Guillaume Gasc (Triskalia)
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00:00Bonjour. Bienvenue sur la Web TV de WebAgri.
00:10Nous parlons aujourd'hui des problématiques de désherbage et je reçois pour cela
00:14le responsable agronomique de Triscalia, groupe coopératif breton.
00:18Bonjour Guillaume Gasque. Bonjour Mathilde.
00:20Quelles sont les problématiques existantes aujourd'hui en matière de désherbage en Bretagne ?
00:24Les assolements bretons aujourd'hui permettent de désherber plus ou moins sereinement
00:29les adventistes. On a des rotations qui contiennent des prairies,
00:34donc cultures pluriannuelles et des grandes cultures annuelles.
00:37Donc on peut s'affranchir de certaines problématiques.
00:39Mais aujourd'hui on voit apparaître dans certains systèmes de production
00:43avec des rotations courtes qui utilisent tout le temps les mêmes solutions de désherbage
00:48certaines résistances de graminée ou de dicotylédone.
00:52Donc voilà, on peut dire qu'il y a aujourd'hui cette problématique.
00:55Où en est le phénomène d'émergence de ces résistances ?
00:58En France, ça fait déjà plusieurs années qu'il y a des résistances,
01:01notamment régraves, vulpins, coquelicots.
01:04C'était essentiellement cantonné dans la partie est de la Bretagne.
01:09Et petit à petit, ça grignote et ça peut arriver sur certaines exploitations
01:14du centre-Bretagne, voire de l'ouest, qu'on voit apparaître ces résistances.
01:19Donc au-delà de ces résistances, tous les adventistes sont plutôt bien gérés
01:22dans les systèmes bretons ?
01:24Oui, voilà, on a plutôt des dicotylédone comme adventistes,
01:27donc c'est vrai que c'est assez facile à gérer.
01:30Les rotations, le travail du sol, les programmes, l'association de molécules
01:35nous permettent aujourd'hui de plus ou moins réussir son traitement
01:39quand on le positionne dans les bonnes conditions, à la bonne dose.
01:43Donc là, vous parlez entre guillemets de bonne pratique de désherbage.
01:46Est-ce que tous les agriculteurs sont au point au niveau de ces pratiques ?
01:50Aujourd'hui, on essaye en tout cas de les accompagner
01:53avec nos techniciens conseils pour respecter les doses d'emploi,
01:57la date d'application ou du moins le stade de développement des mauvaises herbes
02:02pour qu'ils appliquent le bon produit au bon moment
02:05et accompagner aussi toutes les pratiques agronomiques qui vont avec,
02:08donc les dates de semis, le travail du sol, la gestion de la rotation aussi
02:14qui sont autant de leviers pour essayer d'accompagner la lutte chimique.
02:18Ce sont également les leviers qui vont permettre d'enrayer
02:22le développement des adventices résistantes, non ?
02:24Tout à fait, puisque dans ces systèmes de production avec des rotations courtes maïs-blé,
02:29on peut imaginer intégrer des intercultures entre un blé et un maïs
02:35qui permettent effectivement de gérer le désherbage de manière un peu différente
02:40d'un sol nu à l'hiver par exemple.
02:43Et quels sont les leviers, on va dire, ou quels sont les drivers de l'agriculteur
02:49qui vont le faire réfléchir à ses pratiques et évoluer éventuellement ?
02:54Je pense que la meilleure motivation c'est l'exemple,
02:57que les groupes d'échange sont des très bons leviers pour faire ça,
03:01la formation des éleveurs, que ce soit dans des groupes ou individuels,
03:06l'accompagnement technique aussi, puisque nos techniciens sont habilités à faire du conseil,
03:11à le tracer, donc on peut remonter aussi dans le temps, savoir ce que l'agriculteur a fait,
03:17comment il l'a fait et l'accompagner finalement à changer.
03:20Dans votre conseil, vous élaborez des programmes ou des stratégies ?
03:27Est-ce que vous avez des guides ?
03:30Tout à fait, on a des guides techniques où on essaye d'accompagner l'agriculteur
03:35à choisir le bon produit et le technicien l'accompagne finalement dans son choix
03:40en fonction de son précédent, de la parcelle, de la typologie,
03:46savoir effectivement quel va être le programme le plus adapté en un seul passage, en deux passages,
03:51en fonction du temps de travail qu'il a à l'automne, au printemps,
03:54donc avec lui finalement travailler le meilleur couple produit, programme, dans la rotation, dans la culture.
04:03Vous vous adressez souvent à des éleveurs ?
04:06Essentiellement.
04:07Est-ce que les cultures ne sont pas un peu laissées de côté ?
04:13Non, puisqu'aujourd'hui on a des structures qui sont en association
04:20et généralement on voit une spécialisation finalement des agriculteurs au sein même de leur entreprise,
04:26dans des GAEC, des gens qui sont spécialisés culture, d'autres spécialisés élevage,
04:30et donc ça permet d'avoir un peu une synergie entre les associés d'exploitation
04:35et donc on sait finalement vers qui s'adresser quand on va construire les programmes.
04:41Et donc selon vous l'évolution de pratique se fait petit à petit ?
04:46Elle se fait petit à petit, que ça soit via l'approche technique, les groupes de partage,
04:52l'innovation qu'on peut faire aussi dans le référencement des programmes de lutte chimique,
04:58mais aussi de lutte alternative.
05:00Est-ce que souvent on a l'impression que c'est quand l'agriculteur se retrouve face à un mur
05:06ou une impossibilité limite de mettre en culture que là il va peut-être se poser des questions ?
05:12Alors il y a de ça, c'est vrai qu'aujourd'hui on voit souvent, on voit le mur si on se consacre uniquement
05:19sur des solutions classiques, c'est-à-dire de se dire je vais augmenter la dose, ça c'est plus possible
05:26pour des raisons tout bêtement économiques, environnementales et d'apparition des résistances.
05:33Donc aujourd'hui il va falloir changer les pratiques, changer les pratiques c'est aussi re-raisonner son assolement,
05:38ses rotations et donc l'alternance de culture, l'alternance de produits et l'alternance de solutions agronomiques.
05:47Et tous vos adhérents sont à l'écoute de ce genre de conseils ?
05:50Je pense que de plus en plus les agriculteurs écoutent ces messages, ils sont sensibles, comprennent l'intérêt d'aller là-dedans,
05:57que ce soit pour eux ou pour l'ensemble des agriculteurs puisque les résistances ne sont pas créées par une seule mauvaise pratique,
06:05c'est une somme de petites pratiques qui dérivent qui font apparaître ces résistances.
06:11Et en matière d'environnement est-ce qu'il y a une sensibilité ?
06:15De toute manière l'utilisation des produits chimiques est de plus en plus limitée de manière réglementaire
06:27et on sent que ce couple réglementation, sensibilisation, pression sociétale finalement change quelque part l'œil qu'on a sur le désherbage, du moins la lutte chimique.
06:41Merci monsieur pour votre participation.
06:43Merci.
06:44Retrouvez plus d'informations sur le désherbage sur Ternet.fr