Elisabeth Lévy : "Une presse libre, pour Aurélien Rousseau, c’est une presse qui pense comme lui"

  • il y a 3 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-07-09##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Benjamin Gleize.
00:06Sud Radio, il est 8h15, dans quelques instants, dites-le franchement, on va débattre avec Eric Reuvel et Olivier D'Artigolle,
00:14mais pour l'heure, Lévi s'en interdit. Bonjour Elisabeth Lévi.
00:19Bonjour Benjamin, bonjour à tous.
00:21Aurélien Rousseau, ancien ministre, a désormais député du Nouveau Front Populaire.
00:27Il remercie la presse pour son travail, je le cite, indispensable, ça vous fait réagir ?
00:32Oui, alors il ne remercie pas toute la presse, je ne crois pas qu'il cite Causeur, ni même Le Figaro,
00:37donc l'ancien ministre de la Santé d'Emmanuel Macron, a retrouvé ses amis de militants socialistes
00:43et le siège de député qui va avec, donc hier matin, il postait ce message sur X.
00:49Ma gratitude à la presse, je pense en particulier à la PQR, aux antennes de France Bleue, au Monde, à la Croix ou à l'Humanité.
00:56Leur travail a été, à la hauteur de ce moment historique, une presse libre et de très haut niveau.
01:02Alors là, passe-moi la brosse, ça reluire.
01:04Alors une presse libre, pour Aurélien Rousseau, c'est une presse qui pense comme lui, on a compris.
01:10Alors évidemment, ça a déclenché une salle de commentaires dont certains étaient gentiment ironiques
01:16sur le thème de quels aveux la presse était de votre côté, et d'autres débiles, agressifs et conspirationnistes
01:23sur la presse aux ordres des milliardaires pour cacher les méfaits des vaccins.
01:27Et les journalistes collabos, il y en a eu aussi des floppés.
01:31Alors c'était vraiment pas génial.
01:34Alors je ne sais pas si Aurélien Rousseau voulait se mettre les journalistes dans la poche avec ses viles flatteries,
01:40mais ils n'ont pas dû tellement aimer ce baiser qui dure, eux qui aiment à se penser indépendants et libres de tout.
01:48Rousseau valide en partie l'interprétation de Bardella qui lui attribuerait en partie aux médias son échec.
01:57Alors en fait, même si ça a joué, il devrait plutôt s'intéresser à ses propres responsabilités
02:02et à celles du Rassemblement National et de ses candidats douteux.
02:06Mais enfin, il y a quelque chose qui est à peu près évident je pense pour tout le monde,
02:10c'est qu'une écrasante majorité des médias a communié pendant trois semaines
02:15dans la quinzaine anti-Le Pen, l'antifascisme à deux balles,
02:18avec un effet un peu soviétique comme en 2002.
02:21Vous êtes trop jeunes, mais moi je me rappelle très bien la quinzaine anti-Le Pen.
02:25Et donc l'intimidation a certainement joué un peu dans ce vote.
02:33Bon, vous me rajeunissez un petit peu Elisabeth.
02:36La question qui se pose désormais, c'est de savoir s'il est normal de subventionner la presse.
02:42Ah non, mais pas vous, pas ça Benjamin.
02:45Franchement non, mais là c'est vraiment une attaque à côté,
02:49parce que la presse écrite est en crise,
02:51parce que les gens n'achètent pas, parce qu'ils considèrent que l'info c'est gratuit,
02:55sauf que la formation ça coûte cher à fabriquer,
02:58et les aides à la presse c'est 300 à 400 millions d'euros,
03:02c'est pas ça qui fait couler la France, franchement non.
03:06Et l'idée est d'aider une presse d'opinion, d'opinion au pluriel,
03:10vous pouvez lire Causeur, Le Monde, Le Figaro ou L'Humanité,
03:15c'est essentiellement les tarifs postaux, l'aide à la presse.
03:18On peut vous envoyer nos journaux en payant moins cher que pour une lettre normale, voilà.
03:23Alors, encore faut-il, donc la presse d'opinion c'est très bien,
03:26à condition qu'on sache distinguer nos opinions et les vérités,
03:30parce que par exemple quand Le Monde écrit juste à la veille du scrutin
03:33« Le Rassemblement National menace nos libertés et la démocratie »,
03:39c'est une opinion respectable et contestable, mais ça n'est pas un article de la foi.
03:43Bon, on connaît, on en a beaucoup parlé, les médias audiovisuels sont soumis à des règles plus strictes,
03:48ça les empêche pas d'avoir une couleur,
03:51mais le vrai scandale c'est vraiment le service public
03:55qui mène campagne avec l'argent du contribuable.
03:58En fait le problème des médias, cher Benjamin, c'est pas les subventions,
04:02ce ne sont pas les subventions, c'est l'unanimité ou l'effet de système, si vous voulez.
04:07Il y a le parti des médias, des médias convenables qui dictent la ligne,
04:11il faut être pour MeToo, pour l'Europe, pour le vélo et contre Le Rassemblement National.
04:16Alors aujourd'hui on a quand même un peu l'impression que le quartier général est assiégé,
04:20Le Monde n'est plus la Bible, pluralisme progresse,
04:23c'est que comme pour les élections, dans le fond, ce sont in fine les gens qui choisissent
04:29et d'ailleurs ils sont de plus en plus nombreux à écouter ceux de radio.
04:33Merci beaucoup Elisabeth Lévy.
04:38Allez, les réactions tout de suite d'Éric Revelle et d'Olivier Dartigold.
04:41Vous faites du vélo ?
