l'agriculture 2018.
22:20C'est quoi d'abord ? Ça sert à quoi un salon de l'agriculture ?
22:27Un salon de l'agriculture, ça sert à communiquer, à montrer ce qu'on fait, à développer l'agriculture.
22:33Ça dépend à qui il s'adresse. Si il s'adresse aux professionnels, c'est un moment de rencontre important entre eux,
22:41avec la recherche, avec les politiques, avec les médias et avec le public.
22:46Vous recevrez demain Emmanuel Macron à la première heure, qui veut faire un véritable marathon dans ce salon.
22:56Qu'est-ce que vous allez lui dire en l'accueillant ?
22:59Moi, je vais lui souhaiter la bienvenue sur le salon d'abord. C'est le président de la République.
23:04Et puis, au fil des allées, je pense qu'il va croiser des agriculteurs qui vont trahir des inquiétudes, comme on dit,
23:11qu'ils soient éleveurs ou producteurs végétaux.
23:15Il y a aujourd'hui de nombreuses questions qui montrent un avenir un peu dans le brouillard, un peu sombre pour l'agriculture.
23:22Il faut redonner des marges de manœuvre.
23:23Mais pour ça, il faut que les politiques, avec les professionnels, tracent une ligne claire sur l'avenir.
23:29Et aujourd'hui, on n'a pas vraiment de ligne claire.
23:31Alors, il y a eu les états généraux de l'alimentation, c'est très bien.
23:35Mais l'agriculture française exporte une grande partie de sa production.
23:39Doit-on se limiter aux états généraux de l'alimentation ?
23:43S'ils s'appliquent, et ils s'appliquent dans l'esprit des débats qu'il y a eu.
23:48Que fait-on de l'export ? Doit-on l'arrêter ?
23:50Avec le Mercosur, que fait-on avec l'importation d'aloyaux qui est prévue à une hauteur de plus de 90 000 tonnes aujourd'hui ?
24:00Alors qu'on demande aux producteurs français d'être de plus en plus propres dans leur production,
24:05de produire des produits de qualité pour aller de concert avec la gastronomie française.
24:10Et de l'autre, on va importer de la viande qui est produite dans des conditions qu'on connaît tous,
24:13qui ne respectent ni le bien-être animal, ni l'absence d'OGM, ni les anabolisants.
24:23Mais on a l'impression, on le disait là, que toutes les semaines,
24:26il y a des organisations environnementales qui sortent des études en disant
24:30quels sont les légumes qui ont le moins de pesticides, etc.
24:33On a l'impression quand même qu'il y a deux agricultures,
24:36il y a la bonne qui est la bio et qui veut essayer de faire progresser Emmanuel Macron,
24:41et puis il y a les autres.
24:44Mais la bio est sûrement une voie intéressante pour un certain nombre d'agriculteurs,
24:49mais ça ne peut pas l'être pour tous.
24:51Et puis, si la bio s'adresse à un marché et qu'elle trouve son marché,
24:56il faut produire bio, il ne faut pas se poser de questions.
24:58Pour l'instant, elle le trouve, oui.
25:00Oui, elle le trouve, mais avec combien de la production ?
25:03On est à peine à 10% de la production, et peut-être que quand on en aura 20,
25:07on sera saturé, qu'est-ce qu'on fait des 80 autres ?
25:10Sur les 80-20, c'est là le problème.
25:13Les agriculteurs sont trop montrés aussi comme des pollueurs ?
25:19Oui, alors ça, ça plaît aux gens de montrer l'agriculture comme pollueur,
25:24mais quand on voit ce que les Français utilisent comme médicament,
25:27ou moi qui suis à Paris depuis deux jours,
25:29je peux vous dire que l'air de Paris n'est sûrement pas meilleur que l'air des campagnes.
25:34Côté fréquentation, on va voir les chiffres.
25:37Vous espérez combien ?
25:39On a l'impression que ça baisse un petit peu chaque année,
25:42vous aviez pratiquement 100 000 visiteurs de plus il y a encore 5 ans ?
25:48Alors, on a eu 2-3 années, il y a 5-6 ans, on était à 650 000,
25:53on est monté pendant 3 ans autour de 700 000,
25:56et puis comme tous les collègues présidents de salons,
25:59ou comme tous les salons français, suite aux attentats,
26:03et à novembre 2015, on a baissé.
26:07Je vous dirai à la fin du salon si on remonte ou pas,
26:11il semblerait en tout cas que du côté des autres salons, ça remonte un peu,
26:15alors on verra si l'agriculture est dans la même veine que les autres.
