Iran : second tour de la présidentielle opposant un réformiste à un ultraconservateur

  • il y a 2 mois

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00:00En Iran, on vote aujourd'hui pour élire le président.
00:02Plus de 60 millions d'électeurs iraniens ont appelé aux urnes pour le second tour d'élection présidentielle.
00:07Deux candidats en lice, le réformateur Massoud Bezeshkian face à l'ultra-conservateur Saeed Jalili.
00:14Un scrutin aux résultats certains pour remplacer Ebrahim Raisi, ultra-conservateur,
00:19mort au mois de mai lors d'un accident d'hélicoptère.
00:21Karim Yahyaoui, merci d'être avec nous.
00:23Vous rentrez de Téhéran.
00:24Tout d'abord, est-ce qu'on sait si la participation à la mi-journée est importante ou pas ?
00:28Alors, la participation ne semble pas tellement plus importante qu'est-ce qu'elle a pu être la semaine dernière.
00:33Donc, il faut rester prudent. On aura des chiffres en fin de journée.
00:38C'est vrai que du côté du régime iranien, on a redoublé d'efforts pour tenter de convaincre les électeurs de se déplacer.
00:45On va découvrir une photo. Là, on voit des gens en train de voter.
00:49On va découvrir une photo, celle du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei,
00:54qui régulièrement tente d'appeler le peuple et notamment la jeunesse à aller voter.
01:01C'est une image forte. C'est une image où il y a une mise en scène de vote à l'intérieur d'une mosquée.
01:06Et c'est vrai que la participation est un élément extrêmement important pour le pouvoir iranien,
01:12puisqu'elle y puise une forme de légitimité.
01:14La révolution iranienne est une révolution populaire.
01:17Et si le peuple ne vote pas, évidemment, ça fragilise l'édifice.
01:22En tout cas, on va découvrir un reportage qui date de 1981, qui avait été diffusé sur la télévision publique française.
01:28Et déjà à l'époque, la participation était un élément central.
01:32Et déjà à l'époque, le vote de la jeunesse aussi.
01:34Regardez ces images.
01:37Voter est un devoir religieux.
01:39Rémény l'avait rappelé hier.
01:40Aujourd'hui, il l'a prouvé en se rendant aux urnes dès la première heure.
01:44Le guide suprême a donné l'exemple en votant pour son dauphin.
01:47L'ayatollah Ali Khamenei est la dernière chance pour l'Iran islamique.
01:51Les autorités ont tout fait pour en persuader les Iraniens.
01:54Mais plus que le nom du futur président,
01:56c'est la participation des électeurs qui était aujourd'hui la préoccupation des responsables.
02:01Ils avaient d'ailleurs mis toutes les chances de leur côté.
02:03Le scrutin a été prolongé de deux heures.
02:05Les mesures de sécurité autour des 20 000 bureaux de vote étaient draconiennes.
02:09La population pouvait voter tranquille.
02:11Reste que les indécis semblent avoir été plus nombreux qu'aux dernières élections.
02:15Moins d'affluents, semble-t-il.
02:16Plus d'hommes que de femmes.
02:18Beaucoup moins de jeunes que prévu en dépit du droit de vote abaissé à 15 ans.
02:22La victoire de l'imam de la prière ne fait aucun doute.
02:24Mais seul le taux de participation des racines iran de Roménie reste mobilisé.
02:31Donc on s'aperçoit que c'était à peu près les mêmes enjeux à l'époque qu'aujourd'hui.
02:35Mais depuis, la participation n'a fait que chuter.
02:38On va découvrir ensemble une infographie qui montre cette dégringolade.
02:43Une infographie qui nous emmène aujourd'hui,
02:47lors du premier tour, à une participation autour de 40%.
02:51Et cette dégringolade est évidemment liée à la situation intérieure dans le pays.
02:57La crise économique, mais aussi des libertés individuelles bafouées
03:02qui font qu'aujourd'hui, une partie de l'électorat se détourne de ce scrutin.
03:08Comme elle s'est détournée d'ailleurs des législatives il y a quelques mois.
03:11Mais on s'aperçoit que lors du premier tour, ça a été encore plus important.
03:15Il y a deux candidats, l'un réformateur, l'autre ultra-conservateur.
03:18Quel est l'enjeu de cette élection ?
03:20C'est vrai qu'il y a tout de même deux candidats qui ont eu des propositions différentes.
03:24On a entendu Massoud Pezeskian avoir un discours assez différent.
03:30Et l'alternance est possible en Iran.
03:32On découvre d'ailleurs cette infographie qui montre en rouge les candidats conservateurs
03:37qui ces dernières années sont arrivés au pouvoir.
03:39Et en bleu les candidats réformateurs.