04:42Mais je m'inquiète parce que j'aime pas mal le vélo, donc je coche au moins une case.
04:47Mais Elisabeth Lévy pose un certain nombre de sujets qui sont intéressants,
04:52c'est la question des médias, de leur positionnement.
04:54Je suis comme elle assez favorable concernant les médias privés
04:58à la liberté totale de la ligne éditoriale.
05:01Chacun peut d'ailleurs aujourd'hui, avec la zapette, aller où bon lui semble.
05:06Après il y a en effet une question concernant la couverture des campagnes par les médias publics.
05:15C'est un vieux débat, il y a quand même aussi des règles de l'ARCOM
05:19qu'on respecte concernant, dans période électorale, la visibilité des uns et des autres.
05:25Éric Revelle, réaction à ce que disait à l'instant Elisabeth Lévy ?
05:29Oui, alors je sais pas si l'ancien ministre de la Santé y rendait grâce aux médias publics
05:36qui citaient pour leur couverture, leurs encouragements et leur parti pris sur les élections législatives,
05:42ou si aussi il n'y rendait pas grâce à, je pensais à France 3,
05:46qui a mis en avant, le moins qu'on puisse dire, des profils un peu exotiques de candidats du RN.
05:52Dont d'ailleurs Jordan Bardella a reconnu que, pressés par la dissolution,
05:57ils n'avaient pas été du meilleur effet.
06:00Mais globalement, moi qui est un peu connu de services publics,
06:04vous savez à une autre époque quand je dirigeais France Bleu,
06:07le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a un biais idéologique très très fort, c'est évident.
06:12C'est d'autant plus vrai que dans des chaînes comme celle-ci,
06:16je pense aux services publics de radio,
06:20en fait ceux qui dirigent vraiment les chaînes, ce ne sont pas les patrons de chaînes,
06:23ce sont les syndicats, c'est eux qui vous disent si vous pouvez mettre ceci ou cela dans votre grille,
06:28et si ça ne leur plaît pas, et voilà, j'ai des souvenirs très précis,
06:31ben on vous dit, ben on va se mettre en grève.
06:33Donc si vous voulez, c'est ce rapport de force là aussi,
06:36qui est quand même, qu'il faut à mon sens revoir.
06:40Alors, je vous rappelle que le RN voulait privatiser en partie certaines antennes du service public,
06:47bon il y en a qui ne seraient pas du tout rentables,
06:49et qui n'intéresseraient pas le secteur privé,
06:51je pense par exemple à France Culture ou à France Musique,
06:54en revanche, et je le disais ce matin,
06:56ce qui est incroyable c'est qu'à la Bourse de Paris, les valeurs des médias privés,
07:00TF1 et M6 ont gagné 2%, pourquoi ?
07:03Parce que le fait que le RN ait perdu, en tout cas en nombre de députés,
07:07et bien ça évidemment repousse l'idée de privatiser le service public,
07:12et donc de partager le gâteau publicitaire,
07:14parce que quand vous privatisez des antennes publiques,
07:16ça veut dire que les concurrents privés vont devoir partager le gâteau publicitaire,
07:20qu'ils ne croient pas à l'infini,
07:22et ça, ça a soulagé les investisseurs,
07:24et donc les actions de TF1 et M6 sont reparties à la hausse hier à la Bourse.
07:27Et Elisabeth Lévy a un mot ?
07:30Oui, alors deux choses, la première c'est que dans le service public,
07:33l'idéologie, si vous voulez, ce n'est même pas un parti pris,
07:36c'est sous le régime de l'évidence,
07:39c'est-à-dire que pour les journalistes qui se succèdent sur ces antennes,
07:42il y a un ronronnement, être contre le Rassemblement National,
07:46ou pour Mitu n'est pas une opinion qu'ils auraient,
07:49et qui pourrait éventuellement être discutée,
07:51c'est la sainte vérité, si vous laissez la vérité révéler.
07:54On est dans le domaine de la croyance et du religieux,
07:57et ça, ça me frappe toujours.
07:59Mais par ailleurs, comment dire,
08:02c'est vrai que moi je pense que les gens peuvent choisir,
08:05néanmoins, il y a aussi un effet qui n'est absolument pas lié, disons,
08:09à des choix juridiques,
08:11ou qui ne peut pas être résolu par des choix juridiques,
08:13qui est un effet sociologique, en quelque sorte,
08:16dans l'unanimisme, si vous voulez,
08:19médiatique sur un certain nombre de sujets,
08:22il y a le fait que tous les journalistes, ou beaucoup de journalistes,
08:25ont été fabriqués dans le même moule, dans les mêmes moules progressistes,
08:29dans les écoles de journalisme, etc.
08:31Et ça, si vous voulez, ça produit un effet de système,
08:36c'est ce que j'appelle le parti des médias,
08:38ce qui est quand même impressionnant.
08:40Maintenant, je pense que depuis quelques années,
08:42il y a quand même eu des changements de rapport de force.
08:45Et par ailleurs, je remercie Éric,
08:47je n'avais pas pensé à cette interprétation bienveillante
08:50des propos de M. Rousseau.
08:52Merci Éric, je me repends et je les adopte.
08:56Et moi je vous remercie Elisabeth Lévy,
08:59je vous souhaite une très belle journée.
09:01Dans un instant, Éric Revelle, Olivier Dartigold,
09:04vous voulez revenir là-dessus.
09:06Dans un instant, après la pub.
09:08Et puis je vous rappelle l'invité politique de Jean-Jacques Bourdin,
09:118h30, 9h, ce sera Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris,
09:15qui a été réélue.
09:17A tout de suite sur Sud Radio.

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