26:18Il va faire très froid, on le sait, dans les prochains jours,
26:20ça pose des problèmes particuliers ?
26:23Non, je ne pense pas.
26:25Les agriculteurs sont habitués à vivre avec le froid,
26:28ils savent s'adapter, les animaux aussi,
26:30et de plus dans les halls, il ne fait pas si froid que ça,
26:33donc non, ça ne nous pose pas de problème particulier.
26:35Ils s'adaptent mieux que les parisiens en quelque sorte ?
26:40Je pense, ils ont plus l'habitude de vivre au grand air que les parisiens, c'est sûr.
26:45Merci beaucoup Jean-Luc Poulain, patron de ce salon de l'agriculture
26:49qui ouvre demain matin à 8h.
26:52Écoutez là, cette fierté des agriculteurs justement,
26:55d'aller au salon et de monter à Paris.
26:58Le salon de l'agriculture, on fait déjà la promotion de notre élevage,
27:02et la promotion de la race, surtout, on est là pour défendre une race.
27:05C'est quand même une fierté de monter au salon,
27:07parce qu'on a fait déjà d'autres concours avant,
27:09on a fait les cantonaux, on a fait les nationaux,
27:11on a fait le sommet de l'élevage en général,
27:13et après on vient ici, et quand on est primé ici,
27:15c'est toujours une récompense, et ça fait toujours plaisir.
27:17On ressent une fierté personnelle d'abord,
27:21puisque pour monter à Paris,
27:23seuls sont sélectionnés les meilleurs animaux de la race,
27:26donc ça veut dire qu'il y a un travail au bout,
27:30un travail d'élevage, de génétique, qui paye.
27:33Pour le salon d'agriculture, je trouve qu'on a surtout un rôle pédagogique
27:37envers les visiteurs, effectivement,
27:39leur expliquer pourquoi la couleur, pourquoi cette vache,
27:43qu'est-ce qu'on fait, à quoi elle sert.
27:45Voilà, aller au salon.
27:47Johan Barbe, on le disait, Emmanuel Macron,
27:50veut plus de bio, davantage de bio, etc.
27:52Est-ce que c'est une marotte, ou bien est-ce que c'est une nécessité ?
27:56Non, mais je pense que le marché du bio, aujourd'hui, il est présent,
27:59et il faut le fournir.
28:01Il se développe chaque année, malgré les prix.
28:03Après, une fois de plus, je pense que la filière,
28:05il faut qu'elle s'organise rapidement, puisqu'il y a une montée rapide.
28:08Il faut deux ans pour convertir une exploitation en bio.
28:12En moyenne, oui, ça dépend du type de production,
28:14mais en moyenne, il faut deux ans pour convertir une exploitation.
28:16Les aides prévues sont suffisantes ?
28:18Les aides ne sont pas suffisantes, certes,
28:20mais pourquoi aussi il y a besoin d'aide ?
28:22Au moment de la conversion, c'est très bien,
28:24mais le modèle des aides, on n'en veut plus.
28:26Aujourd'hui, on ne devrait pas avoir des aides au maintien.
28:28Emmanuel Macron non plus, ce n'est pas sa philosophie, il vous a dit.
28:30Ce n'est pas sa philosophie, mais pour l'instant,
28:31on est en route pour que les agriculteurs bio vivent sans les aides.
28:34Mais, il a dit, je ne peux plus vous payer, donc j'arrête les aides.
28:37Ce n'est pas possible de vivre sans les aides pour un agriculteur bio ?
28:40La production est tellement faible,
28:42après, il faudrait ou agrandir les surfaces,
28:44mais ce n'est pas la solution non plus,
28:46parce que les agriculteurs ont déjà assez de boulot sur leurs exploitations.
28:48La solution, c'est bien d'avoir des prix qui ne sont plus rémunérateurs.
28:51C'est ce que j'allais dire, mais en même temps,
28:53pour ceux qui nous regardent, ou en tout cas,
28:55c'est peut-être une idée reçue, mais le bio, c'est cher.
28:57C'est plus cher.
28:58Dans le bio, la grande distribution est déjà partie
29:01pour se gaver encore un peu plus.
29:03Ils prennent encore plus de marge que sur les produits conventionnels.
29:07Le bio, c'est aussi bien les kilomètres de serre en Espagne,
29:13qu'ils font du bio aussi.
29:15Il y a du bio industriel, entre guillemets.