03:42Donc pour une partie de l'opinion, même s'ils ne sont pas forcément très nombreux à aller voter,
03:47il y a tout de même un enjeu.
03:48Et il faut se rappeler qu'entre 2003 et 2021, il y a eu un homme au pouvoir, Hassan Rouhani.
03:532013 et 2021, Hassan Rouhani a été porteur d'un certain nombre d'espoirs.
03:58On se souvient qu'il y a eu des accords sur le nucléaire qui ont été signés.
04:01Et que dans la foulée, le quotidien des Iraniens a changé.
04:04La crise économique a été réduite.
04:07L'étau qui étranglait le pays a été un peu levé.
04:10Et donc il y a ce sentiment au sein de la population qu'il peut y avoir un certain nombre de changements.
04:15Même s'ils ne sont pas extrêmement profonds.
04:18Et puis il y a les deux figures qui sont aujourd'hui candidats à l'élection présidentielle
04:24qui sont tout de même très différents.
04:26On sait que le candidat Saeed Jalili est considéré comme un ultra dur.
04:31Quelqu'un qui va en quelque sorte affirmer une ligne ultra conservatrice.
04:36Là, celui qu'on découvre c'est Massoud Pézeskian qui lui a tenté de faire entendre une voix un petit peu différente.
04:42Massoud Pézeskian qui porte les couleurs des réformateurs mais qui tout de même restait toujours très prudent.
04:47Notamment à l'égard du guide suprême qui est en réalité concentre l'essentiel du pouvoir.
04:53Alors je vous le disais, chez certains électeurs il y a tout de même un peu d'espoir.
04:57Et les choses sont assez clivées.
04:59Je vous propose d'écouter deux électeurs.
05:01Un qui clairement va voter pour Saeed Jalili.
05:04Et une femme qui espère un petit peu que l'avenir sera porteur d'un peu de changement pour les femmes du pays.
05:12Écoutez-les.
05:16Je ne pense pas que la question du vote se pose.
05:19Cela va de soi.
05:21C'est mon devoir.
05:23Et j'attends du prochain président qu'il adhère aux politiques intérieures et régionales
05:28adoptées par le défunt président Raisi.
05:34Je veux que ça change.
05:36Et je pense qu'en votant c'est la première étape du changement.
05:39J'espère que la situation va s'améliorer pour les femmes en Iran.
05:43Et je pense que certaines politiques doivent être changées.
05:46J'espère que la personne pour qui j'ai voté pourra accomplir ces changements.
05:53Alors l'espoir auquel s'accroche cette femme n'est pas forcément totalement illusoire.
05:58On a vu qu'il y avait des alternances.
06:00Mais pour certains observateurs, ces alternances ne seraient qu'une soupape de sécurité du système iranien.
06:07Ce qui permettrait de relâcher un peu la pression lorsque le mécontentement populaire se fait trop important.
06:14En réalité, ce sont des élections qui ne changeront pas forcément la façon dont fonctionne le système politique du pays.
06:22Est-ce que cet enjeu est perçu par l'ensemble des Iraniens et notamment par la jeunesse urbaine ?
06:27La jeunesse urbaine, on l'a rencontrée la semaine dernière lorsqu'on était du côté de Téhéran.
06:32Et c'était incroyable à quel point tous les jeunes avec lesquels on discutait,
06:37que ce soit dans un marché populaire ou que ce soit aux abords d'une université,
06:41nous expliquaient qu'ils n'allaient pas voter parce que ce n'était pas de nature à changer leur quotidien,
06:47ce n'était pas de nature à changer le fonctionnement politique du pays.
06:51Parce qu'il faut le rappeler, l'homme qu'on a vu au début de cette chronique en train de voter,
06:54le guide suprême, concentre l'essentiel du pouvoir.
06:57Il chapote les instances les plus importantes du pays.
07:00Et d'ailleurs en ce moment, ce qui se joue aussi, c'est sa succession.
07:04Puisqu'on a vu apparaître un certain nombre d'images de son fils du côté de Téhéran.
07:09Son fils qui s'appelle Mojtaba Khamenei et dont un certain nombre d'observateurs
07:14imaginent qu'il pourrait prendre la suite de son père,
07:16même si le guide suprême voyait ça plutôt d'un mauvais oeil,
07:19parce que ça donnerait l'impression qu'on est dans une logique monarchique.
07:22Et il faut se rappeler que la révolution iranienne, à l'époque, avait fait tomber une monarchie.
07:26Et aujourd'hui, il n'a peut-être pas forcément le choix,
07:30puisque l'autre homme qui avait été pressenti, c'était Ebrahim Raisi.
07:33Et Ebrahim Raisi est mort dans un accident d'hélicoptère il y a quelques semaines.
07:37Merci beaucoup Karim Yahyaoui pour votre analyse. Merci d'avoir été avec nous.

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