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00:00Et cette élection présidentielle en Iran va tout de suite en parler avec l'invité du jour.
00:05Et l'invité du jour, c'est vous, Fariba Achroubili. Bonjour. — Bonjour.
00:13— Merci à vous d'être avec nous ce matin sur France 24. Vous êtes journaliste, auteur notamment de l'ouvrage
00:18Ali, la parole défendue. Merci à vous d'être avec nous. Première question avec vous. On l'a vue avec notre correspondant
00:25à Téhéran. C'est donc un réformateur qui est élu en Iran. Qu'est-ce que ça va changer vraiment, selon vous, cette élection ?
00:31— Écoutez, il faut attendre. Il a très bien résumé la situation. C'est une tâche extrêmement dure pour Massoud Pézechkian.
00:39C'est pas une question d'affaires personnelles. Pézechkian peut avoir les meilleures volontés du monde.
00:46Mais il faut savoir si le guide lui laisse une marge de manœuvre. Néanmoins, je pense que la situation
00:54est tellement explosive en Iran sur le plan intérieur et sur le plan extérieur et régional et mondial.
01:02Son élection n'est pas non plus par hasard. Si on l'a laissée... Il s'est présenté deux fois auparavant, ou trois,
01:09je ne me souviens pas. Et à chaque fois, il n'a pas pu passer par les filtres qui empêchent justement le commun des mortels
01:20d'être candidat. Donc je pense qu'il a dû y avoir des pourparlers avant pour que Massoud Pézechkian soit candidat déjà.
01:34Comme l'a dit votre correspondant à Téhéran, la campagne a été extrêmement violente. C'est la première fois qu'on entendait
01:42des attaques aussi dures de la part de l'homme de cette candidature qui est Zarif, justement, qu'on est en train de voir,
01:49l'ancien pardonnement ministre des Affaires étrangères et l'homme des accords nucléaires.
01:54Et la personnalité de Zarif, qui est assez appréciée en Occident et notamment également aux États-Unis,
02:02et qui s'est affichée dans cette campagne avec une violence, comme je vous ai dit, verbale contre les ultraréformateurs,
02:13n'est pas par hasard non plus. Maintenant, sur le plan intérieur, 50% d'abstentionnistes veut dire que,
02:21notamment moi au sein de mon association, je suis présidente de l'association Mohsen Ashroudi, on a des membres à l'intérieur,
02:29on a des jeunes à l'intérieur qui s'activent énormément. Dans les milieux, disons les 10% ou les 20%, parce qu'il y a eu 30% de votants
02:41qui se sont ralliés pour élire le candidat réformateur. Énormément d'abstention parmi les jeunes, déçus, ils n'y croient plus.
02:53Et cette alternance est même louche pour eux, parce qu'ils savent qu'à chaque fois que M.Kamenei est au bord du gouffre,
03:00disons l'Iran est au bord du gouffre et le pouvoir est au bord du gouffre, il sort de son chapeau une surprise.
03:07Je l'ai dit d'ailleurs il y a deux mois, je pense, sur une des antennes, en disant on va avoir une surprise.
03:11Effectivement, maintenant, néanmoins, je pense qu'il y aura une petite marge de manœuvre.
03:19Farid Bache, je suis désolé, le temps nous est compté, je suis malheureusement contraint de vous couper, on a plusieurs sujets à aborder.
03:26Massoud Pezechkian, vous l'avez dit, c'est une candidature autorisée, c'était naturellement convenu.
03:31Il a quand même eu des propos assez forts, notamment sur les questions sociales.
03:35Il a quand même promis un assouplissement sur, notamment, le port du voile.
03:39Il a dit que sur la mort de Marsha Amini, cette jeune kurde, tu es en détention, il y avait eu un abus des autorités.
03:46Est-ce que ça, ça peut laisser entrevoir une forme d'ouverture, en tout cas intérieure, au sein de la société iranienne ?
03:53Écoutez, hier, il y a eu une femme activiste des droits ouvriers qui a été condamnée à mort.
04:02Monsieur Pezechkian montre vraiment, dès le premier jour de sa présidence, d'arrêter cette condamnation à mort.
04:09C'est une jeune femme qui est emprisonnée à Rasht, et on verra.
04:14Effectivement, il a promis beaucoup de choses.
04:16Maintenant, il faut savoir, est-ce que sur le plan intérieur, sur le plan extérieur,
04:20je pense qu'il va y avoir une marge de manœuvre.
04:23Comme je vous ai dit, il faut calmer la région, parce qu'on est à deux doigts de la guerre.
04:26Après, effectivement, le Hezbollah, Israël a dit que ce sera autour de l'Iran.
04:30Mais sur le plan intérieur, ça m'étonnerait.
04:33Monsieur Egeï, le chef du judiciaire nommé par Monsieur Kameneï, est toujours en place.
04:39C'est un des hommes les plus durs du régime.
04:42Effectivement, je vous dis, j'appelle Monsieur Pézéchkian à sauver la vie de cette jeune femme.
04:50Donc, on va voir.
04:52On va voir, je l'espère.
04:54Vous l'avez dit sur le plan extérieur.
04:56En revanche, on peut s'attendre peut-être à des assouplissements.
04:59Il l'a dit, Massoud Pézéchkian.
05:01Il dit qu'il faut que l'Iran sorte d'une forme d'opposition entre à la fois l'Occident et l'Est,
05:07ce qu'il qualifie de l'Est, donc les alliés traditionnels de l'Iran.
05:10Il veut relancer peut-être l'accord sur le nucléaire avec les grandes puissances.
05:15Ça aussi, ça peut être un facteur d'apaisement, vous le pensez ?
05:19Je le pense, je le pense sérieusement.
05:21Je pense que, je ne suis pas devin, mais je pense qu'effectivement, s'il y a un assouplissement,
05:28s'il y a une amélioration de la condition économique, qui est vraiment le souci premier des Iraniens,
05:34où l'appauvissement et l'économie est vraiment au point mort en Iran.
05:4160% de la population qui vit au-dessus du seuil de la pauvreté.
05:47Ça, ça va calmer ce qu'on appelle la couche grise de la société.
05:53Néanmoins, la jeunesse et les intellectuels n'arrêteront pas leur combat pour les libertés.
06:00Il y a quand même, n'oublions pas, le prix Nobel est toujours emprisonné,
06:03des tas de femmes sont emprisonnées, cette jeune femme est condamnée à mort.
06:06Là-dessus, j'ai extrêmement peur que la population ne soit pas entendue.
06:12Mais on va voir, je l'espère.
06:14Je l'espère, j'ai rencontré d'ailleurs M.Zeshtian une fois quand j'étais pendant les trois ans en Iran
06:19pour la fondation de mon père, il vient de l'Azerbaïdjan.
06:22Il m'a promis mots et merveilles sur le fait que mon père était une gloire pour l'Azerbaïdjan.
06:27Il n'a pas eu les coudées, disons, pour faire quoi que ce soit.
06:32Donc vous voyez, je suis, comme la plupart des Iraniens, très sceptique et on va voir.
06:37Il faut vraiment qu'il fasse ses preuves, je vous dis, dès le lendemain, dès demain.
06:42Eh bien, on attendra de voir.
06:43Merci beaucoup Farida Achroubi d'avoir répondu à nos questions.
06:46Journaliste, auteur de Ali, la parole défendue.
06:48Merci à vous d'avoir répondu à nos questions ce matin sur France 24.