29:17Dans les annonces des états généraux de l'alimentation,
29:19dans les conclusions, on demande
29:21qu'il y ait plus de 20% de repas bio dans les cantines scolaires.
29:24Très bien. Moi, je n'ai rien contre ça,
29:26si c'est les producteurs français qui les fournissent.
29:28Si pour avoir un repas bio dans les cantines scolaires,
29:30il faut qu'on baisse le prix et qu'on aille à l'export,
29:33ça ne servira à rien.
29:35AB sur des produits aujourd'hui ne précise pas l'origine du pays.
29:38Le bio n'est pas le même qui vienne d'Italie, de France ou d'Espagne.
29:42Il est loin d'être le même.
29:44Il y a même des produits bio importés de l'étranger
29:47qui ne respectent même pas...
29:49Il ne faut pas être regardant.
29:51Des produits phytosanitaires qui sont interdits
29:56en agriculture conventionnelle française et européenne.
29:58Parce que les standards ne sont pas les mêmes.
30:00Le standard européen définit un cadre.
30:02Il n'est pas le même qu'aux Etats-Unis.
30:04Quel pays ? Si il y a du Etats-Unis bio, on se méfie.
30:07Je ne cible pas spécialement le Maroc.
30:10L'agriculture, demain, à quoi elle peut ressembler ?
30:14Et surtout, est-ce que les jeunes sont toujours intéressés par l'agriculture ?
30:18Regardez Justine Corbillon.
30:20Il y est allé de son reportage.
30:22Ça fait combien de temps que vous êtes agriculteur ?
30:24Je suis agriculteur depuis 6 mois.
30:26C'est tout neuf. Vous avez quel âge ?
30:28J'ai 25 ans.
30:30Et vous produisez quoi ?
30:32Lait, orges de printemps, colza et betteraves sucrées.
30:35Aujourd'hui, en grande culture, c'est compliqué de gagner sa vie sur une petite surface comme ça.
30:39Pour m'installer, j'ai choisi de faire une diversification.
30:42C'est-à-dire ?
30:44La diversification que j'ai choisie, c'est le safran.
30:46Donc là, vous avez des champs de safran quelque part ?
30:48Il est juste devant vous. J'ai 4000 m2 de safran.
30:53Ça va faire plusieurs fleurs ?
30:55C'est ça. Chaque bulbe fait une fleur.
30:56Pourquoi ne pas s'être contenté de faire de la céréale ?
30:59Parce que la viabilité n'est pas là.
31:01Ce n'est pas suffisamment rentable pour en vivre.
31:03Je n'aurais pas pu m'installer et devenir agriculteur sans cet atelier en safran.
31:06Vous faites la fabrication, l'empactage, la livraison ?
31:08Oui.
31:09Mais là, vous avez changé de métier.
31:11C'est un développement du métier d'agriculteur.
31:13On ne peut pas se contenter aujourd'hui d'être dans son tracteur et de faire des tours dans les champs.
31:21Aujourd'hui, avec le safran, tous les produits dérivés,
31:23du miel au safran, des gâteaux au safran, des terrines au safran et des confitures au safran.
31:28Vous avez là ?
31:29Oui.
31:30Je vais vous faire goûter.
31:39Ça, c'est des terrines de pintade au safran.
31:41C'est meilleur frais.
31:43Non, c'est bon.
31:45Ça fait 5 produits différents que vous vendez.
31:48C'est ça.
31:49Ça vous rapporte combien ?
31:50Aujourd'hui, je tape sur un chiffre d'affaires de 80 000 euros pour entre 20 et 30 000 euros de bénéfice net.
31:59Donc oui, ce n'est pas toujours simple, mais la réflexion va se faire en amont de l'installation.
32:04Une fois qu'on est installé, il faut y aller et il faut y croire.
32:21Est-ce qu'il y en a ici parmi vous qui ont l'intention de reprendre peut-être un projet familial ?
32:26Oui.
32:27Levez la main.
32:29Tous, en fait.
32:31Moi, j'ai envie de reprendre l'exploitation de mes parents avec mon frère,
32:33donc en polyculture, élevage, bovins à l'étang.
32:36C'est compliqué parce que les prix sont volatiles et puis ce n'est pas un métier.
32:40Aujourd'hui, je postule pour reprendre une ferme et dans 10 ans, si ça ne me plaît pas, je m'en vais.
32:45C'est sur du long terme.
32:46Apprendre à gérer l'exploitation, c'est le cœur de leur formation de toute façon.
