Des changements en perspective pour l'organisation de la génétique française

  • il y a 2 mois
Règlement zootechnique européen

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00:00...
00:07Bonjour.
00:08Dans les couloirs de la Commission européenne,
00:11se préparent quelques chamboulements
00:13pour l'organisation de la génétique des ruminants,
00:16des chevaux et des porcins.
00:19En effet, il y a un nouveau projet de texte
00:22du règlement zootechnique européen qui est en préparation.
00:25Pour y voir un peu plus clair,
00:27je reçois sur ce plateau M. Laurent Journeau.
00:30Bonjour. Vous êtes secrétaire général
00:33de France Génétique et Élevage,
00:34qui est l'interprofession de la génétique des ruminants.
00:39On va essayer de comprendre un peu mieux ce projet de texte.
00:43Quels vont être les changements prévus ?
00:46Les changements vont être relativement importants,
00:49puisque, en fait,
00:52la partie de circulation des reproducteurs,
00:55de vente de semences au niveau européen,
00:58était régie par un certain nombre de directives
01:03qui avaient été élaborées au fil du temps,
01:05depuis les années 70 jusqu'à relativement récemment.
01:10Et dans un souci de rationalisation et de simplification,
01:14la Commission européenne souhaite réunir toutes ces directives
01:18en un seul texte qui sera un règlement.
01:21Alors, ça entraîne des changements relativement importants,
01:24parce que d'abord, on change de nature de texte juridique.
01:29Entre une directive et un règlement, c'est pas la même application.
01:32La directive doit être traduite par l'Etat,
01:35par chaque Etat membre, dans sa propre loi,
01:39alors qu'un règlement est d'application directe.
01:42Et que donc, une fois que le règlement est adopté,
01:45par exemple, il y en a un sur l'identification des ruminants,
01:48on est obligé d'appliquer l'ensemble des règles
01:51qui sont définies dans le règlement.
01:54Et donc, en gros, qu'est-ce qu'il nous dit, ce texte ?
01:56Alors, ce texte, il crée une structure
02:00que, pour éviter des confusions avec des termes équivalents français,
02:04on a pris l'habitude d'appeler avec son nom anglais de Bridge Society.
02:10Et donc, cette Bridge Society se voit confier
02:142 fonctions principales.
02:17L'une qui est la tenue d'un livre généalogique
02:20et l'autre qui est la conduite d'un programme de sélection.
02:25Voilà. Pour conduire ces 2 fonctions,
02:28elle est reconnue par l'Etat membre, agréée par l'Etat membre,
02:32et le programme de sélection est reconnu.
02:34C'est des structures qu'on n'a pas actuellement en France,
02:37qui font à la fois du rôle de tenue de livre généalogique,
02:40donc de hardbook et de programme de sélection,
02:43comme pourrait le faire une entreprise,
02:46enfin, une COP de sélection.
02:47Ca s'approche assez de ce que l'on connaît depuis 2006
02:51sous la forme DOES, Organisme Entreprise de Sélection.
02:55Un exemple, c'est par exemple en sélection Caprine avec Capgène,
03:00qui ont ces 2 fonctions-là.
03:02Simplement, le champ qui est défini dans le règlement européen
03:05est assez différent du champ qui est défini
03:09dans le texte de la loi d'orientation agricole de 2006
03:11qui s'applique actuellement en France,
03:14puisque, au-delà de ces 2 missions que je viens de décrire,
03:19la British Society peut aussi réaliser
03:22le contrôle de performance par elle-même
03:25et l'évaluation génétique des reproducteurs.
03:28Pour ces 2 types de fonctions, il faut arriver à démontrer
03:32qu'on est en capacité de le faire, bien sûr.
03:34Et sinon, on peut aussi le sous-traiter,
03:38avoir une prestation par des organismes autres,
03:44qui, eux, devront avoir fait la démonstration
03:46auprès de l'Etat membre, qui sont en capacité de le faire.
03:49D'accord. Et donc, l'application en France,
03:51aujourd'hui, on a une organisation très découpée.
03:56Aujourd'hui, ça va rebattre l'écart des métiers.
03:58Je pense que le contrôle de performance,
04:00c'est plutôt les contrôles laitiers, par exemple.
04:03Comment on va mettre ça en ordre en France
04:06pour arriver à faire quelque chose de lisible ?
04:09La mise en musique en France n'est pas encore complètement arrêtée.
04:13Il y a beaucoup de discussions au sein de l'interprofession
04:16et entre les familles aujourd'hui
04:18pour voir comment on peut, fort de notre histoire,
04:21de notre savoir-faire,
04:23par exemple, des systèmes de management de la qualité
04:25qu'on a pu construire au sein de FG&E,
04:27arriver à ces nouvelles organisations.
04:29Néanmoins, politiquement,
04:32le Conseil de FG&E y voit une opportunité.
04:36Une opportunité d'être plus performants,
04:38de simplifier nos organisations
04:40à l'occasion de cette réforme
04:44et de faire en sorte que l'éleveur soit au centre du dispositif.
04:49C'est Bridge Society, qui, rappelons-le,
04:52vont pouvoir tenir les lignes généalogiques,
04:54les programmes de sélection, l'évaluation génétique
04:56et le contrôle de performance,
04:58et également l'enregistrement des filiations,
05:02ce que faisaient les EDE.
05:05Comment...
05:06Ca va être qui ?
05:08Ca sera des entreprises privées ?
05:10Ca sera des...
05:12Ca va être qui ? Aujourd'hui, on ne peut pas le dire complètement.
05:15Ca va dépendre des choix politiques.
05:18Simplement,
05:21il y a une partie importante de décision politique des éleveurs dedans.
05:24Je vais prendre un exemple. Aujourd'hui, il n'y a qu'une...
05:27qu'un organisme de sélection par race en France.
05:30Or, depuis 84,
05:33si on applique les textes,
05:35rien n'empêche qu'il y en ait plusieurs.
05:37On peut avoir plusieurs OS par race.
05:39Mais aujourd'hui, politiquement,
05:41les éleveurs, ensemble, ont pris la décision de n'en avoir qu'une.
05:46Donc la part de décision politique dans un texte
05:50qui est relativement libéral,
05:52qui fixe quelques contraintes,
05:55mais pas énormément, finalement,
05:57va dépendre beaucoup de ces discussions politiques-là.
06:01D'accord.
06:02Et donc, il y a aussi une question qui se pose,
06:04c'est le rôle peut-être de l'INRA dans l'évaluation génétique.
06:08Qu'est-ce qu'il en est ?
06:10Alors, le texte tel qu'il est fait, effectivement,
06:14va faire changer beaucoup les choses.
06:17Pour passer... Pour faire une image,
06:21on va passer d'un système relativement administré
06:23où on avait des arrêtés qui définissaient
06:26les missions des uns et des autres, un certain nombre de choses,
06:29et la loi, en particulier, qui définissait
06:31que l'INRA était l'évaluateur officiel.
06:34Et donc, quand on voulait, par exemple,
06:36avoir un taureau, diffuser sa semence par insémination,
06:40la vendre, on était obligés de disposer
06:42d'une évaluation génétique réalisée par l'INRA
06:45pour pouvoir, après, mettre en marché le reproducteur
06:48ou la semence du reproducteur.
06:49Donc, là, aujourd'hui,
06:51chaque Bridge Society choisira son évaluateur
06:55pour calculer l'évaluation génétique.
06:57Donc, la mission officielle de l'INRA disparaît.
07:01Néanmoins, l'INRA, aujourd'hui,
07:03c'est notre ressource principale
07:07ou sur laquelle on s'appuie énormément
07:08en matière de recherche.
07:10Et dans le champ de l'évaluation génétique,
07:14la proximité entre la recherche et le calcul des valeurs génétiques
07:17est indispensable si on veut garder
07:21une pertinence dans les calculs que l'on fait,
07:23les résultats que l'on restitue aux éleveurs.