32:49Apprendre à s'adapter, c'est ça le plus important, je pense, aujourd'hui.
32:52Finalement, tout le monde est forcé à se diversifier, à changer.
32:55Trouver des nouvelles productions à plus haute valeur ajoutée.
33:16Toi, tu es en première année. Explique-moi un peu ton parcours.
33:19Moi, j'ai fait un bac S à l'origine.
33:21Je me suis toujours destiné à l'agriculture par la filière de mes parents qui tiennent des exploitations.
33:26J'ai choisi cette filière parce que j'adore le côté machinisme.
33:29Dans la classe, il y en a beaucoup qui rêvent de devenir commercial.
33:32Il faut connaître le matériel pour pouvoir l'expliquer et le vendre ensuite à un agriculteur.
33:36C'est ça. C'est-à-dire qu'ici, on vous forme à différents métiers, pas seulement à la reprise d'une exploitation.
33:40Oui, on a beaucoup de métiers différents.
33:42On a commercial, on peut aller en bureau d'études si on continue avec une licence.
33:45On modifie la dose si on part comme ça.
33:49Là où ils doivent s'adapter le plus, c'est dans quoi ? C'est dans la nouvelle technologie ?
33:52Apprendre à maîtriser cette nouvelle technologie, c'est quoi ?
33:55Oui, la nouvelle technologie, puis trouver la bonne opportunité, puis trouver le financement.
33:59Quelquefois, ils s'associent avec d'autres personnes.
34:03De plus en plus, c'est ça ?
34:05Des GAEC ou des entreprises.
34:07C'est quoi des GAEC ?
34:09C'est une exploitation en commun, en fait.
34:10Après, il faut être agriculteur. Par passion, il n'y a pas d'autres possibilités.
34:27Il vaut mieux faire du safran que du blé aujourd'hui ? C'est plus rentable ?
34:31C'est une diversification. C'est sûr que c'est plus rentable, mais je pense qu'on ne peut pas faire que ça non plus.
34:36Le jour où c'est que tout le monde en fera, ça fera pareil que le blé. Il y aura une surproduction.
34:39Il y a suffisamment de jeunes pour reprendre les exploitations ?
34:42On le voit dans ce reportage. Il y a plein de jeunes dans les lycées qui veulent reprendre ou s'installer, même hors cadre.
34:50Comme ce jeune qui a fait un bac S et qui veut reprendre.
34:53Oui, il y a quand même un tiers des jeunes qui vont s'installer, entre guillemets, hors cadre familial,
34:59qui n'ont pas leurs parents pour reprendre la ferme.
35:02Il y a vraiment un côté passion qui se retrouve d'ailleurs au salon de l'agriculture.
35:05Sans la passion de ces jeunes pour l'agriculture et l'alimentation, l'agriculture française ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
35:14Qu'est-ce qu'ils demandent ces jeunes ? C'est pour le grand air ? C'est pour changer ? Éviter le bureau ?
35:20Je pense que c'est quand même une vraie passion aussi. Juste penser au grand air, ça ne suffit pas pour être agriculteur demain.
35:26Je pense que la plupart qui se lancent dans la filière, c'est vraiment parce qu'ils ont envie.
35:30Ils ont vraiment envie d'apporter quelque chose à l'agriculture de nouveau.
35:32Et c'est souvent ceux-là qui font la diversification.
35:35C'est important de le dire aujourd'hui, on n'est pas là pour opposer les systèmes.
35:38On est là pour que les systèmes soient en symbiose et que chacun évolue, pas l'un contre l'autre, mais l'un avec l'autre.
35:44Et apporte de nouvelles idées.
35:46Et apporte de nouvelles idées. Aujourd'hui, on a besoin d'innovation.
35:48Je pense qu'on a un gouvernement qui est passé en avant sur l'innovation et là-dessus, on l'attend encore.
35:52Vous lui dites ça à Macron, il va être content.
35:54Je lui dis ça, je lui dis que demain, c'est notre salon.
35:56Il nous a invités des jeunes à l'Elysée, donc on était chez lui.
35:57Demain, il est chez nous, donc j'espère qu'il nous écoutera comme on l'a écouté lui.
36:02Et qu'il sera à l'attention de toutes les minutes, le long du salon, des producteurs qui sont vraiment en détresse.
36:07Sur l'innovation, l'agriculture est loin d'être en retard par rapport à d'autres secteurs.
36:11Allez, vous restez avec nous, on va continuer à parler d'agriculture dans Pôle Express.

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