07:25Donc, il va falloir trouver un nouveau mode d'organisation
07:30et trouver la place pleine et entière de la recherche
07:34dans cette nouvelle organisation de calcul des valeurs génétiques.
07:38Et puis, on revient aux décisions politiques des éleveurs
07:42et donc politiques et aux orientations
07:44qui seront prises par les Bridge Society.
07:46Il faut qu'on soit en mesure de démontrer
07:48que faire les calculs ensemble,
07:51avoir une mutualisation autour des calculs de valeurs génétiques,
07:55c'est plus intéressant que d'avoir 10 structures
07:59qui font des calculs de valeurs génétiques.
08:01J'imagine que les discussions risquent d'être assez différentes
08:05selon les races et selon les espèces.
08:07Il y a des petites races ou des espèces
08:09qui sont peut-être plus intégrées que d'autres, non ?
08:13Vous avez entièrement raison.
08:14C'est-à-dire que la France a la particularité
08:16d'être quasiment le seul pays d'Europe
08:19où on a à la fois du bovin viande, du bovin lait,
08:21de l'auvain viande, de l'auvain lait et du caprin lait.
08:24Et dans ces 5 filières, des schémas de sélection structurés,
08:28et dans ces 5 filières,
08:31on va de races d'effectifs relativement importants
08:34jusqu'à des races en conservation.
08:36Importants à très importants jusqu'à des races en conservation.
08:39Donc le dispositif actuel permet
08:44à toutes ces structures-là de s'y retrouver,
08:47d'avoir des dispositifs de recherche et développement,
08:52des calculs de valeurs génétiques ou des indicateurs
08:54pour gérer leur population.
08:55Il ne faut pas qu'elles soient oubliées,
08:56que la génomique soit réservée à qu'eux aux grandes races.
08:59Par exemple, aujourd'hui, on va déployer
09:03de la sélection génomique en auvain laitier cette année.
09:05On va le déployer sur les races laitières régionales
09:08et sur les races à laitantes.
09:10Il faut absolument qu'on arrive à maintenir cette efficacité-là.
09:14Après, d'un point de vue structurel,
09:17les structures des petits ruminants,
09:19les organisations actuelles des petits ruminants
09:21sont plus proches dans l'esprit
09:23du projet de règlement zéotechnique européen.
09:26On parlait de Capgen tout à l'heure,
09:27mais sur les pôles auvains, tels qu'ils sont structurés
09:30en lait et en viande,
09:31on est aussi sur des dynamiques assez proches.
09:34Il existe aussi quelques OOS en race bovine,
09:38sur les rouges-déprés, sur la brune, sur la cimentale, par exemple.
09:41Des systèmes très intégrés.
09:43Voilà, très intégrés.
09:44Donc ceux-là, ils auront certainement moins de changements
09:49dans le cadre de la mise en oeuvre
09:52de ces règlements zéotechniques européens.
09:54S'ils restent, mais on le pense,
09:56par rapport aux lignes directrices
09:58qui ont été fixées dans le projet de texte.
10:00Très bien. Donc on s'attend à pas mal de discussions politiques
10:04dans les mois à venir.
10:06C'est pour quand la date d'application de ce décret,
10:09de ce règlement ?
10:10Je peux pas donner de date précise,
10:13mais quand on regarde les durées moyennes
10:17d'élaboration d'un texte comme ce règlement,
10:20qui est un texte en co-décision
10:22entre le Parlement, la Commission
10:25et les différents Etats,
10:29on estime qu'on devrait être autour du 2e semestre 2017.
10:35Donc on espère que ça amènera un peu plus de lisibilité
10:38à l'ensemble de la génétique française et européenne
10:42et aux développements internationaux, peut-être ?
10:44Voilà, c'est le pari que font les éleveurs français aujourd'hui
10:47en disant qu'on saisit ce texte comme une opportunité
10:51et on se met en marche pour être prêts quand il arrivera en application.
10:54Très bien. On va essayer de suivre le déroulement de ce texte
11:00et l'application dans les mois à venir
11:02sur webagri.fr.
11:05Je vous remercie, Laurent Jornot.
11:06Merci.

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